L'ombre d'un grand shinobi ~ Hebimaru

«Un pas de trop, une tombée vers l’enfer, j’ai franchi les limites qu’il n’aurait pas fallu, mais je ne regrette pas les chemins que j’ai empruntés, même s’ils s’avèrent sinueux.»

La folie d’un homme peut parfois le pousser à franchir les limites du non retour. Il y en a peu qui soit sombré dans cette face de la frontière, pourtant, aussi minime ce chiffre puisse être, il est suffisant pour commettre de grands dommages. Ce fut face à un homme de ce genre que celle qui prendra par la suite le surnom « d’Hebimaru » se retrouva un de ces jours brumeux de Kiri. Les paroles belliqueuses et enchanteresses de son futur hôte eurent tôt fait de l’obnubiler. Pourquoi ce vil serpent s’intéressait-il à une fille ordinaire telle qu’elle était à l’époque ? Elle croyait bien n’avoir rien de particulier et, pourtant, un gène précieux coulait dans ses veines. Cela, Orochimaru l’avait bien remarqué. Elle descendait d’une des lointaines branches du clan Kaguya et bien qu’elle n’ait jamais développé leur capacité des os, elle portait dans son sang un ADN très semblable au leur, ce qui représenta une occasion en or pour ce reptile qui la recueillait dans son repère. Kimimaro était mourant et se refusant à perdre une si précieuse qualité que la sienne, il comptait bien trouver un nouvel hôte pour accueillir son Kekkei… Et cette hôte n’était autre que cette jeune fille originaire du pays de l’eau. Mais bien qu’il désirait ardemment lui transmettre cette capacité, l’homme-serpent avait aussi d’autres projets pour cette enfant…

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L’obscurité planait sur le laboratoire maintenant abandonné du grand serpent blanc. Il y avait plusieurs mois déjà que personne n’y avait mis les pieds, mais pourtant, une âme y logeait encore, attendant patiemment qu’on la libère de son tombeau. Par delà les tables et les nombreuses étagères, au fin fond de la pièce sombre, à l’intérieur d’un grand tube dans lequel berçait un liquide transparent et visqueux ce tenait une silhouette nue, la tête penchée vers l’avant, camouflant son visage de ses longs cheveux noirs. Une jeune fille à la peau blanche et sans couleur se tenait là, semblant presqu’inerte. De longs tubes étaient reliés à ses membres, ceux-ci branchés à une machine qui la nourrissait et prenait ses signes vitaux. Une faible lumière l’éclairait de l’intérieur du cylindre où elle était enfermée, donnant un aspect mystique à la scène. Mais soudainement, le corps fut comme parcouru de spasmes, un puis deux, et ils s’enchaînèrent ainsi pendant un long moment. La jeune fille semblait comme animée d’un courant électrique qui la faisait bougée de façon irrégulière. Puis, comme s’extirpant d’une longue torpeur, elle s’agita violemment, semblant suffoquer, ses pieds et ses mains frappant contre la paroi de verre qui la retenait prisonnière. Les yeux toujours fermés, elle se débattit avec fureur, aucun cri ne semblant être en mesure de franchir ses lèvres. Elle avait la bouche grande ouverte comme si elle tentait vainement de hurler sa frayeur. La vitre du tube se mit à craquer sous ses coups, alors que des sons suraigus s’élevaient de la machine qui notait un pouls anormalement élevé. Au bout d’un moment qui sembla interminable pour l’adolescente, le cylindre finit par céder en milles morceaux et l’eau visqueuse se répandit sur le sol froid, alors que le corps de la jeune fille s’écrasa brutalement contre la pierre du laboratoire.

