{Mission de rang B} Stratégies de chef.

Le monde Shinobi tel que nous le connaissons s’assombrit… alors que les deux plus puissantes factions s’affrontent pour la survie de la liberté et de la paix, d’autres petits clans et groupuscules voient le jour, et tentent chaque jour de s’approprier des terres ou des richesses. Des hommes partis de rien qui, après avoir su montré leur courage, leur volonté et leur caractère, parviennent à soulever des armées et à les diriger, afin de conquérir les territoires voisins. Le Pays du Vent surveillait ses voisins constamment, et le Kazekage, par précaution, envoyait régulièrement des espions parcourir le globe afin de rester informé de la situation des nations alliées, et surtout ennemies.
Le Pays de la Rivière, situé à proximité de celui du Vent, semblait actuellement bouleversé par plusieurs événements qui ne manquèrent pas d’attirer l’attention de quelques seigneurs de guerre toujours avides de batailles et de campagnes. Il y a plusieurs semaines, l’ancien dirigeant du pays a perdu la vie, emporté par une maladie tellement virulente que même ses médecins personnels n’étaient pas en mesure de lui prescrire un traitement qui le sauverait. Après ses funérailles, les membres du conseil et les plus hauts dignitaires du Pays se réunirent et une lourde tâche les incombait : désigner un successeur qui prendrait place sur le trône de Kawa no Kuni. Malheureusement, le seigneur défunt n’avait qu’un seul fils, et ce dernier n’était pas assez mûr pour prendre le contrôle de toute une nation. Après délibérations, il fut conclu qu’un représentant dirigerait le pays, jusqu’à ce que le jeune héritier soit majeur et prenne conscience du pouvoir qui l’attend.

Cependant, quelques jours après cette décision, une nouvelle moins réjouissante arriva au château seigneurial. Un émissaire, escorté par quelques soldats, fit irruption dans la salle du trône, et demanda, que dis-je, exigea une audience auprès du prince. Il était étrangement vêtu, une longue toge le recouvrait de la tête aux pieds, et ses manches semblaient trop longues, si bien qu’il était impossible de voir ses bras et ses mains. Le visage bien à découvert, il affichait une expression neutre, limite froide. Une bien mauvaise chose lorsque l’on exerçait une profession qui permettait de rencontrer de nouvelles personnes… bref…
C’est à sa grande surprise que se présenta le dignitaire élu pour gouverner pendant les quelques années avant que l’héritier ne soit en mesure de diriger la nation. Lui qui s’attendait à s’entretenir directement avec le seigneur, voilà qui l’obligeait à changer tous ses plans… C’est alors qu’il prit la parole :

« J’apporte un message de la part du Seigneur Todohiza Ageru. »

Le représentant prince resta perplexe. Un message ? Quel message ? Que pouvait bien leur vouloir ce Seigneur ? Réputé pour ses actes d’une rare cruauté et pour ses batailles sanglantes, sa venue ne signifiait rien de bon. Intrigué, le dirigeant du Pays de la Rivière bomba le torse, et demanda d’une voix haute et intelligible :

« Parle. Que nous veut ton Seigneur ? »

L’émissaire fit quelques pas en avant, s’approchant de son interlocuteur, et tout à coup, son visage s’assombrit, et sur ses lèvres l’on pouvait lire une touche de moquerie. Sa voix, sobre quelques instants auparavant, devint plus grave, fatidique même :

« La tête de votre chef ! »

