Une nouvelle détermination [Sasuke - Nëssa]

Suite à une courte séparation de plusieurs journées, nous nous étions joyeusement retrouvés. Aucun mot n'était suffisant pour décrire le bonheur que je ressentais en la revoyant saine et sauve. Je savais pertinemment que la rude activité à laquelle elle s'était livrée ne s'annonçait pas sans risque. Il s'agissait bien là de mon devoir de mari, celui de s'inquiéter pour sa bien-aimée et de la protéger du mal de l'univers. Étrangement, je me reconnaissais parfaitement au sein de ce rôle. Toute ma vie, j'avais constamment veillé à la protection de quelque chose ou d'une personne. Mes idéaux, ma famille, Nëssa, puis le clan Uchiha. Ils se réfugiaient tous sous mes ailes et j'acceptais ce fait, tout bonnement à cause de mon amour pour eux. Bien qu'on me qualifiait d'homme arrogant, froid et égoïste, j'étais quelqu'un de très amoureux, un être capable d'en offrir gros comme le ciel et l'espace-temps. Tout ce que je demandais en retour, c'était un minimum de respect à mon égard, une quelconque reconnaissance de mes nombreux sacrifices. Ce don précieux, ni le clan Senju et ni le clan Uchiha n'avait été dans la possibilité de m'en faire grâce. Afin de l'obtenir définitivement, j'avais dû aller voir ailleurs. L'humain recherchait toujours à combler ses manques, cela, peu importe les moyens qu'il se devait de prendre en main.

Cette femme angélique était la seule personne qui m'aimait réellement du fond de son coeur. Notre destin était décidé dès notre première rencontre qui semblait dater de seulement qu'hier. J'avais lu dans ses beaux yeux écarlates qu'elle s'intéressait à moi, qu'elle avait besoin de ma présence au milieu de son existence. Aujourd'hui, je lui devais absolument tout. Elle m'avait amélioré et vice-versa. Je voulais lui créer un monde parfait afin qu'elle soit enfin entièrement heureuse et souriante. Lui faire oublier son passé douloureux pour lui montrer un monde de rêve éternel. La solution à tous les maux de ces terres se cachait à coup sûr à l'intérieur même de cet objectif commun, le plan oeil de la lune. Cet idéal ne se réservait pas uniquement à ma chère et douche, tous les êtres vivants en bénéficieraient. Une paix ultime, puissante et éternelle, ce monde n'avait plus besoin d'évoluer. Il était déjà suffisamment enfoncé dans le cycle de la haine et jamais il ne serait capable de se relever seul. Il lui fallait un maître, une entité suprême sachant emmener un renouveau total. Guider ces pathétiques brebis égarées vers le droit chemin. Ce rôle m'appartenait et j'y voyais loin, très loin.

Elle ne tarda pas à me remontrer tout le déroulement de son séjour. La belle m'impressionnait vraiment, elle était une femme forte mentalement, plus que je ne le pensais jadis. Nëssa avait résisté à la perte de sa famille, à ma mort, à la solitude et aux temps actuellement difficiles de la guerre shinobi, tout cela sans sombrer dans les abîmes de la folie et du désespoir. Elle méritait exceptionnellement le meilleur des respects et je ne pouvais que l'admirer Malencontrueusement, nos instants intimes ne duraient pas aussi longtemps que prévu, la pauvre femme souffrait d'un malaise relativement gravissime. Parfois, il m'arrivait de songer que c'était à cause que j'y allais réellement trop fort, après tout, ce corps d'Edo Tensei me privait de toutes les formes de fatigue. Par bonheur, le problème ne venait pas de là, tant mieux. Il s'agissait d'un virus héréditaire dû à son propre chakra noir, une sorte de malédiction transmise de génération en génération au sein de son ancienne lignée. Cette situation m'inquiétait, ça m'arrachait pratiquement le coeur, j'avais peur de la perdre pour toujours. En principe, la maîtrise de l'énergie naturelle devait l'aider à lutter, mais lorsqu'elle quitta le sanctuaire secret de ses invocations, les étranges symptômes s'invitaient de nouveau chez elle. J'étais désespéré et je ne savais plus quoi faire. La fragile fleur endurait tandis que moi je ne pouvais rien faire afin de lui venir en aide. Cependant, j'étais conscient que le temps ne contribuait qu'à empirer les choses, je refusais de baisser les bras. On allait forcément déceler une solution à ce démon de problème et nous sauverons notre amour.

Nous foulions en ce moment le pays de l'herbe. Je venais de décider que nous ferions une halte ici, le temps qu'elle récupère un peu des forces pour que nous puisions continuer le voyage sans aucune crainte. Au coeur d'une forêt inconnue, j'étais assis dos contre un arbre avec la kunoichi à la longue chevelure opalescente confortablement installée dans mes bras. Fiévreuse, elle dormait paisiblement et elle dépendait totalement de moi. Cela me satisfaisait de constater à quel point elle m'accordait sa confiance. Malheureusement, je ne pouvais pas me réjouir de son état de santé alarmant. Il m'était impossible de mener à bien mes plans si ma tendre Nëssa ne répondait pas présente. Me voilà dans une impasse, tout allait fonctionner au ralentie. Néanmoins, il ne s'agissait pas de sa faute, je savais qu'elle était tout simplement impuissante. Sommeillant dans le creux de mes bras, bien au chaud grâce au feu de camp que j'avait précédemment allumé, la nuit tombait finalement. Nous allions donc passer tout le crépuscule ici. Cela ne me dérangeait pas, je profiterai de ce temps afin d'être libre dans mes pensées et songer à notre futur.

Contemplant le doux visage de ma bien-aimée, je ne pouvais m'empêcher de sourire. À dormir ainsi, elle ressemblait vraiment à un petit bébé. Délicatement, je lui caressais les cheveux tout en prenant soin de ne pas la réveiller. La nuitée était calme et il n'y avait peu de chance qu'elle soit perturbée par un bruit extérieur. Ma belle avait besoin de reprendre des forces et c'était mon devoir d'y veiller idéalement. À cet instant, une pensée vola bizarrement pour le jeune survivant de mon clan, Uchiha Sasuke. Je me remémorais notre dernière rencontre qui datait désormais de plusieurs jours ou semaines. On s'était relativement bien compris au sujet de certains éléments et nous avions conclu de nous revoir une nouvelle fois au sein d'un futur proche. Nous devions encore organiser de potentiels plans et songer à une quelconque vengeance contre le village caché de la feuille. Que devenait-il?

