A force de hurler sa fatigue à l'administration, Shuu' avait finit par obtenir deux jours de " congés "... Loin de l'hôpital et du bureau des missions, elle avait donc passé les dernières 48h dans son appartement à se saouler consciencieusement. Affalée sur sa banquette, la jeune femme riait aux éclats devant une émission télévisée; simplement vêtue d'un pyjamas lâche la elle " profitait de la vie ". Ses responsabilités de ninjas étaient alors un lointain souvenir... Aux vues de son taux d'alcoolémie, même si le monde lui tombait lui tête cela lui aurait été bien égale.
21heure au cadran de l'horloge du salon, bientôt le moment de sortir dépenser sa solde au bar du coin. C'était sa sortie hebdomadaire, son seul moment de socialisation. Après un passage dans sa salle de bain et une tunique négligemment enfilée, la jeune femme jeta un rapide coup d’œil à ses finances... Et ce fut l'esprit passablement embué qu'elle se dirigea vers sa porte. Quel rade de la rue allait-elle visiter cette fois-ci? Celui qui n'avait pas de nom ou celui qui commercialisait son propre alambic? En tout cas, c'était les deux seuls qui étaient dans ses moyens. Elle retournait la question, encore une fois avant de partir, le quel des deux était le moins pire? Ou, à défaut, le quel avait le moins de cafards? Profondément absorbée par sa réflexion, la kunoïchi n'entendit pas le premier coup de sonnette. C'est que ce débat intérieur était, à cet instant précis, la seule chose qui comptait à ses yeux... La seconde relance la sortie brutalement de sa torpeur. Ne s'attendant pas le moins du monde à de la visite, Shizuru resta ébahie quelques secondes; qui pouvait bien venir lui chercher des noises à une heure pareille? L'idée de rester silencieuse pour dissimuler sa présence lui traversa l'esprit, mais le bruit de la télévision l'avait sans doute déjà trahie...
" C'est ouvert. "
La porte grinça et laissa apparaître une silhouette familière; il s'agissait du même homme qui lui avait amené sa précédente mission. Le mizukage avait-il détaché expressément un chunin pour la retrouver où qu'elle soit? Toujours était-il que sa venue à son domicile n'annonçait rien de bon... Doucement, la jeune femme sentait sa soirée lui passer sous le nez. A tous les coups, il était là pour lui transmettre un dossier et lui demander d'abandonner sa douce tranquillité.
" Shizuru Yukimitsu, je suis ici po..." - "... Pour vous transmettre une mission blablabla? Huu. Allez balance tes papelards et barre toi, on gagnera du temps tout les deux. "
La demoiselle avait la bibine mauvaise, cela avait légèrement tendance à la rendre agressive... Mais l'envoyé se contenta de lui tendre une pochette et de se retourner vaquer à ses occupations. Ces quelques feuilles de papiers avaient scellé sa sortie au bar en une seconde et lui en avaient même coupé l'envie... Les quelques heures qui suivirent furent dédier au remplissage de ses divers sacs et à un apitoiement intense sur elle même. En définitive, être ninjas, c'était être un outil qui devait se savoir manipulé et, en plus de ça, était contraint de l'accepter. Pion qu'elle était, trop occupée à se plier aux volontés de ses supérieurs, elle devait même renoncer à ses divertissements. C'était lassant, à tel point que ça la fatiguait... Jamais elle n'aurait cru que son existence de ninja ressemblerait à ça. S'endormir comme une masse, imbibée d'alcool, sur son minuscule canapé pour cuver jusqu'à sa mission du lendemain. Pitoyable.
Ce fut dans un état plus ou moins similaire à celui de la veille que la belle se réveilla. Ses yeux bouffis par l'excès à peine ouvert, elle jeta ses différents sacs et son katana à son coté et s'élança dans les ruelles brumeuse de Kiri. Le point de rendez-vous était à la sortie du village, et le compagnon qu'on lui avait assigné devait l'y rejoindre... En y repensant, elle n'avait même pas ouvert l'avis de mission; tant pis. Maintenant qu'elle était au " lieu-dit ", il était un peu tard pour y penser.