[Flashback] Une nouvelle technique, une nouvelle rencontre [ PV Hyougaki Yuki]

La journée se levait en ce jour sur le village de la brume. Une journée brumeuse comme on en voyait souvent ici. Je sortais de mon lit avec peine. Je n'avais pas beaucoup dormi, ayant passé la nuit à méditer sur mes tourments habituels, mais aussi et surtout sur un autre plus insistant qui prenait de plus en plus d'importance au fil des jours. J'avais un étrange sentiment, une conviction inavouée et inavouable, un truc du genre de ceux qu'on sait qu'on devrait les garder pour soi car personne ne nous croirait. Les temps allaient changer. Il allait se passer quelque chose dans ma vie dans peu de temps, un virage radical. Me dressant sur mes pieds, je m'étirais en baillant. Je fis tout ce qu'on faisait le matin au réveil, ma toilette, ma restauration, mon habillage, tout. Avant de sortir, je passais devant mon miroir, croisant mon reflet du regard. Je n'avais rien à craindre. Ce changement pressenti n'était pas pour aujourd'hui. C'était une journée banale.

Fort de cette pensée, je m'étais retrouvé sur le palier, fermant ma porte. Mon accoutrement d'Oinin était au complet, mon masque à sa place et mes armes aussi. Il ne me manquait rien. J'étais prêt à me mettre au service de notre Kage, du village et des ses habitants. Juste au moment où je partais, je sentis une présence des plus familière. Kibito ! Il venait d'apparaitre derrière moi, tout aussi masqué. C'était un membre de l'escouade d'Oïnin de Kiri que je supervisais et une sorte d'ami, au même titre que les 2 autres membres qui la composaient. Il m'indiquait que Mizukage-sama me priait de partir à la rencontre d'une chuunin du village qui développait un jutsu suiton et qui peinait un peu. C'était un élément prometteur et comme mes talents en maitrise de ninjutsu et particulièrement Suiton n'était plus à prouver au sein du village, il faisait appel à moi afin de lui donner quelques conseils, si je le pouvais. Après avoir écouté Kibito délivrer son message, je lui en fis passer un à transmettre à nos collègues, le remerciais et pris congé de lui. Après qu'il ait disparu, je me mis en route. Elle trainait sur les côtes, c'était là que j'irai.

Fort des renseignements que j'avais glané ça et là dans le village, j'avais enfin pu trouver sa piste et étais enfin arrivé sur les lieux. La brume était bel et bien présente, asseyant son voile oppressant sur le paysage impuissant. Profitant de celle-ci, je me figeais quelques instants, juste assez pour observer la jeune chuunin au visage à demi masqué. Elle s’entrainait dur à ce que je voyais. Elle semblait être proche de l'aboutissement de son jutsu, mais semblait cependant éprouver quelques difficultés à la finalisation de son jutsu et son maintien. La stabilité. C'était là ce qu'il lui manquait. Ce n'était pas difficile à voir car à chaque fois, ses tentatives retournaient à l'état d'eau. JE m'approchais alors d'elle à travers la brume, en silence. Soudain, je vis sa nouvelle tentative foncer droit vers moi. Instinctivement, je déclenchais un jutsu de ma composition, expulsant un chakra hyouton de mon cors, qui vint à la rencontre de l'eau et la gela aussitot. Le tout fut quasi stoppé net et tendant la main vers l'eau glacée, je la fis reprendre sa forme liquide, sous forme d'une boule que je faisait tournoyer en lévitation au dessus de ma main. Je la regardais alors avec intérêt. L'avait-elle fait exprès ? M'avait-elle repéré ? Non elle avait l'air surprise et confuse. Un accident. Je m'approchais alors d'elle avec mon nouveau jouet.

