Que reste-t-il après une trahison ? [PV Sasuke]

Ces derniers temps avaient été hauts en couleur pour le jeune Sasuke. Pas encore dix-sept ans qu’il en avait vécu des choses, qu’il avait vu des terres hostiles, qu’il avait rencontré toute sorte de gens. Le Pays de l’Herbe l’avait particulièrement marqué aussi, non pas pour ses paysages ou les rumeurs qui y circulent, mais bien pour les étonnantes personnes qu’il croisa. Plus récemment, Suigetsu était venu l’aborder en ces lieux pour refaire une alliance. L’adolescent aux cheveux de jais ne savait pas encore s’il avait bien fait, mais qu’importe. Pour le moment, il avait d’autres projets plus importants. En effet, le survivant du massacre de l’éventail cherchait des petites informations qui pourraient s’avérées très importantes pour la suite, ainsi qu’un abri, une cachette qui lui servirait de refuge. Celles employées par Orochimaru étaient désormais trop dangereuses pour lui, n’importe qui aurait pu les trouver et les exploiter, vu qu’il avait fait libérer les ex-prisonniers. Automatiquement, l’information avait filé, ces endroits n’étaient donc plus des secrets bien gardés. C’est dans cette optique, après sa nouvelle rencontre avec l’adolescent aqueux, que l’Uchiha se trouvait dans les frontières du pays de Feu. Juste à l’idée d’être si près de Konoha, sans toutefois pouvoir s’y rendre et en finir avec ses projets… il ne savait pas trop se qu’il ressentait. Amertume? Déception? Rage? Colère? Haine? Un peu de tout, mais oui, oh oui, la dernière de toute ces émotions. La plus dévastatrice de toute, celle qui le maintenait en vie, qui le faisait vibrer et le rendait puissant, beaucoup plus puissant. Non, il n’était pas comme ceux de son ancien village, des gens qui progressaient à la force de l’amour. Pour lui, l’évocation d’un tel sentiment lui donnait tout simplement la nausée. C’était futile, sans intérêt. Ses buts se trouvaient dans les ténèbres, vers le passé et non dans la lumière et vers l’avenir. De toute façon, que trouverait-il s’il décidait de sortir de l’ombre? Rien, rien qui ne méritait son attention du moins. La voie que le nukenin de la feuille avait choisie était décidément la meilleure pour lui, celle qui façonnait son funeste destin.

Continuant sa progression, il réfléchissait aussi à ses plans, à ses prochains mouvements. Que devait-il faire? À qui devait-il faire confiance lors de l’exposition de ses projets? C’était vague et dire à répondre. Il ne savait pas puis il ne voulait pas être trahi. C’était son point d’honneur, pour sa famille, pour son clan, pour son frère, Sasuke n’avait pas le droit de mourir avant que tous aient payé pour leur crime, pour la ségrégation qu’ils avaient imposé aux Uchiha! Konoha avait orchestré le pire génocide de ce monde, ce paisible village de merde ne pouvait pas s’en tirer aussi facilement! Ils vivraient tous le chaos, la mort, la désolation, l’impuissance que lui avait vécu lors des évènements qui marquèrent sa septième année de vie. Ceux qui prétendaient le comprendre le pourront peut-être et ceux qui avait l’audace de salir l’honneur d’Itachi… ceux-là se mériteraient une bien belle surprise. À cette idée, le ténébreux jubilait. Ses pensées l’excitaient et il devait impérativement se calmer. Après tout, il se trouvait présentement en territoire ennemi. Il ne fallait pas non plus faire exprès pour que son chakra démoniaque et sombre filtre trop et qu’ainsi, il se fasse repérer. Ce n’était pas son but. Bien caché par sa longue cape noire, le visage à demi couvert par la large capuche, il progressait rapidement dans cette forêt qu’il avait tant explorée autrefois. Rien n’avait changé depuis sa dernière venue. Il lui serait facile de trouver ce qu’il cherchait, du moins, il l’avait cru jusqu’à maintenant. Il aperçut au loin une silhouette qu’il connaissait bien, perchée dans un arbre… Intrigué, il ne changea pas de cap. De toute façon, il savait qu’elle l’avait déjà repéré depuis longtemps, inutile de fuir et ce n’était pas son genre.