Tout à coup, il leva le bras droit, faisant ainsi glisser sur sa peau le tissu de sa manche. Les doigts repliés sur un objet sphérique d’une couleur grisâtre, il prit un peu d’élan, avant de jeter à terre l’étrange outil qu’il tenait dans sa main. En percutant le sol, l’objet qui se révéla être une bombe implosa, et en l’espace de quelques secondes, la salle du trône se remplit de fumée, aveuglant tous ceux qui se trouvaient autour de lui. Les convives présentes sur les lieux se mirent tour à tour à tousser, leurs poumons n’appréciant que très peu cet épais brouillard. Le seigneur provisoire du Pays de la Rivière plissa les yeux, avant de se mettre lui aussi à tousser. C’était la panique générale ! Les gens couraient dans tous les sens, priant pour que leur vie ne s’achève pas ici et maintenant. L’émissaire, quant à lui, avait d’autres objectifs en tête. Persuadé que le dirigeant de Kawa no Kuni n’avait pas bougé, déboussolé par toute cette fumée et ce branle-bas de combat, tira sa manche gauche, et révéla ainsi une dague qu’il tenait fermement. Un coup bien placé, un seul coup serait suffisant pour blesser mortellement sa cible, avant de fuir. Sans perdre un instant, il s’élança dans le brouillard, en ligne droite, tout en brandissant son poignard, prêt à frapper le dignitaire. Plus que quelques mètres ! Encore un peu, et sa lame s’enfoncerait dans le cœur de l’homme qu’il était venu assassiner !

Mais alors qu’il allait atteindre son but, quelque chose vint faire dévier de sa trajectoire la dague. Un bruit métallique se fit entendre, et la lame de l’émissaire lui échappa des mains, avant de venir glisser sur le sol de la salle du trône. Devant lui, une ombre imposante lui barrait la route, et malgré l’obscurité provoquée par ce voile de fumée, il parvint à percevoir deux yeux d’un bleu céruléen, qui le fixaient avec colère. L’inconnu brandit à son tour son sabre, et ni une ni deux, avec une vivacité déconcertante, il embrocha l’assassin, traversant ainsi toute sa chair et ses organes. L’homme cracha un flot de sang sur le sol, et, tremblant de tous ses membres, il releva la tête afin de voir son assaillant. Un rictus désabusé se figea sur ses lèvres, et d’une voix faiblarde, il demanda :

« Qu… qui es-tu ?! »

Le jeune guerrier, qui gardait le manche de son katana bien ancré dans ses mains, fit quelques pas en avant, faisant ainsi progresser davantage sa lame dans le corps de l’ennemi. Il s’approcha de l’émissaire, et lui déclara d’un ton calme et posé :

« On m’appelle le Spectre du Désert… connaître mon nom ne te sera d’aucune utilité… à présent… meurs… »

Presque instantanément, il retira la lame du corps de l’homme qu’il venait d’exécuter, et le laissa retomber au sol. La fumée se dissipa peu à peu, révélant ainsi les deux combattants… l’un gisait à terre, raide mort, l’autre nettoyait le métal de son katana à l’aide des vêtements du défunt. Les gardes qui escortaient l’homme furent également éliminés par les soldats d’élite du Seigneur féodal… la menace a été écartée. Le représentant du Pays de la Rivière, après avoir terminé de se frotter les yeux tant la fumée le gênait, tenta de comprendre ce qu’il s’était passé. C’est à sa grande surprise que quelqu’un s’était interposé entre son agresseur et lui, avant de l’éliminer d’une lame dans le corps. Impressionné, il accourut auprès de son sauveur, et le félicita pour son initiative. Thrys, quant à lui, restait calme, imperméable à toutes ces congratulations, et se pencha sur le cadavre de l’émissaire, avant de le fouiller… Il tâtonna ses vêtements, avant de découvrir dans l’intérieur de sa tunique une poche dans laquelle se trouvait un rouleau de parchemin. « Hum… qu’est-ce donc ? » se dit-il en tirant le précieux document, avant d’en inspecter la forme. Par simple précaution, il demanda à son client de s’écarter quelques instants, le temps pour lui d’ouvrir le rouleau, et de découvrir ce qu’il contient… après tout, il s’agissait peut-être d’un piège, une sorte de plan B au cas où l’émissaire devait faillir à sa mission.
Il s’agissait d’un message… un message à destination du défunt qui lui communiquait ses ordres et ses instructions. Sa mission était simple : tuer le dirigeant du Pays de la Rivière pour en faciliter l’invasion. Mais ce qu’avait omis l’expéditeur, c’était de dissimuler son identité. Le représentant du futur Seigneur féodal s’impatientait, et demanda alors au ninja de quoi il retournait. Le Sunajin se retourna face à son interlocuteur et lui expliqua. Soudain, l’expression de ce dernier s’assombrit. Il fit demi-tour, et clama :