« Excusez-moi de vous avoir espionnée, mais je n'ai aucune mauvaise attention à votre sujet. J'ai été envoyé à votre rencontre par Mizukage-sama afin de vous aider à parfaire votre technique en vous prodiguant quelques conseils. Je suis Yuki, connu sous le sobriquet de Hyougaki Yuki, le génie des glaces de Kirigakure. »

Pour certaines personnes, j'aurai pu paraitre fanfaron, mais il n'était rien de tel. Ceux qui me connaissaient savais que je n'étais pas une personne intéressée et imbue de sa personne, au contraire. Si je m'étais ainsi présenté, c'est parce qu'elle était du village et qu'ainsi, si elle me connaissait, ça m'éviterait de devoir lui expliquer mes capacités et ma maitrise du Hyouton, et donc du Suiton et Fûton. Elle comprendrait donc pourquoi Mizukage m'avait choisi.

« Pour cette journée, je votre humble serviteur et même si ma voix, mon apparence, mes gestes et tout le reste portent à confusions, je suis un garçon. Je suis donc à votre service Hanae-san »

J'avais juste estimé qu'il était préférable de le lui faire savoir de suite car ça faciliterait les choses. Ça éviterait surtout qu'elle soit choquée en le découvrant par elle même et qu'elle en perde sa concentration. Autant la troubler de suite pour qu'ensuite, elle s'y mette une bonne fois pour toute car c'était la le secret de la réussite ou non.

La boule d'eau tournoyante toujours en lévitation dans ma main, je m'étais incliné respectueusement devant elle en lui offrant mes services. Je lui faisais désormais face, l'observant au travers des fentes visuelles de mon masque blanc aux motifs rouge écarlate. Libre à elle de m'accepter ou de me congédier.

« Hyougaki Yuki »

La Chuunin s'était excusé mais sa voix était dénuée d'émotions, tout comme l'était la partie visible de son visage. Elle me fit penser à moi. Mizukage-sama avait donc dû penser à moi à cause de cet aspect là. Peut être que notre chef avait pensé que je serai plus à même de traiter avec elle, vu que j'étais assez dénué d'émotions. J'étais juste l'incarnation du shinobi, un objet sans émotion qu'on utilisait à sa guise. Enfin... C'était vrai à ma création et ces derniers temps, je devenais plus humain, apprenant à écouter mon cœur... Si nous pouvions bien nous entendre elle et moi et peut être évoluer un jour sur une amitié quelconque un jour ou l'autre, pourquoi pas, mais si on ne s'entendait pas, cela ne m'aurait fait ni chaud ni froid non plus. Ça en compliquerait juste un le tout, mais après tout, ce n'était que ma mission, je me contentais d'obéir. Les sentiments, ce n'était que du bonus.

Elle avait accepté mon offre, mais posait un regard insistant sur la boule d'eau que je faisais tournoyer dans ma main. Je ne pouvais pas vraiment analyser ses pensées par ses expressions, mais je pouvais émettre des hypothèses. Les données étaient assez peu complètes et les possibilités trop vastes. Je décidais donc de lui expliquer le pourquoi du comment mais elle prit la parole avant moi, me demandant mes conseils par rapport à mes observations. Je marquais alors un temps de réflexion. L'explication au pourquoi de la boule d'eau était le meilleur choix. Je pris une profonde inspiration.

« Je vois que vous regardez cette boule d'eau dans ma main. Si je la tiens ainsi depuis tout à l'heure, ce n'est pour aucune autre raison que pour vous montrer ce qu'il vous manque pour votre jutsu. Je ne dis pas que vous pourrez faire ce que je fais car il vous faut combiner Suiton et Fuuton en simultané et ce n'est pas non plus pour vous faire complexer. »

Je regardais un instant la boule d'eau puis me refocalisais sur la kunoichi.

« Ce qu'il vous manque, c'est la stabilité. Vous arrivez à vous concentrer, votre maitrise du chakra est bonne mais il vous faut transcender cela. Vous devez réussir à vous extérioriser et faire en sorte de pouvoir maintenir le jutsu sans y prêter un réelle attention. Vous devez faire abstraction de tout doute dans votre esprit et oublier les lois élémentaires fondamentales. Votre pensée doit être la vérité absolue qui régit votre élément.»

Je marquais une petite pause.

