Renaissance

Ses yeux s'ouvrent difficilement. La lumière est brûlante, il essaye par réflexe de se masquer le visage avec son avant-bras, mais il est attaché. Ses paupières se referment aussitôt par réflexe, son visage est grimacé par la douleur de cette vision. La tête se tourne sur le côté, comme pour éviter de faire face à nouveau à la source la plus vive d'éclairage de la pièce. Il essaye à de nombreuses reprises de rouvrir les yeux doucement, petit à petit, mais rien n'y fait, ils n'arrivent pas à s'habituer. D'un son sourd, il distingue une voix, difficile de la localiser, difficile de tout comprendre, à part " il s'est réveillé ". Sa vue est troublée, il est quasiment aveugle, attaché à ce qui semble être un lit, surveillé par plusieurs personnes et incapable d'entendre clairement ce qui se passe autour de lui.

Il essaye de parler, ouvre la bouche, mime des paroles avec ses lèvres, mais aucun son ne sort. Que m'avez-vous fait ? Qui êtes-vous ? Ces questions lui brûlent les lèvres, mais son corps n'est pas en mesure de les prononcer. Il essaye de forcer les liens qui le maintiennent attaché au lit, mais rien n'y fait, il se fait presque mal plus qu'autre chose. Quid de sa force quasiment légendaire ? Son corps... Qu'avaient-ils fait bon sang !?! Le temps passe, il est toujours incapable d'ouvrir les yeux, le peu qu'il voit avant de devoir les refermer est trouble. Son ouïe se fait peu à peu à son nouvel environnement, mais un vieux sifflement grince dans ses tympans, comme si il avait été assourdi par une explosion proche.

Il faut se calmer, ce n'est pas en cédant à la panique qu'il arrivera à quoi que ce soit. Se nerfs se détendent, son corps ne fait plus pression face aux liens qui le scellent allongé dans son lit, ses yeux n'essayent plus de s'ouvrir irrémédiablement et sa bouche ne tente plus de faire le moindre son. Il est calme en un instant à peine, relaxé, concentré. Tout d'abord, s'habituer à cette lumière. C'est donc en se concentrant uniquement sur ses yeux, sur sa vue, qu'il essaye d'ouvrir peu à peu ses yeux. La lumière est aveuglante, brûlante, tant que des larmes coulent d'elles-mêmes du coin de ses yeux, mais il se force, il insiste, il doit s'y faire. C'est toujours sans comprendre comment il a pu en arriver là qu'il demeure à faire tout son possible pour en sortir.

Ça y est, en quelques dizaines de secondes, il arrive à maintenir les yeux à peu près ouverts. Sa vue est toujours trouble, mais au moins, la simple lumière ne l'aveugle plus autant que tout à l'heure. Il est temps de passer à autre chose désormais. Son ouïe a eu le temps de se remettre également, mais ceux qui semblaient discuter plus tôt ne sont plus là de toute évidence, et c'est le calme absolu aux alentours. Une nouvelle tentative, il force sur ses bras, mais impossible de se défaire de ces maudits liens. Maintenant qu'il commence à y voir plus clair, il s'aperçoit que son corps a l'air bien plus frêle qu'il ne l'a jamais été, il n'a quasiment que la peau sur les os. Le lit tremble, il semble perdre son sang-froid, il force de plus en plus sur les liens qui le maintiennent en place, la gueule grande ouverte, sa bouche devient finalement à même d’émettre un son.

C'est suite à un puissant râle de rage, bestial, que la voix grave de Tensai résonna dans la petite pièce. Que m'avez-vous fait !?!, il hurle, presque suffisamment pour s'en casser la voix à peine fut-elle retrouvée.

Il force de plus en plus, ses bras commencent à saigner au niveau des liens. De l'autre côté de la pièce, une Kunoichi semble maintenir le Kekkei en place, elle a cependant l'air de lutter pour continuer de maintenir un flot de chakra suffisant pour forcer Tensai à rester en place. Elle attendait l'arrivée des ninjas plus hauts gradés du village, seule, elle ne pouvait que maintenir le Kekkei dans lequel il était prisonnier. Où suis-je ? Quel est votre clan ? Il a clairement de plus en plus de mal à garder le contrôle de sa propre personne, mais ça va de pair avec le contrôle du Kekkei de la Kunoichi. Balbutiant, essayant tant bien que mal de se justifier, elle prend les devants et essaye tant bien que mal de lui expliquer la situation.

