The Wrath of the Goddess [Pv Sasuke]

La belle, la douce, la déesse, celle qui visite vos tendres rêves, nommez-la comme vous le souhaitez, comme vous le désirez. Cette femme était et est l'une des merveilles les plus magiques de ce monde. Sa beauté, sa présence, son charme ainsi que son expérience ne possèdent aucun égal. Cette déesse on pouvait facilement la comparer avec une ... fleur. Belle, gracieuse et délicate, sa beauté fleurit sous les flammes du soleil levant. Comme beaucoup d'autres fleurs, elle dégage un doux parfum si envoutant, sa peau est lisse à l'image de la soie. Dans leur jeunesse, les fleurs sont resplendissantes, elles débordent d'énergie, puis de lumières. Elles deviennent quelque chose de bien et de désirables. Elles ont , sans douter, de belles qualités et leurs défauts les rendent mignonnes à croquer. Malgré elles, les fleurs finissent par grossir, elles prennent de l'âge ainsi que de la vieillesse, elles perdent tranquillement leur beauté. Elles flétrissent, elles se fanent, ensuite elles aboutissent à la mort, se transformant en un amer cadavre qui terminera sa course en un ta de déchets organiques et puants. Finalement, même si elles possèdent une petite tâche différente qui pourrait bien les différencier des autres jolies pousses, elles sont toutes identiques. Elles sont des choses éphémères, faibles... Des choses que l'on peut BRISER, DÉTRUIRE, DÉCHIRER avec plus ou moins de facilité ! Quelle importance ? Certaines fleurs se montrent plus résistantes et plus fortes que d'autres, malheureusement ça en revient au même ! En effet, nous n'avons qu'à enfoncer nos outils plus profondément dans leur corps pour ensuite les déraciner à la source même. Les fleurs sont les femmes, les enfants ou encore certains hommes. Ce sont des choses inutiles, bavardes, elles nous trompent grâce à leur beauté rayonnante. Mais en fait, elles sont un poids trop lourd pour la société, pour le monde, notre monde à tous. Nous devons les éliminer sans faire preuve de pitié. LA PITIÉ N'EST BONNE QUE POUR LES FAIBLES ! Ceux qui éprouvent ce sentiment ne sont que bons à crever avec les autres. Voilà la mentalité d'une déesse, la mentalité d'un être noble et supérieur en tout point ! La vérité vue de face, la vérité qui allait bientôt se produire, parce qu'aujourd'hui, oui ! Le monde souffrira de sa colère ultimement divine.

La belle immortelle âgée de dix-huit ans depuis maintenant quatre-vingt-cinq ans arpentait les forêts du pays du feu, toujours accompagnée de son fidèle compagnon Pépite, l'effrayant démon mangeur de chocolats. Nëssa sortait des sources chaudes, malgré le fait qu'elle ne s'attendait pas à recevoir de la compagnie, elle avait plutôt apprécié la présence du ninja copieur. Il possédait quelque chose d'intriguant, d'attirant. Elle espérait le revoir un jour ou l'autre puisque leur discussion assez conviviale ne s'était pas terminée. De plus, Pépite semblait s'être fait une nouvelle amie ; une jeune kunoichi brune. Elle ne savait rien sur elle, mais elle piquait assez bien sa curiosité. Peut-être que l'avenir allait les réunir une prochaine fois, peut-être plus rapidement qu'on ne le songe. Sans parler de la présence de l'Hokage, comme si le poste de kage du feu était si ennuyant qu'on avait le temps et l'envie d'aller se perdre dans des sources chaudes complètement paumés. Au beau milieu de la forêt, la kunoichi à l'aura sombre comme les gouffres de l'enfer s'arrêta, elle posa les pieds par terre suivis de près par le tigre docile. Ses pupilles sanglantes se fermèrent alors que la brise lui soufflait au visage faisant virevolter sa longue chevelure angélique.

L'atmosphère devint soudainement sombre et ténébreuse, de multiples particules de chakra noir commencèrent à se faire percevoir au sein de cette forêt. Aujourd'hui marquait une journée spéciale pour la demoiselle. Oui, parce que c'était un anniversaire particulièrement distinctif. Un anniversaire ? En effet, à partir de maintenant, ça faisait désormais une année supplémentaire que Nëssa avait exterminé involontairement tout son clan, sa famille, les gens qui prenaient soin d'elle depuis sa naissance. Les années passèrent, ce crime lui paraissait si loin, mais elle en vivait encore de douloureux remords. Il essayait tout pour oublier cette période fatidique de sa vie, néanmoins elle n'arrivait à rien. À chaque année, elle se remémorait ces instants brutaux et elle en perdait toujours contrôle comme si ses émotions explosaient telle une bombe à retardement. Finalement, les yeux de la belle s'ouvrirent, son regard devint noir de haine en parfait mariage avec son éternelle tristesse, du chakra noir s'évaporait de son corps. Elle était bouillonnante. La femme réalisa un pas, puis deux, elle se stoppa devant un grand arbre centenaire. Doucement, l'une de ses petites mains fines se posa sur l'écorce de celui-ci. Quelques secondes plus tard, le feuillage de ce géant commençait à se flétrir, et peu à peu les feuilles tombèrent en effectuant une gracieuse glissade au mouvement de la folie du vent sur la terre ferme. Hâtivement, ce fut les écorces qui tombèrent, ensuite la structure du bois elle-même qui se pourrissait de l'intérieur. Pas trente secondes plus tard, cet immense ancêtre de sa race s'était métamorphosé en un paquet de composte aussi néfaste pour la nature qu'un déchet nucléaire. Le regard vide de la dame se tourna en direction de la créature féline, Pépite. Un sourire malsain se dessina à la vision de la bête, elle s'approcha à pas de loup de son compagnon tandis que le corps de la belle débutait sa sinistre transformation. Son enveloppe charnelle était si recouvrée de chakra qu'on ne percevait plus la moindre couleur de peau, seuls ses yeux rouges comme le sang coulant dans ses entrailles s'éclairaient parmi ces ténèbres contagieuses. Une longue paire d'ailes noires se faufilait derrière son dos ; on aurait presque dit Satan lui-même tant que cette chose dégageait une puissance écrasante, insupportable pour le commun des mortels. D'une poigne, une seule, elle souleva de terre le pauvre tigre comme un vulgaire petit jouet. Pépite pesait plus de 300 kilogrammes, mais cela ne semblait nullement déranger la Maîtresse qui n'éprouvait aucun mal à le soulever. Ce fut dans un élan surhumain combiné avec la rage sans fin qui l'habitait, qu'elle propulsa la pauvre créature à plus d'une vingtaine de mètres, non loin de là. La suite de l'histoire, vous la connaissez certainement.

Le soleil commençait à regagner sa place tandis que la nuit s'installait à bon rythme. Assise sur la tête de Madara, elle contemplait sereinement la forêt située derrière la statue d'Hashirama Senju ; elle brulait de tous ses feux. Son oeuvre... Pépite n'allait pas tarder à revenir, lui aussi avait été victime de la colère de Nëssa. Essayant tant bien que mal de faire le vide de son esprit, elle restait calme. Son aura se stabilisa, de retour à la vie « normale ». Bientôt, elle ne serait plus seule dans sa haine mordante.


...

L’être humain est d’une nature complexe, inchiffrable. Il existe une multitude d’attitude, de traits qui peuvent caractériser ces mammifères bipèdes dépourvus de fourrure. La personnalité, on pouvait dire que certains se ressemblaient, mais tous sont uniques, tous ont un petit plus qui fait que personne ne peut être l’exacte réplique d’une autre, que se soit physiquement ou psychologiquement. Voilà pourquoi il y a des guerres, voilà pourquoi en arriver à une entente par des mots, par la négociation est si difficile, pratiquement impossible. L’appât du gain est fort, l’appel de la puissance l’est tout autant. L’égoïsme aveugle les hommes et les femmes de ce monde. La souffrance est partout, est présente dans chaque cœur qui bat. L’amour et la haine, ces deux seules émotions peuvent détruire quiconque, peuvent entrainer la vengeance et son cercle vicieux. Alors que certains cultivaient ce cercle, d’autres le condamnaient. Mais pour qui se prenaient-ils, à décider ce qui était mal et ce qui était bien? Ces notions sont floues, non définissables avec précision. Avec le système féodal, avec les ninjas, il était d’autant plus ardu d’en arriver à tracer une ligne entre le bon et le mauvais. Pour l’alliance actuelle, Uchiha Sasuke faisait parti des êtres vils, de ceux qui ne méritaient plus de continuer de vivre. Pourquoi? Pourquoi ses mains étaient désormais si tâchées de sang? Était-ce si mal que de vivre selon ses convictions, selon ses propres règles? Il n’était encore qu’un adolescent, à qui il était arrivé de terribles évènements, qui avait traversé une dure épreuve que peu ont à vivre au cours de leur misérable existence. Après avoir découvert la vérité, quoi de plus normal qu’il cherche réparation! Les personnes capables de le comprendre étaient rares, mais il savait où aller pour les trouver. Bientôt, oh oui bientôt… son châtiment s’abattrait sur toutes ces merdes qui osaient rire plutôt que de pleurer!

Aujourd’hui, ses projets s’étaient réellement mis en branle. En effet, après sa récente rencontre avec Karin et Yuki, Sasuke pouvait admettre que ça allait plutôt bien pour lui. Il lui restait une pièce maîtresse à revoir, à confirmer ses intentions à son égard. En effet, le jeune ténébreux était parti de son côté, seul, afin de retrouver cette mystérieuse femme aux allures angéliques, mais qui dégageait cette aura de puissance, cette aura de ténèbres qu’il recherchait tant, qui le faisait vibrer. L’adolescent aux cheveux de jais ressentait un tel attrait envers elle, il se doutait bien pourquoi son ancêtre avait fini par la faire sienne. Par contre, le dernier héritier de son clan ne voulait pas s’approprier la belle, il désirait au contraire une vraie collaboration, une relation saine, sur laquelle il pourrait se reposer. Oui, au moins avoir une attache dans ce monde, une seule, qui maintiendrait son équilibre précaire. C’était un gros risque, mais il était prêt à le prendre. En serait-il de même pour Nëssa? Le nukenin de la feuille espérait que oui, mais il avait bien remarqué que cette beauté est d’une nature volatile, plutôt distante comme lui. Heureusement, malgré ça, tous deux avaient créé un lien fort. Du moins, c’était ainsi que le ressentait l’Uchiha, très personnel comme impression. Peut-être se trompait-il lourdement, mais cela, il ne tarderait pas à le savoir. En effet, en ce moment même, l’ex-porteur du sceau maudit d’Orochimaru suivait une piste qui le mènerait assurément devant cette personne qu’il voulait tant revoir. Seul sur les frontières du Pays de Feu, Sasuke avançait à vive allure.

À mesure qu’il progressait, le bel adolescent pouvait ressentir une oppression, pouvait ressentir l’ambiance de la nature qui changeait lentement. Ce chakra sombre, ces ténèbres aguichantes qui le faisaient frissonner d’envie… il les connaissait. Oui, nul doute, sa mémoire ne pouvait pas lui jouer de tour à ce sujet. Alors c’était aujourd’hui qu’il la revoyait enfin, cette femme qui l’avait tant marqué lors de leur seule et unique rencontre. L’Uchiha se souvenait de tout, absolument tout, que se soit de l’apparence angélique de Nëssa, des gestes posés mais aussi des impressions qu’il a eu, des sentiments qui l’ont traversé de part et d’autre. Cette kunoichi l’avait touché, l’avait marqué, elle ne pourrait plus jamais se défaire de lui. Comme jamais il s’était laissé apprivoiser, il avait mis de côté sa haine, sa rancœur, sa fierté pour ne montrer que sa souffrance, que ce poids qu’il portait au fond de son cœur. Seulement, cette fois serait différente de la dernière. Elle constaterait à quel point la haine l’avait ravagé, l’avait changé. Sa vengeance le consumait, il n’était plus le même et ne le serait probablement plus jamais. C’était fini les larmes, les lamentations, les sentiments inutiles. Peut importe ce qui se passerait entre eux, Sasuke se promit de rester stoïque. Pleurer ne servait à rien, ça ne ramenait pas les êtres chers et ça n’accomplissait pas des meurtres, ne répandait pas le sang qui devait et méritait d’être versé. Une perte de temps, voilà à quoi cela se résumait et il n’en avait pas à gaspiller ainsi. Avec la menace de présente de l’Akatsuki, les projets que Tobi avait dévoilés durant le sommet des Kages, semer le chaos était le meilleur moment qui soit. Mais pour cela, il avait besoin de gens puissants à ses côtés, de gens qui avaient un potentiel destructeur comme le sien, qui vibrait au rythme des cris et du sang. Il croyait avoir déniché la personne idéale pour cela.

Il approchait de sa destination à vive allure. Ses informations, pour le moment, semblaient exactes. Il ne lui restait que peu de chemin à parcourir avant d’en être certain. Elle était là, enfin. La piste qu’il avait suivi l’avait bel et bien conduit à cette femme qu’il recherchait tant. Assise sur la tête d’Uchiha Madara, le co-fondateur de Konoha, sa longue chevelure blanche ne laissait pas de doute quant à son identité. Uchiha… Sasuke ne comprenait pas ce qu’elle trouvait tant aux membres de son clan, surtout en ce Madara. Piquer les yeux de son cadet… Bon, il était vrai que les informations qu’il avait sur cet homme étaient minimes, et certaines provenaient de son aîné, Itachi. Peut-être lui avait-il aussi menti sur le compte de son ancêtre. Ce n’était pas une option à écarter. Bref, Nëssa se trouvait devant lui, de dos. Nul doute qu’elle l’avait déjà senti arriver, que sa présence ne serait pas une surprise pour elle. Ça le confortait donc de savoir qu’elle avait attendu là, qu’elle n’avait pas fuit en ressentant son chakra. La discussion serait ouverte et qui sait où cela mènera. L’adolescent ne souhaitait qu’une chose : arriver à rester maître de lui. De toute façon, il avait tant changé depuis leur dernière rencontre. Sa première vengeance était accomplie, mais qu’est-ce qu’il la regrettait maintenant! Sa haine était plus forte que jamais, résolu, il avançait sur un chemin sans lumière. S’il avait une certitude, c’était que sa future interlocutrice progressait à travers la vie comme lui. S’approchant, le jeune ténébreux rabattit sa capuche. Il ne voyageait jamais sa cape. D’ailleurs, après le combat à Kumo, il fut contraint de la changer. Celle qu’il portait n’avait donc aucune imperfection, pour l’instant. Ses pas s’arrêtèrent alors que lui aussi se retrouva perché sur l’imposante statut à l’effigie du co-fondateur du village de la feuille.

-Nëssa.

Sa voix grave avait retentit dans la vallée. Le bruit de la grande cascade d’eau l’avait presque recouverte tellement il ne parla pas fort. Il n’avait pas de raison de crier. La présence de la kunoichi l’apaisait, calmait légèrement son goût du sang, de meurtre, de vengeance. Ses idées sombres se taisaient dans un coin de son esprit pour se concentrer uniquement sur ce qui allait se jouer maintenant. Stoïque, personne ne pouvait prédire ce qui allait sortir d’entre ses fines lèvres.

-Je suis content de te revoir, avoua-t-il d’une demi-voix, digne d’un murmure.

L'existence de Nëssa n'avait été qu'un minable retournement de situation comme on en voyait trop souvent. Son histoire paraissait des plus banales lorsqu'on y songeait davantage dans les profondeurs de celle-ci. Finalement, elle ne possédait rien de vraiment particulier, de son point de vue bien entendu. Oui, parce que pour plusieurs personnes, plusieurs de ses connaissances plus ou moins intimes, la dernière représentante des Eikaeiën avait quelque chose de spécial, un atout qui la démarquait des autres fleurs, des autres humains foulant cette terre. On la considérait même comme une légende vivante dans certains cas. C'était dans des moments comme celui-ci où la belle demoiselle philosophait sur les éléments qui pouvaient éventuellement la rendre plus intéressante aux yeux des hommes, des femmes ou encore pour ceux étant assoiffés de pouvoirs ainsi que de conquêtes éternelles. D'un certain côté, ça la divertissait assez bien de dénicher pourquoi on était si attiré par sa petite personne, elle, qui avait commis plus de crimes que de bonnes actions tout au long de sa vie. Décidément, ce monde était dingue, fou ! Les individus s'intéressaient davantage aux forces du mal qu'à celles du bien. Voilà une partie de l'humain plutôt intrigante. Cependant, elle se demandait pourquoi la conquête du pouvoir et de la puissance s'associait généralement au mauvais côté de la force. Était-ce péché de désirer devenir une personne complète, parfaite et indestructible ? Non, la kunoichi croyait passablement qu'il s'agissait d'un prétexte, de la jalousie éprouvée par les autres entités inférieures et faibles. Celle d'être incapable de devenir ce qu'on souhaitait au plus profond de notre âme. Alors, sur quoi se rabaisser ? Le physique, l'image directe que l'on envoie aux autres pupilles ? Le physique parfait et aguicheur de la dernière utilisatrice de l'art des ténèbres avait de quoi à faire succomber n'importe quel être humain, mâle ou femelle, sans aucun doute. Néanmoins, tout cela était-ce réellement suffisant ? L'enveloppe charnelle parlait beaucoup pour le regard d'autrui, mais cela attirait surtout la faiblesse et les émotions. Non, le physique ainsi que les charmes ne possédaient pas leur place dans l'univers des shinobis. Ce n'était qu'un faux écran, un mur de fumé parmi tant d'autres. Une sorte de puissant genjutsu inesquivable... Après tout, la beauté n'était-elle pas plus qu'un simple et égoïste maquillage ? Nëssa avait du mal avec l'idée de s'intéresser à quelqu'un rien que pour l'illustration dégagée. La matérialiste était un très vilain défaut à éliminer.



Alors, la seule réponse restante était la puissance. Dorénavant, tout se montrait clair et net. Grâce à son éclair de génie, la demoiselle à la chevelure opalescente venait de comprendre pourquoi elle était un objet si désiré... L'entièreté des rencontres pertinentes de son existence reposait uniquement sur ses pouvoirs. Il semblait n'y avoir que cela, qui comptait, en fait. Madara s'était intéressé à elle la première fois à cause de son imminent potentiel. Avalerion avait terminé par lui accorder une certaine forme de respect suite à ses nombreuses évolutions sur l'immense échelle de la conquête du pouvoir. Lors de leur rencontre, Itachi était intrigué sur le fuinjutsu de la kunoichi, Pépite. Sasuke, le jeune survivant du clan Uchiha, paraissait avoir été bel et bien charmé par l'aura ténébreuse que la beauté dégageait dans l'atmosphère. Le sannin légendaire de Konoha, Orochimaru ainsi que son apôtre, Kabuto, ils la pourchassaient également. Comment savait-elle tout cela ? La réponse à cette question était simple... Il y a quelque temps déjà, l'utilisatrice des ténèbres avait fait une rencontre hasardeuse avec un jeune shinobi du pays de l'eau, un jeune homme qu'elle décida d'épargner par des raisons bien précises. En effet, elle eut l'occasion de lire dans les pensées de l'utilisateur du hyouton. Dorénavant, elle comprenait tout et le sinistre destin de cet homme la perturbait plus ou moins. À vrai dire, la belle croyait qu'elle n'aurait pas dû lui laisser la vie sauve. La peur des changements et qu'on lui perturbe son équilibre l'abritait toujours. Elle n'avait besoin que d'un seul et unique homme dans sa vie et celui-ci lui manquait affreusement. Sans lui, elle se perdait petit à petit... Peut-être que Nëssa avait atteint un âge où tout devient soudainement si complexe et chiant. Lorsqu'on avait 103 ans, la tête se trouvait sûrement dans un autre monde... Non ! Mais quelle connerie de penser ainsi ! Nëssa était trop authentique et trop parfaite pour sombrer dans les abysses de la vieillesse, une tyrannie indomptable. Ces mots-là ne l'avaient jamais affectée, et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait se plier face à ce démon capricieux ainsi que vicieux. Ce genre de pensées la dégoutait amèrement !