Elle resta ainsi immobile pendant quelques minutes à remettre ses esprits en place. Tout était flou dans sa tête et ses souvenirs brouillons. Rien de clair ne lui revenait en mémoire, il lui semblait pratiquement naître à l’instant présent. Pourtant, elle savait bien que ce n’était pas le cas. Sans doute le choc du réveil lui avait-il occasionné un léger trou de mémoire, rien de bien grave à se soucier pour le moment. La demoiselle finit par se redresser doucement sur les genoux, la tête toujours penchée vers l’avant. Sa chevelure gluante lui collait à la peau et son corps dégageait une odeur âcre dû au liquide dans lequel elle avait baigné. Combien de temps était-elle restée là ? Elle l’ignorait franchement. Relevant doucement son visage, elle fit apercevoir à travers ses mèches de cheveux qui retombaient devant son faciès une paire d’yeux doré dont la pupille consistait à une unique fente noire. Son regard brilla dans l’obscurité d’une lueur maligne. Les mains plantées contre le sol, elle se redressa tant bien que mal, faisant fi du fait qu’elle soit totalement nue. Un pas devant l’autre, elle avança tranquillement, prudemment, alors que ses jambes encore un peu molles peinaient à la tenir debout. Après plusieurs chutes et tentative de recommencement, elle arriva enfin à une table où elle put s’appuyer et reprendre son souffle. Son regard fut accroché par plusieurs parchemins déroulés devant elle. D’un geste un peu maladroit, puisqu’elle ne contrôlait pas entièrement ses mouvements, elle les feuilleta lentement, les survolant de ses yeux couleur or. Bien qu’elle ne comprit strictement rien à ce qui était écrit, elle parvint à capter quelques mots : «Projet Hebimaru», «Kaguya», «Sujet», «Expérience», «Capacité», «Transmission», «Résultat»… Ces petites parcelles de phrase ne lui apprirent que peu de choses sur son cas. Elle ignorait toujours qui elle était et pourquoi elle se retrouvait en cet endroit.

La jeune fille regarda autour d’elle un moment, analysant l’endroit pour tenter de savoir s’il lui rappelait quelque chose… mais non. Rien à faire, ce lieu ne lui disait absolument rien. Elle soupira bruyamment. Peut-être n’était-elle pas consciente lorsqu’elle fut apportée ici ? C’était une hypothèse comme une autre. Un sentiment étrange la prit cependant de l’intérieur. Elle sentait son sang bouillir en elle et une colère immense lui tordit l’estomac, faisant tendre ses muscles sous l’impulsion de la rage. Son regard changea brusquement, devenant sombre, une cruauté et un courroux certain brulaient dans ses yeux dorés. Ses traits doux s’étaient durcis, le sentiment l’emportait sur son contrôle. Une voix sembla résonner dans sa tête, celle d’un homme, une voix malicieuse qu’elle croyait connaître au fond d’elle-même, mais à laquelle elle n’arrivait pas à mettre un visage. Il lui disait de laisser libérer ce ressentiment, qu’elle ne devait pas le garder à l’intérieur d’elle. Son murmure lui déclarait de laisser couler la rage dans ses veines, qu’elle lui augurait une puissance non négligeable dont elle pourrait se servir pour abattre ses ennemis. Envahie par se marmonnement et l’émotion qui montait en elle, l’adolescente perdit les pédales et laissa libre court à la colère qu’il la submergeait. Quelques minutes plus tard, la jeune fille reprit conscience, revenant tranquillement à elle. Lorsqu’elle regarda autour d’elle, l’adolescente aperçut le laboratoire totalement dévasté et sans dessus-dessous. Elle aurait juré qu’un ouragan était passé dans la pièce dans laquelle elle se trouvait. Était-ce elle qui avait détruit l’endroit dans sa rage meurtrière ? Ses souvenirs étaient plutôt flous des dernières quelques minutes, comme si elle avait perdu contact avec elle-même et qu’une force extérieure s’était emparée de son corps et de sa volonté. Un peu épuisée, elle entreprit de visiter un peu ce repère qui était peut-être plus grand que ce qu’elle avait vu jusqu’à présent…