« Uchiha Madara »

Sasuke venait tout juste de quitter le pays des Rizières, plus précisément son petit lieu secret d’entrainement. Il était encore un peu fatigué des efforts qu’il avait dus fournir pour en arriver à peaufiner son Susanoo, mais l’adolescent était entièrement satisfait de ses progrès. Peu à peu, sa puissance augmentait. Bientôt, il ne ferait pas que résister avec assistance face aux cinq Kages, il pourrait gravement les blesser, et seul. M’enfin, peut-être pas dans un avenir si proche que ça, mais ça viendra. Le noiraud en était bien confiant. Pour le moment, il avait de nouvelles priorités. Son entrainement le rendait suffisamment fier pour qu’il laisse ça de côté. Maintenant, il désirait s’investir dans ses projets, rencontrer les bonnes personnes qui le comprendraient, de qui l’ébène souhaitait tirer des réponses à ses nombreuses questions. Devait-il chercher Itachi tout de suite? Le rencontrer et entendre cette terrible vérité de sa bouche, était-il réellement prêt à cela? Devait-il plutôt retrouver Nëssa, voir si elle allait bien après sa quête, mais aussi lui demander si elle avait revu Madara? Lors de sa rencontre à la Vallée de la fin, ni elle ni lui ne savait que la légende Uchiha marchait de nouveau parmi les vivants. L’héritier du clan de l’éventail avait beau avoir dit à son ancêtre où risquait de se trouver son amoureuse, l’avait-il localisée? Probablement en fait, vu les capacités hors norme de cet homme. Ainsi, en repérer un des deux signifiait leur mettre la main dessus, en même temps. Voilà de quoi le rassurer et ça éviterait bien des soucis. Présentement, il ne restait qu’un seul problème : le nukenin de la feuille n’était pas senseur et il ne savait absolument pas où chercher. Se renseigner en donnant la description de l’ex-leader de son clan n’était pas très avisé non plus…

Il lui vint donc une idée pour remédier à cette impasse. Se mordant le pouce, l’ancien disciple d’Orochimaru effectua quelques mudras puis posa sa main au sol. Dans un pouf sonore et dans la fumée blanche, un petit faucon apparut, son invocation était un succès. Répondant au nom de Takara, ce rapace n’était utile que pour transmettre des messages, et revenir voir son invocateur si jamais il avait autre chose à lui dire de la part des destinataires. Néanmoins, Sasuke venait de lui trouver une nouvelle utilité. Si cet oiseau était capable de jouer les messagers, localisant avec précision ses cibles, alors il pourrait le mener à ses destinataires, non? C’est la déduction qu’il fit et il la confirmerait bientôt. Tous deux se saluèrent, pour qu’ensuite Takara prenne les devants. Cette invocation avait ce type de tempérament, allant droit au but, ne perdant pas de temps inutile dans des bavardages qui ne l’intéressait pas. En fait, il ressemblait beaucoup au jeune Uchiha sur ce point, alors lui, ça ne le dérangeait absolument pas. Néanmoins, quand le faucon allait dévoiler ses messages à d’autres, eux pouvait s’offusquer du manque de délicatesse de l’animal à plume. M’enfin, les destinataires étaient souvent des gens qui connaissaient très bien le déserteur, l’invocation étant à son image, ils ne devaient pas en faire un drame. Bref, la voix masculine du rapace s’éleva donc.

-Quel est le message à délivrer et à qui dois-je le transmettre? Demanda alors l’oiseau.
-Aucun, cette fois je te suis, c’est moi le message, répliqua l’Uchiha, le ton neutre, comme toujours. Tu dois localiser Uchiha Madara ou Nëssa. Conduis-moi à l’un d’eux.

Le rapace hocha la tête en guise d’approbation, puis s’envola. Sasuke partit à sa suite. Durant le trajet, il arriva à Takara de bifurquer de direction, de revenir sur ses pas, si on peut dire. Il cherchait vraiment ses cibles. C’était la toute première fois que l’Uchiha le suivait ainsi, il était surpris de voir les méthodes de localisation de son invocation. Les deux êtres durent donc prendre plusieurs pauses, et pour une rare fois, l’ébène dut voyager de nuit. De ce fait, il laissa son sharingan actif jusqu’aux première lueurs du soleil, demandant une pause à l’oiseau qui en fut bien content. À tour de rôle, ils faisaient le garde lorsqu’un dormait. En fait, ils agissaient comme s’ils étaient une équipe. Ça faisait assez étrange aux yeux du détenteur du puissant dojutsu que de se retrouver ainsi avec une de ses invocations. Lorsqu’il possédait les serpents, il n’avait jamais pris le temps de devenir proche d’eux, ayant toujours une crainte de trahison de leur part. Après tout, il avait signé ce pacte qui appartenait à Orochimaru, les reptiles auraient très bien pu rapporter ses actions à cet homme répugnant. Cette fois, c’était différent. Les faucons, ils lui appartenaient à lui, le pacte n’était pas divisé. Peut-être devrait-il songer à les utiliser plus souvent, à tenter d’obtenir le droit d’invoquer leur grand maître, à l’image de Manda. En tout cas, il verra ça plus tard. Pour le moment, il discutait parfois avec Takara, se laissant aveuglément guidé par cet animal à plume qui semblait de plus en plus trouver son chemin. Ses ailes les amenèrent au Pays de l’Herbe. C’était ici que l’adolescent avait rencontré Nëssa pour la toute première fois. Est-ce que cet endroit serait le théâtre d’une nouvelle alliance, d’un nouveau départ? Ça serait presque trop beau pour être vrai. Pourtant, le faucon confirma qu’il ressentait les présences en ces lieux qu’ils recherchaient. Il lui indiqua la position, avant d’admettre qu’il n’avait pas l’envie de s’approcher d’avantage, vu la puissance que dégageait Madara.

Néanmoins, Sasuke le convint de rester encore un peu, pour réellement le guider, puisque la nuit s’installait. Ils se dirigèrent donc tous deux vers une forêt. À peine quelques minutes plus tard, ils virent deux silhouettes au sol, adossées contre un arbre. Ils étaient là, tous les deux. Voilà qui faciliterait grandement la vie de l’ébène. Pour ne pas obtenir une réaction excessive ou un malaise dès le départ, l’oiseau vola plus rapidement, avant de se poser tout près de la légende shinobi, à côté du feu qu’il avait allumé. Il lui annonça alors que son descendant était là, avant de disparaître dans un nuage de fumée. Le jeune Uchiha s’avança donc. Grâce aux flammes, il distingua de plus en plus le couple. Madara était assis au sol, adossé contre un arbre. Nëssa, quant à elle, était confortablement installée dans ses bras, et semblait dormir paisiblement. Le déserteur de Konoha était content de les voir ensemble, il avait pu servir à quelque chose dans leur histoire, il avait pu contribuer à ce qu’ils se retrouvent. Demi-sourire aux lèvres, il s’installa, à genou, proche du feu, en face de son ancêtre. Avant qu’il ne prenne la parole, un silence régna, seul le crépitement des flammes se faisait entendre, agrémenté de quelques roucoulements de hiboux. Lorsque Sasuke ouvrit enfin la bouche, il parla inconsciemment à voix basse.

-Je suis content que vous vous soyez retrouvés, affirma-t-il, simplement. Elle doit être heureuse.

Il ne savait pas vraiment quoi ajouter de plus. En même temps, il ne voulait pas les déranger. Est-ce que sa présence serait bien perçue? Ça, le jeune prodige avait hâte de le savoir. Néanmoins, il souhaitait vraiment que cette rencontre en arrive à cette alliance, et qu’il puisse discuter librement avec Madara. Après tout, l’ambiance qui régnait était propice pour s’installer et parler de tout et de rien.