Au fur et à mesure qu’il approchait, il pouvait mieux distinguer ses traits. Elle semblait bien… tendue. Était-ce sa présence qui lui provoquait cette réaction? Ça lui plaisait en tout cas de le croire. Sasuke garda néanmoins son visage impassible, son air froid et hautain. Arrivé sous l’arbre dans lequel se tenait Karin, il leva la tête et lui laissa le loisir de le détailler. La capuche s’était un peu rabattue, découvrant son front, tout de même mi-caché par ses longues mèches ébène. Il détailla sans gêne son ex-équipière, s’assurant aussi que ce n’était pas un piège grotesque. Après tout, il l’avait laissé pour morte, n’ayant pas de connaissances dans le domaine médical, après l’avoir volontairement blessée pour parvenir à ses fins, il n’y avait pas eu d’autre solution que celle d’en finir avec elle. Lui tenait-elle rancœur de ce jour? L’Uchiha allait probablement le découvrir dans les prochains instants. L’adolescente prononça son nom, alors que lui resta de marbre, ne disant rien. En même temps, le jeune déserteur ne s’était pas attendu à la rencontrer par hasard comme ça dans cette forêt. Il ne savait pas comment l’aborder, et l’envie de simplement passer son chemin comme l’être égoïste qu’il était se faisait présente dans son esprit. Par contre, il était aussi curieux. Défaut diront certains, mais une qualité puisque la curiosité développe l’esprit, le force à chercher des réponses. Il pouvait aisément voir que Karin tenait quelque chose entre ses doigts et ça l’intriguait. Voilà, il l’avait son sujet de début de conversation. C’est ainsi que sa voix grave s’éleva, contrastant avec le précédent silence lourd de sens.

-Qu’as-tu entre les doigts, Karin?

Aussi simple, il n’avait pas besoin de s’éterniser plus. Pas de bonjour, pas rien de courtois ou poli, ça n’était pas son fort. Le ténébreux patienta donc de voir ce qu’elle aurait à lui répondre, histoire de voir s’il avait une quelconque raison de rester là.

Cette rencontre imprévue était presque ironique. Ça ramenait Sasuke en arrière, à un moment où il prit une grande décision : celle de se faire greffer les yeux d’Itachi. Pourtant, aujourd’hui encore, Sasuke ne voyait pas le monde comme l’avait vu son aîné. L’adolescent gardait sa propre vision, s’entêtant sur le chemin sinueux de la vengeance. Depuis tout jeune, il avait été façonné ainsi, comment pouvait-il du jour au lendemain se détourner de lui-même pour devenir quelqu’un d’autre? Depuis les tragiques évènements qui marquèrent son enfance au fer rouge, il ne vivait que pour les ténèbres. La lumière lui faisait peur inconsciemment. Il s’en était défait depuis si longtemps, qu’il préférait se dire, se convaincre qu’il ne trouverait rien de bon en oubliant sa haine. De toute façon, son cœur ne pardonnait pas facilement. Sa confiance était difficile à gagner. Le nukenin de la feuille demeurait quelqu’un de distant, de froid. Il s’empêchait de se lier trop aux autres pour ne plus souffrir. Il avait bien conscience qu’en créant des liens, inévitablement, il souffrirait d’avantage que le poids de la solitude. Il avait eu son lot. Voir des personnes chères mutilées, tuées, plus jamais ça ne se reproduirait. Pour cela, le ténébreux devait s’isoler dans un cocon de haine et ne laisser personne l’approcher. Oh oui, il avait eu sa leçon avec Naruto. Couper les liens avec cet imbécile fut plus difficile que prévu et encore récemment…

-Je veux détruire Naruto avec mes pleins pouvoirs, c’est la seule façon de rejeter tout ce qu’il représente, avait-il dit à Tobi sur la raison de son soudain changement d’idée pour la greffe des yeux du prodige illusionniste que fut son frère.

