Une équipe de chuunin disparue ? [Mission Rang B ~ PV Kakashi]

Depuis qu'on lui avait annoncé le début de la guerre, Tenten savait que sa vie s'engageait dans un nouveau tournant. Ils n'avaient que dix-sept ans, qu'avaient-ils vu exactement de la vie en tant que shinobi en un si court laps de temps ? Si peu et l'expérience s'y apparentait malheureusement. La guerre n'était pas un évènement auquel ils avaient été réellement préparés et ils avaient dû rapidement s'y adapter pour ne pas couler. Elle autant que ses équipiers, et pourtant aucun d'entre eux ne daignait montrer le moindre signe de faiblesse, de fébrilité face à l'épreuve, parce qu'ils ne voulaient pas avoir peur. Autant les uns que les autres savaient ce sentiment inutile , et se demandaient-ils chacun pour soi s'il était réellement un canalisateur lors des combats. La kunoichi peut-être un peu plus, parce qu'il était évident qu'elle était plus sensible à la situation que le reste de son équipe, elle avait toujours été le maillon le plus fragile de la team Gaï. Et c'était bien le fait de le réaliser qui lui pourrissait la vie en ces temps difficiles ; se savoir encore inférieure malgré tous ses efforts était pareil qu'à encaisser un énorme coup de poing dans le ventre : douloureux, incroyablement remotivant, mais douloureux malgré tout.

La chuunin souhaiterait maintenant plus qu'à n'importe quel autre moment être plus forte. Donner le meilleur d'elle-même ne suffisait plus dans leur situation, il fallait davantage se dépasser, sans cesse évaluer ses capacités et remettre celles-ci en question. Car ce qui avait été acquis la veille ne le serait probablement plus le lendemain, parce qu'il y avait toujours quelque chose à améliorer et que briller ne signifiait plus seulement se sortir soi-même d'embarras. Il fallait également songer au sort des autres à présent. Regarder qui ils avaient à côté d'eux et prendre en considération le soutien qu'ils pourraient lui apporter. C'était cela aussi maintenant briller : sauver la peau des autres en pensant ensuite à la sienne. Une toute nouvelle tâche pour la kunoichi qui n'aurait pu rêver de meilleure occasion que le nouvel ordre de mission lui étant confié pour mettre en application sa nouvelle motivation.

Ce qui l'avait étonnée quand un shinobi était venu lui faire part de sa convocation, ce fut qu'il lui apprenne l'implication de Hatake Kakashi dans sa nouvelle tâche. Hatake Kakashi, le ninja copieur, le grand rival de son extravagant sensei en justaucorps vert, coopérer avec elle pour une nouvelle mission ? Drôle d'idée, surtout qu'en tant que dirigeant de l'un des bataillons il avait probablement d'autres priorités. Mais organiser les priorités des différents shinobis du village n'était pas de son ressort et Tenten n'avait de ce fait pas de droit de jugement. Alors la maitresse d'armes avait rassemblé son arsenal et s'était rendue sans autre temps au lieu le plus imposant de Konoha.

Il était agréable de voir que le printemps ne se laissait pas influencer par les mauvaises ondes qu'installait la guerre sur leurs contrées. L'hiver touchait effectivement doucement à son terme et le blanc se fanait, et le vert commençait à éclore. Les couleurs volaient dans le ciel et les enfants paraissaient tendre les mains pour les y emprisonner. Une innocence juvénile et colorée, mais qu'en grandissant disparaissait et laissait place à des doutes, des incertitudes, de la haine. Haine qui perforait violemment ces couleurs et laissait s'échouer les rêves sur le parterre. Haine que Tenten voulait à son tour perforer de ses armes pour ne pas voir ce désastre en matière d'espoir se produire. La kunoichi n'était pas idéaliste. Elle recherchait juste le meilleur pour ses compatriotes victimes des différentes batailles. La lumière sous une couverture de cumulus gris.

Tenten n'était pas idéaliste. Elle s'efforçait juste de se montrer le plus réaliste possible.

Une fois le manoir du Hokage investi, ce fut un jônin du village qui la réceptionna. A toute évidence, la maitresse des lieux n'était pas présente et la mission dont on l'incombait se trouvait entre les mains de l'individu qui se présenta à elle. La chuunin jeta d'ailleurs un rapide coup d'œil tout autour. Visiblement le plus grand retardataire de tous les temps ne faisait pas faille à sa réputation et Tenten ne put qu'en regretter la ponctualité de son sensei, expiant un soupir des plus las en terminant de prendre connaissance de la mission : trois chuunins n'avaient vraisemblablement pas envie de rassurer leurs proches en ne donnant plus aucune nouvelle depuis leur départ en mission, et il était de ce fait de leur devoir de les ramener au plus vite au village. Une tâche fort prometteuse, surtout quand on savait que l'équipe dont il était question était en charge de débarrasser un village du pays d'une petite bande d'ours un peu trop susceptibles au réveil d'une longue sieste de trois ou quatre mois. Et oser croire qu'une bande d'oursons serait venue à bout de trois shinobis entrainés, c'était comme croire qu'un déluge d'eau se produirait naturellement au cœur du désert du pays du vent, aux yeux de la Konohajin. Un truc complètement insensé en somme.

"On va s'en charger !" déclara avec enthousiasme la kunoichi, ravie d'enfin pouvoir s'investir dans une mission où le mental avait son rôle à jouer, quand au bout du couloir des bruits de pas l'interpelèrent. "Ah ! Vous voilà enfin, Kakashi-sensei !"

Tenten n'en espérait pas moins du ninja d'élite, et même si son cas la décourageait à un point que jamais elle ne daignerait exprimer, le fait de savoir que finalement on lui accordait une mission sans que seuls les muscles soient sollicités - son train-train quotidien en tant que membre de l'équipe Gaï - la réjouissait à un niveau où plus personne ne pourrait suivre son entrain. Pour preuve, un sourire éclatait sur son visage et il ne fut pas représenté par la forme de sa bouche, mais bel et bien par l'esquisse de ses yeux, malicieux. Un sourire qui cependant n'avait pas lieu d'être et quand la maitresse d'armes le réalisa, elle se ravisa très vite. Tempérer ses ardeurs, voilà ce qu'elle devrait faire tant qu'elle n'était pas en compagnie de son équipe à l'énergie, décidément, incroyablement contagieuse lorsqu'on n'y prenait pas garde.