Dans cette mer d'inquiétude, il se trouvait une parcelle d'espoir, une lumière naissante qui ferait de ce monde un endroit nouveau et prospère qui traverserait les âges sans la moindre trace de douleur. Toute ma vie, j'avais nagé entre l'amour et la haine, la colère et la sincérité, la violence et la douceur. Il était difficile de croire que toutes ces choses-là se complétaient aussi parfaitement. Impossible d'obtenir l'un sans l'autre et un jour je m'en rendis indubitablement à l'évidence. La réalité humaine me dépassait, ces terres étaient mourantes. Cela, je le constatais encore plus chez ma bien-aimée qui dormait actuellement dans mes bras. J'étais dégouté de voir à quel point elle agonisait à cause de ses origines, son destin ou tout simplement la force du hasard. Il ne s'agissait certainement pas de sa faute, non, elle ne pouvait pas mériter un tel châtiment. Celle qui comblait mon coeur d'un pur bonheur devait plutôt recevoir des fleurs. Incontestablement, je ne supportais pas cette fatale vérité, décidément, la vie me haïssait. Inadmissible à renier, le ciel chiait véritablement dessus les gens essayant d'améliorer la situation. Il désirait que l'on souffre jusqu'au bout du rouleau. Au sein de ce pitoyable monde, les bonnes âmes étaient oubliées et rabaissées. Cela datait de plusieurs semaines que ma réincarnation en Edo Tensei avait eu lieu et je n'en pouvais déjà plus. Certes, ma femme me rendait heureux comme toujours, mais je sentais constamment cette impression malsaine qui voguait partout autour du globe. L'atmosphère régnant aux quatre coins du globe ne semblait pas propice pour mener une existence idéale. Le plan oeil de la lune devenait de plus en plus nécessaire.

D'un côté, c'était la seule solution que j'avais décelée. Elle demandait beaucoup de temps et d'investissement et je me comptais énormément chanceux d'avoir éveillé le rinnegan un peu avant ma mort. Sans l'aide de l'atout du rikudo sennin, tout l'avancement de ce projet lunaire n'aurait jamais été possible. Cependant, quelque chose d'inattendu vint me perturber. En revoyant Nëssa, je me questionnais sans cesse sur ce plan divin. Serait-elle heureuse de vivre au travers d'une simple illusion? M'appuyait-elle uniquement par amour envers moi ou voulait-elle réellement que ce monde soit plongé au coeur d'un genjutsu éternel? Sincèrement, le doute s'installait peu à peu dans mon esprit orageux et il fallait que je sache ce qu'elle souhaitait exactement. Son seul désir était peut-être que l'on parte ensemble en amoureux et que l'on vive loin de la civilisation, ni vu et ni connu. Je n’en savais trop rien. Ma bien-aimée ne parlait pas beaucoup, même si je la comprenais par ses faits et gestes, elle s'en résultait à ne pas être une femme très bavarde. Elle racontait l'essentiel, mais sans extra. Ce n'était pas vraiment dramatique, après tout, je l'aimais entièrement comme ça, mais à un moment je me retrouvais forcément dans l'impasse. Tout ce que je voulais, c'était de lui plaire, la rendre joyeuse et comblée. Mais pourquoi était-ce si difficile? Pourquoi je n'arrivais pas à la comprendre parfaitement? Après toutes ses années que nous avions passées ensemble à tout réaliser en couple, ne devrais-je pas être en mesure de dénicher ce qu'elle convoitait? Aux yeux d'un homme, le coeur d'une femme était décidément compliqué à saisir, un vrai casse-tête. Toutefois, j'arrivais à m'en sortir sans trop d'encombres. J'étais exceptionnellement chanceux de la posséder, l'occasion de toute une vie se présentait devant moi. Le sentiment de l'amour, je l'avais sous la main.

Alors que je pensais profiter d'une paix durable, je me rendis compte que celle-ci n'était que passagère. Je ressentais une quelconque présence, puis cela se confirma un peu plus tard lorsque je vis un oiseau se poser près de nous. Il m'annonça curieusement que Sasuke allait prochainement nous rendre visite. Il nous cherchait donc, ce n'était pas trop tôt. D'autant plus que je commençais à m'ennuyer à déblablater seul à l'intérieur de mes songes. Réfléchir, c'était une bonne chose, mais il ne fallait pas non plus exagérer. La pensée nous rendait tous moins confiants et davantage peureux. Parfois, foncer droit devant et tête baissée se montrait nécessaire à la réussite de certaines étapes importantes d'un cheminement particulier. Cependant, la visite de dernier des Uchiha m'intriguait pas mal. J'avais hâte de découvrir où il en était rendu dans sa quête de vengeance envers le village caché de la feuille et il avait sûrement accompli plusieurs progrès au niveau de ses compétences au combat. Je connaissais bien cela, un membre du clan de l'éventail progressait toujours très facilement grâce à ses pupilles copieuses. Je me souvenais de mon jeune temps, alors que je venais d'obtenir le précieux sharingan. À partir de cet instant, mes progrès dans la matière étaient tout simplement fulgurants. Un véritable Uchiha apprend vite et c'était pour cette raison que nous étions les meilleurs parmi les élites. D'ailleurs, quasiment instinctivement, mes prunelles adoptèrent une teinte pourpre quand j'aperçu la silhouette du jeune Sasuke. Affichant un air calme et décontracté, je ne lâchais pas des yeux. Finalement, il se mit à genoux en face de nous. Sans en avoir conscience, je resserrai machinalement mon étreinte sur la belle endormie, la collant davantage à mon corps. Malgré sa brulante fièvre, il m'était extrêmement agréable de la sentir près de moi. Sa respiration, son parfum, sa présence, tout me rendait dingue d'elle. Un court silence régnait, mais l'adolescent ne tarda pas à le rompre en divulguant quelques paroles à la voix basse. Peu de temps après, je lui répondis en choisissant un ton de voix similaire. Réveiller Nëssa était la dernière de mes intentions.

- Je pense, ouais.

Je n'en dis pas plus pour le moment. Je me retrouvais assurément dans une étrange impasse. Devais-je informer le jeune homme de l'état néfaste de ma bien-aimée ou me taire afin de ne pas l'impliquer au sein de toute cette histoire embêtante? Malheureusement, je ne pouvais pas prédire si j'aurai besoin de son assistance dans un avenir proche ou peut-être connaissait-il une solution à ce souci si chiant? Inconciament, mon regard devint anormal, de l'inquiétude s'affichait tandis que je m'apprêtais à reprendre la parole. Je doutais encore de ce que j'allais lui dévoiler. J'espérais seulement qu'il ne trahisse pas le semblant de confiance que je lui dévouais et que la sécurité de Nëssa n'était pas au jeu avec ce qui suivrait.