Rejeter quoi? En fait, l’Uchiha ne voulait pas se l’admettre. Des liens subsistaient mais ça, il se le gardait bien pour lui, faisant croire au blond qu’il n’y avait plus rien de son côté. Il s’était maudit après que ses paroles furent prononcées de vive voix, mais le leader de l’Akatsuki n’avait pas relevé. Tant mieux, parce qu’il aurait simplement répliqué sèchement de se mêler de ses affaires. Le survivant du clan maudit n’aimait d’ailleurs pas comment son supposé ancêtre se jouait de lui, comment il lui donnait des ordres. Grand bien lui fasse d’être aujourd’hui libre. Seul maître de sa vie, il pouvait vagabonder n’importe où, entreprendre les actions selon son bon vouloir et non celui d’un autre. Voilà pourquoi en ce jour ensoleillé l’adolescent au puissant dojutsu se trouvait présentement au Pays de Feu. Bref, sa question était toujours en suspend, mais au moins, il eut la réponse. Karin prit le cahier pour mieux le lui montrer et lui expliqua qu’il contenait des informations sur Konoha, recueillies pendant son séjour là-bas par sa faute. L’intonation qu’elle employa le fit sourire, mais pas l’un des sourires rafraichissant ou rassurant, loin de là. C’était mi-moqueur, mi-sadique. Sasuke était maintenant fixé, elle ne lui avait pas pardonné cette blessure qu’il lui avait faite. Après, il s’en fichait sincèrement. Son attention était toute concentrée sur ce cahier. Il rêvait d’aller le lui prendre pour jeter un œil, mais il n’eut pas à bouger pour cela. En effet, Karin descendit de sa branche pour atterrir souplement devant lui, gardant une distance de sécurité entre eux. Elle approcha d’un pas et lui tendit le carnet tant convoité, précisant tout de même qu’il n’était pas fini. Cette précision avait-elle un but de survie? Croyait-elle qu’en lui disant cela, elle s’assurait qu’il ne lui ferait pas de mal, pour l’instant? C’était deux questions qui lui étaient venues à l’esprit, mais pour l’instant, ce n’était pas l’important.

Il bougea à son tour. Lentement, il avança d’un, puis deux pas. Suffisamment près pour se saisir du cahier, l’Uchiha tendit la main de sous sa cape puis s’en empara. Toujours en gardant à l’œil la kunoichi en face de lui, il le feuilleta rapidement. Ses yeux noirs allaient et venaient sur ses pages manuscrites. Il y avait là de précieuses informations, qui pourraient grandement l’aider le jour où il déciderait d’envahir Konoha. Le détail de la prison par exemple, il pourrait en tenir compte lors de l’élaboration d’un plan d’action. La jeune femme venait de lui donner un sacré coup de main, mais il ne pouvait s’empêcher de se méfier encore plus. Quelles étaient ses réelles intentions à son égard? Pourquoi le lui offrait-elle ce carnet sans rien demander en retour? Inévitablement, l’utilisateur du sharingan ne lui faisait pas confiance du tout. Puis, peut-être que ces données étaient erronées, et qu’elles avaient pour but de le tromper et de faciliter sa capture. Il trouva rapidement un moyen de mettre ses doutes de côtés. Relevant la tête des écrits manuscrits, il plongea ses orbes dignes de profonds abysses dans celles de son interlocutrice. L’épave du sourire qu’il avait arboré était désormais disparue, ne laissant qu’un visage complètement haineux faire surface. Sasuke s’adressa de nouveau à Karin.

-Que veux-tu?

Comprendrait-elle le sens de cette question? Il l’espérait bien. Selon sa réponse, il improviserait pour la suite des évènements.