Le regard levé vers le ciel éclairé par la pleine lune, la belle kunoichi calmait ses sens, suite à ce méchant malentendu qui se produisait toutes les années. Soufflant un bon coup l'air frais de la nuit, Nëssa se demandait qu'est-ce que l'avenir lui réservait, encore une fois. L'habituelle routine continuait sa route malgré tout, elle commençait même à songer qu'un peu de changement dans son existence pourrait lui faire un plus grand bien. Peut-être qu'un nouvel entrainement spécial l'aiderait à oublier ce qu'elle déteste, lui procurer une vision du monde neuve et fraiche. Un gain de puissance, mais pas à des fins malsaines, pas pour rechercher à dominer le monde ou autres. Non, elle souhaitait seulement retrouver un équilibre de sa personne afin qu'elle puisse davantage se concentrer dans ses projets personnels dans un futur proche. Avalerion... Voilà le nom qui lui vint en tête à l'instant même. Selon son estime et ses propres expériences, cet oiseau flamboyant était certainement le seul être vivant encore capable de lui enseigner quelque chose de sage. Avec les années, la dernière survivante des Eikaeiën avait réussi à obtenir la confiance ainsi que le respect de ce volatil sacré. Néanmoins, elle savait qu'il pouvait se montrer difficile et arrogant. Il refuserait sans aucun doute de lui dévoiler les intimes secrets de sa lignée, encore moins l'art d'utiliser l'énergie naturelle. Nëssa devait créer un plan pour tenter de le convaincre. Enfin de quoi l'occuper pendant un long moment.



Vêtue d'une longue cape noire à capuche baissée, ce vêtement camouflait par la même occasion ses généreuses formes, mais c'était également significatif. Ce genre d'habillement en disait long sur son état d'esprit actuel... La kunoichi ressentait cette source de chakra s'approcher d'elle. Sans douter une seule seconde, elle appréhendait déjà qui se cachait derrière cette aura de haine extrême. Sasuke dégageait quelque chose de beaucoup plus noir et sombre que la fois où ils s'étaient rencontrés, il y a quelques mois de cela. La belle se souvenait de ce jeune homme comme si ça datait d'hier. Les pupilles mi-closes et assise sur la statue de son éternel amour, elle l'attendait sagement. Ce ne fut que plusieurs minutes plus tard que Nëssa entendit les paroles du dernier des Uchiha. Maintenant qu'il était plus près d'elle, la demoiselle venait de constater à quel point son aura s'était métamorphosée. Avant, elle ressemblait fort bien à celle de Madara, mais là c'était exactement la même. Cette conclusion eut l'effet de la perturber. Dos à lui, elle hésita quelque peu à prendre la parole, mais finalement elle ouvrit la bouche : « Sasuke, tu n'es plus le même et tu dégages quelque chose de très chaotique. Que s'est-il passé ? » , dit-elle d'une voix juste assez forte et suave pour que celle-ci vienne chatouiller doucement les oreilles de son interlocuteur. Elle ne le vouvoyait pas comme la dernière fois, toutefois ses mots ne manquaient pas de tendresses envers lui. Nëssa ne désirait pas le brusquer avec toutes ses questions soudaines ni lui faire peur et encore moins lui faire penser qu'elle portait un jugement négatif sur la personne qu'il était devenu, certainement suite à une série d'événements plus troublants les uns que les autres. Après tout, elle était à coup sûr la personne la mieux placée pour savoir qu'est-ce que c'était réellement la souffrance.



Lentement, la femme se releva afin de faire face à Sasuke. Son regard intrigué croisa celui du jeune Uchiha. Elle n'avait pas peur des pupilles des membres de ce clan, parce qu'elles lui inspiraient plus l'amour que la mort. Décidément, Nëssa était bel et bien la seule personne peuplant cette planète qui ne craignait pas le sharingan. « Qu'est-ce qui t'amène à moi, Sasuke ? » , questionna-t-elle, toujours sur le même ton de voix doux et calme. Malgré ses apparences sereines, son regard mentait, s'en était même trop évident. On pouvait facilement y lire une sorte de souffrance, assurément à cause des précédents événements. Son existence manquait cruellement d'aventures. « Dit-moi tout... », ajouta-t-elle.



Un léger courant d'air souffla entre les deux puissants shinobis tandis que l'on pouvait encore entendre le brasier bruler, non loin de là. La nuit était idéale pour ce genre de rencontre prometteuse...

...

Enfin, Sasuke sentait qu’il progressait dans sa voie de ténèbres, il sentait que sa justice s’abattrait sur ce monde. Comment pourrait-il en être autrement? Si Konoha ne payait pas, cela signifiait inévitablement qu’il était mort, parce que jamais il ne leur pardonnerait, jamais! S’il avait réussi à pardonner Itachi, il ne le pourrait pas pour les instances dirigeantes qui avaient choisies de prendre de telles mesures drastiques. Une tâche noire aussi grosse, on ne pouvait pas la cacher longtemps. Bientôt, le monde entier serait au courant de ce qui est arrivé à son clan, mais aussi de la façon qu’il avait demandé réparation, de la façon que sa justice était venue à eux. Lentement, mais sûrement, tout se mettait en place. Suffisant que le destin ne se foute pas de sa gueule une fois de plus pour que tout aille selon son bon vouloir. Mais le jeune ténébreux croyait que peut importe ce qui se passait, la feuille ne resterait pas indemne bien longtemps. Un jour ou l’autre, le karma leur retomberait au visage et ce jour-là, il regarderait la scène et en jubilerait. Son frère n’aurait pas eu cette double vie de merde pour rien, ça non! Même si le principal concerné ne serait sans doute pas d’accord avec les actions que le cadet Uchiha allait entreprendre sous peu, même s’il renierait probablement Sasuke pour ça, l’adolescent s’entêtait à garder le cap qu’il avait délibérément choisi. Personne ne pourrait le faire changer d’avis, personne… encore moins maintenant qu’il avait retrouvé la kunoichi qu’il voulait à ses côtés, cette femme qui le comprenait, qui partageait sa souffrance, qui savait ce que c’était que de perdre des êtres chers. Il venait tout juste de lui avouer qu’il était content de la revoir, l’avait-elle compris? Avec tout ce bruit environnant, la chute, les flammes étranges qui brûlaient aux alentours… Était-ce Nëssa qui en était l’auteure? C’était le plus vraisemblable. D’ailleurs, Sasuke remarqua à ce moment que l’imposant tigre blanc qui l’avait tant apprécié la dernière fois n’était pas dans les parages. Qu’avait fait la belle aux yeux écarlates avant son arrivée? Dans quel état d’esprit se trouvait-elle? Dérangeait-il en débarquant ainsi? Il ne tarderait pas à le savoir. Un long silence plana quelques instants après les premières paroles de l’Uchiha. Heureusement, l’unique descendante Eikaeiën ne le laissa pas attendre trop longtemps. Toutefois, comme d’habitude, ses paroles résonnèrent dans son esprit, ne sachant pas comment les interpréter.

-Chaotique? confirma-t-il d’un ton légèrement surpris.

Non vraiment, il ne savait pas comment il devait prendre cette affirmation. Était-ce un jugement ou simplement un fait? Il savait que ce qu’il dégageait à présent était bien plus sombre qu’autrefois, que les ténèbres cohabitaient parfaitement dans son cœur, mais n’était-ce pas supposé plaire à la belle devant lui? Il ne savait pas comment interpréter ces paroles, surtout que Nëssa lui faisait toujours dos, alors il n’avait pas accès à son visage, ni à une quelconque réaction pour le pister. Que devait-il répondre à ça? En même temps, le détenteur du sharingan avait une tendance à tout mal prendre, à se montrer particulièrement susceptible et colérique quand les gens le jugeait trop rapidement, mais il se conforta seul que la kunoichi face à lui n’était pas le genre de femme singulière à le juger pour si peu. C’est donc en pensant ainsi qu’il débuta sa réponse.

-C’est plutôt ma haine, elle est si grande… répondit-il, le ton grave, la voix basse, ne présageant rien de bon.

Il marqua alors une pause. Se fut à ce moment que choisit la belle au teint pâle pour se relever, mais aussi pour enfin lui faire face. Instantanément, leurs iris avides se croisèrent, restèrent accrochés l’un à l’autre comme des aimants. Sasuke avait toujours son air impassible peint au visage. Pour l’instant, il arrivait à maitriser la situation, mais pour combien de temps encore? Ça, il ne saurait le dire, parce que Nëssa avait un don contre lui, celui de l’accouder au pied du mur avec ses questions toutes plus déroutantes les unes que les autres. S’il n’avait pas su comment réagir à la première affirmation de son interlocutrice, cette fois, lorsqu’elle le questionna ce qui l’amenait à elle aujourd’hui, les idées se bousculaient dans sa tête tellement il avait de choses à dire, à lui répondre. Lorsqu’elle l’encouragea d’avantage, lui demanda de tout lui dire… il ne sut comment s’y prendre, comment commencer. Les mots n’étaient pas son fort, la plupart du temps, il était rude, il était froid, ne parlant pas vraiment de lui-même, encore moins de son vécu. Les rares fois où il l’avait fait, ça finissait toujours mal, d’après lui du moins. Sans mettre de l’ordre dans ses idées, il parla comme ça venait, ne se censurant pas. L’adolescent estimait que cette femme le comprendrait et le soutiendrait, peut importe ce qui pourrait sortir de sa bouche. Il espérait simplement maintenant qu’il ne s’était pas trompé sur son compte.

-Je sais tout…, débuta-t-il dans un murmure. Je sais tout Nëssa! scanda-t-il ensuite.

Ses iris avaient changé, devenant rouges sang, ornées de trois tomoes. Sous le coup de l’émotion, de sa haine et de sa colère, son sharingan avait fait son apparition. Néanmoins, ce n’était nullement dirigé vers Nëssa. Son sentiment de rage, de haine pure, ses envies de massacre, ce torrent d’émotions dévastatrices qui avait éveillé son dojutsu était orienté contre une seule cible : son village natal. Pour la toute première fois, Sasuke s’ouvrirait, avouerait cette vérité qui lui faisait terriblement mal, qui le faisait encore plus souffrir que la fausse traitrise de son défunt aîné. L’utilisatrice des ténèbres serait la seule à l’entendre de sa bouche, à tout savoir sans que ce ne soit un autre que lui qui ne le lui dise. Cette femme était la plus à même de le comprendre, de saisir toutes la subtilité des changements qui s’étaient faits en lui. Avec ses explications, avec cette vérité poignante au visage, nul doute qu’elle l’épaulerait, qu’elle le maternerait et ne pourrait que l’appuyer dans ses démarches. C’était là son espoir aussi. Le ténébreux ne désirait pas s’ouvrir en vain. C’est ainsi que tomba le rideau sur la vraie nature de Konoha.

-Le génocide du clan, commença-t-il doucement, c’est Konoha qui l’a organisé, Itachi l’a fait parce que c’était sa mission! Son ton avait irrémédiablement monté. Ses sentiments le contrôlaient complètement en cet instant. Il poursuivit alors, son ressentiment clairement visible sur son visage de porcelaine aux traits durs. Danzô en était le principal auteur, je l’ai tué, mais… ce n’est pas suffisant! Ils méritent tous de mourir et de souffrir! finit-il sur une note de démence.

La haine l’avait complètement envahi à mesure qu’il avançait dans son monologue. Désormais, ce n’était plus le simple sharingan classique qui décorait ses iris, mais bien le mangekyou sharingan éternel, ce motif si unique à chaque utilisateur, que tous avaient appris à redouter. Doux mélange entre sa forme atomique personnelle et la forme de shuriken à trois branches d’Itachi, les couleurs rouges et noires étaient inversées par rapport à la normale. Maintenant, il attendait d’avoir la réponse de Nëssa, d’avoir ses réactions, ses impressions. Mais l’Uchiha n’était pas de nature patiente. Son souffle était frénétique sous le coup de sa colère, ses pupilles maudites étaient encore actives. Il n’arrivait pas à se calmer pour l’instant. Son visage était déformé par la haine. La contrariété était clairement évidente sur tout son être. Son nez retroussé, ses yeux à demi-fermés promettant milles souffrances… Ce n’était là que le début. Ce n’était là que l’évocation de cette horrible vérité, qu’en serait-il lorsque le moment serait venu de passer à l’action, de laisser de côté les mots et d’agir? Le sang giclerait, tapissant le village d’une couleur qui en traumatiserait plus d’un. Oh oui, le moment venu, il ferait comme Naruto lui a demandé, retenir sa haine pour la rediriger à pleine puissance… Restait à savoir s’il serait là pour toute se la prendre de plein fouet!

Je ne veux plus vous voir, plus vous entendre! Et il y a quelque chose d'encore plus fort que ma haine et que mon dégoût. C'est que je meurs d'ennui!
* * *

Au sein de cette haine idéalement mariée avec une tranche d'aversion ainsi que de dégoût, la demoiselle à la chevelure candide s'ennuyait à en dormir debout! Ce monde, oh oui, ce monde manquait cruellement d'actions. Malgré cette guerre entre l'alliance des cinq nations contre l'organisation de la lune rouge, la dernière représentante de la lignée des Eikaeiën s'emmerdait profondément. Sans aucun doute sur ce sujet, la dame avait trop attendu qu'un gibier frai lui tombe sous la patte afin qu'elle puisse l'attraper et le dévorer tel un serpent jeunant depuis des mois et affamé d'un repas bien succulent. La belle se métamorphosait-elle en un serpent vicieux et avide de nourritures? Bien sûr que non! Nëssa montrait seulement que des signes d'ennui de temps en temps, souvent ça lui passait par la tête et elle trouvait d'autres préoccupations. De toute façon, lorsqu'on a plus d'une centaine d'années à son actif, on finit bien par se demander, inévitablement, quoi faire du reste de son existence, qu'est-ce qu'on devrait accomplir pour se sentir mieux dans notre peau, mais surtout à quoi ressemble la vie après la mort. Bref, de quoi pour passer le temps... À vrai dire, la kunoichi s'en foutait royalement de ce qu'il pouvait se produire actuellement dans le monde, à croire qu'elle était un personnage égoïste et individualiste. Si seulement c'était cela, si seulement c'était aussi simple et rapide! Hélas, la vie se montrait toujours si capricieuse et elle refoulait d'un nombre incalculable de mystères les plus étranges les uns des autres. En venir à une réelle conclusion s'avérait être une tâche complexe. Voici l'une des merveilles de ce monde. Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait du bois au feu, plutôt que de pleurnicher sur des cendres éteintes par la fin d'une ère achevée.


La choquante réalité derrière toute cette histoire pleine de songes ne présageait rien de véritablement joyeux ou distrayant. La si jolie et si frêle princesse attendait avec impatience que son prince charmant la délivre de l'enfer sur terre qu'elle vivait à chaque fois que le soleil se mirait de lui-même, annonçant ainsi une nouvelle journée de plus à son compteur qui prévoyait très bientôt exploser telle une avalanche de tracas sous la pression de toute cette morosité. Espérons justement que celle-ci soit éphémère. La seule et unique chose qui réussissait à la maintenir sur pied, c'était sa douce et gracieuse nostalgie de l'époque. Lorsqu'elle était jeune et inculte, tout lui semblait tellement plus amusant et agréable. Partir à la découverte de nouvelles choses l'enrichissait invraisemblablement. D'ailleurs, ce fut dans ces belles années que Nëssa fit connaissance avec le défunt leader du clan de l'éventail, Uchiha Madara. À chaque fois qu'elle songeait à cet instant et à cet homme à la chevelure hirsute, elle retrouvait le sourire ainsi qu'un certain goût à la vie. Il lui donnait tout simplement le courage et la force de continuer dans la bonne direction, mais surtout de prolonger son atermoiement envers le shinobi ayant éveillé la pupille sacrée du rinnegan. Quelque chose sommeillant dans les profondes abysses de son coeur sculpté dans la glace hivernale lui chuchotait, sans le moindre arrêt, qu'un jour, il reviendrait. Nëssa espérait de toute sa sombre âme que ce jour serait d'ici peu, car elle n'en pouvait plus de rester là, à ne rien faire pour avancer ce processus. Avec toutes ces années, jamais la belle n'avait été capable de créer une technique pouvant redonner la vie à une personne défunte, jamais! Était-ce un échec de sa part? Quelqu'un d'autre devra-t-il s'en charger à sa place? Cette mésaventure lui jouait assez fortement sur les nerfs, sur son égo. Encore une fois, la demoiselle, héritière de l'un des plus mystérieux et puissants kekkei genkai de l'histoire shinobi, se retrouvait désarmée face à cette fatalité. Une simple et faible femme limitée par le destin de la naissance, de la vie, mais surtout affreusement dépendante de son défunt amant...


Était-ce réellement bienfaisant pour elle de s'attacher autant à des idéaux semblables? Devait-elle complètement oublier les futiles espoirs germant dans son coeur? Ce qui était certain, c'était que Nëssa n'en savait trop rien. Peut-être que le jeune survivant du clan Uchiha lui offrirait quelques pistes nécessaires. Avec lui, elle se sentait en confiance et plus forte. Lors de leur précédente rencontre, ils avaient forgé un lien si intense qu'ils semblaient se connaître depuis des années. Cette fois-ci, elle croyait que leur relation allait se renforcer davantage. Du moins, elle l'espérait, même si elle se doutait fermement que le Bon Dieu ne se montrait pas des plus charitables en ces temps de misères et d'infortunes maladives. Ce n'était pas tout! Suite à sa demande, le beau ténébreux lui dévoila, sans la moindre manifestation d'un brin de résistance, la triste vérité sur le massacre de son clan. La belle conservait tant bien que mal sa divine patience angélique tandis que le jeune homme aux pupilles rouges comme le sang se laissait se faire hanter par le fléau de la haine ainsi que de la colère. Un complot? Finalement, cette histoire n'était qu'une mésaventure organisée par les supérieurs du village. Mais pour quelle raison? Pourquoi chercher à vouloir détruire une partie de sa puissance militaire et la lignée la plus redoutée de l'histoire shinobi? Pendant un court instant, Nëssa restait perplexe, car qu'on le veuille ou non, cette histoire était plus difficile à comprendre qu'on ne le pense. Comme si toute cette révélation-choc ne s'exhibait pas suffisante, Sasuke lui réservait une surprise supplémentaire. La demoiselle crut rêver lorsqu'elle décela des formes particulières dans le dojutsu du dernier du clan de l'éventail. Nëssa demeurait sur une note de stupéfaction en se mordillant discrètement la lèvre inférieure afin de se contenir.