- Elle...Elle est très malade et je ne sais pas quoi faire pour la remettre sur pied. Cela m'inquiète grandement. C'est bien la première fois que je me sens complètement impuissant.

Prenant une bouffée d'air, je repris mon sang-froid en fermant les yeux. Nëssa ne méritait pas que je m'énerve ou perde le contrôle de mes émotions, elle avait besoin plus que jamais de moi. Désormais, j'attendais la réponse de Sasuke. J'espérais seulement qu'il le prenne avec un calme exemplaire et posé. Ce n'était pas le temps de se mécontenter.

« Uchiha Madara »

Chaque personne avait ses propres projets, ses propres ambitions. Tous étaient désireux de les mettre à terme, de les voir prendre vie. Pour certains, ça se limitait à des petites joies, à de toutes petites réalisations, alors que pour d’autres, ça concernant le monde entier. Il est courant que de croire que les hommes de grandes ambitions sont souvent de mauvais gens, qu’ils ne recherchent que leur profit personnel sans égard à ce qu’ils font subir aux autres autours. Pourtant, plusieurs ont démontré le contraire. Ils sont animés par un désir de rendre le tout meilleur, même si leurs méthodes pour y parvenir peuvent faire peur, peuvent détruire ou éliminer des vies. Est-ce mal pour autant? De toute façon, qui peut dicter ce qui est bien du mal? Voilà une grande question que se posait l’adolescent aux cheveux ébène. Pour toutes les nations, il représentait une menace, alors qu’il n’avait voulu que la tête de Danzô. Ce n’était quand même pas de sa faute si les autres n’avaient pu s’empêcher de s’en mêler… Puis, l’Uchiha était certain que tous se portaient mieux depuis la mort de cet être misérable et répugnant. Celui qui avait voulu la place de Hokage au lieu du Sandaime n’avait pas semblé être apprécié, d’après ce qu’il avait perçu au cours de cette infiltration. Les Kages n’avaient même pas eu une once de reconnaissance pour son geste. Éliminer cet homme n’était pas une mauvaise action, pas après ce qu’il avait fait à son clan! Qui sait quels étaient ses projets futurs? Peut-être aurait-il voulu détruire d’autres familles ainsi. Il était mieux mort, c’était la déduction que se faisait Sasuke. Maintenant, son plan de vengeance, il ne le portait plus seul. Son intention était bien d’amener Madara à en parler avec lui. Fallait encore qu’il y arrive, à amener sur le sujet ça et le plan de genjutsu éternel.

Toutefois, le jeune déserteur ne désirait pas amener ça trop brusquement. Donc lorsqu’il se pointa et se plaça à genou, comme les japonais lorsqu’ils s’assoient à table, il se dit que c’était une bonne décision, vu le sharingan qui fit son apparition dans les iris de son interlocuteur. Ainsi, il ne lui faisait pas confiance… Après tout, les Uchiha se trahissaient sans cesse entre eux. L’adolescent se dit qu’il devrait peut-être aussi rester sur ses gardes, mais il avait une confiance quasi aveugle en Nëssa. Elle ne le laisserait pas tomber. L’ex-Konohajin débuta donc la conservation sur une note légère, mais qui prit un tout autre sens alors que la légende lui répondait. Il commença d’abord par un simple « je pense » sur son affirmation que la belle devait être heureuse. Pour Sasuke, ça ne pouvait pas qu’être un simple je pense. Avec ce qu’elle lui avait avoué, avec ce qu’il avait ressenti chez elle, impossible que cet amour ne la comble pas. Juste de la voir dormir paisiblement ainsi contre lui était une belle preuve. À son arrivée, la kunoichi n’avait même pas tiqué. Si ce n’était pas une marque absolu de confiance en son protecteur ça… Seulement, sa déduction n’était pas tout à fait juste. Il s’en rendit bien compte quand son ancêtre prit des traits inquiets… Mais que se passait-il? Ce fut seulement lorsque le grand shinobi daigna ouvrir la bouche que le plus jeune compris. Nëssa était malade! Mais comment, depuis quand? La dernière fois qu’il avait croisé sa route, elle semblait aller bien! Était-ce à cause de cette quête auprès de ses invocations? Tant de questions affluaient dans son esprit. Par où devait-il commencer, comment devait-il réagir face à ça? Pour que Madara s’inquiète autant, ça devait être grave, non? Bref, ça ne servait à rien que lui aussi s’énerve maintenant. Demeurer calme serait la meilleure chose à faire.

-Depuis longtemps? Demanda-t-il, alors qu’une pointe d’inquiétude faisait apparition dans sa voix, malgré lui.

Le noiraud voulait s’approcher, aller lui toucher, pour s’assurer que tout ça était bien vrai. Pas qu’il doutait de la sincérité du ninja légendaire, loin de là, mais c’était comme s’il refusait de le croire. Elle allait si bien lors de sa dernière rencontre… il n’avait décelé aucun signe de faiblesse quelconque. Pour lui, c’était soudain et totalement imprévu. Il ne savait pas trop ce qu’il devait faire, ce qu’attendait Madara de sa part. Comme tout Uchiha, il n’avait jamais pris le temps de se consacrer à l’irou jutsu. En y songeant, l’adolescent décida de dire ses pensées de vive voix, signalant que lui aussi était totalement impuissant dans cette situation, mais pas sans ressource… Karin serait plus qu’utile, pourvu que l’homme en face de lui la laisse approcher. Elle l’avait souvent aidé à se rétablir après d’éprouvants combats, sa confiance en elle était de nouveau assez forte pour qu’il la présente au couple, en dépit de la récente trahison qu’il avait eu entre eux. La rouquine ne semblait plus lui en vouloir pour ça. Sasuke exprima alors l’absence de capacité dans le domaine qui lui aurait été bénéfique à l’heure actuelle, toujours en parlant à voix basse.

-Je n’ai pas non plus de connaissance du domaine médical… avoua-t-il, penaud, mais j’ai une alliée qui peut soigner avec son chakra. Il m’est possible de la contacter avec mon invocation.

Cette dernière affirmation sonna surtout comme une demande. L’ébène ne désirait pas imposer Karin, mais elle était peut-être suffisamment bonne dans l’art médical pour aider Nëssa. En fait, il souhaitait vraiment qu’elle le soit et qu’elle trouve les maux qui rongeaient la ténébreuse. Sinon, il connaissait bien une kunoichi médicale extrêmement puissante, mais l’adolescent n’était pas idiot. Pourquoi Tsunade aiderait la compagne du plus dangereux shinobi, qui souhaitait renverser l’alliance grâce à son projet? Il faudrait la contraindre, mais après tout, si les Uchiha pouvaient manipuler et mettre sous leur contrôle Kurama, ce n’était pas cette femme qui leur résisterait. Si jamais l’autre refusait sa proposition, il se risquerait à aborder ce sujet. Pour le moment, il ne fit que se taire et attendre. Le jeune Uchiha était donc maintenant un peu mal à l’aise. Il patientait de savoir s’il pouvait demander de l’aide à l’Uzumaki pour soigner Nëssa. En attendant, le silence plana. Que ferait-il ensuite, comment pourrait-il aborder leurs plans de vengeance et celui du Mugen Tsukuyomi? Il verrait ça plus tard. Pour l’instant, ses songes allaient surtout vers la seule femme du trio.

