[flashback]L'homme aux 8 épées. [Bee-dono]

C'était il y avait un peu moins d'un an. La journée était belle. Il faisait beau, le soleil nous éclairait généreusement et nous réchauffait gracieusement. Il y avait un vent qui soufflait de temps autre mais pas du type à vous glacer le sang. Au contraire, celui-ci était plutôt plaisant, venant rafraîchir quiconque était sur son passage et exposé au soleil. J'arpentais les sentiers montagneux du Pays de la Foudre en direction de celui de l'Eau. J'étais sur le chemin du retour suite à une mission de rang S selon laquelle je devais exécuter une importante personnalité protégée par des Ninja de haut rang.

On m'avait attribué cette mission car j'étais assez doué dans l'infiltration et je n'avais pas eu de mal à leurrer ces braves gens en leur faisant croire que je n'étais qu'une simple fille. L'amour de ma cible pour les jolies filles étant bien connu, je n'avais guère eu de mal à me retrouver vite isolé avec ce dernier dans sa chambre. S'étant saoulé toute la soirée au restaurant, il avait insisté pour finir la nuit en ma compagnie. Arrivé dans sa chambre, j'avais insisté pour que nous puissions trinquer une dernière fois avant de se lancer dans les choses "sérieuses". Glissant des somnifères dans son saké, je lui avait alors tendu le verre qu'il avait bu d'une traite et très vite il fut assommé. Je n'avais plus qu'à le tuer tranquillement avec mes senbons. J'aurais pu le faire de bien des façons, mais j'étais doué dans ce domaine et les senbons étaient très pratiques pour ne laisser aucune trace Après lui avoir coupé une mèche de cheveux et l'avoir installé dans son lit comme s'il dormait paisiblement, j'invoquais Kagenta afin qu'il puisse m'aider à m’échapper sans me faire repérer grâce à sa capacité à se fondre dans les ombres tout en masquant toute source de chakra des personnes qu'il transporte avec lui. J'étais sorti, mission accomplie. Cependant, je restais quand même 2 jours cachés afin d'essayer de brouiller les pistes des ninja mercenaires qui le protégeaient.

C'était donc le troisième jour et il était grand temps de rentrer. Avec ma tenue d'Oï-nin, il y avait peu de chance qu'ils me reconnaissent. Je filais donc à bonne allure, mais quand même sur mes gardes. Au bout d'un certain temps, je décidais de m'arrêter un peu. Je n'étais plus loin du port et j'avais envie de profiter un peu du panorama. La nature était une chose merveilleuse. J'adorais me retrouver en pleine nature et prendre le temps de l'observer, de la contempler et surtout m'y ressourcer. C'était dans ces instants hors de tout ce monde shinobi que je me sentais peut être le plus heureux.

Je m'assurai que la mèche de cheveux qui allait servir de preuve était toujours bien à sa place, puis je m'assis, adossé, contre un des rares arbres que l'on pouvait rencontrer sur ce chemin. La mer de nuages qui me faisait face depuis ce haut sommet remplissait mon cœur d'une allégresse sans nom. Il était semblable à un manteau neigeux et me rappelait mon Hyôton que j'aimais tant, mais aussi cette technique que j'avais mis tant de temps à élaborer. Je décidais de manger des fruits que j'avais en ma possession tout en profitant de ce doux vent. J'étais vraiment tranquille ici et je pensais l'être un moment durant mais ma quiétude fut vite troublée. Je sentais une présence qui se dirigeait vers moi. Ami ou ennemi, à ce moment là, je ne le savait pas. A la vitesse à laquelle il arrivait, il était bien inutile d'essayer de me cacher ou que que ce soit, il serait sur moi en quelques secondes. Je mis rapidement mon masque et me dressais sur mes deux jambes. Mes deux katanas étaient à leur place dans mon dos et je n'avais pas jugé nécessaire de sortir mes senbons. Si combat il y avait, ce serait au ninjutsu que je le mènerai. Face à la direction dans laquelle arrivait cet inconnu, j'attendais, un sceau sur la main droite et la main gauche ballante. J'étais prêt.

