Escapade champêtre [PV Hinata]

Le calme était le mot maître de Konoha depuis quelques temps maintenant, aucun incident ou fait majeur à signaler, les patrouilles étaient redevenus une routine paisible et c'est justement de là que venait le danger, progressivement, le village de la feuille finissait-il par devenir moins prudent ?

Enfin bon, la Hyuga n'émettait aucun avis, bien que présente à la même table où se jouait la discussion, elle se contentait d'attendre patiemment le moment où la grande aiguille rejoindrait le point qui lui permettrait de fuir la zone. En cette belle matinée, Hinata n'avait qu'une idée en tête, comme chaque jour en fait, si effectivement son géniteur avait raison concernant le relâchement de vigilance de leur citée tel qu'il l'affirmait, se reposer sur ses lauriers n'était certainement pas le cas de sa fille. Puis pas franchement très d'accord avec tout ce qu'il s'était dit, elle rejoignait les portes du village, heureuse de pouvoir les traverser à sa guise sans être gênée, si ce n'était pour être salué, mais un brin de politesse n'avait jamais dérangé personne, non ?

C'était un peu en touriste que notre protagoniste s'éloignait de l'entrée pour ne pas allait bien loin, rassurez-vous, comme bien souvent, la forêt était son sanctuaire de méditation et le terrain d'un entraînement acharné. Toujours dans cette optique d'amélioration, l'héritière Hyuga jugeant inlassablement ses performances comme pathétiques, n'avait jamais failli à cette règle stricte et parfois compliqué, qu'était ses séries d'exercices quotidiens.

Limite les mains dans les poches, Hinata commençait toujours par se détendre par le biais d'une promenade jusqu'à son lieu de prédilection, une vieille clairière plus exploitée pour le moment, du fait que les arbres la peuplant étaient en repousse. Pour le confort, elle ne quittait pas sa tenue d'entraînement du dôjo Hyuga, ainsi, dans ses vêtements traditionnels, sombres et amples qui étaient plus commodes, elle se sentait à l'aise et bien plus libre de ses mouvements. Quoi que, les zoris (sandales japonaise traditionnelles) étaient moins silencieuses et pratiques que ses sandales de ninjas, le détail perdait de son importance, puisque de toute façon aussitôt sur place, ses pieds nus allaient rejoindre la fraîcheur de l'herbe ou du ruisseau, à voir...

Une petite marche d'une vingtaine de minutes et elle était enfin arrivée, abandonnant ses chausse-pieds, chaussettes et gilet, la Hyuga étamait une série de mouvements lents et réfléchis en guise d'échauffement. Les gestes gracieux pouvaient faire penser à une danse, mais il n'en était rien, c'était là une répétition de certains de ses jutsus exécutés dans une lenteur extrême comparé à leur vitesse originelle. C'est en réfléchissant à chacun d'entre eux qu'Hinata améliorait leur exécution, progressivement, le rythme s'accélérait toujours dans une croissance contrôlée et constante, car là se tenait toute la difficulté : Le contrôle de ses gestes, cette maîtrise parfaite à laquelle elle aspirait tant.

Concentrée dans ce qu'elle faisait, la Hyuga tentait de se couper du monde pour mieux se fixait sur elle-même et son débit de chakra qui allait qu'en à lui en décroissant aussi étrange cela soi. Sa curieuse technique d'entraînement constituait donc à inverser le processus logique, ses mouvements trop lents n'enclenchaient pas son jutsu malgré le gros débit de chakra qu'elle dégageait, mais quand ses derniers s'accéléraient pour pouvoir le faire, l'utilisatrice forçait leur essence indispensable à diminuer de rythme à son tour. Ce savant stratagème lui permettait de s'entraîner sans jamais dévoiler ses techniques au grand jour, d'un point de vue extérieure, en l'observant, on l'aurait pensé probablement en train d'exécuter une sorte de Yoga... En tout cas, la méthode avait fait ses preuves, l'évolution et les résultats d'Hinata en combat en étaient la preuve, seule ombre au tableau, l'assoiffée de progression finissait par en oublier l'essentiel, prendre soin de ce corps qui lui seul pouvait la porter aux sommets qu'elle désirait tant atteindre.

La fatigue commençant à peser sur ses membres dont la jeune fille ignorait l'appel au repos, si bien, qu'un craquement laissait une ultime alerte qu'Hinata ignorait encore persuadée de pouvoir prolonger leur torture encore un peu, puis un peu plus, puis... Une violente pointe vers son coude perturbait la maîtrise de chakra sur laquelle la Hyuga se figeait tant, étant bien élancé, un léger fil de ce dernier suivait le tracer de son doigt formant un lueur bleutée, trahissant par la même occasion sa présence de façon assez grossière. Même un genin ou un académicien saurait passer plus inaperçu...

Une main appuyée sur son genou, la Hyuga pouvait observer les quelques gouttes de sueur s'échappant de son front vers le sol, sa tête penchée vers l'avant, légèrement repliée, elle patientait en attendant de reprendre son souffle et surtout que la douleur de son bras passe. Sa vision parsemait de pointillés blanchâtres témognait qu'encore une fois, elle n'avait pas su s'arrêter à temps, la jeune kunoichi manquait encore de sagesse et de discipline sur sa personne, c'est du moins, la conclusion qui lui venait à l'esprit. Cependant, elle n'avait pas l'occasion d'y méditer davantage, une voix résonnait alors, ainsi que l'aura de la présence d'un shinobi tout proche d'elle, tournant la tête dans sa direction, son air était froid et sévère contrairement à la nature ordinairement douce de la demoiselle. Cela s'expliquait plus par le biais de sa mésaventure actuelle dût à son soudain état, à la fin de ses entraînements, Hinata n'était jamais en grande forme, mais certaine fois plus que d'autre...

Toujours la vision flouée, la Konohajins se redressait tant bien que mal d'une traite pour couvrir son handicap, sourcils froncés, son bras gauche restant tendu pour ne pas réveiller la douleur, Hinata essuyait rapidement sa sueur avec le dos de sa main droite, tout en répondant à la question qui lui était posée.