Conservant le silence, la belle ne fit rien à part fixer le regard du jeune homme. Ses yeux ressemblaient beaucoup au eien no mangekyou sharingan. Néanmoins, ceux de Sasuke étaient relativement différents des pupilles développées par Madara. La forme finale de cet oeil différait-elle selon son utilisateur? Difficile de juger, puisque le paroxysme de ce dojutsu mythique du clan Uchiha était ultrararissime. À part son défunt amant et Sasuke, jamais Nëssa n'avait eu la chance de croiser quelqu'un le possédant. Écoutant ses instincts, la kunoichi à la chevelure opalescente baissa le regard, parce qu'elle savait qu'elle risquait de perdre contrôle de son esprit si elle continuait de fixer de si magnifiques pupilles. Une montée d'émotions l'assujettit brutalement et se contenir s'avérait plus difficile que prévu.


« Maintenant que tu as en ta possession toute cette puissance, je doute t'être utile en quoi que ce soit... Ma vie ainsi que mes compétences n'ont été qu'une imperfection répugnante. Par toute cette gamme d'émotions qui nous unis, je ne désire pas représenter un fardeau dans ta quête de vengeance. », avoua-t-elle sur un ton frêle. Nëssa soupçonnait bien le pourquoi de la présence de Sasuke ici. Celui-ci souhaitait certainement l'impliquer dans ses projets macabres. « Je... Je n'ai même pas réussi à LE ramener à la vie! », s'exclama-t-elle toujours avec cette voix fébrile mixée avec une touche d'hésitation et de fragilité propre à elle.


La beauté releva le regard pour faire face au jeune ténébreux. Serrant les poings et fronçant les sourcils, la femme semblait perturbée par la révélation qu'elle venait de dévoiler. Comment Sasuke allait-il le prendre? Sa réaction serait-elle excessive?


...

Voilà que la terrible vérité éclatait au grand jour, cette vérité qu’Itachi avait impérativement voulu garder secrète, laissant une chance à son cadet de retourner dans leur village natal. Dire qu’il faisait tout le contraire, qu’il se laissait par l’envie de vengeance, par la haine. Aucun retour en arrière n’était aujourd’hui possible, pas dans les conditions actuelles. Peut importe ce qui arriverait, dans l’esprit de Sasuke c’était clair : le seul moyen pour lui d’être tranquille était de faire payer le génocide de son clan à Konoha tout entier! Le nukenin c’était fait greffer les yeux de son aîné pour parvenir à ses fins, afin de réduire à néant Naruto et tout ce qu’il lui évoquait… Sa voie, il la tracerait bientôt. S’il se trouvait à la Vallée de la fin aujourd’hui, c’était uniquement pour revoir la belle kunoichi au chakra si sombre, cette femme dont l’aura de puissance était si grisante. Serait-elle de son côté? Voudrait-elle s’impliquer dans ce fou projet? Nourrissait-elle aussi une haine envers le village de la feuille, comme son défunt mari autrefois? Reprendrait-elle ses idéaux avec l’adolescent à ses côtés ou serait-elle trop nostalgique pour cela? Tant de questions auxquelles l’Uchiha désirait obtenir des réponses maintenant. Il avait déballé son sac, il avait avoué sans la moindre hésitation les raisons de sa venue en ce lieu. Certes, il n’était toujours pas entré dans les détails, c’est alors qu’il le fit, amenant de précieuses informations qui seraient capitales pour le choix de Nëssa. Toujours avec le même état d’énervement, toujours avec ses pupilles actives à leur dernier stade, il continua sa macabre histoire, levant le voile sur sa famille.

-Les Uchiha ont toujours été mis à part… Madara, prononça-t-il prudemment, voulait renverser cela. Mon père a repris ses idéaux quelques années après ma naissance, mais le village les a tous fait tuer! Ils m’ont laissé en vie parce que je ne savais rien! Seulement aujourd’hui, je sais tout… termina-t-il, sur une intonation qui sonna comme une menace.

La pièce était terminée, la salle se vidait. Le théâtre du clan de l’éventail prenait fin. Dévoilant sans scrupule à quel point les Senju et les habitants de la feuille étaient mauvais, étaient des lâches qui se permettaient de juger du droit de vie et de mort sans penser aux conséquences de leur geste, le jeune déserteur se sentait un peu plus léger, mais sa haine n’en était que plus grande, plus forte. Il espérait qu’il arriverait à la transmettre, à faire en sorte que ceux qu’il désirait à ses côtés le comprennent et embarquent à pied joins avec lui. Serait-ce le cas pour la légendaire kunoichi? Tous deux se regardaient droit dans les yeux. Sasuke ne savait pas tellement comment interpréter les émotions qui traversèrent les iris écarlates de son interlocutrice. Néanmoins, lorsqu’elle baissa le regard et qu’elle prit son souffle juste avant que sa doucereuse voix ne s’élève à son tour, il comprit et il était déçu d’avance. La rage l’envahit encore plus à mesure qu’elle parlait, à mesure qu’elle lui expliquait dans ses mots qu’elle ne voulait pas le rejoindre, mettant ça sur la faute de ses pouvoirs imparfaits, mettant ça sur la faute de ses propres pouvoirs à lui… Nëssa ne voulait pas représenter un fardeau, et puis quoi encore!? C’était quoi cette raison futile et pleine de non sens? Le voyait-elle comme un être parfait, lui? C’était de la pure connerie! Il était loin d’être une légende, il était loin de pouvoir marcher sur un village entier sans aide! Il devait lui faire comprendre ça, il devait trouver les mots justes pour la persuader de changer d’avis. Oui, l’Uchiha avait besoin d’elle plus que de quiconque à ses côtés… La rage l’animait encore plus que précédemment. Il était aveuglé pour le moment sur la douleur que ressentait la femme lui faisant face. Il jouait aux égoïstes. Alors qu’il allait prendre les devants et affirmer sa manière de voir les choses, il se fit devancer.

Alors c’était ça, c’était ça qui la préoccupait… Elle tentait de ramener à la vie son amant, cette personne qui lui était si chère sans succès. Dieu qu’il comprenait ce qu’elle ressentait! Lui aussi rêvait de revoir sa famille, de pouvoir leur adresser un dernier mot, une dernière pensée, ce qu’il n’avait pu faire lors des tragiques évènements qui marquèrent ses sept ans. Avoir ce pouvoir, ça ferait longtemps qu’il aurait satisfait cet envie… Il devait se contenter de ceux qui lui restaient, et Nëssa était l’une de ces personnes importantes à ses yeux. Sa rage diminua alors un peu, mais il n’avait pas l’intention de se montrer plus clément. S’il voulait obtenir gain de cause, il devait lui montrer à quel point elle avait tort sur ses pouvoirs, mais aussi, lui présenter des arguments qu’elle ne pourrait réfuter, qui ne la laisserait point insensible. Pour lui, sur le moment, c’était l’unique moyen. Il s’était promis de ne pas faiblir, alors il tiendrait promesse envers lui-même. Presque cruelle, sa voix s’abattit, couvrant le son de l’imposante chute.

-Aujourd’hui, je suis celui qui reprend les idéaux de Madara, scanda-t-il.

Voilà qui était dit, ça devrait la faire réfléchir un peu. Elle qui aimait tant cet homme, aujourd’hui, un jeune descendant voyait les idéaux de cette légende comme légitimes. L’adolescent utilisait Madara pour amadouer Nëssa, c’était vil de sa part, mais il était désespéré aussi. Il ne s’était pas attendu à devoir en arriver là. Oui, son cœur d’enfant était toujours présent en lui, bien que très enfui. Trop confiant, trop naïf, comme un vulgaire gamin, il avait pensé qu’elle sauterait de bon cœur dans sa noirceur. D’ailleurs, il exprima son sentiment de vive voix, le lui faisant comprendre tout en étant dur. Il conservait cette façade qui le caractérisait.

-J’avais naïvement cru que tu comprendrais… Je me suis apparemment lourdement trompé sur toi…

Comment réagirait-elle à cela? Sasuke avait hâte de le savoir. Il voulait tant qu’elle s’implique, qu’elle devienne pour lui cette mère de remplacement qu’il voyait… Qu’elle soit celle qui pourrait se permettre de l’arrêter quand il allait trop loin, celle qui pourrait l’encourager sur ses bons coups… Était-ce trop demander? Était-il destiné à errer seul comme une âme en peine pour toute sa misérable existence? En même temps, c’était ses souhaits, mais il ne savait pas comment les verbaliser, comment les faire comprendre… Le cadet Uchiha n’était pas doué pour ça, il ne savait pas comment s’y prendre. Que devait-il faire? Est-ce que ses paroles seraient suffisantes ou devrait-il trouver le moyen d’exprimer ses profonds sentiments? Il était encore trop tôt pour le dire, pour le savoir, mais il se rendait bien compte qu’il était un peu rude, au vu de ce qu’elle lui avait admis. La présence de Madara lui manquait, elle désirait le revoir tout comme lui désirait revoir les siens… Ils étaient encore semblables dans leur peine. Sasuke ferma alors les yeux, fronçant les sourcils. Pourquoi ça devait se passer ainsi? Ça avait le don de lui mettre les nerfs à rude épreuve… Chacune de leur rencontre l’avait chamboulé, serait-ce ainsi à chaque fois? Bref, il s’en fichait de tout ça, il la voulait, c’était tout ce qui importait.

-Je comprends, si tu savais comme je te comprends… Qu’est-ce que je donnerais pour les revoir au moins une fois, Père, Mère et même… Itachi, finit-il plus doucement.

Les yeux encore fermés, il avait avoué ce fait de vive voix, sans hésitation, sans remords. Il acceptait juste ses sentiments, il acceptait qui il était. Cette sensibilité mêlée d’émotions profondes telles la haine, oui, ce torrent l’habitait. À quoi cela lui servait-il au final de se renier lui-même? À rien. Jouant la sincérité, il espérait toucher cette femme divine en face de lui. Avait-il réussi son coup? Il ouvrit alors les yeux, son Mangekyō Sharingan éternel encore actif se fixa sur les iris si rougeoyants de l’utilisatrice des ténèbres. Cette fois, il parla plus doucement, moins fort que précédemment. Il s’était un peu calmé après tout.

-Mes pouvoirs, tu les trouves si fascinants, si puissants? Même si mes yeux ne peuvent plus perdre leur lumière, même s’ils me donnent accès à de nouveaux pouvoirs, ils ne peuvent rien pour ça… rien, termina-t-il, lourdement, parlant du fait de ramener les morts à la vie.

Serrant les dents, serrant les poings, Sasuke ne savait plus quoi faire, plus quoi dire pour la convaincre. Il avait tant eu espoir qu’elle le soutienne, qu’elle le comprenne une fois de plus. Qu’il avait été naïf! Après tout, il était maudit jusqu’à la moelle, il était le dernier, l’héritier d’un clan que le monde désirait voir disparaitre à jamais. Ses projets étaient difficiles à mettre en place, mais il n’abandonnait pas pour autant. L’ébène trouverait d’autres alliés, mais jamais il ne leur pardonnerait et passerait à autre chose! Il ne pouvait pas, il n’en était pas capable. Comment le pourrait-il? Comment l’Uchiha pourrait regarder son ancien village sans ressentir de la haine à son égard, sans être pris d’envie de vengeance? À cet instant, tout son être criait ce besoin, criait cette envie de meurtre envers ceux qui l’avaient blessé à jamais. Quelle plaie que de devoir se reposer sur les autres pour y parvenir, triste sort.

Seul le cycle de la vie est éternel. Douleur et joie toujours recommencées. Lorsque les feuilles reverdissent, lorsque les fleurs éclosent, lorsque le fruit mûrit, dans la mémoire s'efface le souvenir du froid et de l'hiver.
* * *

À ce moment même, la discussion entre la dernière des Eikaeiën et le dernier des Uchiha semblait s'aiguillonner, se vivifier. Pas dans le bon sens du terme, mais plutôt vers un côté davantage violent et choquant. De tout son coeur, la belle espérait que Sasuke la comprenne, qu'il la laisserait vivre son éternel deuil dans la tranquillité, dans la solitude qu'elle envisageait tant. Ce n'était peut-être pas une décision très sage ni la plus bénéfique. Cela, Nëssa le savait plus que quiconque. Il n'y avait rien de mieux que de se confier à une personne compréhensive et de prospérer d'une bonne compagnie en période de crise. Cependant, la demoiselle ne voulait pas devenir une sorte de fardeau pour les autres, encore moins pour l'héritier de l'éventail. Ça l'embarrassait énormément d'exposer ses sentiments et ses craintes devant de nouvelles personnes, essentiellement face au jeune Sasuke. La kunoichi espérait savourer de bonnes expériences avec celui-ci, et non lui faire peur avec ses complexes hautement féminins. Madara, lui aussi, avait eu du mal à obtenir la confiance de la belle ainsi que son amour. Malgré toutes années et les mésaventures qu'ils avaient vécues ensemble, Nëssa demeurait toujours si timide et maladroite quand il était le temps de discuter de ses sentiments ou même en exercer en temps réel... Encore aujourd'hui, la kunoichi s'interrogeait une fois de plus sur l'amour que lui portait son homme. Comment faisait-il pour être amoureux d'une femme si malhabile et hésitante ? En tout cas, elle se comptait inéluctablement chanceuse de lui appartenir, puisqu'elle n'avait jamais croisé un mâle meilleur. Quel bonheur de profiter d'un rayon lumineux du soleil à l'intérieur de sa petite routine ténébreuse !

Bien qu'elle décelait une partie de son mari chez ce jeune homme, Nëssa avait peur de s'embarquer dans de nouveaux projets avec lui... Enfin, « nouveau »... Rien de bien rafraichissant, surtout qu'il avouait reprendre les idéaux de Madara. Toutefois, savait-il vers quoi il se dirigeait exactement ? Qu'est-ce qu'il savait sur les véritables objectifs de l'ex leader du clan Uchiha ? Certes, il désirait détruire Konoha et tout ce qui vient avec. Cependant, il possédait des objectifs beaucoup plus particuliers. Il visait plus loin dans les démarches, il voulait dominer le monde. Plus précisément: le plonger dans un genjutsu infini. Sans douter, la belle savait que son homme était capable d'y parvenir, confiante de la puissante inigaminable de celui-ci. Néanmoins, Sasuke ne courrait-il pas un risque trop grand en envisageant de suivre les traces tachées par le sang et la haine du possesseur su rinnegan ? À vrai dire, la kunoichi n'avait jamais réellement approuvé les projets de Madara ni même souhaité y participer sérieusement. La légende Uchiha connaissait les doutes de la femme vis-à-vis ce plan oeil de la lune et toute cette histoire d'illusion éternelle. Il avait tenté tout bonnement de la rassurer, de la tirer davantage vers ses idéaux, de la convaincre qu'elle ne risquait rien tant et aussi longtemps qu'elle demeurerait avec lui. Néanmoins, Nëssa s'affichait toujours perplexe face à ce plan. Qu'allait devenir l'être humain si celui-ci venait à apercevoir son apogée ? Qui sait... Bien que la demoiselle se montrait réticente par un tel projet, elle avait décidé de suivre son unique amant dans sa quête. Non pas parce qu'elle éprouvait une certaine haine envers l'humanité, mais plutôt parce qu'elle était amoureuse de Madara et qu'elle désirait le voir heureux ainsi que comblé. Le reste des choses n'avaient que très peu d'importance à ses yeux, à un tel point que ça l'aveuglait quasiment de la réalité. Ne cherchons pas plus loin: l'amour rend aveugle. Aveugle comme la peste, aveugle comme une malédiction dont les moyens pour s'en débarrasser à jamais n'existaient pas.

Jadis, la beauté avait découvert les failles de ce sentiment exaltant et le savourait d'une façon bien particulière avec ce qui l'entourait. Nëssa l'utilisait avec une modération indubitable, puisqu'elle savait que celui-ci la mènerait droit vers la haine si elle en abusait sottement. La mort de Madara, l'ayant laissé dans un vide des plus profonds, se faisait encore ressentir à l'intérieur de son âme. Tous les jours, elle maudissait une chose inédite et nouvelle, toujours différente les unes des autres. Remettant inconsiamment la faute sur le cycle mortel de la vie courante, elle croyait continuellement que le décès de son compagnon aurait pu être évité si sa force s’était montrée plus grande. Incapable d'inventer une technique spéciale pour l'empêcher de vieillir, trop incompétente pour créer un jutsu capable de redonner souffle à son bien aimé. C'était à se demander si la belle kunoichi méritait effectivement tout l'amour du plus puissant et prestigieux des Uchiha. Était-elle digne de lui, digne de sa confiance, digne de posséder son coeur ? Elle en doutait sérieusement. Depuis leur première rencontre, Nëssa s'était souvent sentie très médiocre comparativement à la légende. Lorsqu'on les positionnait côte à côte, la demoiselle ressemblait à une pauvre et misérable naine en terme de domination. Aussi incroyable ainsi que magique s'exposait son redouté don héréditaire, celui-ci n'était même pas envisageable en comparaison avec les pouvoirs surpuissants capables de toucher aux mollets des dieux de Madara. Cet homme maîtrisait tout ce qu'il y avait de plus divin sur cette terre. Puis Nëssa, elle, « faible » et chialeuse se stoppait-elle à ses dépens? S'était-elle métamorphosée en femme affectivement dépendante d'un mâle caractéristique ? Franchement, la réponse à cette interrogation semblait bien trop évidente. Parfois, ouvrir les deux yeux réglait un bon nombre de cas.

Néanmoins, la belle frissonnait en flairant le chakra de Sasuke. Celui-ci dégageait quelque chose d'identique à celui de son défunt mari. Pour elle, un élément de la sorte ne pouvait pas être pris à la légère, surtout que les deux hommes faisaient inévitablement partie de la même lignée Uchiha. Si Madara ne revenait pas à la vie et si leur plan était voué à la fatalité pour le reste de l'éternité, que lui restait-il ? Sur quoi devrait-elle s'appuyer pour être bien dans ce monde, confortable dans sa peau sans constamment songer à la nostalgie du passé comme c'était le cas actuellement ? Désormais, cette nouvelle rencontre avec le seul héritier de l'éventail lui ouvrait les yeux. Certes, il employait des paroles peu avantageuses pour entamer un dialogue avec la femme à la chevelure opalescente. Cependant, elle ne pouvait pas lui en vouloir ou lui reprocher sa maladresse, parce qu'elle était, elle-même, dans cette déclinaison dans diverses situations. Tout simplement, le jeune Uchiha lui faisait penser à elle. Ils se ressemblaient, ils avaient vécu des expériences quasiment identiques et c'était inévitable. Nëssa avait gracieusement offert son aide au légendaire possesseur du rinnegan afin de mener à bien et l'épauler dans ses nombreux projets. Allait-elle prendre la main que lui proposait Sasuke comme Madara lui avait suggéré naguère ?