Parfois, seules quelques secondes suffisaient pour constater que la vie et tout ce qui venait avec ne tenaient qu'à un seul et minuscule fil. Ce n'était qu'en regardant de plus près, que l'on pouvait voir la fragilité de ce monde. Ces terres faibles ne tardaient jamais à devenir corrompues par une force malsaine. Il fallait mettre de l'ordre à l'intérieur de tout ce bazar en démêlant le bien du mal. Il s'agissait bien de l'ultime secret du renouveau.

Mon regard animé par le feu ardent de mes légendaires sharingans s'abaissa vers la belle créature qui dormait profondément dans mes bras. Elle paraissait paisible et comblée, malgré la forte fièvre qui faisait malheureusement rage sur son front. Je me demandais si elle souffrait atrocement ou si c'était moindrement tolérable pour elle. Inopportunément, je ne pouvais pas m'incruster entre sa peau afin de tout savoir et encore moins lui prendre la tête avec cela. Nëssa devait se reposer, sinon elle risquait grandement d'éprouver une quelconque douleur lorsque nous reprendrons notre long voyage. Certes, il m'était possible de la porter dans mes bras ou sur mon dos, mais je ne souhaitais pas qu'elle devienne davantage malade. Mes sauts, ma course ainsi que tous mes mouvements lui donneraient certainement des maux au coeur. M'inquiétais-je trop de son état du moment? Il m'était dorénavant impossible d'envisager le fait qu'elle soit plus mal à l'aise. Je préférais mourir une nouvelle fois plutôt que de lui faire subir cela! Me permettre une telle chose serait assurément le pire des crimes. Ma femme me préoccupait, à un tel point que j'en oubliais presque le projet oeil de la lune. De toute façon, j'étais un homme doté du sens des priorités. Sauver la santé de la seule et unique personne qui comptait à mes yeux en représentait bien une très importante. D'autant plus que ma bien-aimée était sensiblement un atout majeur au sein même de tous mes plans futurs. En gros, sans elle, tout était perdu à jamais. Sans elle à mes côtés, comment pourrais-je trouver la force d'accomplir tout ce qui me tenait à coeur? Je possédais évidemment la puissance physique. Cependant, ce n'était pas uniquement sur cela qu'il fallait se baser. En fait, le mental jouait énormément dans cette partie décisive. Plus que quiconque, je savais que c'était celui avec la meilleure psychologie qui remporterait la lutte pour la possession de ce monde. Il fallait tout simplement y croire avec une totale dévotion de l'âme.

Jadis, j'étais un être impulsif et manquant cruellement de sagesse. Maintenant, je me rendais compte que toutes mes erreurs du passé avaient été réalisées parce que j'étais impulsif et impatient. Toutefois, avec le temps, j'appris à faire des choix exemplaires, mais par-dessus tout, sécuritaires. Je n'avais pas peur pour ma propre personne, mes nombreuses capacités en tant que shinobi me mettaient en confiance. Je m'inquiétais seulement vis-à-vis la belle. Je craignais qu'elle soit emportée à l'intérieur de mes actions imprudentes. Ce jour-là, je réalisai à quel degré Nëssa me fit réellement ouvrir les yeux. Quel con j'étais! Elle représentait la seule personne au monde qui m'aimait pour moi-même, mon vrai visage. Je ne pouvais pas passer au travers de cela. L'amour rend aveugle? Oui, totalement. L'aura de cette sublime femme m'éblouissait à chaque fois que je la contemplais. Au final, J'étais satisfait de l'homme que j'étais devenu. Pour la première occasion de ma vie, je ressemblais à cette bonté sacrée, une chose bien cachée dans les profondeurs de mes tripes. Uchiha Madara, l'homme ayant tué tous ses amis, prit les yeux de son jeune frère cadet et déserter le village caché de la feuille était finalement capable de semer quelque chose de bénéfique à au moins une personne. Ma bien-aimée possédait en elle tout ce qui me restait de mon ancienne humanité, de mes émotions ainsi que de mes désirs. Près d'elle, je me sentais comme une personne personne. Elle admirait toutes mes actions et m'encourageait dans mes intérêts parfois un peu malsains d'esprit. Nëssa était tout pour moi! La voir souffrir et être malade ainsi me rendait complètement dingue! Pourquoi tout ça lui arrivait-il? Qu'avait-elle fait afin de mériter un châtiment aussi funeste? La pauvre petite puce était une femme si délicate, si douce et si affectueuse. Pourquoi lui donner une malédiction pareille? Le ciel recherchait-il à me punir en infligeant de la douleur à ma raison d'exister? Quel lâche! S'il voulait s'en prendre à mon être, il n'avait qu'à venir me faire face directement.

Je doutais que Sasuke puisse m'aider à soigner Nëssa. La médecine n'était pas le domaine de prédilection des Uchiha. Notre spécialité était guerrière et jamais nous n’avions songé à nous instruire sur l'iroujutsu. Forte heureusement, je savais plus que quiconque que Nëssa avait besoin d'un médecin. Pas n'importe quel spécialiste, non, il lui fallait éventuellement le meilleur de tous. Je ne souhaitais pas perdre mon temps avec quelqu'un de moins fort. Je visais la crème de la crème. C'était l'avenir de ma tendre moitié qui était en jeu et je ne pouvais pas plaisanter avec cela. Le dernier de mon clan me demanda depuis combien de temps Nëssa souffrait-elle. Je ne sus pas réellement quoi lui répondre, l'explication sur ce malheur était suffisamment complexe. Je devais déceler un moyen de lui raconter le tout d'une façon à la fois simple et précise. Ne me laissant pas le temps de répondre, il enchaina en me disant qu'il connaissait une potentielle alliée qui serait dans les capacités d'apporter quelques soins à ma douce. Ma main alla caresser avec tendresse la petite joue rosée de la kunoichi et je ne la quittais pas du regard. Toujours sur le même ton de voix calme et bas, je me mis à fournir des explications destinées au cadet du groupe.

- Depuis sa naissance, c'est purement génétique. Tu as sûrement dû remarquer que Nëssa possède un « étrange » chakra, n'est-ce pas? Il s'agit bien d'une anomalie puissante, mais très dangereuse pour son hôte. Plus le temps avance et plus ce chakra devient dommageable.

Mes pupilles se redirigèrent en direction du jeune homme agenouillé. Les traits de mon visage demeurèrent plus calmes et distants. L'inquiétude s'évaporait tranquillement afin de laisser place à une toute nouvelle détermination. Ça ne servait à rien de rester planté là, à se morfondre sur le sort d'une personne aimée. Maintenant, l'action était de mise, il fallait trouver quelque chose de pertinent, et vite!

- Elle a besoin du meilleur des médecins.