_ « Je suis une Kunoichi de Konoha, dans la forêt qui borde le village de la feuille... Rien donc de bien surprenant à me croiser ici et toi, que fais-tu par ici ?... » Dans la confusion de ne pas savoir à qui elle avait affaire, Hinata tentait de donner le change, faute de pouvoir voir un quelconque bandeau ou indice, elle espérait que ses oreilles lui offre une réponse.

La conversion de son père ne cessait plus de tourner dans sa tête, peut-être avait-elle été imprudente et si c'était un ennemi qui lui faisait face désormais, elle n'était pas dans la mesure ne serait-ce que de prévenir son village. Le tiraillement de son être n'avait d'égal que celui que lui offrait sa tête dans un autre sens que celui de la réflexion, mais plus de douleur. Son manque de clairvoyance de la zone perturbait progressivement son équilibre si bien qu'elle n'osait plus bouger, il semblait vraiment qu'elle s'était mise dans une salle posture et ne pouvant même pas examiner son interlocutrice à en croire la douceur de la voix de cette dernière, Hinata ne pouvait même pas vérifier si celle-ci en avait pris conscience. Ne lui restait plus que le facteur chance...

Une irou ? De Kiri qui plus est, une alliée donc, soulagée que son facteur chance ne l'ai pas abandonné, la Hyuga tentait tant bien que mal un sourire pour rattraper son accueil sec. Progressivement sa vue lui revenait et les mots qui se portaient à ses oreilles ne pouvaient que la ravir, le bruit du sabre qui s'était rangé la rassurait un peu plus encore, ne restait plus qu'à saluer sa rencontre imprévue avant de se présenter à son tour.

_ «  Enchantée, je suis Hinata, du clan Hyuga, tu m'as surprise en plein entraînement, je n'attendais personne ici, mais je suis soulagée que cela soit une consœur de l'alliance qui vienne le troubler. » Marquant une pause la kunoichi profiter des informations que lui offraient ses yeux pour observer son interlocutrice. « J e suppose qu'il n'y a aucun soucis à ce qu'une médecin refasse son stock, d'autant si c'est une alliée... »

Ce simple lace de temps avait suffit à les mettre nez à nez, Hinata se sentait fixer, enfin c'était plutôt son épaule qui l'était, la preuve que la Kunoichi n'avait pas menti, son instinct de médic semblait plus fort que tout. La voilà maintenant remuant son stock avant de proposer son assistance à la Hyuga qui n'en fut que plus surprise encore, un air niais, elle la fixait sans savoir quoi répondre, n'était-ce pas mal venu de se laisser soigner par la première inconnue qui passait. D'un autre côté, en regardant ses mains, tout ce qu'elles contenaient sembler des plus sérieux, puis la regardant de plus près elle n'avait rien de bien méchante, bien au contraire.

_ «  C'est que...C'est très courtois de ta part, mais je ne voudrais pas te retarder dans ta quête, je suppose que des soins peuvent attendre... » Affirmait la Hyuga dans un premier temps, mais en même temps, elle n'avait là tout de suite pas fière allure.

Le dilemme était le suivant, était-il correct de profiter de la rencontre fortuite avec une alliée revenue faire son stock pour se faire soigner en toute gratuité ? Alors que c'était sa seule bêtise qui l'avait mise en sale position. Ce détail posait un cas de conscience à Hinata qui n'arrivait pas à s'y résoudre, quoi que la solution était finalement assez simple pour contenter tout le monde. Avec l'idée d'une sorte d'échange équivalent, la Konohajins envisageait de proposer une sorte de marcher à son homologue Kirijins.

_ «  Je suppose que récupérer tous tes ingrédients te prend un temps fou... Probablement plus de temps que pour préparer tes remèdes... » Une main sur son épaule douloureuse, dans une dernière réflexion, elle acceptait l'aide de Shizuru qui tombait à pique. «  Ton aide ne serait cependant pas de refus... » Apte à laisser la médic faire son travail, Hinata se laissait alors tant qu'elle en avait le courage. « Je peux venir t'assister dans ta cueillette si tu veux ou te rendre un service en retour, je te dois bien ça non pour le temps que je te fais perdre, en tout cas je n'oublierais pas que je te suis redevable... » Tout en maladresse comme cela lui correspondait si bien, la Kunoichi stoppait ses dires, patientant pour ce qui concernait la suite...

Elle observait en silence l'auteur de son secours providentiel, les gestes de cette dernière n'étaient pas dû au hasard, on sentait une certaine expérience et en entendant le temps qu'elle avait passé à réunir tout cela, la Hyuga se sentait un plus mal à l'aise encore. Une fois le remède avalait, Hinata se sentait tout de suite plus légère, cette impression de flotter lui offrait une sérénité qu'elle affectionnait particulièrement. En bonne patiente, elle écoutait avec soin les explications de sa soigneuse, ne doutant pas une seconde, d'à quel point ce genre de raccord pouvait être douloureux, enfin bon, la kunoichi avait maintenant l'habitude de maltraiter son corps et d'en subir ce genre de conséquences.

Surprise par le faux décompte, elle ne découvrait l'action finie qu'en entendant le craquement, une légère douleur la parcourra de haut en bas, semblable à un courant électrique qui faisait le tour de son corps. Une grimace pour en témoigner et Hinata lâchait un simple petit soupir pour acquiescer tout cela, on pouvait au moins lui reconnaître une belle maîtrise d'elle-même, pour cause, depuis tant d'années elle travaillait cela en méditation et entraînement à la douleur de tous genres. C'est ainsi que la question sur laquelle l'emmenait Shizuru la laissait sans voix un instant, pourquoi un tel entraînement au point de se faire mal ?

Eh bien la réponse était évidente dans son esprit, connaître sa faiblesse permettait de la rendre moins grande, la Hyuga avait ce besoin constant d'évolution, cette soif de monter en puissance qui s’alimentait depuis ses plus jeunes par un complexe d'infériorité ou un manque de confiance elle, voir même les deux. Au fond, elle en devenait peut-être même masochiste, éprouvant un certain plaisir par le biais de cette douleur qui lui prouvait ses efforts pour avancer.