« Sasuke..., commença-t-elle d'un timbre de voix frêle, les risques que tu cours sont grands et tu n'as pas suffisamment d'expérience pour mener à bien ce projet que tu convoites tant. Si tu es seul, tu mourras! Il ne faut pas sous-estimer le potentiel de nos adversaires. » Une fois de plus, les émotions de la demoiselle se montraient trop envahissantes, ne remarquant pas les délicates larmes ruisselant tout le long de ses petites pommettes. La simple idée de perdre Sasuke à tout jamais lui faisait vivre toute une gamme de sensations douloureuses. « J'ai déjà perdu l'une de mes raisons de vivre et je ne souhaite pas en égarer une autre. Je ne veux pas te perdre, Sasuke ! », affirma-t-elle d'une façon plus confiante et déterminée. Le jeune Uchiha serait-il capable de comprendre ce fait ? De saisir les inquiétudes de la belle ?

Le survivant du génocide des Uchiha n'était encore qu'un adolescent en plein développement. Ses décisions et sa capacité à réfléchir n'égalaient pas celle d'une personne adulte, pour le moment. Aux yeux de la kunoichi, Sasuke représentait un genre de fils ou bien une chose s'en rapprochant dramatiquement. Elle avait perdu l'homme de sa vie, donc perdre son « enfant » paraissait d'autant plus inenvisageable. Comment le vivrait-elle ? Coincée avec cela sur la conscience, Nëssa ne devait pas laisser ce qui imageait son pseudo fils adoptif seul face à sa quête vengeresse. Finalement, elle prit une décision en espérant que ça soit la meilleure.

« J'imagine que tu es têtu comme Madara et que tu ne reculeras devant rien... Lui également était prêt à tout faire. », confia-t-elle au jeune Uchiha avant de continuer son dialogue. « Alors, je crois que je n'ai pas le choix de t'accompagner dans ta quête. Toutefois, tu dois me promettre que tu m'écouteras quoi qu'il arrive et sans broncher. La haine n'est pas un synonyme d'imprudence. »

En effet, la dernière des Eikaeiën demeurait tout de même prudente. Elle ne désirait pas aider Sasuke si celui-ci n'était pas moindrement prêt à écouter ses précieux conseils ainsi qu'à lui fournir sa confiance la plus totale. Néanmoins, elle savait que son coeur ne lui disait pas des conneries. Le lien qui les unissait tous les deux étaient inébranlable et jamais Sasuke ne la trahirait.


...

Les émotions, décidément, elles étaient incontrôlables et imprévisibles, pouvant créer toute sorte de situations embarrassantes. Même quelqu’un qui en ressentait peu finissait par se trahir lui-même, par affirmer un fait qu’il regretterait ensuite. L’être humain était ainsi, il n’y avait rien à faire contre ça, simplement accepté ses profonds sentiments et ne pas en avoir honte. Sasuke l’avait bien compris au fil du temps. Lui qui ne désirait pas ressentir autre chose que la haine la plus pure, la plus viscérale, il était forcé de constater qu’il avait lamentablement échoué. Oui, le reste le plongeait dans la perplexité, mais ne le dérogerait pas de sa voie pour autant, comme il l’avait prime abord cru. Sa vengeance, il la voulait toujours, même plus violemment qu’avant. Maintenant qu’il savait la vérité sur le massacre, il ne pouvait pas laisser Konoha impuni. Sa haine gagnait en puissance, le faisait progresser au même rythme. Il n’était plus le faible gamin de ses sept ans. Bientôt adulte, l’Uchiha voyait le chemin qui se dressait devant lui, cette voie d’ombre, qu’il avait voulu solitaire. Néanmoins, l’adolescent se rendait bien compte qu’il avait noué certains liens qui le précéderaient constamment. Inévitablement, il en souffrirait un jour, il en avait pleinement conscience, mais il ne pouvait se résoudre à tenter de les briser maintenant. C’était trop tard. Il garderait ses attaches qu’il chérirait. Il croyait que, oui, que cela le blesserait encore plus que de les rompre de lui-même. Voilà pourquoi il acceptait le rapprochement qu’il avait récemment eu avec Karin, voilà pourquoi Nëssa comptait à ce point pour lui, voilà pourquoi il n’avait jamais pu tuer Naruto malgré ses multiples tentatives et ses multiples menaces.

Lorsque Nëssa prit enfin la parole, réagissant à sa haine, à sa rancœur et à sa déception, elle fut douce, si douce qu’elle toucha l’ébène qui se trouva brute sur le coup. Comment avait-il pu se montrer si égoïste envers elle, cette femme qui le comprenait si bien, cette femme qui partageait ses joies et ses peines? Il se sentit mal, mais ne dit rien, ne voulant pas l’interrompre, pas une nouvelle fois. La kunoichi méritait son respect et elle l’avait, même si parfois il était malhabile pour le montrer. Sasuke ne savait pas user de tact, il était souvent trop direct. Lui en voudrait-elle pour ça? Finirait-elle par se lasser de lui et l’abandonnerait-elle? Non, il ne voulait pas songer à ça. La trahison que ça représenterait pour lui… Non, juste d’y penser, il sentit une lourdeur dans sa poitrine, une douleur qu’il n’avait pas l’habitude de vivre et qu’il aurait espéré ne pas vivre. Qu’est-ce que se serait si, au lieu de s’imaginer ça, que ça devenait réel? Pour lui, cette sensation lui rappelait de douloureux souvenirs. Oui, ce vague sentiment, c’était la pointe de ce qu’il avait ressenti lors de la mort de ses parents, de son clan. Perdre un être cher, que se soit dans la mort ou autrement, il savait ce que ça faisait. Ce sentiment de vide, cette profonde solitude, la douleur de ne plus jamais revoir ces personnes qui ont tant compté, sur lesquels il pouvait s’appuyer… c’était immonde comme façon de vivre! Aujourd’hui, le nukenin de Konoha s’estimait chanceux que d’avoir croisé cette femme parfaite. Qui d’autre au monde qu’elle aurait pu mieux le comprendre, mieux le materner? Personne, c’était une évidence, une vraie désolation. Avoir noué ce lien privilégié était une pure bénédiction, lui berçant l’illusion que peut-être, il n’était pas si maudit.

Alors que cette femme à la chevelure aussi blanche que la sienne était noire progressait dans ses paroles, elle se laissa envahir par ses émotions, elle qui comme lui, s’évertuait de les réfréner. De fines larmes ruisselèrent sur ses douces joues. En la voyant ainsi, Sasuke eut un pincement au cœur. Lui jouait les égoïstes, venant lui balancer ses projets et toute la haine qu’il ressentait envers les réels auteurs du massacre, sans plus de préoccupation pour elle. En songeant à cela, il resta figé, sans trop savoir comment il devait réagir, sans savoir quoi faire. La dernière fois, c’était Nëssa qui était venue à lui, qui l’avait réconforté. Lui, gamin qui avait tout perdu à seulement sept ans, il ne savait plus comment démontrer de l’affection. Il ne voulait pas être maladroit, alors il resta là, la fixant de ses prunelles redevenues noires. Elle ne voulait pas le perdre, tout comme lui ne désirait pas non plus la voir disparaître. Ils étaient si similaires, si proche l’un de l’autre que ça en était troublant. Néanmoins, cela le rassura aussi et il se sentit bien. Il comptait à ce point pour quelqu’un, une personne en ce monde le comprenait, en plus de le considérer comme un être précieux. Son fardeau venait d’être allégé juste d’entendre ça. Il savait qu’elle était sincère, et cela n’avait rien à voir avec les milles groupies qu’il avait eu sur son dos, enfant. C’était là un amour plus profond, de vrais sentiments et non une simple façade. Serait-il capable de lui exprimer la réciproque? Serait-il capable de lui dire à quel point elle comptait pour lui, qu’elle avait, avec une facilité déconcertante, percé son cœur de pierre pour s’y tailler une place? Sur le coup, non, il ne le put pas. L’utilisateur du sharingan resta là, sans rien dire, attendant la suite probable des évènements, comme s’il savait déjà ce qui s’en venait.

Lorsque Nëssa affirma qu’il devait être aussi têtu que Madara, le noiraud ne répliqua rien, la laissant parler. De toute façon, il ne connaissait pas son ancêtre, il ne pouvait dire si oui ou non ils étaient pareils sur ce point. La suite l’enthousiasma par contre franchement moins. Oh, si au début, il avait eu l’ébauche d’un sourire sur son visage de porcelaine, la suite lui laissa plutôt un froncement de sourcils et de nez. Oui, il avait confiance en elle, ce n’était pas ça le problème. Bien que… peut-être que si en fait. Il avait été trahi par son propre frère, son aîné. Les membres de son propre clan le considéraient comme un fardeau, comme un vulgaire gamin qui n’avait pas mérité de savoir pour la rébellion… Pourquoi cela serait-il différent avec elle? Il avait peur oui, peur qu’un jour elle ne l’abandonne, qu’elle ne le trahisse. En même temps, il ne pouvait pas être constamment méfiant, il avait envie d’y croire, qu’elle acceptait réellement ce rôle de mère qu’il avait vu en elle. Terrible contradiction qui envahissait son esprit. Comment devait-il y faire face? Puis, la solution vint d’elle-même. Son expression s’adoucit alors, puis il fit un, et deux pas en avant, s’approchant de son interlocutrice. La fixant droit dans les yeux, sa main droite se leva vers ce visage si pâle, si blanc, ses doigts effleurèrent sa peau encore mouillée par les larmes salées. Un fantôme de sourire aux lèvres, il décida enfin de répondre à toutes ses affirmations, jouant lui aussi la franchise.

-Ça me soulage de savoir que je compte réellement pour au moins une personne. Puis… tu comptes aussi beaucoup pour moi, confia-t-il, à voix basse.

Il réalisa à quel point cela était étrange que d’avouer ce fait de vive voix. C’était la première fois qu’il nommait ainsi des sentiments pour quelqu’un d’autre, la première fois qu’il se confiait ainsi. Elle avait sa confiance, alors il n’hésita pas. Il s’approcha encore un peu, laissant sa main sur cette douce peau de femme. Sasuke se confia alors, tel le jeune adulte qu’il était devenu. Oui, parfois il se laissait emporter par sa haine, par son profond désarroi et sa rancœur criante, mais il n’était plus un enfant. Il le constatait, il avait progressé non seulement en capacité, mais aussi en maturité. Ses choix, il les trouvait moins puérils qu’avant. Ses raisons, elles étaient valables. Qui pourrait oser le contester en sachant la vérité? Il ne fallait pas avoir de cœur, ou encore de tête pour le faire. L’ébène voulait exprimer ça de vive voix, le faire comprendre à la beauté froide, c’est donc ce qu’il entreprit à l’instant. Son ton semblait impersonnel, mais il était moins chaotique que précédemment, lorsqu’il s’était emporté.

-Ne me considère pas comme un gamin… Ça fait longtemps que je ne suis plus un enfant. On me l’a volé alors que j’étais si jeune… laissa-t-il en suspend, parlant naturellement de son enfance.

Il ne savait pas quoi ajouter de plus. S’il allait plus loin, le risque qu’il s’emporte serait encore présent. Ça, l’Uchiha ne le voulait pas. Il avait conscience qu’elle lui posait cette condition pour son bien, parce qu’elle tenait à lui, et non pour le contraindre ou lui passer une laisse qu’elle maitriserait à sa guise. Ce n’était pas son genre, pas qu’il sache. Il souhaitait réellement ne pas faire fausse route, qu’est-ce que se serait si c’était le cas… Il avait peur de faire confiance, ça, il ne pouvait le nier. Ça faisait si longtemps qu’il se terrait dans son monde, sans laisser les gens, même ses propres équipiers l’approcher. Le comprendre était facile. Bref, pour la suite, valait mieux ne pas y songer. Sa main glissa un peu, allant jouer sur son front, puis à la racine de sa longue chevelure d’un blanc angélique. Il se montrait délicat, même si les paroles qui sortirent de sa bouche furent plus rudes. D’ailleurs, son expression le montra bien.

-Je ne peux pas laisser Konoha impuni pour cette décision d’exterminer mon clan. Ces enfoirés méritent de crever! S’emporta-t-il, avant de redescendre le ton, ses doigts s’étaient légèrement crispés l’espace de quelques secondes. Je suis conscient que seul, c’est complètement irréaliste. Je suis aussi conscient que la haine n’est pas un synonyme d’imprudence! Je n’ai pas l’intention de mourir bêtement sans avoir accompli mon objectif, termina-t-il, sec.

Sasuke dévia alors son regard de nuit, le perdant dans la nature environnante. Sa main s’éloigna aussi de cette peau si agréable pour venir pendre à son côté. Il était fatigué de ça, même s’il ressentait aussi une certaine joie que de savoir qu’il avait gagné un appui de taille. Oui, même si la condition lui paraissait un peu extrême, il allait l’accepter. Bon, l’adolescent n’avait pu s’empêcher de la ramener un peu, plus pour la forme qu’autre chose. Avoir Nëssa comme alliée, comme amie, comme confidente le rassurait grandement. Son aura de ténèbres qui la précédait, cela ne pouvait pas mentir. Cette kunoichi était puissante, la plus puissante qui lui fut donné de rencontrer. En plus, c’était une femme qui le comprenait, qui savait ce qu’il vivait, qui ne le renierait pas. Il se voyait mal refuser son offre alors que c’était lui qui était venu la trouver, que c’était sa demande indirecte. Il entreprit donc de lui faire savoir sa réponse, se montrant plus aimable. Ses orbes insondables revinrent s’accrocher à celles écarlate de son interlocutrice. Il était réellement fasciné de rencontrer quelqu’un qui possédait la même couleur sang que le sharingan.

-Et… avec toi, je serai plus fort, avec toi, on dirait que je pourrai tout accomplir. Il laissa un temps de pause, avant de reprendre. Il était rare de le voir si serein, si apaisé et encore plus souriant. Mais pour elle, pour celle qui venait indirectement d’accepter ce rôle de mère qu’il voyait, il n’avait aucun scrupule à se montrer plus aimable. Je suis content que tu acceptes de me suivre dans ma justice, mais… son sourire muta alors en un plus mesquin, plus taquin, tant que tu ne me demandes pas de me sacrifier ou que tu ne m’envoies pas à une mort certaine, la condition est ok pour moi.

L’héritier de l’éventail venait de finir de déballer son sac. Tout était dit. Il fut pris d’une envie de la toucher de nouveau, même de la serrer contre lui, mais se retint. Tout cela était trop nouveau, trop récent pour qu’il se laisse aller librement. Il avait encore sa fierté et d’ailleurs, il était franchement ravi que cette fois, son visage de porcelaine demeura sec. Même s’il vivait une gamme d’émotion dont il n’était pas habitué, il était réellement content d’être là, réellement content de la revoir. L’Uchiha n’avait alors qu’une hâte, de savoir ce qu’elle lui répondrait et de voir ses réactions à son égard. Aurait-elle perçu ses envies d’un peu de chaleur humaine? Était-elle à ce point à même de le déchiffrer? Il se savait mauvais à ce jeu, mais qu’en était-il pour la belle kunoichi? De plus, son empressement pour réaliser son objectif commençait à se faire présent. Aujourd’hui, il avait franchi un pas dans la bonne direction. Son cercle s’agrandissait, ils étaient maintenant quatre, quatre shinobis aux talents exceptionnels. Il leur faudrait sûrement quelques subordonnés à envoyer à la mort en plus, mais avec cette équipe reformée, l’ébène ne doutait plus de ses chances de réussite. Cette pensée lui attira presque un sourire malsain. Bientôt, le sang impur maculerait ses mains…

*Il arrive qu'un individu devienne le centre de votre vie, sans que vous ne soyez lié à lui ni par le sang ni par l'amour, mais simplement parce qu'il vous tient la main , vous aide à marcher sur le fil de l'espoir naissant, sur la ligne tremblante de l'existence.
* * * *

Face à la kunoichi se trouvait le dernier survivant du clan maudit. Sans porter davantage attention à la forêt qu'elle avait volontairement mise à feu et à sang, elle dévisageait quasiment le possesseur du mangekyou sharingan éternel de son regard rouge sang. Celui-ci, habituellement évasif et vide, laissait paraître une dose d'inquiétude destinée au jeune homme. Les projets de beau brun ténébreux lui tourmentaient bel et bien l'esprit, c'était un état indéniable. Il risquait fort gros, elle le savait, elle le savait, elle le savait ! Néanmoins, Nëssa ne pouvait pas renier le caractère impulsif de Sasuke. Même si elle lui interdisait de réaliser un tel objectif macabre, même si elle lui dénichait les meilleurs arguments possible pour le convaincre d'utiliser d'autres méthodes largement moins chaotiques, serait-il dans la capacité de l'écouter religieusement sans faire acte de rébellion? Non, pas vraiment. Depuis le peu de temps qu'ils se connaissaient, la dernière utilisatrice du don héréditaire lié aux ténèbres avait déjà cerné la psychologie, pratiquement identique à celle de son défunt amant, du jeune héritier de la lignée de l'éventail. Cela faisait plusieurs décennies que l'ancien chef du clan Uchiha avait rendu l'âme, mais la kunoichi se remémorait de son vécu en sa compagnie comme si tout ça s'était produit seulement qu'hier. Madara était un amour très arrogant et il ne se laissait pas impressionner aisément ni se faire imposer des choses qui ne lui plaisaient pas nécessairement. Nëssa, sa femme, n'y parvenait même pas d'un poil. Son homme adorait par-dessus tout prendre les rennes d'un projet et ça se reflétait inévitablement dans leur bizarre de couple. Dans tous les aspects ! Imaginez. Pendant qu'ils s'accouplaient, L'Uchiha préférait toujours prendre une position où il serait le dominateur, parce que sinon il n'éprouvait aucun réel plaisir. Lorsqu'il était le temps de fixer une décision importante, c'était encore lui qui avait la situation entre les mains avec sa vision des choses. Il décidait de tout, un vrai guide. Cela énervait relativement Nëssa, au début, mais elle finit par s'habituer et comprendre au fil du temps, puis elle se rendit finalement compte que cette petite condition n'était pas si désastreuse que ça ne le paraissait et que les sages décisions de Madara se montraient définitivement irréprochables. Malgré ce point un peu agaçant, leur couple s'en était bien sorti et on pouvait facilement flairer la flamme de la passion brulant depuis des lustres entre ces deux-là. Parfois, il lui arrivait de songer à quoi aurait ressemblé sa vie sans cet homme à la chevelure hirsute...