La question précédemment lancée semblait faire bien des ravages chez la descendante Uzumaki. Sasuke était content donc de l’avoir posé. Néanmoins, il vit rapidement le changement d’attitude chez son ex-équipière. Celle-ci semblait plus posée en sa présence, moins excitée mais surtout moins… amoureuse. Peut-être avait-elle enfin compris que ce genre de sentiments ne l’intéressait pas, que ça lui faisait perdre son temps, tout simplement. Il ne voulait pas déroger de sa voie de haine, alors les relations intimes… ce n’étaient pas pour lui. Avait-elle aussi réalisé qui il était réellement? Que l’adolescent dont elle avait été éprise par le passé n’existait plus? Karin semblait plus mature que la dernière fois qu’il avait croisé sa route. Ça en était presque rafraichissant. De plus, même s’il ne l’admettrait jamais, il était un peu impressionné qu’elle ait réussi à s’évader de la prison de Konoha par ses propres moyens, sans l’aide de personne. L’avoir à ses côtés pourrait lui être encore bénéfique tout compte fait, surtout qu’il n’aurait plus à se soucier de se faire coller ou de se faire tripoter à tout moment. Son don sensoriel lui éviterait de subir prochainement de mauvaises surprises, puis en prime, sa capacité à soigner lui avait toujours été nécessaire, lui qui ne vivait que pour de dangereux affrontements. La rouquine le complétait avec ses aptitudes de support et le ténébreux la complétait elle par ses nombreuses habiletés en combat. Oui, ce n’était pas le hasard qui l’avait poussé à la choisir après avoir absorbé Orochimaru. Même encore aujourd’hui, il savait estimer la valeur de ses alliés et Karin en possédait une, malgré ce qu’il avait dit avant de vouloir mettre fin à ses jours. Le nukenin de la feuille se souvenait aussi vaguement du combat contre Killer Bee, comment ses compagnons avaient joué leur vie pour lui, pour leur groupe. Comment il les avait remerciés, comment il avait aussi cherché à les protéger… Ça semblait être une époque si lointaine.

Bref, Sasuke avait changé et il faudrait s’y faire. Ses alliés devaient se montrer à la hauteur. Il ne porterait pas de fardeau à ses côtés. Si Karin se présentait devant lui comme ça avec de telles informations, c’était qu’elle voulait quelque chose en échange. Le survivant du massacre de son clan se doutait bien qu’elle ne recherchait plus son affection, juste à voir son attitude. Alors, que voulait-elle exactement. La réponse fut longue à arriver. En effet, l’adolescente ne semblait pas vouloir la partager, mais elle finit par la dire toujours en le fixant sans sourciller. Elle ne voulait pas être seule… L’Uchiha trouva ça ironique. Alors que lui recherchait désespérément les ténèbres et l’isolement, elle était son parfait contraire, pouvait aller jusqu’à retourner avec un être qui l’avait trahi pour éviter de ressentir ce lourd poids dans sa poitrine, celui de la solitude. La question était maintenant, malgré le fait que l’utilisateur du sharingan ait reconnu l’utilité de son ex-équipière, était-il prêt à la reprendre avec lui, à remarcher à ses côtés? Pour le moment, il ne décelait pas d’arrières pensés le concernant, Karin ne semblait pas vouloir lui faire payer ce qu’il lui avait fait, mais cette possibilité persistait dans son esprit. Il devait réfléchir vite, mais de toute façon, il avait déjà un élément de réponse à fournir. Il verrait pour le reste plus tard, selon leurs agissements à tous les deux. Sa main qui tenait le carnet disparut sous sa cape avec le document manuscrit, au même moment où il prit enfin la parole.

-Je garde ça pour l’instant. Mettons de la distance entre ce village de merde et nous.

Sasuke n’était pas dupe. Des troupes devaient déjà être déployées pour mettre la main sur la fugitive. Puis, en parlant au nous, il avait fourni une sorte de réponse. Karin n’aurait pas mieux pour l’instant. Puis, l’Uchiha n’était pas très excuses non plus, alors il se tourna à demi, l’invitant d’un signe de tête à le suivre. Il trouverait une cachette ailleurs faut croire. Restait aussi à avouer à l'Uzumaki qu'il avait revu Suigetsu récemment... Comment le prendrait-elle? Hum, ça attendra un peu, il y avait plus important à gérer pour l'heure.