Combien même, ses états d'âme ne l’intéressait pas vraiment n'est-ce pas ? La tête baissée, la Hyuga n'étant pas non plus à son aise, ne voyait pas vraiment quoi lui dire, alors elle sembla mentir en quelque sorte, mais le faisait-elle vraiment avec la phrase qui allait suivre ou n'était-ce au fond que la vérité de son mal...

_ «  Je ne sais pas... pourquoi je fais ça... C'est ainsi, c'est tout... » Le ton mélancolique pouvait facilement passer sous le couvert de sa douleur encore fraîche. «  Arrigatõ ! Shizuru... » concluait-elle sans répondre à la dernière des questions de la fréquence de ses mésaventures, quoi que, finalement sa réponse voulait tout dire à oreilles qui voulaient bien entendre. « Et toi, tu viens souvent par ici pour tes plantes ? » Murmura-t-elle pour ne pas que l'on se fixe plus longtemps sur elle.

C'était étrange, mais la jeune fille qu'elle était encore, avait éprouvé une étrange sensation mêlant joie et tristesse quand son homologue kirijins s'était intéressé à elle, que cela était sincère ou polie, l'effet était le même, il portait un soulagement aux épaules alourdis de l'héritière. Qui contemplait maintenant avec discrétion la demoiselle aux cheveux et aux yeux sombres, d'une telle froideur apparente, emmenait au plus profond une vraie chaleur qu'Hinata avait cru pouvoir entre-apercevoir. Qui était cette étrange créature en face d'elle ne semblant pas plus à son aise que la Hyuga en ce moment même ?

_ « C'est à mon tour maintenant de faire quelque chose pour toi... » Annonçait Hinata en remettant chaussure à son pied. « Tu dois être épuisé après tant d'efforts, je n'appelle pas vraiment ça une pause, laisse-moi t'aider, à deux nous aurons fini plus tôt... »

La cueillette avait commencé, une fiche en main pour l'assister, Hinata tentait tant bien que mal de s'y retrouver parmi tous ces végétaux. Elle n'avait jusqu'ici jamais remarqué ces petites touches qui les différencier, mais en ce moment même, elle avait l'impression d'y découvrir la subtilité qui accompagnait chacune d'entre elle. Bien que ressemblante, leur effet pouvait être totalement opposé, certaines étaient marqué par un signe indiquant leur dangerosité, comment une chose aussi inoffensive pouvait être jusque mortel...

La Hyuga avait encore bien à découvrir de ce monde, elle prenait conscience avec soulagement n'être au final qu'à l'aurore de sa vie, il était en soi assez naturel que la science de cette dernière ne lui soit pas infuse. Laissant son bras se reposait le long de son corps, elle agitait son semblable à travers les feuillages dans un silence qui accompagnait sa réflexion, ce travail de recherche lui rappelait cet art qu'elle affectionnait tant. Celui pour lequel elle pouvait sacrifier sa nuit de sommeil, mais loin de choisir ses fleurs pour leur action, Hinata les choisissait pour leur beauté, leur forme et leur couleur assemblés formaient ses créations de tableaux. Quelques végétaux en mains, Hinata tournait sa tête vers sa mentor du jour, elle avait cru voir entre elles une ressemblance les rassemblant, le timing devait avoir été bon, puisque Shizuru en faisait autant.

Sa douce voix retentissait alors, elle se demandait si elle pouvait se le permettre, la simple énonciation de cette partie offrait un sourire à Hinata, elle non plus n'avait jamais été intime avec quelqu'un. Si certes, elle arrivait à bien s'entendre avec quelques personnes de son entourage, jamais au grand jamais, elle ne partageait ses états d'âme ou des confidences avec qui que ce soit. Un alter-ego se trouvait peut-être en face d'elle en ce moment même et le hasard lui avait offert une rencontre qui n'allait certainement pas tomber dans un oublie ou une banalité. La Hyuga était intriguée et c'est attentive qu'elle portait attention aux dires de la Kirijins qui lui tendait la main à sa façon pour l'aider à nouveau, c'est du moins ainsi qu'Hinata le ressentait.

Elles ne se connaissaient pourtant pas, mais il n'avait pas fallu longtemps à Shizuru pour la cibler, elle mettait tout de suite le doigt sur le fond du problème de la kunoichi si peu sûre d'elle. Tout ce qu'elle lui contait, Hinata l'acquiesçait, elle le savait fort bien, en avait parfaitement conscience, cependant, rien n'y avait fait, ni le temps, ni les entraînements, ni même les épreuves qu'elle avait su passé, la croix qu'elle portait sur ses épaules refusait de s'alléger. Mauvaise volonté ou un simple blocage, le pire ennemi d'Hinata était bien elle-même et elle le savait, mais en tant qu'héritière, se contentait de ce qu'elle avait de capacité n'était pas suffisant. Hinata se faisait peut-être des idées, mais elle trouvait cela injuste d'être placé en tant que leader potentiel sans même être capable de faire mieux que tous ses pairs, cela seulement pour le privilège d'être née dans la bonne famille... Parfois, la Hyuga rêvait d'un destin différent, fait de simplicité ou elle aurait la facilité de pouvoir être ce dont elle avait envie. Hinata s'amusait cependant de la conclusion finale de Shizuru, elle venait de citer son nindo après tout : Ne jamais renoncer, toujours se relever et avancer.

_ « Tu as raison Shizuru-chan... Si les actions pouvaient être aussi simple que les mots dont on voudrait se convaincre... » Un petit sourire mélancolique pour sa consoeur et la Hyuga levait le nez vers les cieux.

Le ciel s'était assombri, un léger vent froid typique du soir prenait ses droits à travers les arbres, il était peut-être trop tard maintenant pour rentrer, à moins de vouloir le faire de nuit et laisser ainsi la kirijins seule durant cette dernière. Tout simplement hors que question, Hinata se décidait alors de proposer à Shizuru de camper non loin d'ici pour la nuit, elle connaissait bien ce lieu pour cause, il était son terrain de jeu favoris.

_ « La nuit va tomber, il y a une clairière non loin de là, on pourrait facilement y installer un campement au clair de lune, les nuits sont un peu fraîches ici, il nous faudra un bon feu... Il est trop tard pour rentrer pour ma part, j'ai pensé qu'on pourrait donc... Rester ensemble et reprendre tout cela demain... » Grands dieux, Hinata parlait rarement autant et encore moins pour proposer quoi que ce soit, cette fille avait une influence étrange sur elle et c'était loin de lui déplaire...