« Je contrôle la boule d'eau depuis tout à l'heure alors que je vous parle. Je ne suis pas focalisé sur elle et pourtant elle ne flanche pas. Je peux courir, vous combattre avec mon sabre dans l'autre main, elle gardera cette forme et continuera de tournoyer ainsi. Pour votre jutsu, nous allons nous servir d'une simple boule d'eau pour moi du cercle pour vous. C'est parfait car vous faite apparaitre un cercle comme base pour votre jutsu. Vous allez vite assimiler mon exercice et je vous garantie qu'à notre séparation, vous maitriserez votre technique. Vous allez donc mettre votre jutsu de côté pour le moment. Je vous expliquerai étape par étape afin que vous ne soyez pas trop perdue. En premier, vous allez devoir créer un cercle d'eau comme vous l'avez fait précédemment, que vous maintiendrez en l'air. Partez sur les sceaux de votre jutsu car il sera difficile de la faire autrement. »

Je la regardais alors attentivement. Elle avait vraiment une bonne maitrise du chakra et cette étape serait une formalité pour elle. Mizukage-sama ne semblait pas la surestimer du tout. Elle avait un bon potentiel et j'étais honoré de pouvoir contribuer à l'épanouissement d'une probable future kunoichi de renom.

« Hyougaki Yuki »

La mystérieuse et jeune Chuunin de Kiri s'adonnait avec sérieux à cet exercice que je lui avais préconisé. Elle était peu loquace, mais cela ne me dérangeait guère. Dans ce village, rares étaient les gens enthousiastes. De plus, nous étions là pour son jutsu. Discuter ne serait que pure perte de temps.

Elle avait pris place sur l'eau et avait réussi à matérialiser le cercle une première fois, mais celui-ci était retombé, tout comme le deuxième. Le vent l'avait vraisemblablement déconcentrée. La troisième fois était la bonne. Après avoir sauté sur le sable ferme, elle réussit à maintenir son jutsu. Créer ce cercle n'était pas la difficulté la plus grande pour elle, j'avais pu le voir en l'observant à mon arrivée, c'était la suite. Mais grâce à ma nouvelle observation, je trouvais la source exacte du problème. Cette exercice était assez révélateur. Je me rapprochais alors d'elle et pris doucement la parole.

« Eh bien Hanae-san, je pense avoir trouvé exactement le problème et j'ai marqué une erreur mortelle. Pour ce qui est de la deuxième, c'est que vous fermez les yeux. En combat, si vous fermé les yeux pour vous concentrer, vous risquez d'y perdre la vie. Pour ma part, je n'aurai eu aucun mal à m'approcher de vous et vous menacer de mes armes. Vous devez toujours garder un oeil sur votre adversaire et cette petite faute nous emmène dans le vif du sujet. Vous vous laisser encore trop perturber par les éléments extérieurs. Peu importe que le vent souffle ou que la terre tremble. Vous devez être capable d'invoquer votre jutsu en toute circonstance. Parfois, vous devrez bouger pour esquiver une attaque ennemie. Enfin... »

Je concentrais le chakra dans mes pieds et fis un bond qui me plaça sur la surface de l'eau agitée. La sphère dans ma main ne cilla pas.

« Le secret pour le Suiton, c'est de ne faire qu'un avec l'eau. J'entends par là... Si vous voulez devenir une maitresse du suiton et non une utilisatrice basique. Il n'y a rien de mieux que de s’entrainer sur une eau aussi agitée. Je vous invite donc à venir me rejoindre. Votre tâche va donc consister à refaire la même chose, mais ici. Cette fois, vous devrez réussir, mais les yeux ouverts. Pour ce faire, vous allez procéder de la façon suivante. Premièrement, vous allez essayer de ressentir les mouvements de l'eau et les assimiler. Vous ne devez faire qu'un avec. Ensuite, quand vous l'aurez assimilée, vous ouvrirez les yeux et vous referez ce que je vous ai demandé de faire tout à l'heure, à savoir le cercle. Le secret, c'est la volonté. Vous devez imaginer ce que vous voulez faire, le visualiser parfaitement et l'imposer à votre chakra ainsi qu'au monde. Vous ne devez plus penser à ce qui est possible ou non. Vous êtes l'eau, l'eau est vous, vous en êtes la déesse et elle doit vous obéir coute que coute. Pas de questions à se poser, vous voulez, l'eau et votre chakra feront. Quand vous y arriverez, le ninjutsu suiton n'aura plus que comme limite, votre stock de chakra.»