Les deux adolescents étaient partis. Ils sautaient de branches en branches à travers cette forêt, silencieux comme des tombes, mais l’esprit de Sasuke était en ébullition. Il songeait à tous ses plans ainsi qu’aux personnes qu’il devrait bientôt trouver. Il était impératif que le ténébreux mette de l’ordre dans ses idées, et devait aussi voir ce qu’il ferait avec Karin. Quand aurait-il suffisamment confiance pour lui avouer ce qu’il avait l’intention de faire dans le détail? Sûrement pas demain en tout cas! Avant qu’il ne se laisse de nouveau apprivoiser, ça serait long et il jugea qu’il en était de même pour son équipière. Après tout, la feuille était capable de demander à un gamin de douze ans, membre de l’ANBU, d’assassiner sa famille entière, alors prendre la jeune Uzumaki comme appât qui le conduirait droit dans un piège demeurait tout à fait possible. Alors rebâtir quelque chose entre eux serait difficile et long, pas possible du jour au lendemain. Bref, pour le moment, l’Uchiha tairait les noms de ceux avec qui il devrait s’entretenir. De toute façon, ce n’était ni urgent, ni important de transmettre ça à Karin. Là, tout de suite, le déserteur avait une boule au ventre dont il voulait tant se débarrasser… Partir du Pays de Feu comme ça… ça le rongeait de l’intérieur, sa haine s’intensifiait. La destruction de Konoha, c’était son désir le plus cher maintenant, ce qui le faisait vivre, ce qui le maintenait en vie. C’était aussi puissant que des flammes, il brûlait de l’intérieur. La vengeance incarnait le sens de son existence. La colère que de devoir tourner dos à ce village sans leur avoir marché dessus, elle était forte. Quand pourrait-il enfin accomplir ce but? Il devait prendre son mal en patience, puisqu’il savait pertinemment que s’il ne se préparait pas adéquatement, ça n’aurait servi à rien et il échouerait. C’était chiant, parce que Sasuke était le genre d’adolescent à tout vouloir de suite, sans attendre. Qu’est-ce qu’il avait envie à cet instant de frapper sur quelque chose…

Ses pensées sombres furent interrompues par l’Uzumaki qui lui posa une question bien intéressante. L’alliance des villages? Alors c’était ce qui avait résulté du sommet qu’ils avaient attaqué au Pays du Fer. Il avait donc les cinq nations aux fesses, grand bien leur fasse. Ça ne l’énerva pas le moins du monde. Qu’ils s’amènent tous, s’ils défendaient Konoha, automatiquement ils devenaient ses ennemis. L’ex-disciple d’Orochimaru n’aurait aucun scrupule à tous les tuer. Par contre, cette affirmation lui amena une autre réflexion, qu’il prononça de vive voix, sur une intonation morne.

-Même en sachant cela tu veux trainer avec moi.

Ce n’était pas une question, mais plutôt une affirmation. C’était louche selon lui. Peut-être, après tout, que Konoha se servait réellement d’elle. C’était difficile d’avoir une idée fixe sur ses buts. Elle ne désirait pas être seule. Était-ce suffisant pour s’allier de nouveau à celui qui l’a lâchement trahi dès que son utilité pris fin? Lui-même ne ferait pas ça, son esprit de vengeur prendrait le dessus et il ferait amèrement payer le timbré qui aurait osé lui planter un couteau dans le dos. Seulement, Karin n’était pas comme lui, alors le jugement de Sasuke était loin d’être objectif. Ne s’attardant pas d’avantage sur la question, il laissa un blanc, avant de reprendre. Cette fois, sa haine transparaissait. Sa folie, sa démence revenaient à la charge. Ses mots étaient murmurés, leur donnant encore plus ce sens macabre.