Les voilà qui se retrouvaient en tête à tête, arrivée à l'emplacement qui serait leur chambre pour cette nuit, entouré de quelques arbres et du plus beau plafond qu'il soit, les cieux. Le lieu non sans charmes ne suffisait pas pour autant à briser la glace entre les deux demoiselles, par manque d'habitude sûrement. La kirijins prenait place en jetant son couchage au sol, observant la manoeuvre , la Hyuga réalisait qu'elle n'avait pas prévu son matériel, persuadé de rentrer avant la nuit tombée. Fort heureusement pour elle, Shizuru avait de quoi pâlir à ce détail, elle se proposait même de préparer un dîner et le luxe se prolongeait même sur une tasse de thé. Un poil inutile, la Hyuga se contentait d'observer en silence comme souvent d'ailleurs, un court moment de patience encore et elle pouvait porter le liquide vers ses lèvres. Chaud, Shizuru l'avait pourtant prévenu, quelques souffles pour rafraîchir la boisson et elle était enfin prête à être dégusté. Bien que son goût soit plaisant, il restait inconnu au palais de la Hyuga, qui n'était toutefois pas très experte en la matière.

Si c'était le jeu du silence qui se tramait ici, les deux concurrentes étaient de taille, quoi que, la kirijins semblait moins fermer que prévu, la preuve c'était elle qui faisait office d'hôte en ce moment même dans le pays du feu de notre Hinata. La note l'amusait en fait, un sourire niais commençait peu à peu à apparaître sur son visage, progressivement au fur des minutes qui s'écoulaient, se sentant moins oppressé, la demoiselle se permettait même de partager sa pensée avec son acolyte.

_ « C'est amusant que cela soit toi qui prenne soin de moi, alors qu'après tout nous sommes chez moi... D'ordinaire j'ai beaucoup de mal avec les inconnus... enfin avec les gens en général... » Hinata se surprenait elle-même en avouant cela avec tant de faciliter, cela se suivait même par de l'humour ? « Mais avec toi c'est différent, quel est ton tour de magie ?..Tu m'as ensorcelé ou bien.. ? » Un léger ornant la fin, elle posait avec délicatesse la tasse vide depuis longtemps qui s'était figé entre ses mains.

Son esprit semblant se vidait progressivement, elle se sentait bien pour la première fois de sa vie, ou du moins, elle n'avait plus le souvenir d'une pareille quiétude, tout lui devenait sans importance et ses craintes se transformer en chose risible.

_ « Dire que je n'ose jamais rien de peur de paraître stupide, alors qu'au fond c'est agir ainsi qui me rend idiote, donc au final je suis stupide, passe pour telle, mais je me couvre pour ne pas l'être... ! » La phrase pas forcément très cohérente ne devait probablement n'être compris que d'elle-même...

Son nez avait à nouveau rejoint le ciel qui s'étoilait sous l'effet nocturne, pareil moment la ramener donc au vrille de ses pensées quotidiennes comme chaque jour à la même heure, quand elle était en face à face avec elle-même. Seulement ce soir c'était différent, elle était accompagnée et un curieux sentiment lui donnait l'impression de se regarder dans un miroir.

_ « Quelqu'un remarquera-t-il ton absence ce soir... » Elle la fixait désormais dans le blanc des yeux, sans la gêne qui la frappait sans cesse, d'où était dû cette étrange libération de son être, sans chaînes, était-elle elle-même au fond quand elle n'en avait plus le contrôle? « En tout cas moi j'apprécie ta présence... » Difficile de savoir ce qu'elle entendait par là.

Une pareille franchise n'était pas elle le reste du temps, elle ne se posait même pas la question sur ce qui se passait, la mélancolie familière perdait sa place maîtresse dans un premier temps, elle allait être dominé par un sentiment peu connu de la Hyuga.

« Dis-moi Shiruzu ... » Allait-elle se permettre allègrement... « Pourquoi ne pas marquer le coup de notre soirée, c'est qui sait, peut-être le destin qui nous réuni ce soir... J'ai envie...» Se prenait-elle dans une pleine réflexion... « De m'amuser ! »Aussitôt dit, elle se redressait pour s'accroupir en tendant la main à sa compère du soir. « Que fais-tu quand tu veux te distraire Shiruzu ? » La question, aussi simple soit-elle se révélait franchement compliqué pour Hinata dont les loisirs étaient au final pas mal ennuyeux, c'est du moins ainsi qu'elle les voyait ce soir. « L'amusement n'est pas ma tasse de thé, je suis au final quelqu'un de très ennuyeux... » Le pire, fut que cela la faisait rire... Elle avait une soudaine envie de prendre ce reflet en exemple, le pourquoi du comment ne l'intéressait même plus.

Les sensations qui étaient siennes n'avaient aucun antécédent dans sa vie, cette découverte nouvelle sous tous points de cette facette d'elle-même était loin de déplaire. Sans que plus aucune ombre ne viennent troubler son esprit, elle pouvait vaguer en toute liberté dans cet espace de mère nature qui désignait son terrain de jeu, bientôt la fée de sa soirée la traînait plus loin encore dans son délire. Une volonté propre, il aurait surprenant de lui en trouvait une en ce moment même, comme une enfant, elle se laissait porter par une main rassurante qui lui promettait... Que promettait elle au juste d'ailleurs?

Les pas se succédaient et les caresses des branches mélangeaient aux odeurs forestières la faisaient se croire au milieu d un doux rêve, celui-ci prenait tout son sens sous la mélodie de l eau. Sous ses yeux pour peu qu'elle baisse la tête, la demoiselle pouvait découvrir la cascade qui lui servirait bientôt de plongeoir. Elle eut à peine le temps de contempler le défilement constant du liquide, qu'elle rejoignait sa course, la main qui l'avait guidé jusque là, en avait décidé ainsi apparemment. Le vide et l'impression de voler, au-delà de la chute qui aurait pu la tuer en cas d'une mauvaise réception, la peur qui l'étreignait durant cet instant n'avait rien de néfaste, bien au contraire, la jeune fille se sentait vivante comme jamais. Et un 'slach', elle était au milieu de l'eau sombre en cette soirée, la vitesse l'avait fait s'enfoncer quasi vers le fond, Hinata laissait son corps en apesanteur remontait lentement.