Si Sasuke avait décidé d'adopter une haine envers le village caché de la feuille, c'était en quelque sorte le devoir de la kunoichi de surveiller les agissements du jeune éventail. Non pas de le tenir prisonnier d'une cage comme un hamster doté d'aucune trace visible de cerveau, mais plutôt de garder un oeil attentif sur lui et de l'inciter à agir avec une certaine prudence grâce à ses précieux conseilles. N'était-ce pas la moindre des choses ? À vrai dire, la belle se sentait comme une maman disant à son enfant de ne pas tenter des expériences dangereuses, mais que s'il voulait vraiment le faire, il devrait adopter un casque de sécurité ainsi que les mesures nécessaires afin d'amoindrir l'impact du choc si jamais il y en a. Ce genre de pensée fit sourire intérieurement l'héritière des Eikaeiën, car ça lui rappelait un peu ses ainés qui lui racontaient continuellement la même chose du temps de sa jeunesse. Décidément, on devenait presque tous les mêmes personnes en vieillissant. Était-ce cela que l'on nommait communément « la sagesse de l'âge » ? Peut-être, oui. Dans les dernières années de son existence, Madara, lui aussi, avait subi ce style de métamorphose difficile à expliquer de la personnalité. Il s'était transformé en un individu moins guerrier et davantage attentif à ce que racontait Nëssa. Toutefois, elle se doutait fortement que ce comportement plus docile était les conséquences du vieillissement de l'âme ainsi que de l'affaiblissement de son enveloppe corporelle. Bien sûr, monsieur le papy n'avait plus la force de se battre ni de faire face à quiconque. La kunoichi le sentait malheureux, puisqu'il ne possédait plus les capacités d'être lui-même. Elle le désirait heureux et bien dans sa peau. Qu'est-ce qu'une si jolie femme comme Nëssa, condamnée à conserver éternellement sa divine perfection physique, foutait un vieux schnock tombant presque en morceau rien qu'en essayant de maintenir sa respiration et coincé à demeurer dans les profondeurs d'une caverne souterraine à cause des câbles le reliant au mystique Gedo Mazo ? C'est une question difficile à répondre et compliquée à saisir, mais avec le temps et les années, la kunoichi avait appris certaines choses qui n'étaient pas très évidentes à comprendre du premier regard. L'amour, le véritable amour, ne se basait pas sur des principes puérils ainsi que stéréotypés comme l'attirance physique ou bien des fondements matérialistes. L'amour c'est psychologique et c'est une émotion qui peut s'entretenir pendant des millénaires. Elle l'aime et l'aimerait pour l'éternité.

L'amour c'est la fatalité de la haine. Une force et une faiblesse que personne ne peut contrôler à sa guide.

Nëssa acceptait de suivre Sasuke, mais celui-ci semblait un poil mécontent. Pourquoi ? La kunoichi conclue rapidement qu'il n'appréciait pas forcément les conditions qu'elle lui « imposait ». Qu'il en soit ainsi, elle n'avait pas trop le choix. En plus, tout cela était pour son bien, sa sécurité. Néanmoins, elle fut surprise lorsque le jeune Uchiha décida de prendre la situation en main en réalisant en réalisant quelques pas en avant. L'apercevant s'approcher, la femme à la chevelure blanche tentait tant bien que mal de contrôler fermement ses sentiments. Ces larmes, cette faiblesse enivrante... Ces choses dégoutantes devaient cesser maintenant ! Pour Nëssa, le temps avançait au ralentie quand le dernier des Uchiha profitait de ce moment privilégié en effleurant du bout de ses doigts son tendre visage féérique. À cet instant même, un intense frisson la parcourait le long de son corps comme si elle avait perdu l'habitude des contacts avec de vrais êtres humains, et c'était exactement cela. Son frisson s'intensifia brusquement lorsque Sasuke lui dévoilait à quel point elle comptait pour lui. Sur le coup, elle ne savait pas comment réagir, elle restait figée telle une statue clouée au sol depuis des lustres. Pourtant, les sentiments qu'éprouvait le possesseur de la pupille maudite à son égard lui semblaient bien suffisamment évidents, suite à leur précédente et première rencontre au pays de l'herbe, il y a déjà quelques années de cela.

Elle demeurait encore plus sans parole quand il s'approcha davantage en déposant entièrement sa paume sur son visage. Désormais, le regard des deux interlocuteurs ne se quittait plus d'une seconde. Un moment bien hypnotisant, un moment dont elle avait besoin. Constratant avec son geste de douceur, l'unique survivant du génocide du clan Uchiha lui disait de ne pas le considérer comme un gamin et qu'il était une personne responsable et mature, dorénavant. La belle n'en doutait pas un seul instant de cette affirmation. Néanmoins, elle était âgée d'un bon siècle et elle n'était plus au stade d'adolescente, d'adulte ou de vieillarde. Depuis peu, elle réalisait qu'elle avait atteint un niveau dépassant celui d'un banal mortel. C'était une sensation assez étrange. Se croyait-elle supérieure? Non, pas du tout. La kunoichi possédait toujours une horde de faiblesses indescriptibles l'empêchant de progresser réellement vers l'ultimatum.

La main du ténébreux continuait son parcourt afin d'élire domicile sur son front, là où elle commençait à jouer avec la racine de sa longue chevelure d'un blanc immaculé. Le temps lui-même semblait s'arrêter. Le toucher de cet homme était tellement agréable. Pour sûr, la demoiselle adorait se faire caresser, surtout par la main d'un bel Uchiha et encore plus si celui-ci ressemble à son défunt amant. Ouvrant une nouvelle fois la bouche, Sasuke reprit son dialogue, plus violent. Par la puissance des mots, il exprimait sa profonde haine destinée à Konohagakure no sato. Il la rassurait également sur le cas de la prudence et qu'il lui fit aussi comprendre qu'il ne se jetterait pas dans la gueule du lion à l'aveuglette. Nëssa esquissa un petit sourire d'approbation, mais il s'effaça relativement vite lorsque la main du jeune homme s'éloigna de sa petite frimousse fortement accueillante. La maîtresse de Pépite n'eut pas l'occasion de replonger dans ses songes, puisque son interlocuteur reprit une nouvelle fois la parole, d'un ton un peu plus... Taquin. Il lui racontant qu'il était heureux qu'elle accepte de la suivre dans sa sombre quête et qu'il serait plus fort avec elle à ses côtés. Ce fut à ce moment que la kunoichi éprouva une sensation inéluctable. Elle savait très bien qu'elle serait, elle aussi, plus solide avec lui dans son existence. Cette fois si, ils allaient être davantage proches, ils garderaient une distance plus commune. Était-ce le début de la fin de sa solitude souffrante ? Elle y croyait, l'espoir dominait.

« Sasuke... », murmura-t-elle en s'approchant lentement de l'héritier du clan Uchiha afin de coller chaleureusement son corps contre celui de l'homme. Ses bras s'enlacèrent avec douceur autour de sa région abdominale tandis qu'elle baissa légèrement la tête afin d'y déposer son visage. Ses yeux d'un rouge sanguin se fermèrent. Nëssa se délectait du parfum de Sasuke, se rapprochant dangereusement à celui de Madara. Un câlin... Pour dire vrai, la belle en avait presque totalement oublié la signification tellement que ça faisait longtemps qu'elle n’en avait pas reçu ou fait. « Tu ne sais même pas qui je suis ni ce que j'ai fait par le passé. Tu ne connais rien de moi... J'ai fait des choses dont tu n'imagines même pas pour parvenir à ce niveau. », avoua-t-elle toujours sur un ton de voix identique au précédent. La kunoichi trouvait que c'était la moindre des choses de l'informer sur qu'est-ce qu'est Nëssa Eikaeiën. Après tout, elle n'avait plus rien à lui cacher. Maintenant, c'était tout ou rien.

« Je suis un monstre, Sasuke. Je suis un monstre ! », affirma-t-elle avec une note de noirceur, comme s'il n'existait rien de plus terrible que cela. « J'ai...J'ai assassiné toute ma famille, tout mon clan afin d'obtenir le pouvoir. Je suis la personne la plus égoïste peuplant cette terre. J'ai tout fait dans l'ultime but d'obtenir ce que je désirais : l'immortalité. J'ai tout sacrifié, j'ai tout voulu et j'ai tout pris sans rien rendre en retour. Je ne m'occupais que de mon propre nombril. » Elle s'arrêta quelques courtes secondes pour reprendre son souffle, puis elle continua sa froissante révélation. « Je ne sais pas si c'est bien ou mal, mais j'ai découvert la chose que l'on nomme Amour. Au début, je n'y croyais pas vraiment, je pensais plutôt qu'il ne s'agissait que d'un mythe créé pour faire rêver les enfants... Plus tard, Madara est entré dans ma vie. J'éprouvais surtout une sorte de rivalité et une étrange de haine à son égard. Je recherchais constamment à le surpasser et à le défier. J'étais réellement stupide de penser que je pouvais vaincre un tel homme. », déclara-t-elle sur un ton un peu plus amusé. Tranquillement, elle releva sa tête de l'épaule du jeune Uchiha et décolla quelque peu son corps. Forçant le sourire, elle ne lâchait pas une seule seconde le regard de son interlocuteur.

« Nous avons vécu un nombre incalculable d'aventure. Finalement, j'ai compris que ma haine envers lui n'était rien d'autre qu'une flamme mal interprétée par mon ignorance. Cette flamme c'était celle de l'amour. Malheureusement, l'humain la confond si souvent avec celle de la haine. C'est vraiment difficile à comprendre. Quelle est la différence entre la haine et l'amour ? Lorsqu'on n'a jamais concrètement connu l'un des deux, c'est une question plutôt difficile à répondre... » Suite à ces paroles, son léger sourire à peine visible à l'oeil nu s'estompa, signe qu'elle allait aborder un sujet qui n'était pas aisé. La forêt, encore brulante, bourdonnait sous la danse gracieuse du vent tandis que l'atmosphère devenait de plus en plus noire. « J'ai vu tous ceux que j'aime vieillir, mourir et pourrir, alors que moi, je demeurais entièrement intacte des affres du temps. J'ai vu le plus froid et le plus puissant des hommes se transformer en un ta de poussière... », dénonça-t-elle à l'homme toujours positionné près d'elle. Oui, elle venait de citer indirectement le cas de l'ancien leader du clan de l'éventail.

La belle soupira un instant. Elle réalisait que ce n'était pas facile de tout avouer cela à un presque étranger. Nëssa espérait de tout son coeur que le jeune Uchiha l'écoutait attentivement et que son histoire ne serait pas vaine.

« Sasuke, est-ce que tu t'es déjà demandé quelle était l'origine cette aura ténébreuse émanant incessamment de mon corps ? »



...

Les relations humaines, c’était parfois si difficiles, si contraignants, mais en même temps, cela offrait une chaleur que peu d’entre eux étaient réellement capable de se passer. Un être qui se prétendait froid et distant, totalement coupé du monde, pouvait-il réellement l’être totalement? Non, l’homme était constamment en relation avec autrui, que ce soit pour un maigre cinq minutes, chacun laissait une impression sur l’autre. Parfois, ce sentiment était beaucoup plus puissant qu’escompté, parfois il laissait totalement indifférent. Qu’est-ce qui faisait que deux personnes étaient irrémédiablement attirées une vers l’autre? Comment un autre humain pouvait percer la défense d’un autre sans avoir presque rien fait pour y parvenir? Cette question trottait dans l’esprit du dernier descendant Uchiha encore en vie en ce moment même. Lui qui prônait la solitude afin de mener à terme ses idéologies de vengeance, le voilà dépendant d’une femme qui avait d’office prit une part trop importante de son cœur de pierre. Avec ces ténèbres, elle avait su percer cette roche si dure et s’y tailler une place de choix. L’ébène la respectait, peut-être même trop. Cette relation s’amplifiait chaque fois qu’ils se voyaient, atteignant un sommet qu’il n’aurait pas cru possible. Oui, il la laissait guider, il devait lui faire confiance. En plus, il se sentait si près de cette kunoichi légendaire qu’il avait une irrémédiable envie de la toucher, de la serrer, d’avoir un peu de chaleur humaine dans leur moment intime, rien qu’à eux. Étrange tout ça. Même si c’était ses envies à lui, ça n’empêchait pas qu’il les trouvait envahissantes et que ça le rendait très mal à l’aise. D’ailleurs, il vit aussi que Nëssa était elle aussi figée, néanmoins, elle ne le repoussa pas et semblait aussi apprécier ce contact. Elle le laissa parler, le regardant juste de ses orbes écarlates si agréables. Il était content dans un sens de ne pas être interrompu, lui qui jouait la sincérité.

L’adolescent au fort charisme avait déballé tout ce qu’il avait à dire, se révélant être d’une franchise étonnante. Lui qui était le genre d’homme à tout garder pour lui, à enfouir ses réels sentiments sans jamais les évoquer, Nëssa possédait une attraction qui le changeait un peu. Il eut un temps de silence entre eux, durant lequel l’ébène se retint de satisfaire son besoin de chaleur humaine. Seulement, son interlocutrice n’eut pas sa retenue, semblant reprendre vie après toutes les révélations avouées. Elle s’approcha lentement, jusqu’à l’entourer de ses bras fins, déposant sa tête contre son torse, alors qu’avant, elle avait prononcé son prénom comme un appel, qu’il interpréta comme une détresse. Sur le coup, Sasuke restait inédit, mais il finit lui aussi par serrer la belle. C’était une sensation étrange… Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu ce genre d’attention. Être aussi délicat, se montrer sensible, être littéralement proche de quelqu’un… Ça lui semblait si irréel. Pourtant, il ne manqua pas de profiter de l’instant, au contraire. Il croyait pouvoir rester ainsi pendant encore de longues minutes, éterniser ce tableau, ce moment intime qui leur appartenait. Même si l’ex-Konohajin savait que la beauté froide pensait à son défunt amour durant cet instant de tendresse, il se laissait juste aller. L’héritier du clan maudit resserra légèrement son étreinte, puis ferma les yeux, demi-sourire aux lèvres. Il se sentait si léger, qu’est-ce qu’il était tellement loin de se douter de ce qui suivrait… Nëssa lui murmura qu’il ne la connaissait pas, qu’il ne savait pas qui elle était vraiment, ce qu’elle avait fait par le passé… Qu’est-ce que cela changeait à ce qu’elle était aujourd’hui? Pour lui, savoir ça ne modifierait pas la vision qu’il avait de cette femme, ce qu’il ressentait à son égard. Le passé, c’était le passé. L’utilisateur du sharingan se doutait bien qu’avec Madara comme compagnon, qu’elle devait avoir brisé des vies. Il voulait juste fermer les yeux là-dessus, être égoïste et la garder pour lui tel qu’elle était dorénavant.

-Tu ne peux pas être mauvaise, dit-il doucement, avant d’ouvrir un peu les yeux pour la contempler, même s’il voyait surtout ses longs cheveux blancs plus que son doux visage angélique.

Non, elle était trop délicate, trop attentionnée à son égard pour être le monstre qu’elle décrivait. Le noiraud ne voulait juste pas y croire, désireux de simplement ignorer le ton qu’elle employa pour lui avouer ce fait. Ne pouvait-elle pas simplement se taire et le serrer à l’en étouffer?! Se serait beaucoup mieux. Néanmoins, son attitude fermée et ce déni de la réalité n’aida en rien le choc qui le prit alors qu’elle continua. Qu’est-ce qu’elle venait de dire là?! Non… juste non! C’était impossible, comment cela pouvait être vrai? Alors que la terrible révélation faisait son chemin dans son esprit, son corps prit le relai. Après tout, il avait toujours été plus physique. Tout son être se raidit sous son touché, son dos s’arqua vers l’arrière, ses bras lâchèrent cette femme qu’il serrait contre lui précédemment… Les souvenirs affluaient sans qu’il ne le veuille, lui faisant revivre ses sept ans. Des paroles, ses impressions, l’odeur de sang, les images d’horreur, ses cris, sa douleur… Ce torrent lui empoignait lourdement le cœur, il voulait refouler et passer par-dessus, mais… il n’y arriva malheureusement pas. Blessé, son esprit divagua quelques instants. Il s’entendait avec sa voix de gamin, issue de lointains souvenirs…

-Maman, papa?
-Il y a quelqu’un… bouge!
-Grand-frère, maman et papa sont…
-Aie, pourquoi?
-Stupide petit frère…
-Arrête! Ne me montre pas ça!
-Pourquoi… pourquoi avoir tué tout le monde?
-Pour tester mes capacités, c’était important.
-Juste pour… ça… Te fous pas de moi!

Tester ses capacités, obtenir l’immortalité… Mais la vérité était tout autre, ça ne s’arrêtait pas là…

-Konoha a commandité le massacre du clan Uchiha. C’était la mission d’Itachi.

Une mission, un gain personnel… Un putain de gain personnel! Comment, pourquoi? Sasuke retourna à la réalité, une tonne d’interrogation se bousculait dans sa tête, sans qu’il n’arrive à les verbaliser. Il était juste figé, bouche-bée, incapable de bouger. Il l’entendait parler, elle parlait d’amour, comment avait-elle pu se rendre à ce sujet alors qu’elle venait de dire qu’elle était la meurtrière de son clan! L’ébène revint à lui pleinement lorsqu’il ressentit un vide, un froid sur son torse. Celle qui autrefois fréquentait son ancêtre venait de se reculer, comme si elle avait vu son trouble. Reprenant vie, l’adolescent fit lui aussi quelques pas en arrière et il réalisa qu’il avait activé son dojutsu au premier stade sous la vive émotion qu’il comprimait son cœur de pierre. Nëssa continua son monologue, dévoilant une maigre partie de son passé et il la laissa faire, comme si une force invisible l’empêchait de l’interrompre. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait. Elle lui parla d’amour et de haine, disant que c’était difficile que de les distinguer. Quoi? Comment pouvait-elle avoir du mal à les différencier!? Lui qui n’avait jamais goûté à l’amour comme dans un couple, il savait ce que c’était, malgré son jeune âge. Oui, il avait tant haï son frère, mais cette haine avait muté après avoir découvert la vérité. En effet, elle était devenue un profond respect, un amour tout aussi puissant. Il avait tant aimé sa famille, l’amour et la haine, la ligne à franchir entre les deux était mince, mais pas au point d’autoriser de les confondre aussi facilement. Voilà la réflexion qu’il se fit, il eut bien envie de la partager de façon virulente, mais il garda pour lui, patienta sagement, tellement que ça ne présageait rien de bon. Celle qu’il voyait comme une mère jusqu’à il y a quelques minutes poursuivit, lui dévoilant qu’elle avait vu tout ceux qu’elle aimait mourir, alors qu’elle restait là, jeune et belle. La perte de Madara semblait être son plus gros deuil. Sasuke ne comprenait pas, principalement parce qu’il n’avait jamais goûté à l’amour fusionnel, à l’amour entre deux personnes non issues de la même famille. Est-ce qu’un jour cela lui serait permis? Est-ce qu’il serait capable de s’ouvrir à ce point? Ça l’effrayait presque d’y songer, et il chassa rapidement ses interrogations totalement inutiles vu la situation. Lorsque Nëssa termina enfin, lui posant une question sur les origines de son chakra de ténèbres qui l’attirait tant, l’ébène demeura silencieux un instant. Il e voulait pas poursuivre comme si rien n’était, il ne le pouvait tout simplement pas! Involontairement, son visage était plus fermé, plus dur, surtout à cause de ses iris écarlates ornés de trois tomoes noirs. Sourcils froncés, yeux à demi-fermés, son corps à l’attitude de fuite ou défensive en disait long sur ses pensées. Et enfin, sa voix grave s’éleva.

-Je… non, soupira-t-il, mais… Comment as-tu osé faire ça? Demanda-t-il, étrangement calme.