-Qu’ils s’amènent tous, je les transformerai en cadavre… et… s’ils osent protéger Konoha…

L’Uchiha s’arrêta soudainement sur une branche. Droit comme un piquet, sa respiration était frénétique. Tout son être était consumé par sa haine du moment. Il ne pesait plus ses mots, mais les pensait réellement. Peut-être ferait-il peur à sa coéquipière fraichement revenue en agissant ainsi, mais il n’y songea pas une seconde. Ce qui important était simplement la suite de ses paroles.

-…Je détruirai le monde.

Ses dires résonnèrent comme une promesse, alors que ses pupilles avaient changé l’espace d’un court instant, une toute petite seconde, devenant cet atome rouge à six branches ornés d’un large shuriken noir. Le ténébreux ferma ensuite les yeux et leva la tête, comme pour regarder le ciel. C’était une belle journée, nuageuse, mais fraiche. La brise portait ses longues mèches ébène, lui caressant son visage de porcelaine. Il devait se calmer, retrouver sa cool attitude pour se focaliser sur son but mais aussi pour éviter des surprises. Ça ne lui prit pas tellement de temps, puis il fonça au même instant où ses orbes noirs refirent surface. Avant de trop s’éloigner, Sasuke s’adressa de nouveau à Karin.

-Continuons, la frontière n’est pas loin, dit-il, alors que l’intonation précédente avait disparu, laissant sa froideur habituelle paraître.

Sa folie est sa haine, sa haine; sa plus précieuse alliée. L’adolescent aux pupilles maudites lui vouait un tel culte, il avait tant foi en ce sentiment ravageur, qu’il en perdait parfois la raison. Son ultime dessein résonnait sans cesse dans sa tête. La vérité le blessait terriblement, il revoyait encore Tobi la lui avouer, il se revoyait aller avec lui au Pays du Feu et entendre ces shinobis de bas étage se permettre de juger Itachi sans savoir... Ça l’avait mis dans une telle colère, son impulsivité faillit lui faire faire une bêtise ce jour-là. Il avait été arrêté par cet homme si mystérieux caché derrière son masque orange voyant. Aujourd’hui, sa vie n’avait plus qu’un sens : la vengeance. Tant qu’elle ne serait pas assouvie, son esprit serait tourmenté. Son équilibre psychologique de plus en plus instable menaçait de se rompre à tout moment, mais il n’avait pas le droit de renoncer. Un Uchiha ne vit que pour ça. L’honneur était une valeur des plus importantes, inculquée dès son plus jeune âge, par son père Fugaku. Alors non, le cadet Uchiha ne pouvait plus faire marche arrière. Il ne le supporterait jamais. Son cœur était déjà trop noir, sa chute dans les ténèbres touchait à sa fin.

Après que la petite bulle de haine qui passa chez Sasuke soit terminée, il reprit la route, filant à vive allure dans la forêt qui devenant de moins en moins dense au fils de ses longs sauts. Son attitude impassible de retour, l’Uchiha était désormais en mesure de se concentrer sur l’important. Un silence régnait en maître après les déclarations funestes faites par le jeune ténébreux. Ça lui déplut un peu, puisqu’il voulait connaître les vrais raisons de Karin d’accepter de le suivre après l’avoir pris pour cible, après l’avoir menacée de mort, de l’avoir abandonnée aux mains du village qu’il haïssait tant. Heureusement, elle répondit à son affirmation, rompant cette fausse quiétude entre eux. Elle lui affirma qu’elle le préférait lui aux gardes qui la surveillaient, qu’elle n’avait pas peur des villages vu tout ce qu’ils avaient accomplis avant, mais aussi que ça lui serait bénéfique et plaisant que des petites troupes d’incapables à l’effigie de Konoha se pointent pour elle. Ce n’était pas complètement faux, mais elle oubliait une donnée importante. Sa vengeance, il voulait que tous la vivent en même temps, il voulait lire la peine, la peur et la désolation sur le visage de ses proies. Il brûlait de leur faire comprendre que cette paix n’aurait pas été possible sans le sacrifice d’Itachi, sans le génocide de son clan presqu’en entier! Sa douleur et sa haine, Sasuke les déverserait sur tous ses ignobles shinobis. Là, peut-être, que les vieux merdeux du conseil comprendraient leur erreur. À eux, l’Uchiha leur réservait un traitement spécial… Rien que d’y penser il en avait presque des frissons d’appréhension. Dieu qu’il avait hâte d’y être et d’enfin accomplir ce pourquoi il avait survécu toutes ces années. Bref, le ténébreux répondit aux affirmations de son équipière, ne laissant pas paraître ses émotions. Maintenant qu’il avait reprit le contrôle, avant qu’il ne le reperde, faudrait qu’elle l’énerve réellement. Dans son intérêt, Karin ferait mieux de ne pas aller jusque là.