Et pendant ce doux voyage, elle s'amusait de la danse qu'effectuaient les cheveux de la belle en face d'elle, un sourire aquatique et tout son air s'échappait pour rejoindre la surface dans un ballet de mille bulles. Sa tête sortie de l'eau, il lui fallait s'y reprendre à plusieurs fois pour reprendre son souffle, un éclat de rire ne l'aidait pas dans sa tâche, bâtant ses bras et ses pieds, elle se maintenait en surface.

-"D'ordinaire je marche sur l'eau, je ne plonge pas dedans, la sensation est moins... Vivifiante..."

Un plaisir aussi simple qu'il soit, la Hyuga ne le connaissait pas, jamais elle ne s'était baignée hors d'une utilité des plus sérieuses, sa vie était loin d'avoir pour ligne conductrice l'amusement, bien au contraire. Combien même elle en aurait envie, ça ne serait ni bien vu, ni compatible avec sa façon de vivre, a force de trop de sérieux, elle savait qu'elle passait à côté de l'essentiel. C'était donc d'une plus large ouverture d'esprit qu'elle avait besoin et de moins chaînes dans sa vie, en temps normal, cette constation l'aurait poussé à se poser des questions quant à son état actuel, loin de là, la demoiselle s'était tout simplement arrêté de réfléchir. Se laissait aller, était bien plus compliqué que se contenir. En toute simplicité, au grès de quelques éclaboussements pour sa partenaire, Hinata profitait de l'opportunité que Shizuru lui avait porté. Calme soudainement, son corps flotter en étoile, ses oreilles étaient à moitié plonger sous l'eau et son bruit était telle une berceuse dans ses dernières et le ciel reposait ses yeux avec son ensemble d'étoiles.

_ « Et c'est quoi au juste le bonheur... ? » Quelle bien triste question elle posait là, pourtant son humeur était joyeuse.

Sa tête heurtait un obstacle, ce qui eut l'effet de la faire se remettre droite, la Hyuga avait désormais pieds au bord de l'eau. D'ailleurs, elle s'échappait de cette dernière pour s'asseoir sur une roche qui s'y trempait, les bains de lune n'avaient pas la chaleur de ceux de l'astre solaire, un éternuement le lui rappelait tandis que la belle essorait ses cheveux. Un pied balançant dans le vide et l'autre en appuie sur le cailloux glissant, Hinata fixait cette sorte de sirène de Kiri venu bouleverser son quotidien.

_ « Je crois que l'on aspire tous à la libération de nos chaînes en ce monde. Dis-moi qui tu es et je te dirais qui je suis... Tu connais ce jeu Shiruzu ? Personnellement, je n'y ai jamais joué, j'écoutais plutôt les autres le faire... mais j'ai toujours voulu essayer... »

La voix faisait défiler des mots, une émotion, qu'elle connaissait bien, Hinata ne reconnaissait pas son écho, mais elle aurait pu tout aussi bien prononcer les mêmes. Quoi que... La Hyuga n'avait pas la même vision de leur signification... Ce sentiment de ne pas être apprécié, n'allant pas jusqu'au terme « aimer » , elle ne l'utilisait même pas, c'était comme-ci ce mot établissait un tabou pour elle à lui tout seul. Elle écoutait attentive de la suite qui lui serait donné, l'éclaboussure de l'instant d'avant créait un filet d'eau traversant le long de front, sautant sur un de ses cils, on aurait pu croire à une larme quand l'eau se décidait de ejoindre sa source en étincelant. Le bordel ? Pour Hinata que le monde n'avait pas encore corrompu, ce mot n'avait pour sens que le désordre, elle était bien loin de caler sa vraie signification, alors forcément, elle n'en comprenait que mal le sens, se sentant elle aussi dans un chaos. Son homologue lui confirmait son sentiment de reflet, une telle ressemblance avaient dû faire d'elle des âmes soeurs dans une autre vie ou était-ce dans celle-ci.

La terreur ou le simple questionnement de la cause n'effleurait pas la Hyuga quand sa « soeur » évoquait un meurtre, elle qui n'avait pourtant jamais prise une vie, qui prônait le pacifisme, cela lui semblait limite sans importance, bien avant de juger l'acte, elle lui aurait trouvé une excuse de plus nobles. Était-ce une admiration soudaine ou un voile de face qu'elle faisait là, trop craintive d'être déçu dans un moment si parfait que celui-ci, enfin, toutefois, cela n'était une mauvaise chose. Un regard attendri, elle l'observait poursuivre, le simple fait d'obtenir une réponse quelque qu'elle soit la réjouissait. Et son admiration ne fit qu'enfler quand la demoiselle découvrait que celle lui faisant face avait su se défaire de ses chaînes pour ne finalement n'écouter jamais qu'elle-même. Pas d'attaches... Voilà qui devait être bien pratique parfois, elle l'enviait soudain, mais au fond se sentait coupable de le faire, cette fille avait le don de réveiller la Hyuga qui semblait s'endormir dans la conformité depuis longtemps.

Vivait-elle ou pour les autres finalement, elle agissait plus comme on le voulait que comme elle le désirait, la peur de tout, oui c'est bien ce qui justifiait cela, la peur d'être blessée, non pas physique, mais dans le fond de son être. Cette impression de ne pas avoir de place dans ce qui l'entourait, la Hyuga l'avait ressentie tant de fois, cependant, sous cette réflexion qui l'attristait, une ironie des plus virulentes prenait alors possession d'elle quand elle lui répondait.