*J'espère que ce ne sera pas un de ces shinobis qui aura retrouvé ma trace. Je ne suis vraiment pas d'humeur à me battre là. Je ne suis clairement pas à mon avantage en ce lieu, mais la manière frontale me semble plus adaptée. Voyons voir ce que nous amène ce cher bon vieux vent...*

« Hyougaki Yuki »

*De la neige ? Ici et maintenant ? On dirait que la Nature est de mon côté cette fois-ci, je n'aurai pas besoin de me fatiguer outre mesure, j'économiserai pas mal de chakra.*

Un sourire se dessina sur mon visage masqué. La neige s'était mise à tomber lorsque j'avais fermé les yeux, et je n'y avait pas vraiment prêté attention tant elle m'était familière. J'en avais même presque oublié mon actuelle localisation, mais l'arrivée d'un "intrus" m'avait ramené à la réalité. Toujours à l'affut et prompt à réagir, je joignis ma deuxième main à la première afin de ne pas dévoiler trop de choses à mon éventuel opposant. Ce dernier ne tarda pas à se pointer. Il apparut face à moi, comme prévu.

Wesh ! Tu es qui? Ici ce n'est pas un endroit touristique, casse-toi ou l'abeille tueuse de Kumo va sortir ses piques !

Quelle bien étrange manière de s'exprimer. Plutôt grossière même. De plus, il chantonnait en parlant et j'avais eu l'impression qu'il avait parlé en rimes. Un guignol ? Non... Il avait l'air plutôt fort, je pouvais le sentir. Il dégageait une certaine aura de puissance, pleine d'assurance. Je posais le regard sur son bandeau frontal. Il était de Kumogakure no Satô. L'abeille Tueuse ? Pourquoi un surnom pareil ? J'avais la vague impression d'avoir entendu parler de lui au QG, mais rien ne me revenait en mémoire à l'heure actuelle. Je le dévisageais un instant. Il semblait décontracté, mais sérieux. Je ne devais donc pas le prendre à la légère. De plus, une chose m'interpella grandement. Il avait un grand nombre d'épées accrochées à son dos. A quoi lui servaient-elles, à part être une pieuvre, je ne voyais clairement pas comment il aurait pu toutes les manipuler, après tout, un être humain n'avait que deux mains. Sans baisser ma garde, je baissais tout de même les bras et me redressais. J'attendis quelques instants, puis je me décidais alors à prendre la parole.

« Eh bien ma foi... Vos propos sont assez durs, mais j'en conviens aisément. Je suis sur vos terres et je suis de Kiri après tout donc je ne m'en offusquerai pas. »

Je marquais un temps d'arrêt. Je balayais les environs du regard. Il avait raison, le site n'avait rien de touristique ni même quelque attrait que ce soit. Seuls les amoureux purs de la nature pouvaient y trouver un quelconque intérêt, comme moi. Je pris de nouveau la parole de ma voix féminine au ton neutre et glacial.

« Veuillez pardonner mon accueil frigide je vous prie. Je m'attendais à me faire tomber dessus par d'autres ennemis qu'un shinobi de Kumo. Je suis sur le chemin du retour de mission et vous n'en faites pas parti, aussi, me battre contre vous ne m’apporterait rien de plus que des embêtements... J'ai un rapport à soumettre au plus vite à mon QG et mon Kage, le combat est-il donc inévitable ? Je ne pense pas avoir enfreint quelques règles que ce soit. Je n'ai aucune rancune à votre égard donc s'il en est de même pour vous, je ne vous considèrerai pas comme un ennemi mais plutôt comme une rencontre fortuite... »

Je ne le quittais pas du regard. Il n'était pas mon ennemi, mais aussi fort qu'il ne puisse l'être, si tel était son souhait, je n'hésiterais pas à me battre. Cependant, je n'aimais pas me battre inutilement et si une échappatoire plus amicale se présentait, je la privilégierais. En dépit de la situation, cet homme, à la peau chocolatée contrastant avec ma propre peau laiteuse, m'intriguait au plus haut point. Il suscitait mon intérêt outre mesure et la curiosité était un de mes vices les plus connus après tout. Les clés du destin étaient entre ses mains. Quelle porte allait-il décider d'ouvrir?

