The answer is blowing in the wind. [solo.- Partie 2]

Walk on the wild side

Les rires de la veille s’étaient évanouis, l’alcool aussi. Shizuru et Ryuzaki avançaient désormais, vers on ne sait où, et ils étaient terriblement sobres.
La bonne ambiance de leur beuverie avait poussé les deux « nouveaux amis » à quelques décisions trop hâtives et, curieusement, ils commençaient tous deux à regretter. La kunoïchi avait, à force de demandes enivrées, réussis à obtenir de son sempaï qu’il l’entraîne… Ce dernier, touché par la fougue de la jeune femme, s’était laissé berner par son apparente conviction. Fort de tout le saké qu’ils avaient ingéré, les deux zigotos s’étaient lancés sur les routes avec, comme seule préparation, leur bonne volonté… Quelques heures durant, ils avaient avancé sans problème car portés par l’allégresse provoqué par l’ivresse ; puis, la situation avait changé du tout au tout. Si Ryuzaki ne s’était pas démonté, Shuu’ avait quant à elle commencé à faire sa mauvaise tête… La marche n’avait jamais été la tasse de thé de la demoiselle, cela l’ennuyait profondément et avait tendance à la faire râler plus que de raison. Ceci couplé à une migraine post-cuite épouvantable donnait un mélange détonnant ; la kirijin devenait insupportable, vulgaire, totalement immature et j’en passe ! Ce comportement enfantin énervait prodigieusement le voyageur qui, par miracle, se retenait de s’évanouir dans la nature.

Lorsque midi sonna, le duo décida de marquer une pause au bord d’un sentier ; c’était dans ce genre de moment que l’on regrettait de ne pas s’être préparé… Morts de faim, les shinobis étaient un peu… Irritables. Assis l’un en face de l’autre, le quadragénaire et la jeune adulte se regardaient comme deux chiens de chasse ; il n’y avait plus rien d’amical à présent :

« T’es un qu’une gamine capricieuse. »-« T’es qu’un vieux croulon protocolaire. » Tous deux arquèrent un sourcil provocateur « Et t’oses encore me suivre pour que je t’entraîne ? Mais tu vas jamais tenir ma pauvre… J’suis pas une famelette de Kiri moi, j’suis un sunajin ! »-« J’me demande comment j’ai pu être assez bourrée pour te suivre, espèce de vieux déchet ! T’as qu’à y’aller tout seul dans ton bac à sable, j’en ai rien à faire. »

Immédiatement, Ryuzaki se leva et dégaina un kunaï. L’affront fait à sa patrie était trop grand pour qu’il reste ainsi sans réagir… Le ninja était un homme d’honneur, qui servait son pays avant tout ! Laisser passer ça aurait été faire preuve de faiblesse ; aussi se fendit-il de répliquer, et aussi fort qu’il le faudrait pour lui faire regretter son geste :

« Tu vas payer cet affront ! Tatsu no Öshigito ! »

Shizuru ne connaissait pas cette technique, aussi se prépara-t-elle assez sommairement… Dégainant son Katana, la belle s’attendait à une attaque directe ; mais non. Une série rapide de mudras précéda le pire : Un cyclone aux proportions suffisantes pour happer un humain fondit sur elle depuis le ciel. Surprise, la kunoïchi ne réagit pas à temps et se fit emporter plusieurs mètres plus loin. Les terribles vents qui soufflaient au cœur de la tempête lui lacérèrent les bras et les jambes avant de, lourdement, la plaquer au sol… En sang, meurtrie, la guérisseuse était incapable de bouger.
C’était l’attaque la plus fascinante qu’elle ait jamais vu cependant… Puissante, elle repoussait également l’adversaire à une distance tout à fait respectable ! et puis, surtout, ce jutsu ne nécessitait aucun contact physique… C’était son fantasme le plus enfouis ; un style de combat, lequel lui permettrait de rester « loin », sauve de toute attaque. Combien y’avait-il de chance qu’elle tombe sur un gus capable de produire une telle offensive ? Surement très peu. En tout cas, c’était forcément un signe… Un signe de quoi ? Elle l’ignorait, mais ce n’était pas le principal. Difficilement, la jeune femme se redressa et s’assit en tailleurs. Son visage était en sang et, en général, elle faisait peine à voir… Mais sur ses lèvres tailladées se dessinaient un sourire :

« C’était génial ! Comment t’as fait ça ?! » Plusieurs mèches de cheveux noirs de jais s’étaient collées à l’hémoglobyne qui la recouvrait et lui donnait des airs de folle. Ryuzaki, un peu interloqué par la réaction de sa « comparse », ne put s’empêcher d’émettre un grognement désapprobateur « T’es complétement secouée ma pauvre fille… C’est du futon, l’affinité du vent et j’ai fait ça à force de m’entrainer ! Ce que tu n’es pas prêt de faire avec moi, allez salut ! »

Lâcha-t-il en se retournant. C’est qu’il était très sérieux ; à ses yeux, cette femme ne pouvait être qu’une source d’ennuie intarissable… Il les connaissait ces gourdasses hystériques, pas capables de se concentrer sur quelque chose plus de cinq minutes ! Très peu pour lui ! Pourtant, elle ne laissait pas tomber la bougresse… Toute amochée qu’elle était, Shizuru trouva en elle la force de se relever et de, théâtralement, se jeter à la jambe du Shinobis.

« Non, allez ! Sois chic ! Faut absolument que tu m’apprennes à faire ça ! C’est totalement ce qu’il me faut ! » Secouant son membre inférieur du mieux qu’il le pouvait, Ryuzaki tentait de se débarrasser de cet étrange boulet « Mais lache moi ! Tu crois vraiment que ça va me faire accepter ? Et puis qu’est-ce qui me dit que t’es capable de ça d’abord ? C’est pas comme le saké ça, madame, ça se commande pas ! »

Il n’avait pas tort. Autant qu’elle s’en souvienne, la demoiselle avait toujours été plus suiton qu’autre chose… Cela dit, la chose n’était avérée ! Son précédent test d’affinité remontait à sept ans au moins, les choses avaient eu le temps de changer depuis le temps… Du moins, elle l’espérait :

« Et t’en sais quoi ? Moi-même j’en sais rien ! Si c’est qu’une question de volonté, j’y arriverai à un moment ou un autre. »-« Et tu crois que j’ai que ça à faire ? Te regarder t’enrager à apprendre une technique que tu ne pourras jamais apprendre ? » C’était un peu dur, tout de même… Quelque peu vexée, Shizuru lâcha la jambe de son sempaï « Pour un mec qui passe ses journées et ses nuits dans un bar à trois jours de marche son village, tu dois être occupé, ça oui ! » De nouveau, Ryuzaki se retourna et commença à partir « Non mais attend ! Sois pas si prude. J’suis un peu brute de décoffrage… Faut pas tout prendre au pied de la lettre. »

C’était bien la première fois qu’elle s’écrasait ainsi devant quelqu’un… Mais cet homme était trop précieux pour le laisser partir. C’était tout ce qu’il lui fallait réunis en un seul et même être humain : un senseï dur, solide buveur, qui détestait le matin et qui, cerise sur le gateau, maitrisait un style d’attaque à distance… Oui, elle voulait bien marcher sur ses principes pour le garder ; voir même faire des efforts ! Mais ça, c’était une autre histoire.

« T’es qu’une sangsue, comme toutes les femmes ! … Tu me lâcheras pas avant que j’ai fait de toi mon disciple, c’est ça ? » Elle ne put se retenir de glousser « Mon p’tit père… J’suis même pas sur de te lâcher tout court. »

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