_ « Moi, pauvre petite enfant de bonne famille, j'ai pour malheur de ne pas être à la hauteur du plat doré que l'on a posé à mes pieds et crois-moi, on me la fait comprendre dès mon jeune âge. Mon mérite réside dans le fait que le hasard m'ait donné une bonne place, mais curieusement parfois, en enfant trop gâtée, j'aimerais qu'elle soit toute autre... Plus simple... Je ne dis jamais ce que je pense, j'ai toujours peur de déranger et décevoir, du moins c'est ce que je me résous à penser, pour me voiler la face de ma propre lâcheté, la peur simple d'être rejetée. Si je ne tente pas, je reste dans l'ignorance et je peux ne berner dans des rêves, alors que... » Figée, c'était déjà bien trop, sa pensée se tournait vers ses espoirs, qu'elle pensait au final inaccessible, ses poings s'étaient serrés, un simple élan de son corps, Hinata rejoignait l'eau, sa tête enlacée par cette dernière, elle concluait avant que sa gorge se racle un poil de trop... « Je n'ose jamais rien, je le sais, mais ne fait rien... J'aurais voulu être comme toi, mais dans un sens je nous trouve semblable, notre vie est régie par la peur, alors que l'on aspire qu'au bonheur. » La bouche à raz de l'eau elle marmonnait pour finir... « Ma couleur préférée est le bleu... » Le virage de thème n'était pas un hasard, ces détails, étaient plus légers sur le poids de son coeur et curieusement, ils l'intéressaient.

La franchise sur sa personne qu'avait usé Shizuru méritait un retour de la part de la Hyuga, qui même dans sa tête, n'avait jamais regardé son elle-même avec autant de sincérité, une grande première dont elle ne connaissait pas encore les répercutions...

Ca aurait pu être une tragédie antique. La belle héritière, aussi douce et belle que fragile et peur sur d'elle... A jamais contrainte d'aller contre sa nature, pour endosser des responsabilités qui la dépassent. C'était beau, mélancolique et à la fois tellement injuste... Pour la première fois, Shizuru ressentait du désarrois; une personne qu'elle appréciait semblait subir les assauts du destin sans pouvoir s'en défendre et cela lui faisait du mal. Jusqu'alors, la demoiselle s'était bien gardée de devenir empathique; ses propres souffrances la terrifiaient déjà assez pour qu'elle ne s’embarrasse de celles des autres. Mais cette fois-ci, c'était différent. L'amitié était ambivalente, elle apportait bonheur et colère... Et elle venait de le découvrir. C'était presque agréable, comme une tension musculaire après un bon entraînement; un mal pour un bien en somme.
L'effet de la drogue commençait à s'estomper lentement chez Shuu'; habituée de ces substance elle les toléraient mieux à chaque prise... Hinata, quant à elle, en avait encore pour plusieurs heures avant de " descendre "; et la kirijin l'enviait pour cela. Pure comme la première neige; à tous les coups, elle n'avait encore jamais ne serait-ce qu'embrassé quelqu'un... Ah, c'était mignon. Sa candeur à elle s'était envolée il y a longtemps, en même temps que la vie du premier homme qu'elle avait tué; après cela, plus rien ne paraît vraiment extrême.

" Moi c'est le rouge. Un rouge profond, vermeil. "

Une lueur s'alluma dans ses yeux à cet instant là. Un souvenir lui remontait... Elle ne lui avait pas tout dit. Depuis le meurtre, quelque chose clochait dans sa tête; un détail troublant qu'elle n'avait jamais révélé à quiconque. Une voix, une présence lui parlait das les moments sombres; elle lui remontait le moral ou, au contraire, la rabaissait selon ses humeurs. Depuis son intégration au corps médical et sa promotion de chunin, elle ne l'avait plus vraiment entendu et ce détail avait finit par disparaître dans l'océan de ses mauvais souvenirs. A dire vrai, c'était tellement lointain qu'elle n'en était pas tout à fait sure... Mais son coeur se serra, et cette sensation si familière finit d'ôter ses derniers doutes. Tout lui revenait, les moments d'ivresses durant lesquels cette " dark-side " prenait le contrôle et assouvissait ses bas instincts; c'était sa soupape de sécurité.

" Je crois que... Que j'ai quelqu'un d'autre en moi. Comme... Comme si d'autres souvenirs ressurgissaient par moment, des souvenirs qui ne m'appartiennent pas. " elle déglutit difficilement, les mots parvenaient à peine à franchir le seuil de ses lèvres " Je viens de m'en rappeler, là, maintenant. Cela faisait des mois que je n'y avais plus pensé mais... J'entends parfois une voix, celle d'une femme; de temps à autre elle me parle de ma mère, mais je ne la reconnais pas dans ses descriptions. Et... Et je ne comprends pas. "

Un intense sentiment de malêtre l'envahit. Comme serrée dans un étau, Shizuru se laissa happer... Le fond de la marre, dont le silence assourdissant était propice aux pensées, ne lui offrait guère d'abris à ses démons. Derechef elle remonta, chassant ses cheveux mouillés de son visage pour fixer son interlocutrice; il y avait quelque chose qui la titillait... Un je ne sais quoi, un détail qui semblait sur le point d'éclore... Mais rien. Sa mémoire était un vrai gruyère et quand elle essayait de revenir à ses jeunes années, nulle image ou même odeur ne lui venait. Comme si ça vie n'avait commencé que plus tard et que toute une partie avait été occultée :

" Quand j'y réfléchis... Je n'ai jamais vu de photo de ma mère et moi enfant, ou même de traces qu'elle en ai eu un. Mais je ne me suis jamais posé la question... C'est étrange, mais je doute soudainement; comme si on m'avait soufflé à l'oreille que quelque chose n'allait pas. "

Brutalement, Shizuru s'entendit parler. Son ton était grave, horriblement sérieux et cérémonieux... Cela cassait totalement le climat de délassement qu'elle s'était sagement employé à créer pour sa nouvelle ami et ça, c'était très mal. Aussi tacha t-elle de se reprendre en affichant un semblant de sourire un peu gêné. Ah... La drogue. C'est que LSD c'est propice à la parlotte et aux divagations; même si elle s'en voulait un peu d'avoir gâché l'ambiance, la kunoïchi tenta de faire diversion :

" Ah et... J'adore les glaces. "

Où la Hyuga préférait la douceur d'une couleur froide et douce comme elle, Shizuru se laissait tenter par une couleur bien vive et pleine de pep. Le bleu foncé qu'Hinata adorait tant, noyait les autres couleurs dans sa masse et le rouge de la mentor de ce soir-là, à l'inverse les pigmentait. A elles deux, elles devenaient violet, l'équilibre des deux nuances qu'elles soient parfaitement dosées ou approximativement mélangées. Et c'est à ce ton violine que notre protagoniste aspirait ce soir-là.