Il ne concevait pas qu’elle avait pu assassiner tous les siens ainsi pour… ça, pour son bénéfice personnel. Étrangement, ça sonnait presque comme une copie du clan de l’éventail qui tuait leur personne proche pour développer le Mangekyo Sharingan et leur fratrie pour obtenir l’évolution de ce dojutsu, leur permettant de ne plus perdre leur lumière. Leur surnom de clan maudit prenait alors tout son sens. Provenait-elle également de ce qu’on pouvait appeler une famille de ce genre? M’enfin, ce n’était pas l’important. Il s’attarda plutôt sur le fait qu’elle avait souhaité devenir immortelle. Comme elle venait de l’avouer, voir tous les êtres qu’elle aime mourir, cela devait remettre lourdement en cause le désir d’être immortel de vieillissement, non? Alors qu’est-ce qui avait fait en sorte qu’elle veuille d’une telle vie? Égoïste, pour son compte, elle avait pu réussir à inhaler tout sentiment, comme l’avait fait Itachi. Sans sa haine, Sasuke savait qu’il ne serait jamais capable de se transformer en meurtrier de sang-froid. Le jeune déserteur ne comprenait pas comment on pouvait en venir à être capable d’éliminer des êtres chers. Néanmoins, il avait une bonne idée de ce que ressentait Nëssa face à son geste, regrettait amèrement d’avoir tant détesté son aîné et de l’avoir affronté à mort. Il aimerait lui adresser quelques mots moins haineux et le revoir. D’ailleurs, il se demandait si son interlocutrice désirait aussi simplement revoir une dernière fois sa famille.

-Pour l’immortalité, est-ce que ça valait le fait de ne jamais revoir tes proches? Demanda-t-il, plus rude que prévu.

Son intention n’était pas de se montrer hostile, même si c’est exactement cela qu’il dégageait. Cependant, loin de se sentir mal de ça, il patienta d’obtenir les réponses à ses questions. Le nukenin de la feuille tentait vraiment, vraiment de ne pas la juger, mais c’était difficile. Au moins, avec ces réponses, peut-être arriverait-il à surmonter les révélations et de ne pas la voir s’un autre œil. La confiance qu’il lui vouait était ébranlée, de même que la condition émise précédemment. Pourrait-il l’écouter sans broncher alors que l’adolescent craignait d’être aussi trahi? Finirait-il par lui servir de sacrifice? Décidément, ses premières impressions sur le compte de cette femme venaient de changer! Est-ce qu’il était possible pour elle de rattraper le coup? Serait-il capable de mettre cela de côté pour bâtir avec elle une relation solide de confiance? Sincèrement, pour le moment, Sasuke n’en avait pas la moindre idée. Totalement concentré sur la révélation qui le choqua, il en oubliait presque le reste. Néanmoins la confusion qu’elle avait émise lui revint en tête, il devait en parler, démontrer à quel point au contraire, il était facile de distinguer les deux antipodes : l’amour et la haine. Pour lui, c’était inconcevable que de ne pas les comprendre et il devait l’exprimer de vive voix. Était-ce une bonne idée? Est-ce que cela provoquerait un effet d’entrainement qui le pousserait à aller plus loin, à se montrer encore plus méprisant à son égard? Qu’importe, il était dans sa lancée.

-Comment en arriver à confondre l’amour et la haine? Les deux sont poignants, les deux prennent au cœur c’est vrai, mais la haine est le contraire de l’amour. Pour avoir tant haï mon propre frère, je le sais. Aujourd’hui, cette haine s’est transformée en un amour aussi puissant. Jamais je ne pourrai confondre, termina-t-il, sec, le ton désagréable.

Il n’en revenait simplement pas et il était content de l’avoir exprimé. Sérieusement, il ne savait pas comment il devait réagir à tout ça, ni s’il exagérait. Bon, il était comme il était. Si ça ne plaisait pas à Nëssa, peut-être s’était-il réellement trompé sur elle, bien que pour le moment, c’était ainsi qu’il pensait. Une fois sa colère et sa stupeur descendues et passées, probablement qu’il serait plus ouvert et moins blessant envers elle. Quelque part, c’était si loin comme fait, que oui, il n’avait pas de réelles raisons d’être si chiant, mais il n’arrivait juste pas à passer par-dessus. Ses poings se serrèrent alors, puis il détourna la tête, fermant douloureusement les yeux. Il tremblait presque tellement une tonne de contradiction l’envahissaient à ce moment. Pourquoi lui faisait-elle vivre tout ça? Il détestait les émotions! Qu’est-ce qu’il aimerait en être dépourvu, là maintenant! Mais non, il en avait bel et bien et ça le saoulait terriblement.

-Je ne comprends pas que tu me dises ça, alors que j’ai perdu ma famille des mains de mon ainé. Tu devais bien prévoir ma réaction, ou alors tu me connais bien mal, dit-il, toujours aussi distant.

Sa voix s’était élevée sans qu’il n’ait bougé. L’Uchiha était encore aussi franc, lui disant ses doutes sans chercher à les dissimuler. Il voulait comprendre, pourquoi maintenant, pourquoi faisait-elle tout ça? Cherchait-elle à se débarrasser de lui en avouant ça, sachant que c’était sa corde sensible et qu’inévitablement, il s’emporterait? Il tentait vraiment de ne pas faire le con et de vraiment détruire leur lien, mais qu’est-ce que se contrôler était dur!

L'unique spécimen encore vivant de la famille Eikaeiën jouait peut-être bien avec le feu. Après tout, elle savait le risque qu'elle adoptait en parlant de ses histoires macabres en compagnie de ce jeune homme au passé traumatisant. Uchiha Sasuke, le dernier de la lignée de l'éventail, du peu de temps et des faibles années qu'il avait vécues, en connaissait déjà tout un plat au sujet du visage sombre de l'humanité. Enfin, sombre, c'était un mot assez vague. Si on voulait un énoncé davantage précis, il aurait fallu dire « le visage naturel ». Depuis la naissance de l'histoire, l'homme était une espèce de primate particulièrement masochiste prenant royalement plaisir à s'autodétruire. La guerre, la haine et le conflit, L'être humain baignait paisiblement dans ce nuage aux couleurs sanguinaires et vicieuses, pourtant il n'y semblait pas pour autant malheureux. Quel atroce destin d'être un animal aimant la souffrance. Le plus pire dans tout cela, c'était que ces créatures du démon finissaient toujours par trouver un nouveau calvaire se nommant l'Ennui. Bon sang qu'on se fait chier lorsqu'il n'y a pas de problèmes à proximité, n'est-ce pas ? L'humain était une bête politique, une chose souhaitant continuellement s'améliorer ainsi que de se surpasser. Néanmoins, pour devenir plus fort, il fallait inévitablement réduire en miettes les autres et écrabouiller leurs rêves. Les ambitions de nos proches ne faisaient que ralentir la vitesse des nôtres. Ainsi, une personne voulant partir à la conquête du monde n'avait pas le choix d'exterminer son imminent compétiteur. La gloire et le luxe n'étaient pas des éléments dignes de partage. La nourriture ou encore les biens matériels se partageaient, mais ce n'était malencontreusement pas le cas pour les précieux émotifs. Seriez-vous moindrement en colère si une autre personne partait accompagnée de votre douce moitié ? Seriez-vous jaloux si jamais votre meilleur ami vous abandonne pour quelqu'un d'autre ? Certainement, oui. L'être humain n'était pas une création de Dieu le Tout-Puissant, mais bien un vice de Satan. Nous étions affreux, horribles ! On ne pensait qu'à notre petit nombril. « Au diable celui-là ! Je préfère celui-ci » Était-ce réellement cela la vie, le rejet, se croire meilleur, se placer au-dessus en espérant recevoir un spectre de reconnaissance ? À vrai dire, la kunoichi aux allures divines n'en revenait justement pas. De plus en plus, la demoiselle commençait dorénavant à mieux saisir le projet Tsuki no me de son défunt amour, Madara. Serait-il vraiment capable de modeler un monde en paix à l'aide de son genjutsu ? La femme n'en était pas encore complètement convaincue de cette possibilité, mais elle osait considérer une parcelle d'espoir. De toute façon, Nëssa était la mieux placée pour connaître le potentiel absolu de son chéri. Il ne pouvait pas se tromper, surtout après les nombreuses décennies qu'ils avaient savouré ensemble. La belle dévouait une confiance pratiquement aveugle à cet homme quasiment divin, c'était fou.

Le kunoichi comprenait plus que quiconque ce que vivait actuellement le jeune héritier du clan Uchiha, car elle-même avait connu une situation quasiment semblable. Assurément, de telles paroles devaient peut-être lui remémorer de sombres souvenirs, lui faire voir une nostalgie d'antan. Nëssa se sentit désolée d'accorder de la souffrance à celui qu'elle considérait comme son fils adoptif, mais il devait également se remettre les pieds sur la terre ferme et de rester fort à tout prix, d'être un homme, un vrai. Est-ce qu'un homme se morfondait constamment sur les préjudices ? Non, pas du tout ! Il fallait cesser de se replier en petite boule sur ses traumas et envisager l'avenir d'une manière davantage plausible. Après tout, Nëssa ne désirait que le bien-être du jeune noiraud. Son frère ainé lui avait menti et caché l'effroyable vérité concernant le massacre du clan Uchiha durant toute sa courte existence. Ce n'était pas une chose que la seule utilisatrice des ténèbres foulant ces terres allait reproduire avec le pauvre Sasuke. Leur amour, leur affection ne devait pas être aveugle, sinon ce serait une immense catastrophe. La belle ne cacherait plus rien au sombre adolescent et elle lui raconterait tout, tout afin qu'il sache exactement qui est Nëssa Eikaeiën. De cette façon, il n'aura pas de mauvaises surprises plus tard, mieux vaut s'y prendre tout de suite. Sasuke n'était plus un simple gamin innocent, c'était un jeune adulte à la recherche de l'épanouissement ainsi que de la sincérité. Comment la demoiselle pouvait-elle bâtir un réel lien de confiance avec lui, s'il n'était pas prêt à l'écouter et à comprendre un peu son ancienne vie ? La kunoichi était loin d'être parfaite ni de représenter des idéaux divins pouvant inspirer l'admiration d'une population entière, cependant, les erreurs passées qu'elle avait commises, plus jamais elle ne les referait. Jamais elle n'oserait trahir un être cher, plus jamais elle ne serait éblouie par l'avidité infernale de la puissance. Du moins, tout cela, est-ce que Sasuke le saisissait ? Comprenait-il que l'humain tait un animal intelligent ayant la capacité d'apprendre de ses fautes et de mémoriser les choses importantes ? Certes, on réalisait tous des actions atroces, horribles. On volait des gens sans défense, on battait les plus faibles, on violait les femmes, on trahissait nos meilleurs amis, on disait des mots blessants à nos proches et en guise de discrimination. Toutefois, au coeur de cette mer de pêcher, est-ce qu'il y avait un minuscule nid pour le bidule que l'on nommait le « pardon » ? À un moment donné, cette chaine de haine devait arrêter. Sinon, ce serait même les immaculés qui en payeraient les conséquences.

Malgré les anciennes expériences macabres du jeune homme, il paraissait grandement choqué des terribles révélations de la beauté. M'enfin... Il s'attendait à quoi au juste ? La naissance de Nëssa remontait à une dizaine de décennies et elle possédait le physique d'une jeune femme au milieu de sa floraison. C'était une chose évidente que la demoiselle avait dû réaliser des actions atroces dans le but de parvenir à un spectre d'immortalité. L'immuabilité ne s'obtenait pas en restant planqué là, les deux bras croisés, oh que non. Il fallait accomplir des actes pas toujours recommandés. Comme de raison, la belle avait été élevée dans ce genre d'environnement, un environnement où elle devait faire de tout son possible pour excuser les voeux de sa lignée. En effet, le clan Eikaeiën n'avait vécu que pour un seul destin : trouver la perfection. Cependant, on savait tous très bien qu'une vie de mortel, surtout celle d'un shinobi, c'était éphémère. Devenir parfait en quelques dizaines d'années était un objectif hautement improbable. Cela, la kunoichi l'avait compris et son amant également. En étant une immortelle, Nëssa poursuivait en quelque sorte les idéaux de sa famille, ce pour quoi ils habitaient dans ce monde indescriptible. L'espoir ainsi que la volonté de ses ancêtres coulaient à l'intérieur de ses veines et leur sacrifice de jadis ne devait pas être en vain. Elle portait ce fardeau dans son coeur et son âme, mais elle ne comptait pas le laisser tomber et encore moins décevoir sa dynastie. L'unique utilisatrice des ténèbres poursuivait cette utopie antique, ce fantasme surréaliste, cette lumière si brillante perçant la nuit et ouvrant les horizons d'une éternité de bonheur. Par delà le passé, le présent et le futur, ce rêve de tout guerrier tombé au combat contemplait au moment de sa mort, si triste, mais si noble... Brandissant leur volonté avec fierté, imploré d'accomplir ce serment jusqu'au bout. Désormais, elle allait maintenant entonner le véritable nom du miracle entre ses mains. Oui, c'était son nindo. Faire de ce monde un lieu parfait, un endroit blanc et vierge sans haine ni colère ni honte. Elle y voyait clairement, ces terres n'étaient rien d'autre que de la souffrance en conserve. Le destin l'avait choisi pour être l'un des émissaires que modifierait à tout jamais la vie. Plus le temps passait et plus elle s'en rendait compte. Nëssa n'était pas une humaine comme les autres, elle était une espèce spéciale, sortant de l'ordinaire. Parfois malsaine, parfois douce et tantôt sanguinaire, elle agissait dans le seul devoir de la pureté et de la justice.

L'âme de Sasuke avait besoin d'être sauvée, l'amour qu'elle lui désignait était trop intense. Elle ne pouvait pas se permettre qu'il lui arrive quelque chose de grave. Néanmoins, il était aveuglé par la haine et par le désir de la destruction. Que devait-elle faire au juste ? Pour dire vrai, Nëssa n'affectionnait pas particulièrement le fait de réduire pour réduire, mais elle devait accepter Sasuke comme il était et il avait de bonnes raisons de détester le village caché de la feuille. Madara également haïssait ce maudit village. Bref, la kunoichi se demandait bien pourquoi Konoha s'attirait toujours de telles embrouilles. Le dernier des Uchiha la questionnait, il lui demandait comment elle pouvait confondre l'amour et la haine, celui-ci ne semblait pas connaître la complexité de ces émotions d'une extrême sophistication. Pour le moment, Nëssa demeurait calme, conservant son sang-froid alors que Sasuke continuait sa réponse. L'oeil aux détails, elle remarqua que Sasuke paraissait quelque peu énervé, encore là, c'était relativement compréhensif. Élevant la voit, le jeune homme continuait de lui transmettre ses impressions. Cependant, la belle avait la vaste sensation qu'il la jugeait, qu'il la jugeait comme si elle n'était qu'une personne parmi tant d'autres.

« Sasuke, commença-t-elle sur son habituel timbre de voix cristallin , je veux que tu comprennes que ce sont des erreurs du passé, ce sont des choses que je regrette. Du moins... Il faut voir de l'avant ! Sans cela, je n'aurais jamais rencontré Madara et je n'aurais jamais pu te connaître, Sasuke. Notre lien n'aurait jamais existé. Et si je te parle de tout cela, c'est pour que tu saches qui je suis exactement, pour que tu apprennes à me connaître. Elle s'arrêta de parler quelques secondes afin de mieux reprendre. Sasuke... Ton frère ainé t'a caché la vérité pendant toute son existence. Veux-tu continuer de vivre dans l'ignorance ? Aujourd'hui, tu es un homme et tu dois prendre les choses comme elles le sont en acceptant que l'idéal soit difficile à trouver. Mais je dois l'admettre que ce monde est réellement impitoyable. »

La forêt derrière eux brulait encore et Pépite n'était pas revenue du massacre. Cette espèce de gros matou blanc prenait constamment son temps. Heureusement, la kunoichi à la chevelure blanche ne pensait pas vraiment à lui. Sentant que sa rencontre avec le deuxième possesseur de l'éternel kaléidoscope hypnotique du sharingan s'achèverait très prochainement, elle en profita pour discuter d'un dernier point avec le jeune homme. « Cependant, il existe un moyen de rendre ce monde meilleur... Madara veut faire de ces terres un lieu de paix, un endroit où l'on serait tous égaux. Nos rêves deviendraient tous réels. Il peut le faire et il me l'a montré ! Les erreurs de tout le monde seront réparées et nous pourrons faire revivre nos familles. Sasuke, dès le retour de Madara, je veux que tu nous aides à faire, de cet endroit, un monde parfait. Confia-t-elle à son interlocuteur avec une touche de détermination, les yeux brillants et émerveillés par ce rêve quasiment impossible. Sasuke... La souffrance doit cesser. »



...

Sasuke regardait toujours ailleurs alors que le son de sa voix s’atténuait. Les poings serrés, il tentait de comprendre où tout ça les mènerait. Il avait émis son questionnement de vive voix, il désirait une explication en retour. Outre cela, l’ébène fut assez étonné que son interlocutrice le laisse déballer tout son sac et patiente sagement qu’il ait fini, sachant qu’il s’était montré virulent envers elle à certains moments. Pour la toute première fois, il songea au fait qu’il était peut-être un peu gamin sur ce coup. L’héritier était le premier à dire qu’il n’était plus un enfant qu’on pouvait manipuler, pourtant, ses propres émotions étaient maîtres de lui, totalement. Comment pouvait-il affirmer qu’il avait pris en maturité, qu’il était un homme s’il ne pouvait pas encore se contrôler, demeurer calme et posé en toute situation, même face à des gens qu’il considérait comme des alliés? Ce questionnement eut vite réussi de le faire déchanter. L’Uchiha devait se reprendre et se montrer à la hauteur de ce qu’il proclamait être. Fini l’époque du jeunot qui ne faisait que crier et scander des bêtises. Quand il y repensait, il se trouvait stupide d’avoir foncé si souvent vers son aîné sans être réellement prêt… Les adultes pouvaient bien le trouver immature. S’il ne voulait plus que les gens le manipulent et abusent de sa confiance, il se devait d’agir en adulte. Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’on possède un caractère aussi impulsif et que la haine dirige nos actions, n’est-ce pas? L’adolescent ne faisait pas exception à cette règle. Néanmoins, toutes ses réflexions le ramenèrent à la réalité, ainsi, il put se calmer. Ses poings se relâchèrent, puis lorsqu’il daigna enfin regarder de nouveau la belle devant lui, ses yeux étaient redevenus noirs. Son visage conservait par contre toujours une expression neutre, mais au moins la haine et le ressentiment avaient quitté ses jeunes traits. Le noiraud était prêt à affronter les réponses de ses affirmations et questions.