-Bien, reste avec moi si tu en as envie, mais… n’oublie jamais que ma vengeance est ma priorité.

L’ex-Konohajin marqua une pause. Tous deux continuaient d’avancer, Sasuke sans vraiment se tourner vers Karin, même lorsqu’il lui répondit. Ses yeux étaient obstinément rivés sur l’horizon. Il n’avait qu’une hâte, sortir de cette putain de zone et d’aller vaquer à ses occupations. Son stock d’arme était bas, il lui fallait donc se trouver un endroit où il pourrait s’en procurer. Retourner chez Neko-baa avait été sa première idée, mais le destin l’avait vu autrement. Son plan B était donc de se rendre au Pays des nuages. Il y avait forcément des petits villages marchands qui gravitaient autour de Kumogakure. Il arriverait probablement à passer incognito, du moins, c’était dans l’intérêt de tous que ça se passe ainsi… Perdu dans ses songes, la question qui résonna dans l’air le surpris légèrement. En effet, Karin venait de lui demander directement ses raisons, à lui, d’accepter qu’elle le suive de nouveau, surtout qu’il se montrait ouvertement méfiant. Il n’aimait pas ça. Ce n’était pas son genre de carrément dire que les raisons étaient nombreuses et suffisantes pour qu’elle ait envie de le faire. Son mécontentement parut sur son visage, alors il accéléra un peu afin que l’adolescente ne puisse pas le voir. Son nez s’était retroussé, ses yeux s’étaient fermés à demi, son poing droit, caché par sa longue manche, se serra. Que pourrait-il bien trouver à répondre à cela? Devait-il snober complètement la question et juste faire comme s’il ne l’avait pas entendu? Non, Karin insisterait, c’était débile. Usant donc de son peu de tact et de son peu d’aisance avec les mots, l’Uchiha trouva tout de même quelque chose à dire. Son ton était plus rude que précédemment, un peu à l’image de celui employé par son équipière aux talents de senseur particuliers.

-Je n’ai peur de rien, affirma-t-il. Je trouve que le hasard fait trop bien les choses parfois…

Il s’arrêta de nouveau, mais pas pour discuter plus librement ou pour laisser cours à ses divagations haineuses. En effet, les deux adolescents venaient de sortir de la forêt, le survivant du clan de l’éventail avait les deux pieds au sol. Ils avaient donc franchi la frontière du Pays de Feu. Sasuke voulait donc expliquer la suite des évènements, de son point de vue. Comme d’habitude il imposait, il faisait son égoïste.

-J’ai à faire au Pays des Nuages. Il faut que je m’équipe en arme et que je trouve certaines personnes. L’Uchiha marqua une pause, puis se tourna vers Karin avant de poursuivre. J’ai revu Suigetsu il n’y a pas longtemps au Pays de l’Herbe. Il voulait refaire une alliance avec moi. Tu comprendras que la présente situation, en plus de ça, à de quoi me mettre sur mes gardes. Libre à toi de me suivre, mais si tu as autre chose à accomplir en attendant, nous nous rejoindrons dans quelques jours.

Karin n’aurait pas mieux pour les explications. Sasuke patienta donc de voir ses réactions, de voir si elle le suivrait près de Kumo pour une seconde fois. De plus, il fallait l’admettre, il était curieux à propos de Suigetsu. Comment réagirait-elle à cette annonce?