« Hyougaki Yuki »

L'homme qui me faisait face m'intriguais grandement. Rien ne laissait transparaitre une quelconque émotion sur son visage lorsqu'il me fixait et ses yeux étaient masqués par des lunettes de soleil. Il dégageait vraiment quelque chose d'étrange et je n'aurai su dire quoi à ce moment précis. Il prit la parole.

- T'as raison petit. Tu n'es pas venu pour pécho des blèmes ! Mais touche pas a mon bonheur sinon je t'explose sans rancœur ! Aller viens pas ici, j'te signe un autographe ! Quand tu re à Kiri, tu diras que ça vient de Bee, le plus grand rappeur du monde ! Yeah ! Ca m'inspire à mort ! Mais dis, t'es qui?

Il s'était encore exprimé de son air grossier et direct, tout en chantonnant. J'eus presque envie d'éclater de rire, mais je dû me retenir. Je ne voulais pas le vexer et puis de toute façon, il me plaisait bien ce type. Il avait quelque chose en lui qui me faisait me sentir vivant et heureux. Dans ses paroles, on sentait de la menace mais il ne semblait pas plus agressif que ça. Je ne savais pas vraiment comment l'aborder, ni même sur quel pied danser avec lui, d'autant plus qu'il m'invita à approcher pour qu'il me signe un autographe. Etait-ce une feinte ? Essayait-il d'endormir ma garde ? J'avais déjà croisé bon nombre d'énergumènes et des feintes, j'en avais vu des masses. Le coup de l'autographe, je ne le connaissais pas et même si ce piège pouvait être le dernier, ma curiosité était trop grande, je ne pouvais l'ignorer. Je devais tenter ma chance et c'est ce que je fis. Tout en approchant de lui de manière posée afin de ne pas paraitre agressif, je pris la parole.

« Je serai ravi de pouvoir avoir un autographe de vous Bee-dono. Je l'encadrerai comme il se doit. Toujours est-il que c'est un honneur de vous rencontrer. Je vais essayer de me présenter à votre façon, ne soyez pas trop sévère je vous prie... »

J'étais à présent arrêté à quelques mètres de lui. Le vent souffla, faisant flotter mes mèches de cheveux. Je pris alors une profonde inspiration et passais à l'action.


« Yo, profitez bien l'ami
J'le f'rai pas souvent ainsi.
Oïnin tout droit venu de Kiri,
V'la d'vant vous Hyougaki Yuki.
Oh Yeah !!!»

Emporté dans mon élan, j'avais pris une pose semblable à la légendaire pose de l'homme cool. C'était comme si j'avais succombé à une transe et mon coeur battait la chamade. Au fur et à mesure que je retrouvais mes esprits, je sentais mon visage bruler de plus en plus. Il s'empourprait. C'était en soit un fait épique car personne ne m'avait jamais vu rougir à fond. Le mythe était tel qu'on disait à Kiri que peut importait ce qui se passait, mon teint resterait toujours aussi blanc que neige et certains collègues essayaient de me faire changer de couleur sans réel succès, tout comme ils essayaient de me faire rager sans guère plus de succès. Face à cet homme qui se disait le plus grand rappeur du monde, je me sentais à présent ridicule. Qu'est ce qui m'avait pris ? Pourquoi avait-je agit comme ça ?Si je n'avais pas eu mon masque, je me serais très probablement enfuit. Je ne pouvais plus bouger de toute manière. Je me contentais de le regarder, toujours dans la même posture.

* Une chance qu'il n'y ait personne du village avec moi ou même qui que ce soit d'autre dans les environs d'ailleurs... Même Kawaiinta m'aurait charrier et Kogenta, je n'en parle même pas. La honte !*

Je m'approchais alors lentement de lui, lui pris soudainement le dit autographe, fis un bon en arrière tout en faisant un mûdra puis au moment où mon pied gauche toucha le sol, un tourbillon de neige m'emporta hors de sa vue.

« Hyougaki Yuki »