Je laissais alors la sphère aqueuse se fondre dans l'étendue à mes pieds et je regagnais le rivage afin de pouvoir observer la jeune femme. Ce que je lui demandais de faire était assez difficile pour une personne normale, mais elle devrait y arriver sans problème. C'était une chose innée pour moi qui était possesseur du Kekkei Genkai Hyouton. Le suiton et le fuuton vivaient en moi. Pour atteindre mon niveau de maitrise, c'était ce que j'avais moi même fait. A présent, peu importe le ninjutsu, je l’intégrais assez rapidement en fonction de sa difficulté. J'avais hâte de voir comme elle allait s'en sortir. Il était clair qu'elle aurait encore du chemin à faire après ceci pour maitriser parfaitement le suiton, mais ça, elle pourrait le faire par elle même. Ce serait à elle de travailler afin d'atteindre et repousser ses limites et elle n'aurait pas besoin de quiconque pour ce faire.

« La première étape est la plus importante, prenez donc bien votre temps surtout. Ne vous précipitez-pas, Hanae-san. »

« Hyougaki Yuki »

J'observais la jeune kunoichi au visage semi-masqué avec un intérêt plus que certain. Elle s'appliquait, faisant de son mieux pour mettre en pratique mes conseils. Elle avait l'air d'être une personne sage, réfléchie et surtout respectueuse de ses ainés. Ici à Kiri, elle dénotait avec tous ces autres shinobis imbus de leurs personnes et trop fiers à mon goût. Je commençais à m'imaginer avoir un élève, pourquoi pas elle. Jusqu'à présent, je gardais mon savoir pour moi-même et ne le partageais pas avec les autres. Mes jutsu, j'essayais de les apprendre par moi même. J'observais attentivement les jutsu adverses et s'ils me semblaient intéressants, je tentais de les apprendre par moi même, ou mieux encore, d'en créer un équivalent Hyouton. Jusqu'alors, je n'avais jamais ressenti le besoin de partager ce savoir et avoir un élève... Voilà une idée qui m'était bien saugrenue. Elle me fascinait, elle m'envoûtait. Etait-ce là ce que Yagura-sama ressentait à mes côtés lorsque nous nous entrainions ensemble ?

Hanae-san parla et se mit à enchainer les signes. Visiblement, elle avait assimilé mes paroles et passait à la pratique. C'était plutôt rapide, mais cela ne m'étonna pas plus que ça. Elle semblait en phase avec cet élément et ma méthode n'était pas si difficile à maitriser pour une personne disciplinée et sachant maitriser son chakra un tant soit peu. Ses mains figées sur le mudra du tigre, elle maintenait un cercle d'eau en lévitation. Malgré les aléas du temps et du terrain, elle y était enfin. Elle passa à la suite et cette fois-ci, son jutsu sembla fonctionner. Le cercle se divisa en sphères, qui elles-mêmes se muèrent en aiguilles aqueuses qui tournoyaient sur elles-mêmes, puis qui fusèrent vers un point fantasque avant de se perdre dans l'étendue d'eau saline. Cette fois-ci, il me semblait que le tout était plus aboutit. Il lui restait juste la pratique et l’entrainement, mais au final, elle avait tout assimilé et beaucoup plus vite que je ne l'aurai cru.

La Chuunin de Kiri, et donc collègue, se retourna vers moi et je cru voir de la gratitude quelque part dans son regard brillant, qui jusqu'alors, m'avait paru plutôt sombre et impénétrable. Elle était trempée et je me sentais un peu coupable de ne pouvoir l'aider à se mettre à l'aise. Elle regagna le sable d'une démarche souple et gracieuse, qui collait bien à son physique.