« Uchiha Madara »

Sasuke avait fini de parler, décidant de se taire et d’attendre les explications demandées. Toute cette histoire l’inquiétait, bien qu’il fasse attention de ne pas trop le montrer. Nëssa était la première femme dans ce monde à le reconnaître pour ce qu’il est, tout simplement. Elle avait accepté de le suivre, l’avait impliqué dans son projet, à elle et à son amoureux, elle lui avait aussi fait une morale qu’il n’oubliait pas. Cette kunoichi agissait comme une mère et il était juste hors de question qu’il l’a perde maintenant. S’il y avait un moyen de la sauver, peu importe ce que le jeune déserteur serait amené à faire pour cela, il le ferait. Pour lui, perdre un être cher représentait bien la pire des souffrances. Voilà pourquoi, au départ, il se montrait si froid et si distant envers les gens. L’Uchiha ne désirait plus s’attacher, il ne désirait plus avoir mal. Néanmoins, en dépit de toute sa bonne volonté et de ses belles résolutions, certaines personnes arrivaient à percer sa carapace de pierre. Celles-ci, elles représentaient beaucoup pour lui. Le point de la solitude était aussi difficile à porter, mais voir un être cher mourir, c’était largement pire. L’amour entrainait la haine, c’était un cercle vicieux sans fin dans lequel il était tombé très jeune. Que pouvait-il faire de plus aujourd’hui que de faire en sorte de profiter le plus possible de la présence de ceux qu’il aimait, que de venger les siens pour ce qu’ils avaient subi? Dans sa tête d’adolescent, la vengeance était bien la seule option pour faire comprendre son point de vue, pour faire voir l’ampleur de sa haine. Quiconque s’opposerait à son choix de vie serait détruit, tout simplement… en espérant que ce ne soit pas quelqu’un qu’il estimait. Avait-il bien fait que de renoncer à être un loup solitaire? Le noiraud souhaitait vraiment que la réponse ne serait pas brutale.

Bref, pour le moment, le survivant du massacre de son clan patientait que son ancêtre lui explique ce qui se passait. En les retrouvant, jamais le plus jeune ne s’était attendu à une telle nouvelle. Ça le chamboulait. Que pouvait-il bien faire? Tout ce à quoi il pouvait servir était bien de contacter Karin et de l’assister ensuite du mieux qu’il le pourrait. Si la rouquine manquait de chakra, il lui prêterait le sien s’il le fallait. Tout, tant que Nëssa irait mieux. Seulement, le nukenin de la feuille déchanta encore plus lorsque Madara lui dit la cause des maux de sa douce. Depuis sa naissance, à cause de son pouvoir particulier, de ce chakra qui l’avait d’abord attiré vers elle… Ainsi, les ténèbres qui habitaient sa mère de remplacement n’étaient pas sans risque. Comment pouvait-on guérir quelqu’un de sa capacité héréditaire? C’était… insensé. Même le meilleur médecin, comme réclamait le co-fondateur de Konoha, c’était hors de portée. À moins que… une idée était en train de faire son chemin dans l’esprit de Sasuke, mais d’abord, il exprima une pensée de vive voix, toujours sur une intonation basse. Cette fois, il fut par contre plus rude, plus froid. Le tout était totalement inconscient.

-Nous ne sommes pas les seuls à avoir un clan maudit… murmura-t-il, pensif, plus pour lui-même, cependant Madara l’aurait entendu.

Le plus âgé des deux hommes désirait le meilleur des médecins hein. L’ébène n’était pas idiot, il savait exactement qui il visait… Néanmoins, comme il avait pensé plus tôt, comment faire pour que Tsunade soigne Nëssa? Elle n’accepterait jamais ça. Le duo Uchiha devrait se rendre au village de la feuille et tout mettre à feu et à sang pour que ça arrive, et encore. Ils devraient sortir la Sannin de son confort, de son nid. Ce serait plus facile à dire qu’à faire, mais avec la légende shinobi, l’héritier de l’éventail se disait que tout était possible et que rien ne pourrait leur résister. Madara était animé par la flamme de l’amour, Sasuke par un amour différent, la volonté de feu se briserait tout simplement face à leur conviction. Voilà ce que croyait l’adolescent. Une nouvelle détermination fit son apparition sur son jeune facies. L’inquiétude précédemment ressentit disparue, laissant place à cette volonté qui lui était propre. Lorsqu’il se lançait dans un projet, il n’y allait pas par demi-mesure. Ça n’était pas visible au premier regard, mais le noiraud était un homme fidèle. Bien souvent, il cessait de faire confiance parce qu’il était trahi. C’était rarement lui qui trahissait les gens. En fait, le seul cas était bien pour Karin, alors que son cœur avait été totalement envahi par les ténèbres. Sur une seule demande de celui qui se nommait Tobi, après avoir constaté les dégâts que son jutsu avait fait à l’Uzumaki, en plus de ne pas avoir de compétence médicale, il avait choisi de plonger d’avantage en tuant cette amie, cette équipière qui l’avait épaulé peu importe la situation. Le destin s’était occupé de corriger son erreur. Vivrait-il d’autres trahisons? Madara serait-il honnête envers lui? C’était encore difficile à dire, mais ça ne l’empêcherait pas d’aider la femme endormie dans les bras de l’homme qu’elle aimait plus que tout. Voilà pourquoi sa voix grave s’éleva de nouveau.

-Tsunade, l’actuelle Hokage. C’est la meilleure dans le domaine médical. C’est elle qui nous faut.

Il venait donc de partager ses connaissances. Maintenant, il ne leur restait plus que de savoir comment ils s’y prendraient. Il leur fallait un plan, un moment propice pour agir. Envahir un village n’était pas chose aisée, même pour eux. C’était surtout dû au fait qu’il devait attraper leur cible vivante, et encore en mesure d’employer son iroujutsu. C’était fou comment tuer une cible était largement plus évident que de l’attraper. Ça, l’ex-leader de Taka en avait conscience après avoir tenté sa chance contre Killer Bee, l’hôte du démon à huit queues. Ce combat avait été très éprouvant. Heureusement, depuis, il avait gagné en puissance. Ce scénario ne se répèterait pas. Il réussirait, l’échec n’était pas permis. À cet instant, l’ébène vit aussi une belle occasion à saisir. S’allier pour kidnapper Tsunade, peut-être que ça signifierait une alliance plus durable. C’est pourquoi l’ancien Konohajin enchaina d’office là-dessus, tout en ne s’y attardant pas trop. Il verrait en fonction de la suite de la discussion.

-Nëssa m’a parlé de ton projet, celui du genjutsu infini. Elle désirait que je vous aide. J’ai accepté, si toi tu veux bien que je vous accompagne, dit-il, tout en regardant Madara dans les yeux. Mais pour le moment, l’important c’est elle. Viser l’Hokage c’est également viser Konoha. Il faut la sortir de ce village, termina-t-il, déterminé.