Lorsqu’elles vinrent, Sasuke écouta, curieux, mais surtout plus paisible que précédemment. Cette femme le captivait totalement par sa sagesse, par sa maitrise d’elle-même aussi. Elle ne semblait même pas lui en vouloir d’être un adolescent capricieux qui élevait la voix dès que quelque chose ne lui plaisait pas. Elle lui parlait naturellement, comme si de rien n’était. Ce que Nëssa lui disait prenait du sens, il ne pouvait pas le nier. Une sorte de morale ressortait de tout cela. Le nukenin de Konoha finit par comprendre où la belle kunoichi voulait en venir avec tout ça, avec ces révélations qui l’avaient d’abord troublé et ébranlé. Elle regrettait ses gestes et elle voulait qu’il comprenne qui elle était, ce qui l’avait façonné au fils du temps, tout comme lui qui tâchait d’exposer sa personnalité. L’Uchiha l’écouta jusqu’au bout, même lorsqu’elle parla d’Itachi. C’était toujours difficile pour lui que l’on parle de son aîné, mais venant d’elle, cela passa étrangement mieux que certains. Oui, il lui avait légué une vie basée sur le mensonge et non, le jeune homme ne voulait pas continuer dans la tromperie, ni de chercher un idéal quelconque. Il voyait bien que ça n’existait pas, puisque cette femme qu’il voyait comme parfaite ne l’était pas. Cette donne changeait considérablement le point de vue qu’il avait d’abord eu. Sans leur chemin respectif, se seraient-ils connus? Leurs sombres routes se seraient-elles croisées sans tous ses évènements malheureux? C'était un questionnement qui n’aurait jamais de réponse et franchement, s’y attarder serait une perte de temps. Maintenant, le déserteur de la feuille lui était reconnaissant de s’être ouverte ainsi, de lui faire confiance au point d’aborder ce genre de sujet. Nëssa le traitait simplement en adulte, comme il le désirait. Enfermés dans leur monde à eux, plus rien autour ne semblait avoir d’importance. C’est dans ces conditions que l’ébène tenta une approche. Il revint alors sur ses pas. Désormais plus près de la déesse qu’était son interlocutrice, il prit la parole à son tour.

-Je comprends maintenant. Non, je ne souhaite plus vivre dans l’ignorance ni dans la tromperie. Autant être honnêtes un envers l’autre, comme tu le fais.

Il souhaitait s’excuser pour son précédent comportement et même la remercier, mais il n’était pas à l’aise avec ce genre de mots. Son attitude démontrait beaucoup plus ses intentions à cet instant que ses mots. Si l’utilisatrice des ténèbres y portait un peu attention, elle comprendrait. Après ces courtes paroles, la beauté froide continua sur sa lancée. Elle lui expliqua alors que le monde actuel, cruel et impitoyable pouvait être changé, qu’il y avait moyen de le rendre meilleur pour tous. Sur le coup, Sasuke ne sut quoi y penser. Était-ce réellement possible tout ça? Comment pouvait-on en arriver à un monde de paix avec la guerre actuelle, avec le cercle vicieux de la haine. Les survivants voulaient venger leurs morts, cela était normal. Détruire pour alléger son fardeau, l’être humain était fait ainsi et l’Uchiha n’échappait pas à ce constat. Est-ce qu’un jour sa douleur s’apaiserait? Est-ce qu’il pourrait passer à autre chose, développer d’autres plans, d’autres projets pour l’avenir que la vengeance et de faire vivre à tous sa justice? L’adolescent ne possédait pas la réponse à cette interrogation. Néanmoins, il semblerait que cette femme qui prenait un rôle de mère remplaçante souhaite lui faire voir la vie autrement, qu’elle désire l’embarquer dans un autre projet dans lequel elle semblait avoir foi. La souffrance devait cesser oui, mais…

Sincèrement, la contradiction qu’il vivait à cet instant il ne savait pas du tout comment la verbaliser. D’un côté, il était vrai que ce projet était alléchant, pouvoir revoir ses proches, réaliser les rêves de tous et que l’humanité vive en paix, ça semblait si irréel, mais si Nëssa disait que Madara le pouvait, alors c’était nécessairement vrai. Qu’est-ce qu’il aimerait revoir sa famille, pouvoir leur parler, leur montrer à quel point il avait grandi et progressé. Juste les avoir devant lui… D’un autre côté, c’était un gros mensonge, un monde parallèle qui ne devrait pas exister. Lui qui se battait continuellement pour faire régner sa justice, pouvait-il abandonner si vite pour prendre le rêve d’un autre? Qu’est-ce qui lui garantissait que son ancêtre reviendrait d’entre les morts? Comment le pourrait-il d’ailleurs? N’avait-elle pas dit plus tôt justement ne pas posséder un tel don? Franchement, Sasuke avait du mal à y croire, mais voyant cette lueur dans les yeux écarlates de son interlocutrice, il sut, il comprit que pour elle s’était important. Cette femme était prête à suivre son défunt amour partout, elle absorbait ses idéaux et les faisait siens. Que pouvait-il répondre à cela? Il devait émettre ses doutes sur un plan de cette envergure, mais aussi garder qui il était dans tout cela, ne pas se renier lui-même pour lui faire plaisir. Au final, tous deux seraient perdants si le survivant de l’éventail se risquait sur cette voie. C’est pourquoi il resta dans cette optique de franchise. Pas besoin de mensonge, pas besoin d’inventer d’histoire. Les deux êtres présents dans cette vallée maudite s’ouvraient, se découvraient. Il était normal qu’il y ait parfois des accrocs, tant qu’ils arrivaient à les surmonter. Les liens faisaient souffrir, comme il le disait depuis ses sept ans, mais ils apportaient également une certaine paix. Sur quel aspect miserait le dernier représentant de l’éventail? Il tenta de mettre de l’ordre dans ses idées tout en les avouant de vive voix.

-Ce projet, il est réellement tentant. Revoir mes proches, vivre dans un monde parfait, ça semble si irréel… et c’est justement le problème. Comment pourrais-je mettre de côté ma rancœur envers Konoha pour me consacrer à ça? Ça me blesse, ça me ronge totalement, avoua-t-il, les dents serrées tout en posant sa main droite sur son torse. Ils ne peuvent pas finir impunis et vivre dans un monde parfait, pas après ce qu’ils ont fait aux Uchiha! Sa voix commençait à s’élever plus à mesure. Néanmoins, lorsqu’il reprit après un petit temps de pause, le noiraud était plus calme. J’aimerais vous aider, mais… je ne peux pas mettre de côté qui je suis, et… il arrivait à un moment délicat, il allait poser une question qu’il savait sensible. Il prit involontairement une intonation plus douce, sa main retourna longer son corps, comment Madara peut revenir d’entre les morts pour réaliser son objectif?

Voilà, il avait osé. Ni lui, ni elle ne possédait un tel pouvoir, alors qui pourrait ramener son ancêtre? L’homme masqué qui lui avait dit la vérité sur Itachi et qui se proclamait être Madara? Si c’était le cas, il n’aurait pas emprunté son nom. D’ailleurs, songer à tout cela amena un lot de questionnements. Qui était cet homme au final? M’enfin, il règlerait ce dossier plus tard. Là, Sasuke patientait d’avoir une réponse. Avant de changer ses plans, avant de s’embarquer dans un nouvel objectif, il devait être certain que ça puisse un jour prendre forme. À ce jour, tout était précaire. Le principal concerné ne foulait plus cette terre et les solutions pour le ramener, il n’y en avait pas tant. L’Uchiha n’en connaissait pour ainsi dire pas du tout. Il espérait tout de même ne pas blesser Nëssa avec sa dernière réflexion… Sa curiosité pouvait parfois l’amener vers des terrains dangereux.

Je vais te dire un grand secret, il est plus facile de mourrir que de vivre, c'est pourquoi je vivrai pour toi, mon amour.

Un monde de paix, de rêve et de perfection. Créer une telle chose paraissait totalement impossible. Néanmoins, la belle y rêvait et son ultime objectif se cachait certainement dans les abysses de cet idéal. Au début, lorsque Madara lui parlait de cette idée de génie, Nëssa eut vraiment du mal à y croire sur parole. N'étant pas une demoiselle naïve, elle lui exigea des preuves concrètes et des explications plus élaborées concernant le fonctionnement de ce plan extraordinaire. À vrai dire, la dernière utilisatrice des ténèbres n'avait jamais vu son amant aussi intéressé et emballé par un quelconque projet. Nëssa était prête à absolument tout faire pour que son amoureux soit heureux. Toutefois, une fois qu'elle avait compris en quoi consistait ce plan soi-disant divin, elle trouvait que c'était tout justement incroyable. Qui aurait dit que les beaux yeux, ceux qu'elle aimait tant contempler, étaient capables de créer un univers semblable ? Un monde irréel ? Oui et non, la vie, les émotions, les choses importantes ainsi que les valeurs morales et la religion, tout cela n'existait que dans la tête des êtres vivants. L'image de ce monde et de ce qu'il était devenu n'était qu'une représentation matérielle de notre imagination collective. En se basant sur ce fait, il était très judicieux d'affirmer que ce monde n'était rien d'autre que du charabia intensif. Tout n'était qu'une stupide illusion. Qu'elle soit naturelle ou bien artificielle, peu importe ! De toutes les façons, quelle était la foutue différence entre les deux ? Ça en revenait au même point et rien ni personne ne s'apercevrait que leur vie a été clandestinement modifiée par un autre genjutsu. Le cerveau humain matérialisait vraiment toutes sortes de scénarios, surtout des improbables. Il s'en remettrait certainement de ce petit changement, ce plan faisait plus de peur que de mal, en fin de compte. De moins, c'était à quoi pensait la kunoichi à la chevelure blanche, sa philosophie des éléments, sa vision personnelle de la vie et des images. Le bel Uchiha lui avait appris la sagesse comme ça et son clan lui avait insufflé ce genre de valeur extravagante. Nëssa voguait sans cesse dans l’idée, pour elle, c’était important de suivre la bonne voie, celle-là.


Par malheur, Sasuke paraissait perplexe en apprenant ce projet bien ambitieux. En fait, c’était simple, tout le monde était abasourdi en entendant de telles choses. Créer un monde parfait… L’être humain avait tellement perdu espoir qu’il ne croyait plus en rien, ils ne songeaient plus à la perfection, à l’idéal et à la rêverie. On avait besoin de cela, la foi en un élément supérieur nous rendait meilleurs. Pour le moment, les shinobis ainsi que ce monde imparfait étaient perdus et emprisonnés à l’intérieur d’un cercle infernal. L’amour, la paix et plein d’autres choses bénéfiques se faisaient écraser lamentablement par le négatif. Il n’y avait aucun équilibre entre les deux. Pouvait-on continuer de vivre dans une atmosphère pareille ? Nëssa n’en était tout simplement plus capable. Ce monde n’avait plus de bon sens ! Il ne valait plus rien ! À quoi ça sert de se battre pour des terres qui ne possédaient plus aucune valeur ? À quoi ça sert de vivre au cœur d’un monde de souffrance éternel pour ensuite finir mort et oublié de tous ? Dans le royaume de rêve que lui proposait Madara, le mal ainsi que la tristesse n’existaient pas. Il n’y avait que du positif. Celui qu’elle considérait comme son fils adoptif souhait d’abord accomplir son objectif de vengeance envers le village caché de la feuille. Eh bien, qu’il en soit ainsi. La belle n’y pouvait pas grand-chose. Elle ne possédait pas encore la capacité de changer la nature des gens. Sasuke devait réaliser son destin. Néanmoins, l’assassin du clan Eikaeiën allait l’assister et veiller sur lui. Après tout, c’était bien la moindre des choses qu’elle pouvait faire, même si sa spécialisation ne s’avérait pas être la protection des autres. Habituellement, on cherchait plutôt à la défendre et non le contraire. Désormais, elle devait faire un don de soi et ça ne la dérangeait aucunement. Elle ne voyait pas cela comme une obligation ou une tâche, mais plus comme une libération, la libération de son statut de banale femme sans réel impact sur le monde. Véridique, à quoi servait-elle si elle ne rependait ni le bien et ni le mal ? Si elle se comparait à des hommes puissants à l’image de Madara Uchiha, il était certain qu’elle ne servait à rien du tout. Lui, il représentait l’avatar d’un Dieu, d’une divinité, une force absolue tandis que Nëssa n’était rien de plus qu’une femme… Certes, la kunoichi excellait depuis sa tendre enfance dans de multiples disciplines ninjas et sa polyvalence s’étendait au-delà de plusieurs domaines différents. Plusieurs personnages la qualifiaient même de génie. Malheureusement, son immense talent ne représentait que des poussières si on le positionnait à côté de celui de son mari. S’il le souhaitait, il pouvait aussi bien la balayer d’un seul souffle ou s’en débarrasser de la manière qu’il voulait. Elle n’avait clairement rien pour lutter efficacement face à cet homme. Oui, et c’était exactement pour ça qu’elle l’adorait. Sasuke lui ressemblait énormément et ça devait être à cause de cela qu’elle ressentait un petit faible à son égard.


Le jeune survivant du massacre du clan de l’éventail prit la parole en soulevant quelques points lui tenant à cœur. La beauté restait calme et à l’écoute de ses propos, il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat. L’adolescent allait même jusqu’à soulever le « tabou » entourant le défunt amant de la demoiselle à la chevelure d’un blanc angélique. Certes, l’ancien leader Uchiha était présentement au sein du royaume des morts et les moyens pour le ramener à la vie ne se comptaient presque pas sur les doigts d’une main. Nëssa le savait, malgré que cela lui fende encore l’âme en deux parties. Cependant, elle ne devait pas céder à la tentation, une fois de plus. Après tout, Madara lui avait fait une promesse un peu avant son départ… Ce n’était pas le temps de crier au désespoir, au contraire.


« Je te l’ai dit, Sasuke… Je vais t’aider à accomplir ton devoir, tu n’as pas à craindre quoi que ce soit. Je sais ce que tu peux ressentir, mais je demeure tout de même une personne fidèle et loyale. Jamais je ne serais capable de te trahir et encore moins te faire du mal, dit-elle d’une voix légèrement plus forte que celle utilisée pour murmurer. Nëssa voulait que son interlocuteur lui accorde totalement sa confiance. Était-ce trop demandé ? Peut-être que oui. M’enfin, elle continua son dialogue alors que son regard scintillant était toujours rivé sur le jeune Uchiha. Madara m’a promis qu’il revivrait et il a toujours tenu ses promesses envers moi. Il… Il ne peut pas échouer ! Il va revenir, sa mort n’est qu’un contretemps parmi tant d’autres. Sasuke, il faut y croire, il faut croire en lui ! » s’exclama-t-elle en adoptant un ton davantage élevé.


Attendant la réponse du beau noiraud, la belle ne pensa à rien, préférant vider son esprit de ses nombreux doutes et ses diverses interrogations. Ayant une confiance aveugle destinée à son tendre amour, Nëssa croyait à cette histoire dur comme fer. Elle attendrait son retour aussi longtemps qu’il le faudra, oui, car il n’existait rien de plus magnifique et résistant que leur amour…




...

Le projet d’avoir un monde parfait, là où tous et chacun vivraient en harmonie, là où les rêves pourraient se réaliser et même que les morts pourraient prendre part… Même l’être le plus rêveur de ce monde arriverait-il à concevoir une telle chose? Était-ce possible de voir cela arriver un jour? Sasuke avait beau imaginer, il se disait que c’était juste irréel, que jamais cela ne pourrait prendre forme. Les membres de l’alliance se battaient pour justement contrer ce plan, ils n’en voulaient pas. Pourquoi le refuser? Qu’est-ce qui faisait en sorte qu’ils ne désirent pas progresser dans une telle perfection? Ces questionnements en amenèrent d’autres pour l’ébène. Nëssa lui avait-elle tout dit sur cet objectif? Pour qu’une majorité de personne se soulève ainsi, il devait forcément y avoir des contres assez chiants. Sa curiosité l’emporta, franchement, il voulait les savoir, ces contres. M’enfin, peut-être était-il trop tôt pour poser autant de questions, après tout, le principal concerné n’était pas présent pour défendre son projet, pour l’expliquer. Ça ne servait à rien que de bombarder la beauté à la chevelure blanche d’interrogations. Ce n’était pas elle qui pouvait mettre en place tout ça. Il exprima alors tout de même ses doutes et ses craintes, désireux aussi de savoir si elle avait ne serait-ce qu’une mince idée de comment le co-fondateur de Konoha pourrait revenir. Avoir osé se rendre jusque-là dans ses demandes le rendait légèrement mal à l’aise, mais c’était nécessaire pour lui de savoir.

Sasuke vit à quel point sa dernière affirmation blessa son interlocutrice. En dépit de la prudence avec laquelle il choisit ses mots, et même inconsciemment cette intonation plus douce, plus compréhensive, les yeux rougeoyants de Nëssa ne mentaient pas. Après tout, ne disait-on pas qu’ils étaient les miroirs de l’âme? Oui, à cet instant, le survivant du clan Uchiha put lire la douleur si forte que la belle ressentait de se dire que son amoureux se trouvait si loin d’elle à ce moment. L’adolescent eut envie pendant une seconde de s’excuser d’avoir osé en parler, aller la serrer contre lui pour se faire pardonner, mais il ne fit juste rien, restant là, planté sur place droit comme un piquet, les bras de chaque côté du corps. Il n’était pas encore à l’aise lorsqu’il ressentait de tels besoins, puis il se disait qu’il ne ferait que l’envahir pour rien, alors qu’elle n’aurait probablement pas envie que ça se passe ainsi. Comment l’auto-persuasion pouvait être son point fort parfois… Heureusement pour lui, la kunoichi prit rapidement la parole après, ne le laissant pas trop longtemps dans son dilemme chiant. Elle lui affirma une nouvelle fois qu’elle l’aiderait dans sa quête, de ne pas s’en faire avec ça. Il n’en fut pas étonné, mais la suite, ça, il ne s’y attendait pas. Comment avait-elle interprété ses précédentes paroles pour qu’elle en vienne à croire qu’il ne lui faisait pas confiance? Il avait accepté sa condition, en soi, l’héritier de l’éventail appelait ça une marque de confiance. N’importe qui d’autre dans ce monde lui aurait mis cette même exigence, il l’aurait envoyé bouler sans autre forme de politesse, affirmant haut et fort que personne ne pouvait le contrôler et devenir maître de sa vie… Pourtant, avec cette femme qu’il apprenait encore à connaître, il se laissait aller. N’était-ce pas là ce qu’il pouvait faire de mieux comme preuve de sa bonne foi en elle?

D’ailleurs, fini les murmures et les phrases douces. Elle lui parlait sur un ton plus imposant, plus puissant. Cela s’accentua lorsqu’elle continua sur sa lancée, parlant de l’impossibilité que Madara ne puisse pas tenir sa promesse de revenir dans le monde des vivants pour accomplir son objectif. Elle le somma finalement de croire en son ancêtre, de croire qu’il reviendrait à coup sûr. C’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Sasuke avait souvent côtoyé la mort, la déjouer ne serait pas une chose simple, permise à n’importe qui. Il demeurait très terre à terre concernant ce point. Réaliste, il ne voulait plus se faire d’illusion pour se blesser d’avantage. Fini l’époque du gamin naïf et manipulable. Il ne se laissait plus avoir. Les liens étaient vraiment distrayants et douloureux, lui qui le savait plus que quiconque. Pourquoi continuait-il de s’infliger toute cette souffrance? Ne serait-il pas mieux pour lui de redevenir ce loup solitaire qu’il était il n’y a pas si longtemps? Œuvrant que pour son propre bien, ne se souciant de personne que son petit nombril… alors qu’il n’avait plus aucune attache et qu’il était totalement libre de faire ce qu’il désirait. Un retour en arrière, cela semblait si simple. Faire marche arrière, se rétracter, non, ce n’était pas être lâche… Si à cet instant, le noiraud avait été totalement honnête, oui, il aurait admis qu’il était maintenant impossible de faire ce retour. Il était dépendant des nouveaux liens qu’il avait tissés. Ils l’apaisaient, le rendaient plus stable. C’était son point d’ancrage dans la réalité, ce qui l’empêchait d’agir sur un coup de tête. Il était rassuré aussi que Nëssa lui dise encore qu’elle ne le trahirait pas, qu’elle ne pourrait lui faire du mal. Qu’est-ce qu’il aimerait lui rendre la réciproque, la rassurer aussi que c’était la même de son côté, mais il avait l’impression que ce serait mentir. Tout ce qu’il effleurait des mains finissait par disparaître. Il était rude sans le vouloir. Pourquoi? Était-il si maudit? Qu’avait-il fait de mal? Tout cela lui donnait envie de crier sa douleur, mais il se retint. Il faisait face à quelqu’un qui le comprenait, inutile d’en ajouter. C’est pourquoi il songea quelques instants à ce qu’il allait répondre, le plus sincèrement possible. Le déserteur de la feuille souhaitait lui faire plaisir, quitte à se mettre dans une situation peu conformable par la suite. Dans la Vallée, l’écho de sa voix grave résonna.