« Merci... J'ai déjà fait beaucoup de progrès depuis votre arrivée. Je ne sais vraiment comment vous remercier. »

Elle semblait sincère, mais sa sollicitude me gênait un peu. Cela me mettait mal à l'aise car je ne pensais pas mériter autant de politesse. Après tout, je ne la connaissais pas à la base et c'était une requête spéciale de notre Kage. Il était vrai que je l'avais aidée à achever son jutsu et que tous ces conseils venaient de mon cœur, mon cerveau et mon vécu, mais ce n'était trois fois rien. Peut être qu'elle agissait ainsi car elle savait que j'avais la réputation d'être le chien de chasse du Yondaime Mizukage et que j'étais une personne glaciale. Ceci me titilla un peu. De ma voix neutre à laquelle j'ajoutais le plus de chaleur possible, je pris la parole.

« Eh bien ma foi, il n'y a pas de quoi, ce n'était que mon travail que j'accomplissais. Vous ne me devez strictement rien, mais si vraiment décider d'une chose vous rend service, alors j'aurai peut être une petite idée... Hormis mes frères Oïnin et ANBU ainsi que le Yondaime Mizukage, je n'ai pas vraiment pu nouer de liens avec des membres du village. Vous devez certainement connaitre ma réputation d'Oinin cruel et glacial je suppose car elle est sur toutes les lèvres partout où je passe en ville, et puis le fait que je vienne d'Oto n'y aide pas non plus. Ma seule requête, si vous me le permettez, ce serai simplement de faire plus ample connaissance avec vous et que vous me traitiez comme on traite une personne normale. J'aimerai pouvoir moi aussi connaitre les joies de se faire des amis ou non et tout ce que vous pouvez vivre dans une vie de personne normale si je puis ainsi dire. Tous ces ragots à mon sujets me pèsent vraiment...»

En parlant de personne normale, je faisais référence au faite qu'elle soit née d'un père et d'une mère et non issue d'un bocal d’expérimentations. C'était la première fois que je faisais une déclaration aussi directe et ouverte et ça me perturbait un peu. Malgré tout, je gardais confiance en moi.

« Hyougaki Yuki »

Ses yeux se posèrent sur mon masque et je crus y déceler un sourire. La jeune femme souriait-elle à mes propos ? Je remarquais alors pour la première fois depuis notre rencontre qu’elle n’avait pas un regard aussi sombre que je ne le pensais. Ses yeux étaient d’un bleu clair céleste qui se mariait harmonieusement avec sa chevelure laiteuse. Mes yeux suivirent alors la cascade qui déferlait de son cuir chevelu pour s’arrêter au niveau de ses chevilles. Sa voix résonna dans le creux de mes oreilles, me faisant ainsi la regarder de nouveau. Elle répondait de manière favorable à ma requête et ceci me déstabilisa quelque peu, même s’il était évident que cela me faisait plaisir. J’aurai cru qu’il y aurait eu un peu de réticence de sa part ou qu’elle accepterait de manière peu franche et qu’elle ferait semblant de jouer le jeu jusqu’à ce que nos chemins ne se séparent, comme je l’avais déjà vu plusieurs fois dans le village. Les gens avaient peur de moi qui suivais Yagura-sama quels qu’étaient ses ordres. Etant considéré peut être à juste titre comme l’un des plus cruels Oïnin de ce village et aussi comme une expérience d’Orochimaru-sama, je n’étais pas ce qu’il y avait de plus attrayant pour les villageois. Et puis il y avait ce je ne sais quoi de plus qui attisait encore plus les ragots. J’avais l’impression d’être le spectre d’une chose qu’ils avaient eu tant de mal à faire disparaitre. Etait-ce le fait que je ressemble à Haku ? Non… Je ne pensais pas que ce soit ça car ils ne l’avaient pas vu adolescent. Etait-ce lié à ses origines ? Possible. Il y avait ces histoires de clans maudits et autres. Ceux qui avaient des Kekkei Genkai n’étaient pas très appréciés ici après tout. Je me dis alors qu’un de ces jours, j’enquêterai à ce sujet, quand j’aurais le temps, mais surtout… Le jour où j’en aurais réellement le courage car aux vues de tout ce qui arrivait aux clans à Kekkei Genkai par ici, j’avais peur de ce que je découvrirais.