Sasuke n’attendait maintenant plus que les réactions de son interlocuteur pour savoir la suite des évènements, la tournure que prendrait cette rencontre. En arriverait-il à un accord avec la légende? Mieux, une sorte d’alliance, qu’elle soit officielle ou pas? Tout se jouerait dans la réponse que l’autre homme lui formulerait. Le monde shinobi courait à présent un grave danger, sans qu’il n’en ait réellement conscience. Oui, la guerre planait, mais l’ombre aussi, plus inquiétante encore. Les projets secrets étaient les pires d’entre tous. Personne ne pouvait s’y préparer. La puissance de l’amour et de la haine s’abattra bientôt.

Le jeune Sasuke ne tarda pas à me donner ses impressions et je ne fus pas surpris qu'il accepte de coopérer. Nëssa ne m'avait pas réellement parlé de la relation qu'elle entretenait avec le cadet des Uchiha, mais je me doutais fort bien que des sentiments spéciaux les liaient. Je n'arrivais pas à comprendre exactement ce qu'elle ressentait à l'égard de l'adolescent. Comment était-ce possible d'avoir de la place pour deux personnes à l'intérieur de son coeur? Jamais je n'avais vraiment aimé, hormis ma femme, je ne connaissais pas le sentiment de l'amour. Je m'imaginais très mal partager mon espace avec d'autres personnes qu'elle. Elle occupait définitivement toute la place. Ma bien-aimée accordait une certaine importance à ce Sasuke, mais à quel niveau? L'aimait-elle plus que moi? Me cachaient-ils des choses qu'ils n'osaient pas m'avouer directement? Sans le vouloir et ni le chercher, j'étais en train de devenir jaloux, jaloux du temps qu'ils avaient probablement passé ensemble. En y repensant, voir MA Nëssa en compagnie d'un homme qui n'était pas moi, me rendait excessivement envieux, même s'il ne s'agissait qu'une rencontre plutôt amicale ou quoi que ce soit d'autre y ressemblant. Elle m'appartenait entièrement et il était hors de question qu'on me la kidnappe. Ouais, c'était ça l'amour. À ce jour, je ne pouvais plus compter les fois où j'avais fait des montagnes pour un rien. J'avais de vilains défauts. Loin d'être le parfait petit amant de ses rêves, j'espérais tout simplement que ma présence la fasse, au moins, un peu sourire.

Malheureusement, sa situation actuelle n'était absolument pas propice à me rendre heureux. Là, c'était tout un casse-tête! Cependant, je m'en faisais sûrement trop, encore. La belle filait bien lorsque je l'alimentais avec mon chakra. Qu'on le veuille ou non, je lui donnais littéralement la force de vivre. Un flash de génie parcourut soudainement mon esprit. En moins de deux secondes, je venais de découvrir une solution « miraculeuse ». Et si elle et moi allons prendre des vacances? Loin de ce monde et loin de cette guerre insignifiante, elle retrouverait à coup sûr quelques forces et sa motivation. La sortir de cet enfer de merde lui ferait un très grand bien. Ensemble, en tête à tête durant plusieurs semaines, serait certainement une chose qui contribuerait à son ultime bien-être. Mon plan oeil de la lune était fabuleusement important en tout point. Mais, suite à mon décès, j'étais concient du fait que j'avais laissé ma bien-aimée dans le deuil, la solitude et le vide total. Elle souffrait, par ma faute, elle avait tout sacrifié de ses objectifs personnels. Uniquement pour moi, elle se dévouait. Je lui devais désormais le meilleur et m'occuper d'elle était une obligation d'une haute urgence.

Sasuke me dit que ma tendre lui avait parlé de mes projets, Tsuki no me. Sur le coup, je fus relativement surpris qu'elle se soit confié à lui. Était-il aussi digne de confiance que cela? Ça m'inquiétait, je ne savais point quoi en faire. Néanmoins, je revins rapidement à la terre ferme après la dernière phrase du jeunot. Nëssa, oui, Nëssa...

- Sasuke, j'ai quelque chose à te confier...

Yeux dans les yeux, mon regard s'intensifia jusqu'à prendre une teinte bleutée et à former plusieurs cercles concentriques. S'éveillant à une nouvelle puissance divine, mes pupilles démontrèrent toute leur splendeur en affichant fièrement le dojutsu du Rikudo Sennin. Ce pouvoir digne de celui d'un Dieu était l'une de mes plus grandes victoires. Afin de les obtenir, j'avais quasiment tout essayé. Ils étaient la clé première de la réussite de tous mes objectifs. Une force que seul moi pouvais maîtriser dans son apogée. Si le jeune Uchiha désirait vraiment se joindre à nous, il devait premièrement savoir à quel genre de shinobi il avait affaire et que jamais il ne devait le trahir et encore moins remettre au doute son autorité inflexible. Ami de ma femme ou non, ceux qui entraient dans mon ombre le restaient pour toujours.

Même si mon regard en disait terriblement long sur le fil de mes pensées, je préférais lui déclarer précisément mon ressenti et également lui dire quelques informations au sujet de l'origine de ce dojutsu ultime. Malgré cela, je conservais un timbre de voix faible afin de ne pas réveiller la belle au bois dormant. Rien que le fait d'avoir un quelconque contact physique avec elle me rendait fou de joie, alors imaginez quel genre de sensation que j'éprouvais en ce moment. J'avais du mal à contrôler mes pulsions, ça c'était certain.

- J'ai éveillé ces yeux un peu avant ma mort... Lorsque l'on arrive à combiner parfaitement le pouvoir des Senju et celui des Uchiha, on peut obtenir la puissance du Rikudo Sennin. Je suis le seul de ce monde ayant réussi à franchir ce stade. J'ai donné mes rinnegans à un gamin, Uzumaki Nagato. On voulait qu'il les utilise pour me ressusciter, mais il nous a trahis.

Disais-je avec une dose de regret. Confier mes dojutsus à une personne pratiquement inconnue n'avait pas été l'une de mes plus brillantes actions. Nëssa m'en voulait assurément d'avoir agi d'une manière aussi stupide. Alors que je m'apprêtais à continuer mon dialogue, j'entendis le craquement d'une branche située au-dessus de notre position. Le gros matou de ma bien-aimée se réveillait enfin. Il sauta par terre et se mit à dévisager sa maîtresse. Je me sentis légèrement mal à l'aise, parce qu'il semblait m'en vouloir. Selon lui, l'état déplorable de l'indescriptible beauté sommeillant dans mes bras était dû à moi-même. D'un côté, il avait raison. Je me sentais coupable.

J'hésitais pendant un instant, puis je me décidais finalement à me lever en portant ma femme comme un petit bébé. Je fis volte-face au dernier des Uchiha. Cette nouvelle rencontre tirait sur sa fin.

- Nous irons à Konoha plus tard. Pour le moment, je peux la garder en « vie » à l'aide de mon chakra. C'est embarrassant à avouer, mais nous avons besoin de passer du temps ensemble. Elle me manque et j'ai envie de passer des instants en sa compagnie. C'est vital.

En quoi m'embarquais-je en lui racontant tout cela. Après tout, ma vie, enfin notre vie, privée ne le regardait pas. À quoi bon servait de tout lui expliquer nos intentions personnelles? Toutefois, il semblait être au courant que notre relation était bien plus qu'intime, donc il n'apprenait rien de nouveau, en toute logique.

