Un Sunajin parmi tant d'autres
Dans le désert du pays du vent, au village caché de Suna, le cri d'une nouvelle vie déchirait le silence. Le clan Mori qui avait tant attendu cet héritier vit l'enfant comme une libération, ne se lassant jamais de ce poupin aux yeux si vifs et aux cheveux d'argents. Comme tous les natifs de Sunagakure, Kaichi s'avéra être un bambin fougueux au caractère bien trempé... Pour résister à pareil climat, mieux vaut se construire une sacré personnalité et une volonté de vivre hors pair. Malgré tout cela, son enfance fut heureuse et il ne manqua de rien ; jusqu'au jour où tout bascula. Un soir d’automne comme les autres, un bandit de grands chemins s'introduisit dans la demeure des Mori, mettant à sac la maison et dévalisant la famille de ses économies. Le tumulte provoqué par le voleur alerta le père, qui, malheureusement n'était pas en mesure de se défendre. Deux coups de dagues suffirent à le faire tomber et réveillèrent la mère en sursaut. Cette dernière, se précipita dans les escaliers et vit son mari ensanglanté, la nuque transpercée ; terrorisée elle ne remarqua pas l'homme derrière elle... le criminel lui asséna alors un coup mortel. Après ce sanglant larcin, le cambrioleur parti précipitamment, laissant le candide garçon qui, ameuté par le vacarme, s'était caché sous son lit.
Au petit matin, le village et ses habitants constatèrent l'incident. Attirés par la scène morbide, comme des vautours par de la charogne, tous se pressèrent auprès de la maison...
Ils crièrent tant et si bien qu'ils finirent par le tirer de sa cachette. C'est qu'il lui semblait avoir entendu des voix connues parmi ce brouhaha informe... Pourtant, nul ne fit attention à lui, pas même ses voisins les plus proches. La foule se contentait de le presser vers l'extérieur, comme pour voir plus vite derrière lui. À cet instant, le poids de la solitude et du désespoir s'abattit sur ses frêles épaules ; il ne put retenir ses larmes de ruisseler sur ses joues rougeoyantes, regardant les cadavres mutilés une dernière fois avant de se faire happer par la houle.
Attristé par le sort de ce jeune garçon, l'administration le confia aux bons soins d'une famille ayant une bonne réputation. Il s'agissait d'un clan de samouraï ; si depuis des générations ils ne pouvaient avoir accès à leur chakra, ils avaient compensé avec le maniement du sabre. C'est tout naturellement qu'Akira, le meneur, prit Kaichi sous son aile et lui inculqua les valeurs du Bushido. Ce faisant, le garçon très réceptifs observa des mois durant les entraînements dans le koryu familial. Cette astreinte lui fit l'effet d'un socle sur lequel il put s'appuyer, lequel lui servit à retrouver « la lumière ». Les entraînements du père étaient toujours suivi de lecture, stratégies de combats, histoire et Géopolitique, etc. La soif d'apprendre lui rongeait l'esprit, il assistait assidûment à chaque cours de Kenjutsu et se perfectionnait dans son Iaido (L'art de dégainer et frapper dans le même mouvement), c'était tout ce qu'il lui fallait pour apaiser sa douleur. En parallèle, Akira prit la décision de placer son fils adoptif à l'académie afin que ce dernier puisse exploiter toutes ses capacités.
Désormais gennin, le jeune Kaichi alors âgé de 14 ans, avait comme habitude de partir en mission avec son père. Shinobis très prometteur, il fut affecté avec Akira à une aventure de haut niveau... Il s'agissait de débarrasser un coin du désert de ses lézards, la routine en somme.
Les deux hommes étaient partis tôt dans la matinée, équipés de leurs simples katana. Aucun ne se doutait que leurs vies allaient radicalement changer ce jours-là. Arrivés sur place, les deux samouraï se rendirent compte de leur erreur... Les reptiles s'avérèrent être d'ignobles dragons de comodo aux allures titanesques. Mal préparés, le cortège se retrouva dans une mauvaise situation, à tel point que le pire se produisit. Dépassés par le nombre d'ennemis, le gifu prit la décision de se sacrifier pour préserver la vie de Kaichi.
De ce combat mémorable, et o combien douloureux, le jeune homme ne put que conserver l'attirail de son père... Sa dépouille restant aux griffes et aux crocs de ses assassins. Maculé de sang, éreinté par la fatigue, le survivant se traîna jusqu'au village. Cette silhouette fantomatique, aux allures de spectre vengeur, ramena les attributs de son paternel au domicile familiale avant de disparaître comme il était venu.