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La jeune fille était ressortie du repère à l’aurore, après avoir fait le tour, pris une douche et enfilés des vêtements trop grands qu’elle avait trouvés dans une chambre. L’endroit s’était révélé bien plus grand qu’elle ne l’aurait cru et il lui avait fallu une bonne heure pour en trouver la sortie tant ses couloirs étaient de vrais labyrinthes, à croire qu’on ne voulait pas qu’on se rende jusqu’à elle. Les lieux étaient totalement vide, elle était vraiment seule… Toujours troublée par son amnésie qu’elle ne pouvait expliquer, l’adolescente se mit à errer. Durant plusieurs jours, elle ne fit que marcher, redécouvrant un territoire qu’elle avait oublié, mais qu’elle avait pourtant jadis déjà foulé. La sensation était étrange, comme si elle était guidée par un instinct enfoui au fond d’elle. Elle voyageait sans savoir où elle allait, mais le chemin était malgré tout bien clair dans sa tête. Comment l’expliquer ? Impossible. Cette errance la mena après plusieurs lunes, dans le territoire d’Iwagakure, bien qu’elle ne le sache pas pour autant. La guerre était sur le point de députer, mais elle l’ignorait totalement. Elle allait se retrouver plonger au cœur d’un conflit qui la concernait plus qu’elle ne pouvait l’imaginer.

Lorsqu’elle s’arrêta pour monter un petit campement et se reposer, les montagnes rocheuses l’entouraient quasiment de toute part. Le décor était à couper le souffle. Tant dis que le soleil disparaissait dans l’horizon, l’adolescente s’assit en indien devant le feu crépitant. La fumée s’envolait dans le ciel, grise, étouffante, mais la chaleur des flammes était réconfortante. Fermant doucement les yeux, l’idée lui prit de faire une méditation pour tenter de recouvrer sa mémoire qui défaillait. Elle se concentra comme elle put, faisant le vide dans sa tête, mais plutôt que d’apercevoir des images pouvant l’aider à se rappeler, l’impression de ressentir une présence se dessina dans son fort intérieur. Il y avait quelqu’un à proximité ? Troublée, elle vint pour ouvrir les yeux, mais avant qu’elle n’ait pu réagir, la jeune fille sentit une pression sur sa gorge la soulever littéralement de terre à quelques centimètres du sol. Ayant de mal à respirer, ses mains s’empoignèrent autour du poignet de son assaillant, mais sans grand succès. Son visage devint rouge, alors qu’elle parvenait tout juste à distinguer les traits de celui qui l’étranglait, son regard s’embrouillant. Elle parvint à apercevoir le signe d’Iwa et le mot Nukenin s’imposa de lui-même à la vue du bandeau barré sur son front. Comment savait-elle qu’il provenait de ce village ? Comment pouvait-elle reconnaitre le symbole ? Elle l’ignorait franchement, elle le savait, tout simplement. Comme une notion acquise.

Un rire parvint à ses oreilles, puis quelques mots qu’elle ne put saisir. Elle avait l’impression qu’il tentait de lui broyer le coup d’une main, mais qu’il n’y arrivait pas. Ses os semblaient beaucoup trop solides pour que l’homme puisse les briser malgré sa force. La jeune fille sentit une hésitation dans son geste et elle put soudainement recommencer à respire, ce qui sembla déstabiliser son agresseur. La main toujours fermée autour du coup frêle de sa proie, elle se remettait à inhaler de l’air, sans même qu’il est relâché sa prise. Comment était-ce possible ? Il n’eut cependant pas le loisir d’y penser plus longtemps, car des éclats de voix à proximité se firent entendre. D’un geste violent, il frappa la jeune fille à la tête et celle-ci perdit brusquement connaissance avant de retomber au sol, inerte.

«Ce à quoi je ressemble aujourd’hui n’a aucunement lien avec ce que j’étais avant de mettre les pieds en ce sombre endroit…»

Une peau blanche comme la neige, une chevelure noire comme l’ébène et les lèvres rouges comme le sang… Non vous n’êtes pas dans un conte de fée. Bien que l’apparence de la jeune fille tienne presque de l’irréel, la délicatesse qu’elle dégage n’a d’égale que la cruauté qui peut l’assaillir par moment. Tant par son physique que par son caractère, vous la verrez devenir parfois une toute autre personne que vous aurez peine à croire qu’elle puisse être l’adolescente si élégante qui se présente à vous.

U.C.