- Tu peux servir nos idéaux et l'Akatsuki, si tu en as les moyens. Nous reviendrons dans quelque temps. À plus.

Je commençais à réaliser des pas vers l'avant. Tout en m'enfonçant dans les profondeurs de la forêt, je susurrai de derniers mots fortement anecdotiques.

- Je te laisse Pépite. Occupe-toi bien de lui, c'est un fragment de la volonté de Nëssa.

« Uchiha Madara »

Toujours assis au sol, à genou, l’adolescent avait fini de répondre et de suggérer la belle Hokage comme prochaine cible. Dans sa tête, c’était une occasion en or : envahir Konoha en plus de kidnapper leur tête dirigeante. Voilà de quoi prouver que Akatsuki était bien présente, et qu’elle était une menace à ne pas prendre à la légère. Leur vengeance contre la feuille approchait dangereusement en cet instant, pourvu que Madara ressente la même chose. M’enfin, Sasuke ne voyait pas pourquoi son ancêtre ne serait pas d’accord avec lui. Après tout, n’était-il pas préoccupé par l’état de sa douce? Obtenir le meilleur medic-nin pour l’ausculter lui serait plus que bénéfique. Donc convaincu que le duo Uchiha serait d’accord sur la prochaine étape, le plus jeune déchanta un peu quand le ninja légendaire reprit la parole. Il lui dit tout d’abord qu’il avait quelque chose à lui confier, sans en ajouter plus pour le moment. L’héritier de l’éventail avait déduit que l’autre n’allait pas de suite répliquer sur son idée. Que pouvait-il lui confier de plus important que ce plan que chérissait déjà le petit vengeur? Lorsque les pupilles de son interlocuteur changèrent, le noiraud en resta tout simplement surpris. C’était la toute première fois qu’il pouvait observer le Rinnegan. En fait, il ne connaissait pas grand-chose des capacités qu’apportait cet œil si mystique. Ceux qui l’avaient éveillé de leur vivant se résumaient à l’être extrêmement puissant en face de lui. De sa lecture des plaques du Naka no Jinja, l’Uchiha savait donc qu’il était possible pour lui également de l’obtenir, mais les écrits ne relataient pas comment faire, quoi faire… Était-ce l’intention de son ancêtre que de le lui dire maintenant?

Et il eut raison une fois de plus. Madara lui révéla qu’en ayant une balance parfaite entre les pouvoirs Senju et Uchiha, que cet éveil devient possible. Seulement, même en sachant cela, ça n’aidait pas beaucoup dans sa quête de puissance… Sasuke ne désirait pas représenter un fardeau. Il voulait gagner en puissance pour être réellement utile, pour épauler du mieux qu’il le pouvait son ancêtre distant et la superbe kunoichi qu’il tenait entre ses bras. Maintenant que le jeune nukenin avait imprégné leurs idéaux, il deviendrait fidèle, plus loyal que l’autre ne pourrait le croire. L’adolescent était comme ça. Quand il se lançait, il ne faisait pas dans la demi-mesure. Pour lui, son verre était plein ou était vide. Le survivant du massacre de son clan aurait bien voulu s’exprimer là-dessus, mais le puissant homme ne lui en laissa pas l’occasion. Ce dernier enchaina en avouant avoir donné ses yeux à un certain Uzumaki Nagato, qui aurait dû le ressusciter, mais qui l’avait trahi… Nagato, n’était-ce pas celui qui avait détruit Konoha juste avant que l’ex-disciple d’Orochimaru ne désire y aller? Alors, c’était à ce moment qu’il avait osé trahir le véritable chef de l’Akatsuki. Ces révélations, jamais le moins âgé des deux auraient cru les entendre. Visiblement, l’ancien leader de leur clan semblait lui faire assez confiance pour s’ouvrir un peu, en dévoiler d’avantage. Quelque part, cela fit plaisir à Sasuke. Tout cela tenait ses pensées bien occupées. Tant de questionnement affluait dans son esprit, mais son sixième sens l’avertit que ce ne serait pas pour cette fois. En effet, le tigre de Nëssa vint s’ajouter dans la petite réunion, descendant de son perchoir. La légende profita de ce moment pour se lever, tenant la ténébreuse dans ses bras comme lui l’avait fait quelques temps plus tôt pour Karin, après qu’elle se soit prise son jutsu de plein fouet. Songer à cela lui fit une sensation étrange qu’il préféra mettre de côté. Leur rencontre s’achevait, c’était indéniable. Peu importe ce que pourrait maintenant dire l’adolescent, l’autre partirait avec son amoureuse. Alors l’ébène se releva aussi. À ce moment, Madara lui fit dos.

Sérieusement, allait-il encore quitter en ajoutant quelques paroles énigmatiques comme la dernière fois? Visiblement pas, puisqu’il avoua qu’il pouvait maintenir Nëssa en vie grâce à son chakra, et donc qu’ils iraient à Konoha plus tard. Involontairement, le plus jeune lâcha un petit soupir. Ses projets volaient en fumée pour l’instant, pas de quoi l’enthousiasmer. Néanmoins, le reste des révélations lui attira un demi-sourire. Voir et entendre le plus grand shinobi de tous les temps admettre qu’il avait besoin de se retirer quelques temps avec sa femme avait quelque chose de très doux, et Sasuke comprenait bien ça. C’était celle qu’il voyait comme une mère de remplacement qui serait contente. Un semblant de joie revint également alors que l’autre homme ajouta qu’il pouvait suivre leur idéaux et agir pour Akatsuki. Quel soulagement!

-Le monde n’oubliera pas que cette organisation existe en ton absence, affirma simplement l’adolescent.

Madara commençait alors à s’éloigner, avant qu’il ne lui dise ses dernières paroles. Il lui laissait Pépite… Les yeux ronds, le noiraud tourna la tête vers l’imposant tigre qui était désormais à ses côtés. Une partie de la volonté de Nëssa, Sasuke avait un peu de mal à le croire, vu la joie débordante de cette chose et sa manie de courir après les papillons. Toutefois, il ne connaissait pas encore réellement la kunoichi, alors tout était possible. Oui, il ferait de son mieux pour bien s’en occuper, en autant que cette bête soit un minimum autonome également. Lorsque les silhouettes disparurent dans la nuit, le petit feu de camps commençait à mourir, devenant de plus en plus petit. Il était temps pour lui de partir également. Il devait mettre de l’ordre dans ses idées, dans ses projets, dans ses futures actions. Au même instant que les dernières lueurs des flammes s’éteignirent, la voix grave du déserteur s’éleva.

-Viens, dit-il au tigre.

Prenant un élan, il s’enfonça rapidement dans la forêt, dans le sens inverse qu’avaient pris les deux autres. Le tigre à ses côtés, l’esprit du détenteur du sharingan était en ébullition. Oui, il devait prochainement se poser quelque part pour y mettre de l’ordre.