« Que l’on réunisse le conseil de toute urgence ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Plusieurs hommes et femmes arrivèrent, et bientôt, le petit groupe fit route vers une salle avec en son centre une grande table. Thrys, invité à se joindre à cette réunion, suivit les dignitaires du Pays de la Rivière. La porte se referma derrière lui, et bientôt, notre héros se retrouva devant les conseillers de Kawa no Kuni, et, en bout de table, occupant la place centrale, le Seigneur féodal temporaire qui présidait cette réunion.
Bientôt, les conversations débutèrent :

« L’heure est grave… commença le représentant du prince. Le Seigneur du clan Ageru, rival de notre défunt souverain a attenté à ma vie et celle de notre futur dirigeant, le jeune Yori Tomoe. L’assassin portait sur lui un message, et tout laisse à croire qu’une guerre est à nos portes… »

Il marqua une courte pause, laissant à ses conseillers de prendre conscience de cette menace. Des chuchotements grimpèrent en intensité, et chacun donnait son avis concernant cette situation alarmante. Le calme revenu, il reprit :

« Cependant, il nous sera difficile de résister à l’opposition du Seigneur Ageru. Nous manquons cruellement d’informations sur nos ennemis, et nous ne pouvons pas nous lancer dans une guerre qui serait fatale pour notre pays.

- Le ninja du Sable est à nos côtés. Sa force nous permettrait de vaincre nos adversaires et…

- Bien qu’il recèle de nombreux talents, aucun homme n’est capable de vaincre une armée toute entière ! intervint le Seigneur du Pays de la Rivière en jetant un regard à l’intéressé, qui se savait incapable de venir à bout d’un contingent de mille hommes. C’est pourquoi il va nous falloir agir d’une autre façon… »

Les chuchotements reprirent de plus belle, et Thrys, adossé sur un mur dans un coin d’ombre observait la scène sans dire un seul mot. Bien qu’il avait en tête quelques idées pour aider les conseillers à trouver une solution, notre ninja préféra se taire et laisser ‘’les grandes personnes’’ diriger leur propre pays. Son rôle n’était pas de participer à un jeu de stratégies entre seigneurs et dictateurs… Le ninja du Sable avait un autre objectif, et ce pendant quelques jours : protéger le nouveau dirigeant du Pays de la Rivière. Une banale mission de rang B. Mais alors qu’il pensait en rester là, un nouvel événement changea la donne…

« Le Sunajin pourrait nous aider et récolter des informations sur les troupes du Seigneur Ageru ?

- Je souhaiterais signaler une chose, si vous le permettez… interrompit Thrys en sortant de l’ombre, et en s’approchant de la table centrale. Bientôt, tous les regards convergèrent vers lui, et plus personne ne parla. L’intitulé de ma mission stipule que je dois vous protéger, néanmoins, bien que le fait d’espionner vos ennemis ne me gêne nullement, il m’est impossible de prendre part à ce conflit… en tant que ninja, il m’est impossible de dériver de mon objectif principal…

- Je ferai dans ce cas parvenir une missive au Kazekage de Suna afin de le prier de bien vouloir nous aider. Votre intervention serait capitale pour l’avenir de notre pays… »

Thrys resta perplexe. Le Kazekage accepterait-il une telle requête ? La suite… au prochain épisode, bonsoir !