Son visage comme celui de notre jeune enfant s'était transformé par la force des mots, eux qui étaient plus terribles que n'importe quelles armes, n'importe quels sévices, savaient mieux que personne, nous plonger dans les ténèbres sans crier garde, ils étaient ce que l'âme nomme, l'ombre de nos démons intérieurs hurlant que l'on les libère, mais cela n'avait rien de sage, trop souvent, ils n'aspiraient qu'à une chose : Nous détruire. Cependant, peut-être fallait-il passer par le néant pour se reconstruire sur de bonnes bases, car au final les étouffaient, n'était que faire grandir à chaque instant une épée de Damocles au-dessus de sa tête. Mais ces êtres aussi terribles soient-ils, n'affectaient en général que leur victime, restant invisible aux yeux du reste du monde, quoi que, qui mieux qu'une créature tourmentée par ce mal pourrait en reconnaître une autre si elle la croisait. Combien même leur démons étaient différents, ils n'en étaient pas moins présent dans leur comportement, dictant leur vie et leur conduite avec leur pair, pas un instant la jeune Hinata n'était surprise de ce qu'elle entendait, cela ne lui parut pas étrange comme d'autre aurait pu penser à la folie.

Et alors que sa similaire compère s'enfonçait sous l'eau calmer cet esprit en ébullition qui était sien, Hinata sentait sa réflexion lui dictait une évidence qu'elle connaissait bien. Shizuru avait arrêté de s'écouter depuis longtemps, car ses murmures lui faisaient peur, tout comme ceux d'Hinata lui ôtaient toute volonté. La peur, le pire ennemi que l'on puisse avoir, un sourire sur son visage maintenant bien sérieux, elle finissait d'écouter les fragments de mémoire de Shizuru, puis ses doutes. Tendant la main, elle ôtait la dernière mèche cachant la vue de la Kirijins, comme pour donner une image à ce qu'elle allait lui dire...

_ « La peur est la pire des barrières qu'il soit, plus le temps passe et plus le poids de ses chaînes se fait sentir, petit à petit, elle nous soumet à elle... Elle m'a soumise à elle... »La dernière phrase qui était un fait avéré tellement limpide dans sa tête ce soir, qu'elle le fit frémir démontrant le poids de ce fardeau dont elle venait de parler, la laissait muette un instant... « J'adore les cookies et me faire coiffer... » Rétorqua-t-elle totalement hors sujet dans sa suite. « Et ce soir, je comprends que ma pire ennemie est seule, quand nous pouvons être deux face à elle... Elle, cette traîtresse qui me murmurait que j'étais seule. N'était-il pas temps de la chasser, cette peur commune qui est notre, même-ci pour cela, on doit laisser nos démons revenir à la surface pour notre plus grand damne. »

Une main tendue en aide ? Pas vraiment, l'appel au secours était le même d'un sens ou de l'autre, il n'avait pas juste pas le même visage, pas la même source.

_ « Montre-moi l'exemple encore une fois Shizuru, comme tu l'as fait ce soir, guide nous loin de tout ça... »

Était-ce symbolique encore qu'Hinata tend dans son inconscient la main de ce bras dont l'effort se faisait douloureux par la cause de sa blessure à l'épaule. Celle qu'elle avait dérangé, qui l'avait soigné, elle voulait encore qu'elle l'entraîne avec elle, encore lui voler de son temps, elle voulait être elle sans même savoir qui elle était. Raisonnement étrange, tout comme ses décisions, cette façon de penser et de partager, si tout cela n'était que l'effet d'une drogue, il y a de grandes chances que la Hyuga s'en fasse une addiction. Encore un point les liait, en seize d'existence, Hinata à ce moment avait tout juste l'impression de commencer à exister, ni règles, ni limites auraient su ce soir-là l'étreignaient, même-ci cette fois, c'est elle qui devait entraîner la main qu'elle agrippait dans le vide pour réveiller son envie de vivre.

_ « Dis-moi qui est ton démon, je te dirais qui est le mien... »

Les règles du jeu étaient les mêmes, mais la nature bonne enfant s'éloignait de la gaieté à laquelle elle devait à la base les menait, celui là était unique, ils n'existaient que pour elles en cette nuit de découvertes inattendues. La Hyuga se l'était promis il y a bien longtemps, elle n'abandonnerait jamais quoi qu'il arrive... C'était son nindo et la quête qui lui donnerait tout son sens se dessinait en ce moment même.

Étrangère ? Son euphorie avait déjà commencé à s'estomper depuis peu, la raison reprenait ses droits et bien que ses pensées faisaient mille tours dans sa tête, la Hyuga arrivait maintenant à les capter. Sa compréhension qu'à la situation lui échappait, comment en étaient-elles arrivé là ? Plus calme, son sentiment n'avait pas changé pour autant, cette similitude était bien réelle, la sensation d'être une étrangère... Elle le ressentait aussi avec ceux qui composaient sa famille et l'avait accompagné toute sa vie, tandis, qu'une connaissance de quelques heures avait effacé cette barrière en se dévoilant et en le faisant, elle posait sur la table de leur confidence toute l'âme de la Hyuga que jamais nul n'avait exploré. A nouveau ces mots régnaient en maître, la peur, le doute , l'incompréhension et la même source à ces derniers pour les deux jeunes fleurs de cette soirée, leur géniteurs.