"Nous sommes les ninjas d'Iwa ! On a récupéré ton corps il y a plusieurs générations pour te maintenir en vie !"

Les ninjas d'Iwa ? Il y a plusieurs générations ? De quoi parlait-elle ? Tant de non-sens, ça en devenait presque absurde. S'en était trop, il devait sortir de là, et ils devaient payer pour ce qu'ils ont fait à son corps. Il était temps de faire usage d'une de ses techniques fétiches. Inspirant un grand coup, les yeux fermés, Tensai resserra les poings, se concentrant, amassant ses forces. Ouvrant les yeux d'un coup, écarquillés, sa masse corporelle augmenta brutalement pour s'apparenter à un simple vestige, un simple souvenir du passé lointain. SATSUJINKEN ! La nouvelle puissance qui habitait son corps fut suffisante à elle seule pour rompre les liens qui bloquaient son corps sur place.

Se relevant, il arborait une mine sévère, un regard dur, emplis d'une colère semblant sans limite. La Kunoichi semblait en proie à cette colère, elle-même victime d'une peur grandissante à la vue de l'homme qui lui faisait face. Pourtant, elle ne bougeait pas, maintenant sa position, maintenant sa concentration. Le Kekkei était toujours en place, et tant qu'elle le maintenait, il lui serait impossible d'en sortir. En y regardant de plus près, Tensai remarqué que le fuuinjutsu qui l'avait maintenu allongé était une version mineure de celui qui englobait la pièce. Des bandes jaunes symbolisant la technique étaient placardés sur les murs, marquées "Keep Out". Sans perdre plus de temps, il essaya de sortir de là, mais c'était peine perdue, son corps semblait dans l'incapacité la plus totale à atteindre l'autre côté du Kekkei.

"Le monde est en guerre ! Nous avons besoin de votre force pour nous renforcer contre nos adversaires !"

Ma force ?

"Vous étiez réputé pour être un ninja de légende, à la force inégalée, cette force est nécessaire aujourd'hui !"

J'en mourrai surement, mais il y a erreur sur la personne. Je n'ai rien d'une légende, et ma force est loin d'être inégalée

A ces mots, la Kunoichi semblait perdre patience, craquer, perdre tout sang-froid. Depuis près d'un siècle, son clan était simplement sacrifié pour le maintien de ce Kekkei, ses parents, ses grands-parents, tous sont morts en ayant dédié toute leur vie à cette technique, dans l'unique but de maintenir cette homme en vie malgré le poids des années, et ce jusqu'à son réveil. Et une fois cela accomplis, il annonce une erreur sur la personne ? Elle ne pouvait le supporter. Les bras toujours tendu en direction du Kekkei, elle se releva, le regard à son tour emplis d'une immense colère. S’il n'était pas celui qu'Iwa désirait, il n'avait aucune raison de vivre ! C'est à ce moment que le Fuuinjutsu commença à se resserrer sur lui-même.

"Si tu n'es pas Tensai, tu n'as aucune raison de vivre !!!"

Silencieux, il tendit le bras face à lui, en direction de la Kunoichi. Concentrant sa force dans ce dernier, il simple mouvement brut de son épaule dégagea une puissante onde de choc droit devant lui. Le Kekkei était fait pour empêcher les formes physiques de passer au travers, tant et si bien que l'onde passa outre la protection du champ et frappa rudement la jeune fille, qui fut aussitôt propulsée violemment en arrière, s'écrasant lourdement contre le mur quelques mètres plus loin. Aussitôt, la technique semblait prendre fin. Les bandelettes jusqu'à présent maintenues aux murs tombèrent doucement sur le sol. Sortant, il observa le corps de la Kunoichi, inconsciente.

Je n'apprécie guère les menaces...

Tensai était intrigué, observant longuement sa main, il s'interrogea sur sa force actuelle. A son niveau habituel, cette attaque aurait quasiment pulvérisé une ninja de cette carrure, alors qu'elle est à peine marquée. Torse nu, les cheveux suffisamment longs pour qu'il marche presque dessus, l'homme redevenu rachitique à la fin de sa technique, s'apprêtait à remettre pied à l'air frais. Apparemment, il était dans un espèce de sous-sol, les murs avaient l'air délabrés. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dans des infrastructures faites de pierres, c'était plutôt rare habituellement. Le clan qui l'avait fait prisonnier devait être assez important pour posséder une telle prison. Avant tout, il lui fallait retrouver ses effets personnels, et après il poserait des questions au clan.