-Je ne doute pas de tes intentions à mon égard, Nëssa, sinon je n’aurai pas accepté cette condition plus tôt. Si Konoha ne peut pas faire partie de ce projet, alors je vous aiderai, finit-il, l’air serein, arborant même un micro sourire.

Il était si rare de pouvoir l’admirer ainsi, de le voir avoir une expression si peu haineuse ou froide sur son visage. Néanmoins, envers elle, cette femme qui avait réussi à percer si rapidement et si facilement toutes les défenses de son cœur, il s’en fichait de ce qu’il montrait de lui. Inutile de continuer d’avoir une carapace, se serait être non honnête. Nëssa avec sa sagesse lui ouvrait les yeux sur divers faits, sur une nouvelle façon de voir le monde. Pour rien au monde il se priverait de ça, de l’écouter, juste pour jouer les farouches et le type difficile d’approche. Juste pour elle, juste envers elle, il voulait bien faire ressortir sa personnalité plus ouverte qu’il possédait autrefois, qu’il tenait terrée au fond de son âme. Néanmoins, il ne désirait pas non plus lui faire trop d’espoir. Il devait mettre au clair un autre point.

-Bien sûr, j’aimerais parler avec Madara de tout ça d’abord, lorsque se sera possible.

Et de bien autres choses, pensa-t-il, mais nul besoin de l’affirmer de vive voix. Le voilà qu'il s’embarquait dans un nouveau projet, qu’il absorbait le plan d’un autre. Était-ce une bonne idée pour lui? Le regretterait-il plus tard? Qu’importe, du moment que Konoha était réduit à néant, le reste lui importait peu. Cela lui donnerait un nouveau souffle après la destruction de son village natal, une nouvelle cause à se donner à cent pour cent. Pour le moment, cela semblait être la meilleure voie à suivre. Il continuerait de s’entrainer pour progresser, devenir plus puissant et ainsi être en mesure de tout faire de lui-même. Jamais il ne deviendrait l’ombre de quelqu’un. L’adolescent devait maintenant se montrer à la hauteur pour que la ténébreuse ne regrette pas de lui avoir parlé de ce plan, de l’avoir embarqué là-dedans. Une nouvelle volonté brûlait en lui à présent. Seulement, une autre réalité le frappa. Leurs attitudes avaient changé, inévitablement, le moment de se séparer approchait. Oui, il devait retrouver Yuki comme il l’avait dit à Karin, pour ensuite la rejoindre elle et élaborer leur futur plan, s’entrainer ensemble et développer des tactiques pour écraser le village de la feuille. Cependant, là, l’ex-porteur du sceau maudit ne désirait pas partir. Il était bien ici, avec elle, seul à seul. Ce petit moment intime lui faisait le plus grand bien. Il osa alors une toute petite phrase, il se demanda d’ailleurs d’où il eut la force de la dire de vive voix.

-J’aimerais rester proche de toi, murmura-t-il.

Il se mordilla ensuite la lèvre, tout en baissant la tête. Il savait que ce souhait devait paraître irréalisable. Nëssa, le suivre comme les ex-membres de Taka l’avaient fait avant? L’Uchiha n’était pas dupe, loin de là, mais la phrase lui avait échappée. L’ébène se sentait un peu con sur le coup. Que penserait-elle de ça? La décevoir ou s’attirer ses moqueries étaient bien les dernières choses qu’il cherchait à faire, mais c’était plus fort que lui. Devant cette femme incroyable, il se revoyait devant sa mère, à ses sept ans. Nëssa sans le savoir exerçait un pouvoir sur lui, celui de le changer, de le faire redevenir fragile. Alors seulement pour elle, il l’acceptait, seulement pour elle…

Les enfants gâtés se plaignent sans cesse de l'existence, parce que l'habitude d'être comblés les rend incapables d'apprécier ce qu'ils possèdent.

Cette nouvelle rencontre touchait à sa fin et la kunoichi ne ressentait pas vraiment l'envie d'y mettre un terme. Néanmoins, toute bonne chose avait une conclusion et ses retrouvailles avec le jeune ténébreux n'y échappaient pas d'une miette. En effet, Nëssa devait faire autre chose, elle avait à faire ailleurs et cela concernait plus ou moins le dernier des Uchiha. Elle souhaitait clairement apprendre le senjutsu, mais pourquoi donc ? Pourquoi irait-elle risquer sa vie au sein d'un entrainement aussi pénible et intensif, surtout en sachant que ça ne changerait pratiquement rien à sa puissance d'origine ? Derrière tout ça, il y avait réellement une raison, une sombre raison encore mystérieuse aux yeux du public assoiffé de découvertes. Pour sûr, vous le saurez très bientôt, patience. La belle tournait en rond depuis trop longtemps sur cette décision fatidique. Il était maintenant le temps de s'y concentrer réellement et pas qu'à moitié. Si elle désirait atteindre un tel objectif, elle devait s'y dévouer corps et âme, tout en oubliant ses petits problèmes de tous les jours. Ses ridicules mascarades ne représentaient rien d'important, décidément. Cette fois-ci, l'échec était inconcevable et les calculs mal interprétés ne devaient pas se voir.


Sasuke lui révéla, peu de temps après, qu'il trouvait ce projet intéressant, pertinent, mais qu'il désirait tout de même faire payer le village caché de la feuille de leurs précédents actes et crimes envers le clan de l'éventail. C'était compréhensible, cela, Nëssa le concevait pleinement. Toutefois, elle savait également que ce n'était pas tous les shinobis et les habitants de Konoha les coupables de toute cette mésaventure sanguinaire. Pour preuve, la plupart des Konohajins n'en avaient jamais entendu parler. À quoi bon serait de faire souffrir les innocents non impliqués dans ce conflit désastreux ? À ce rythme, ça devenait quelque chose de beaucoup trop bas et ingrat. Sûrement, cela déplaisait à la belle demoiselle dotée d'une chevelure argentée. Assurément, elle était une femme loyale et avec des convictions ainsi qu'un code d'honneur à respecter. Le meurtre, le génocide, la destruction et le chaos... Tout cela était fort sympathique, mais il ne fallait pas oublier l'honneur et la fierté, car il s'agissait des éléments principaux qui forgeaient l'âme d'un être humain, rien à voir avec de la brutalité réalisée très fréquemment de façon malsaine. Les personnes qui tuaient des personnes innocentes, pour elle, ce n'était que des gens incroyablement stupides et méritant de pourrir dans les abysses infernaux, de vrais déchets de gouttière en soi. C'était ce genre d'idiots qui pêchaient sans demander le pardon ou la délivrance, qui ne valait pas plus qu'un pathétique sou noir.


Suite à cette pensée, la dernière de la famille Eikaeiën entreprit de répondre à l'Uchiha. Il devait savoir et il allait savoir. Sortir de l'ignorance était une jouissance hors-norme à ne surtout pas sous-estimer. « Sasuke... Ceux qui tuent les personnes innocentes intentionnellement et qui ne recherchent pas la rédemption sont vraiment que des putains de moins que rien. Ceux qui pêchent me répugnent tellement que je ne sais pas quoi en dire... C'est grâce à ce genre de personne que nous vivons dans un monde aussi merdique. La luxure, l'avarice, l'envie, l'orgueil... Sasuke, ne devient pas comme ces pourritures humaines dans ta quête de la vengeance. Reste saint d'esprit et ne descend pas de l'échelle. Tu vaux bien plus que cela. » dit-elle. Nëssa venait de lui dévoiler ses valeurs encadrant la justice de l'homme. Jadis, elle n'avait pas toujours été une femme juste et correcte au sein de ses actions, ne le cachons pas. Cependant, elle avait déniché une forme de pardon, une entité davantage saine et pure. Madara lui enseigna à devenir une meilleure personne, la bonne voie, celle de l'amour et de la bienfaisance. Tout ça pouvait paraitre bizarre. Néanmoins, le couple était composé de bonnes personnes souhaitant un avenir prometteur vis-à-vis ce monde. Tuer et faire souffrir, oui, mais aucune de ces choses n'était inutile. L'entière souffrance qu'ils infligeaient se transformait continuellement en un atout plus constructif. Rien ne se gaspillait, tout se montrait utile. On ne mangeait pas pour le simple plaisir, on le fait d'abord dans l'unique but de survivre et d'assurer un futur. Il s'agissait de là, la même chose en ce qui concernait ces histoires de meurtre ou de dépravation.


Sasuke lui dit également qu'il voulait discuter avec Madara. Effectivement, la kunoichi n'avait rien contre ce désir et il pouvait bien lui raconter tout ce qu'il souhaitait, pourvu qu'il ne lui parle pas de leur précédent baiser, au risque qu'il finisse avec le corps en morceau. Elle connaissait parfaitement son petit chéri et il était extrêmement protecteur envers elle. Chez lui, de minuscules choses, en apparence sans réelle importance, pouvaient rapidement tourner au drame, voire plus. En signe d'approbation, Nëssa hocha quelque peu la tête en ne lâchant pas son interlocuteur de son océan sanguin qui lui servait de regard depuis des lustres. Demeurant d'un calme légendaire, la princesse du royaume des ténèbres continua de l'écouter, affichant un air intéressé et attentif face à ses paroles. Avec un certain malaise, le jeune homme à la chevelure noire lui révéla qu'il désirait rester proche d'elle. À cet instant, la kunoichi eut un léger sourire mesquin. Comment devait-elle le prendre et à quoi pensait-elle exactement ? Pour elle, cela n'avait pas de sens. « Mhmm... Que ferait un beau jeune homme comme toi toujours près d'une vieille comme moi ? Il est vrai que je semble jeune, car mon corps a arrêté de vieillir il y a très longtemps de cela, mais quand même... » affirma-t-elle en y mariant un soupçon d'humour peut-être mal placé. Nëssa se portait volontaire afin de l'aider, bien sûr. Elle ne voulait pas non plus d'un pot de colle envahissant. ils se devaient de conserver une quelconque distance. Après tout, l'héritier du clan Uchiha n'était plus un faible enfant et n'avait pas besoin d'une tutrice 24h/24 et 7j/7. Il s'agissait bien là d'un fait prouvé.


Commençant à s'avancer vers la forêt située derrière la formidable statue de son bel amant, la beauté se retrouva vite dos à son interlocuteur. Elle s'apprêtait à partir, une fois de plus, ils allaient se quitter, à contrecœur, et forcés par le triste devoir. Heureusement, il était obligatoire de laisser de dernières petites paroles à son Sasuke.


« Je dois y aller. J'ai prévu de trouver le sanctuaire secret de mes kuchiyoses. Ce sont des oiseaux spéciaux et exotiques, des paradisiers. J'ai quelque chose de très important à apprendre d'eux. J'espère que tu comprendras... Mais ne t'inquiète pas, on se retrouvera bien assez vite. Prend soin de toi, Sasuke. »



[Voilà ma conclusion. Je te laisse faire un dernier post, si tu veux ajouter quelque chose ^^ ]


...




...

Sasuke avait vu juste, son impression était la bonne. La rencontre achevait, c’était indéniable. Sa faible demande, il la regrettait déjà, mais ce n’était pas pour le moment ce qui le choquait le plus, ce qui le troublait. En effet, Nëssa répliqua à son envie de venger les siens, à son envie de marcher sur Konoha pour le réduire en cendre et en sang. Elle affirmait que les gens qui tuaient des gens innocents volontairement, sans scrupule, étaient des moins que rien, la pire espèce d’humain de cette terre. La kunoichi enchaina, lui demandant de ne pas devenir l’un d’eux, qu’il valait beaucoup mieux que ça. En fait, l’adolescent ne savait pas comment il devait interpréter ses paroles. Des questionnements raisonnèrent dans sa tête. Si elle avait côtoyé Madara, il n’était pas réputé pour être un tendre. Lui aussi recherchait la destruction de la feuille. Les valeurs des Senju continuaient dans ce village de merde à être enseignées, c’était ça qui avait causé la perte des Uchiha. Non, le jeune homme ne pouvait pas rester là les bras croisés et demander l’exécution des vieux du conseil comme ça, jamais ça n’arriverait. C’était un rêve futile et stupide que de croire que ça fonctionnait ainsi dans les grandes nations! Dès qu’un nouveau peuple ou un clan se soulèverait, les dirigeants feraient exactement comme il y a presque dix ans : ils les extermineraient pour les faire taire à jamais. Voilà comment Konoha réglait ses problèmes. Le fait qu’en apparence ce village se dise exempt de tâche, qu’ils n’ont pas les mains sales le rendait malade! Tout cela n’était que de la foutaise! Ils étaient tous coupables! À cet instant, le criminel cherchait comment exprimer tout ce qu’il ressentait, tout son raisonnement pour se faire comprendre. Non, il n’était pas un de ces meurtriers dégueulasses qui se jouait de la vie humaine, mais pardonner lui ferait trop mal. C’était comme revenir en arrière, il ne le pouvait tout simplement pas…

-Tu crois vraiment que Konoha me laissera avoir les vieux du conseil qui ont commandité ce génocide? Demanda-t-il, à voix basse. Sans commencer par le bas, jamais je n’aurai le haut. Même si la vérité éclate, qui me croirait? Ce village de merde nous a toujours pris pour des parias, ma parole ne vaut rien pour eux! S’exclama-t-il. Ils pensent qu’Itachi n’était qu’un meurtrier qui n’a jamais rien fait de bon alors qu’il s’est renié pour eux! S’emporta-t-il, la haine commençant à habiter ses traits opalins.

Voilà qui était dit. Le noiraud espérait vraiment qu’elle comprendrait, qu’elle ne le jugerait pas, le rangeant dans le même panier que ces êtres infâmes. Ce serait dommage qu’ils ne se quittent sur une mauvaise impression, et il s’arrangerait pour que cela n’arrive pas. Le pourrait-il? C’était là la question mystère. Pour s’y aider, il devait se calmer, puisque la rencontre tirait à sa fin. Néanmoins, le détenteur du sharingan était content d’avoir pu exposer son point de vue sur le sujet. Ainsi, leur relation se construisait non pas sur du faux, mais sur quelque chose de plus durable : la vérité. Il ne se gênait plus pour relater ses états d’âme devant cette belle femme ténébreuse. Peut-être qu’un jour cela ne fonctionnerait plus, pour l’instant, cela faisait largement l’affaire des deux. D’ailleurs, il n’avait pas fini avec sa précédente idée. Sa voix grave s’éleva alors de nouveau dans la vallée, prenant un ton plus posé.

-Rien ne pourra me faire changer d’avis, et je ne suis pas quelqu’un qui sème la mort pour le plaisir. Je connais trop la valeur de la vie pour cela, je sais ce que c’est pour les survivants…

Il n’appréciait pas plus que ça qu’elle pense qu’il ne s’intéressait à la vengeance que pour tuer des gens. Pour lui, c’était un code d’honneur, pour lui, c’était restaurer la puissance de son clan. Il se devait de le faire, pour ceux qui n’étaient plus de ce monde, pour faire comprendre aux gens ce que c’est, que de briser des familles pour son propre intérêt. Il n’y avait rien de méchant ou de vil sous ce projet de destruction. Décidément, il croyait presque que Karin le comprenait plus que la divine beauté devant lui. Nëssa était vraiment une femme qui lui échappait par moment. Au début, elle s’était montrée distante par rapport à ce qu’il lui avait demandé, pour ensuite revenir sur son choix et accepter de l’aider. Maintenant, elle affirme que les shinobi qui tuent sont plus bas que terre? Sasuke était assez perdu dans tout ça. Bref, il verrait bien où toute cette histoire le mènerait. Il n’avait pas l’intention de devenir un gentil ninja docile qui servait les intérêts des autres, loin de là. La liberté, il y avait goûté depuis trop longtemps pour que ce retour ne soit possible. L’héritier du clan de l’éventail désirait tout de même que Nëssa ne lui souhaitait pas une telle vie… Enfin, cela le rapporte à son second trouble, soit le fait d’avoir demandé de vive voix de rester près d’elle. La tête baissée, il n’osait plus la regardé. Sérieusement, l’idée d’échapper de telles phrases! C’était pathétique et il espérait juste au mieux qu’elle ignore ses paroles. Mais comme il est maudit, évidemment, elle fit tout le contraire, demandant ce que ferait une vieille comme elle en compagnie d’un beau jeune homme. L’Uchiha releva alors la tête, puis involontairement, une onomatopée d’agacement lui échappa des lèvres.

-Tch…

Franchement, qu’elle se moque ainsi de lui n’était pas très agréable. D’ailleurs, la moue présente sur son fin visage était bien là pour le prouver. C’est alors que la kunoichi commença à bouger, se dirigeant vers la forêt. Alors c’était réellement la fin pour cette fois. De nouveau sérieux, Sasuke la regarda faire, ne bougeant pas, pour le moment. Elle le dépassa, puis se retrouva dos à lui. Sa voix s’éleva, elle lui dit alors ses intentions immédiates, ce qu’elle désirait faire. Trouver le sanctuaire de ses invocations, mais pourquoi faire? N’était-ce pas dangereux, surtout vu les oiseaux qu’elle invoquait? Il faisait bien pâle figure avec ses faucons. Bref, elle termina en lui demandant de prendre soin de lui. Il avait envie de lui dire de faire pareil, mais c’était inutile vu ce qu’elle s’apprêtait à faire comme expédition. Puis, la petite pique de Nëssa l’avait un peu agacé. Il faisait à l’instant son enfant capricieux, ne disant rien. Oui, pareil comme si c’était sa mère qui venait de lui faire la morale. En fait, ça lui ressemblait étrangement. Cette pensée lui attira un vague sourire. Avant qu’elle ne s’éclipse, Sasuke lui adressa quelques mots. Dans sa voix, le fait qu’il souriait se fit entendre.

-À plus, dit-il, sans se retourner.

Le noiraud prit son élan et sauta alors en bas de l’imposante statue représentant son ancêtre, mais adhéra bien vite à la pierre avec son chakra dans ses pieds. Courant, il détala à une vitesse impressionnante les dizaines de mètres qu’elle représentait. Lorsqu’il fut proche de l’eau, il bondit, effectuant une jolie prouesse aérienne avant s’atterrir souplement sur l’étendue aqueuse. Sasuke poursuivit alors sa route, usant encore de ses capacités physiques pour mettre rapidement de la distance avec ce lieu. À ce moment, il était encore très loin de se douter de ce qui l’attendait, des rencontres qu’il ferait sous peu...