_ « Oui, alors qu'au fond on ne leur a pas demandé d'exister, la vie est injuste, mais dans un sens, avoir des tourments de ces derniers, c'est avoir la chance d'avoir une famille, d'autres pourraient se damner pour ça, mais je t'avoue parfois que je pourrais bien leur offrir sans hésitation. Peut-être ne sommes-nous tout simplement pas ce qu'ils attendaient de nous... » C'est bien sûr à son père qu'elle pensait en disant cela, il ne s'était jamais caché de sa déception... « Je crois qu'il n'y a qu'eux qui détiennent les réponses à cette triste vérité, je n'ai jamais osé le demander pour ma part, j'ai juste tenté de le deviner, mais ma clairvoyance doit être mauvaise. Et toi Shizuru, lui as-tu ne serais-ce qu'une seule fois poser la question, à cette mère qui te tourmentait tant ?... »

Hinata avait l'impression de connaître la réponse avant même qu'elle ne répond, probablement que non, elle ne l'avait jamais fait et peut-être que dans un regret, elle le ferait un jour, comme la Hyuga comptait le faire aussi. Soudain, le jeu qu'elles avaient instauré lui revenait à l'esprit, mais était-ce toujours pour lui que cette conversation tournait, ou était-il seulement l'excuse qui leur fallait pour vider leurs sacs bien trop lourd, depuis bien trop longtemps. Qu'importe, la fée de Kiri avait joué le jeu et c'était à la Konahajins de poursuivre, cependant, y avait-il vraiment utilité à le faire, leurs démons étaient les mêmes sous un visage différent.

_ « Tu as tout dit pour moi, nos démons sont les mêmes, ta mère et mon père, qui nous tiennent fermement au sol depuis toujours, en nous grognant de nous s'envoler, sachant que par leur emprise, nous ne pourrons jamais le faire. Je me demandais si c'est une vraie cruauté de leur part ou si tout simplement, c'est leurs propres démons qui les poussent à ce vice... Je ne sais rien de mon père, mis à part de grandes lignes et je n'ai jamais cherché à découvrir qui il est vraiment au fond... Je... je me suis toujours contentée de ce qu'il me montrait... »

La joie avait définitivement disparu, comme l'effet inconnu qui l'avait submergé et perdait de son emprise sur son humeur joviale, il gardait encore fermement ouvertes les portes de son âme, mais pour combien de temps encore...

_ « Que pouvons-nous y changer ou faire... » Cela paraissait soudain une fatalité dans l'esprit d'Hinata qui ne soufflait plus un mot en quittant l'eau.

Le liquide aussi reposant soit-il ne suffisait plus, la demoiselle avait une furieuse envie de courir et ne plus s'arrêter avant que la fatigue la met à terre. Cette rage au fond d'elle, c'était son seul moyen de la faire taire, quelle ironie que soit-elle qui les ait conduite à ce moment au final. Shizuru l'avait croisé pour la première fois dans cet état, était-ce aussi ainsi qu'elle allait voir disparaître au loin. Non. Fatiguée de courir en vain, la Hyuga s'était simplement assise au sol, ses mains posées sur ses genoux en fixant l'horizon, elle aurait voulu que Shizuru lui donne toutes les réponses, comme un messie et se rendait compte soudainement de la naïveté qui était sienne.

Elle était comme une enfant qui attendait le père Noël avec son cadeau fétiche et qui croisait ses parents le soir les déposer au pied du sapin. Sans le savoir, elle venait de faire un pas vers la direction de l'ascension de ce que l'on appelle, grandir. Un brin d'espoir ne l'avait pas totalement quitté pour autant, lâchant le néant de son regard, elle rejoignait les yeux de sa compère pour qu'elle finisse la conclusion de son récit sur sa vie et surtout y découvrir la solution à leur problème qu'elle aurait voulu sans jamais y parvenir. Un dernier espoir qu'en à la fin du rêve, qui sait...

Portée comme par un élan, tout comme lors de sa chute du haut la cascade, Hinata se sentait à nouveau entraîner vers un souffle lui rappelant qu'elle existait bel et bien. Les mouvements de sa compère avaient tout d'une leader, elle rappelait légèrement la mère de notre Hyuga, douce par moment, mais aussi pleines de poignes et de détermination, malgré son tempérament effacé et calme. Que Shizuru ai eu une vie difficile, Hinata n'en doutait pas, elle le portait sur elle comme si la longueur de sa chevelure désignait la taille du fardeau aux yeux de la jeune demoiselle encore novice dans cette vie. Cette lueur qu'elle désirait tant lui était parvenu, un sourire se dessinait sur son visage et non pas seulement par le biais de la vision de sa mentor quelque peu détrempé en position de chef de guerre motivé. Quoi que, la vue valait son pesant d'or tellement elle fut atypique, la femme mélancolique et renfermé en face d'elle, c'était transformé en l'espace d'un bout de soirée en rayon de soleil au milieu des ténèbres nocturnes.

Alors forcément, quand elle lui tendait la main pour l'inviter dans une quête qui les porterait vers la fin peut-être de leur calvaire, pas un instant Hinata ne réfléchissait aux conséquences de ce choix. Il était celui qu'elle attendait depuis si longtemps, impossible qu'elle le regrette, elle l'avait tant espéré quiet à tout sacrifier. Oui, loin, c'est très loin qu'elle pouvait désormais aller, sa main dans celle qu'elle voyait comme sa mentor, même si le tout était précipité, dans son coeur, c'était comme-ci ce moment était inscrit dans l'histoire depuis toujours et pour lequel elle avait dû faire preuve de patience. Dame Destin peut-être qui rattrapait sa faute ou qui en avait toujours décidé ainsi pour satisfaire ses envies concernant l'histoire de ses deux enfants.

Son aînée avait parlé de « bottage de culs » bien que l'expression laissait un amusement à sa cadette qui n'usait jamais de genre de verlan, elle ne lui avait pas pour autant la motivation quant à le faire, Hinata en devenait même pressée d'affliger cette fameuse déculotté qui désignait maintenant son avenir proche, du moins elle l'espérait...

_ « J'espérais que tu dirais ça, enjoy ! » Pas le temps de la laisser revenir sur ces mots, il n'en était pas question.

En un bond, la Hyuga s'était remise sur ses pieds et agrippant fermement le bout des doigts de sa partenaire fraîchement attitrée, c'était elle qui à son tour l'entraîner vers l'horizon, plus question de s'arrêter, elles étaient en chemin et cela jusqu'à ce qu'elles arriveraient ! Hinata en avait décidé ainsi, pour une fois qu'elle défendait sa décision...

_ « Rapide détour pour prendre nos affaires et nous nous mettons en route ! » Une main derrière elle et la seconde pointant la destination en avant, pas même ne lui venait l'idée de demander ce qui allait les attendre...

La route sur le chemin de la vie est semée d’embûches...