Hanae-san me dévoila son visage. Son visage était doux et innocent, celui d’une jeune fille. Elle semblait même trop pure et gentille pour être une shinobi, mais je ne pouvais la juger sur un simple aspect physique. Après tout, j’avais aussi une allure qui contrastait avec la réputation qu’on me prêtait. Mais pourquoi me montrait-elle ce visage qu’elle masquait ? Etait-ce un défi ? Je ne discernais aucune ironie ou quelconque mauvais intention chez elle. Il n’y avait, semblait-il, que de la franchise décelable sur son visage enfantin. Elle rajouta qu’elle n’était pas le genre de personne qui se fiait aux rumeurs, préférant se faire ses propres opinions. Je la dévisageais alors un instant durant. Je regardais ensuite autour de nous afin de vérifier que nous soyons bien seuls ou que je n’étais pas sujet à un quelconque genjutsu. J’hésitais. Devais-je lui montrer moi aussi mon visage ? Etait-ce une coutume de se présenter à visage découvert ou voulait-elle voir de ses propres yeux à quel point mon visage était fémininement innocent ? Peu importait au final. Mon visage était presque connu de tous, ou du moins d’un grand nombre, car en tant que garde du corps du Yondaime, j’avais dû à de nombreuses reprises apparaitre sans mon masque. Il était plutôt secret à l’extérieur du village et d’ailleurs, je tuais chaque ennemi à qui je le montrais. Je haussais les épaules.

« Eh bien ma foi, je suppose que je n’ai pas le choix...»

Je retirais alors mon second visage, ma seconde peau, pour de nouveau laisser apparaitre le visage que j’avais décidé de faire oublier des esprits de tous, ce visage que je ne voulais plus soumettre à de quelconques regards hostiles. Je détachais alors mon chignon laissant mes cheveux dévaler le long de mon dos pour finir leur course au creux de mes reins. Je secouais légèrement la tête et comme s’il me répondait, un vent se leva et vint s’emparer de ma chevelure noire, la faisant suivre sa course invisible.

«Je suis honoré que vous acceptiez aussi aisément ma requête, Hanae-san. J’en suis flatté. Je suppose que le fait que vous ayez accepté ma demande ne fait pas de nous de vrais amis, mais je ne suis pas habitué à ce genre de circonstances et je ne sais pas trop comment on se doit d’agir dans ces cas là. Devrions-nous nous poser tout un tas de questions embarrassantes ? »

Je m’étais exprimé de ma voix naturelle, à savoir froide, innocente et asexuée. Il était vrai qu’elle pouvait aisément induire en erreur en plus de mon visage, mais je lui avait déjà précisé mon sexe un peu plus tôt et de toute façon, je me disais que si je voulais être ami avec elle, je me devais d’être moi-même et sans artifice. Même si mes propos avaient exprimés mon réel et profond désarroi, mon visage, quant à lui, était toujours aussi impassible qu’à son habitude. Seul mon regard gris semblait trahir mes pensées profondes, fuyant tantôt à droite, tantôt à gauche, et accompagné par quelques mouvements de tête adaptés.