Nul n'entendit parler du Sunajin durant une année complète. L'adolescent était derechef repartit sur les lieux du crime, avec comme seule idée de racheter sa faute. Il avait été trop faible, n'avait sut tenir ses obligations, il fallait désormais expier... Ivre de colère et de douleur, le jeune Mori se fit pour mission d'anéantir jusqu'au plus petit lézards, de tous les faire payer. Ainsi, des mois durant, il s'exposa aux pires dangers ; traquant sans relâche les monstres responsables de ses tourments. Son cœur et son corps s'endurcissaient tandis que son esprit flirtait avec la folie. L'entièreté de sa vie n'était plus que haine et détestation, jusqu'à ses cauchemars étaient remplis de scènes atroces.
Une fois le pays arpenté dans tous les sens, le shinobis du se résoudre ; il ne les retrouverait pas. Mais la perspective de retourner au village était au moins aussi terrifiante que celle de continuer à errer... Désocialisé, hirsute, incapable de parler le jeune homme avait oublié toutes les uses et coutumes du monde civilisé. Sans doute la haine est-elle plus forte que l'éducation.
Lorsque sa silhouette amaigrie se présenta aux portes du village, ce fut un choc général.
Tout le monde avait eu vent du coup de sang du fils adoptif d'Akira, et la majorité le pensait mort...
Le voir ainsi, pareille à une bête farouche, avait un je ne sais quoi de dérangeant. Sentant peser sur lui le poids d'un millier de regards accusateurs, Kaichi se contenta pourtant de retrouver sa mère.
La colère commençait à se taire devant l'incapacité à résoudre le problème, il devenait plus doux, le feu qui le dévorait de l'intérieur... Et curieusement, il lui semblait pouvoir vivre avec. S'était-il emballé ? Présumé de ses capacités ? Peut-être qu'au final il n'était pas assez bon pour se venger, que c'était réservé à meilleur que lui.
Il mit des semaines à se réadapter, un laps de temps durant lequel il fit une drôle de constatation : Vivre sans les autres était moins dur à porter. Avant que ses mots ne lui reviennent personne ne lui adressait la parole pas même sa mère. Cette période fut sans doute la plus légère, celle où il eu le moins de préoccupations et de fait, de soucis. Un drôle de syllogisme se créa alors dans son esprit : Lien égal douleur, douleur égal les autres. Malgré cette nouvelle philosophie de vie, le jeune homme fut pressentit pour devenir Chuunin... L'examen était à l'époque, d'une barbarie sans nom ; des gennins étaient lâchés dans une arène et devaient s’entre-tuer jusqu'au dernier. Fort de ses nouvelles conditions, le Sunajin se fit un plaisir de se laisser aller à ses bas instincts. Ce fut un véritable bain de sang ; ses adversaires n'étaient pas préparés a rencontrer un ennemis avec autant de hargne. Son expérience d'ermite lui avait formé un corps d'acier et une détermination sans faille, mais aussi une insensibilité terrifiante. Devenu chuunin, il lui semblait que rien ne lui était impossible.
Prenant de l'âge, Kaichi se rendit compte que l'excès de violence ne le menait à rien, et même pire ! Constituait une certaine forme d'engagement. C'était un contact avec les autres dont l'intensité justifiait à elle seule qu'il s'en tienne éloigné... Ainsi, le shinobis tacha t-il de se contrôler, d'appliquer de nouveau les principes d'astreinte du Bushido, peut-être en mémoire de son défunt père.
La proximité avec sa mère et ses sœurs devenait cependant gênante ; dans sa quête de l'absolu tranquillité elles constituaient un obstacle de taille, aussi à sa majorité, il quitta la maison. L'appartement qu'il se dégota était à l'autre bout de la ville, un trou miteux dont il ne fallait même pas prononcer le nom... mais c'était tout ce qu'il désirait. Cette grotte, que dis-je, ce trou ! N'était que son camp de base, un point de chute à la fin de ses entraînements, dans lequel il s'enfermait pour ne rencontrer personne. Les quelques moments, où le jeune homme devenu adulte, s'autorisait une sortie c'était à l'occasion de missions ; c'était d'ailleurs ses seuls moments de socialisations.
Sa paix fut brisée par l'annonce de la guerre ; conscient de ses capacités, le village lui confia diverses missions, et il se retrouva souvent au front. La coalision entre soldats le dégoûtait : Soutenir son prochain, se préoccuper de ses soucis... C'était beaucoup trop intime pour lui, au point qu'il en vint à détester la guerre. Cela dura des mois, même s'il lui sembla que ce fut beaucoup plus long ; les morts s'amoncelaient, les veuves pleuraient, beaucoup trop d'émotions... Ces batailles n'étaient basés que sur les sentiments des « Grands » de ce monde et n'avaient donc, forcement, aucun sens. Il ignorait les tenants et les aboutissants, mais une chose était sur, lui ne se laisserait plus jamais aller à de telles stupidités. L'être humain se laissait dévorer par l'amour et la haine qu'il avait pour ses pairs, c'était une erreur.
Lui, Kaichi Mori, héritier de la douleur de deux familles, ne se laisserait plus berner par de telles fadaises... Son seul objectif était de combler le vide de la mort de ses pères, ne plus tomber dans le piège de l'affectif et vivre pourtant.