« Hyougaki Yuki »

Je pouvais noter une once d’hésitation sur le visage de la jeune femme. Il n’y avait pas de doute possible, elle était bel et bien dans le même cas de figure que moi. La situation devait la mettre mal à l’aise. Peut être qu’elle aussi n’avait pas l’habitude de se lier à des gens. Après tout, ce n’était pas une chose qui se demandait normalement. D’après ce que j’avais compris, devenir amis était une chose qui se faisait toute seule. J’avais déjà eu un ami personnellement par le passé, mais je n’en étais pas conscient à ce moment là. C’était lui qui me l’avait dit avant de mourir mais au final, je m’étais toujours considéré comme son objet, l’objet d’accomplissement de ses rêves. S’il ne s’était pas déclaré et ne m’avait pas demandé d’apprendre à écouter ce cœur qui battait en moi, faisant de moi une entité à part entière, peut être que je serai toujours une coquille quasi vide. Peut être que je n’aurai pas progressé aussi vite dans ma quête de personnalité unique et propre. Me différencier du mieux que je peux de Haku, non pas que j’ai honte de lui, mais plutôt que j’en avais ras-le-bol de n’être que son clone, voilà ce qui me faisait avancer. Mes rêves, ma vie, mon nindô, mon destin, tout, oui, tout ceci serait à moi et tout ceci, je le construirai de mes mains à moi et moi seul !

Je la dévisageais un instant. Si montrer nos visages était au gênant, pourquoi persister ainsi ? Après tout, nous serions éventuellement appelés à nous revoir. Je me repassais ses paroles en tête, comme si je voulais être sûr de les avoir bien intégrées et de ne pas répondre à côté. Tout en remettant mon masque, je pris la parole.

« Maintenant que nous avons vu nos visages respectifs, nous n’avons plus besoin de rester ainsi. Imprimons ces images dans nos esprits, après tout, si nous devenons amis, nous aurons certainement l’occasion de nous revoir sans cet attirail… »

Je marquais un petit temps d’arrêt, emprunt d’une profonde hésitation.

« Eh bien… Allons pour le tutoiement Hanae-chan. »

Je levais les yeux pour les poser sur le ciel que l’on distinguait à peine. Je balayais la zone du regard. La brume c’était levée sans vraiment que je m’en rendre compte. Nous étions donc là depuis un bon moment déjà. Le voile opaque et oppressant de notre contrée nous enveloppait de son manteau laiteux. Mes sens étaient tous en éveil, comme si mon instinct se préparait à un éventuel danger. Après tout, nous étions dans le village surnommé la Brume Sanglante. Ce nom n’était pas là pour faire beau. Entre massacres, guerres civiles, meurtres et autres, la brume en ces terres, qui autrefois était censée protéger le village et être l’alliée de ses habitants, en était devenue cauchemardesque. La mort y rôdait, elle y vivait, l’arpentant inlassablement, infatigablement, en quête d’une âme quelconque à faucher. Je ne la craignais pas cette brume, je l’avais apprivoisée, je la prenais à mon avantage. Après tout, l’assassinat silencieux était une de mes attributions principales. Je n’avais pas grandi dans cette contrée comme nombre de Kirijin, mais peu importait. Cette brume était mon domicile.

Je reportais alors mon attention sur la jeune kunoichi. Elle avait l’air vraiment si jeune et si frêle. Je me demandais vraiment pourquoi une personne telle qu’elle était ninja. Elle semblait si douce d’apparence, même si j’avais pu voir que son regard pouvait être celui d’une shinobi. Était-ce normal de lui poser des questions plus personnelles ? Je n’en savais rien, mais je n’y pouvais rien non plus à l’heure actuelle. Les mots s’étaient formés en un rien de temps dans mon esprit pour finalement dévaler et se frayer un chemin vers ma bouche qui les expulsa tout naturellement sans que je ne puisse prévoir quoi que ce soit.

« Pardonne-moi si cela te semble trop indiscret et direct… euh… Hanae-chan, mais… Comment dire ? Quelles sont les raisons qui te poussent à vouloir devenir forte ? »

Un Oinin apparut alors derrière moi et me chuchota quelques mots à l'oreille. Le Mizukage me demandait, il avait besoin de mes services pour une mission et c'était urgent. M'excusant platement, je pris alors congé d'Hanae-san en lui promettant qu'on discuterait un jour prochain si l'occasion s'en présentait. Un mûdra et dans un tourbillon de neige, je disparus quasi simultanément avec mon collègue.

« Hyougaki Yuki »