Quelques jours plus tard, alors que les hauts dignitaires du Pays de la Rivière commençaient à s’impatienter, la nouvelle arriva. Après plusieurs délibérations entre le Kazekage de Sunagakure no Sato et ses conseillers, il fut décidé que Thrys avait l’autorisation de poursuivre sa mission. La lettre du dirigeant du Village caché du Sable provoqua une joie généralisée, et bientôt une nouvelle réunion eût lieu... il s’agissait à présent d’intervenir, et rapidement, avant que les guerriers du clan Ageru ne débarquent et tentent de conquérir le Pays. Pendant les trois jours qui séparaient la liaison entre le dirigeant du Pays de la Rivière et celui de Suna, le Seigneur féodal Todohiza Ageru pilla et élimina bon nombre de villageois dans les environs, et, depuis une journée, un campement militaire a été installé dans les ruines d’un hameau de paysans, au beau milieu d’une plaine, entouré par deux rivières.

Dans la salle de réunion, le jeune Juunin du Sable observait une carte du Pays, pendant que le Seigneur, commanditaire de cette mission, présentait les enjeux, la topographie des lieux et l’objectif du ninja. Le hameau se trouvait au cœur même de Kawa no Kuni, à quelques kilomètres du Château Seigneurial. Sa position était très stratégique, car non seulement il était difficile d’y accéder à cause des deux rivières qui l’entouraient, mais en plus les alentours étaient vastes et dégagés, ce qui offrait un champ de vision parfait. Deux ponts avaient été construits pour faciliter l’accès, et d’après les espions à la solde du Seigneur du Pays de la Rivière, plusieurs gardes surveillaient nuit et jour ces passerelles… Thrys observa alors les plaines environnantes, et demanda s’il lui était possible de traverser la rivière en toute discrétion. Malheureusement, le flux et débit d’eau était beaucoup trop fort, ce qui l’empêcherait d’emprunter ce chemin.
Le village doit être en ruines à l’heure qu’il est, et les troupes de Todohiza Ageru ont dû planter des tentes et élever des palissades… Quant à ce qu’il devait se passer derrière ces palissades, le mystère restait entier. Thrys devrait donc découvrir par lui-même les lieux… C’est alors qu’arrivèrent les ordres de mission. Le dignitaire du Pays de la Rivière s’avança, fixa le Sunajin, et lui expliqua :

« Votre mission est de vous infiltrer dans le campement, et de tirer un maximum d’informations sur les prochaines attaques de notre rival. Si confrontation il doit y avoir, éliminer les généraux en priorité, afin de désorganiser leur armée… »

Thrys observa une dernière fois la carte du Pays, repéra la route à prendre pour atteindre le hameau de paysans, et hocha la tête en direction de son interlocuteur. Sur ce simple mouvement, il fit demi-tour, et partit… Le soleil disparaissait petit à petit par-delà l’horizon… il ferait bientôt nuit… les températures venaient de chuter, et le thermomètre affichait environ neuf degrés… Habitué aux climats diurne et nocturne du Pays du Vent, ces faibles valeurs ne le gênaient guère. C’est alors qu’il prit la route en direction du village de paysans, pris d’assaut quelques jours plus tôt par les troupes du Seigneur Ageru…

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Afin de vous éviter les commentaires concernant le trajet, nous passerons immédiatement les cinq kilomètres de marche, vous permettant ainsi de ne pas vous attarder sur les quelques bandits un peu trop téméraires, et ce afin de continuer l’histoire elle-même…

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Il faisait nuit… la lune illuminait la terre de ses rayons clairs et éclatants, et offraient une faible visibilité. Thrys, à proximité du village où s’étaient installés les soldats ennemis, observaient de loin son objectif, dissimulé dans les branchages d’un des seuls arbres plantés au beau milieu de la prairie. Dans sa ligne de mire, le premier pont qui permettait d’atteindre les portes du hameau, transformé en campement militaire. De là où il se trouvait, notre héros pouvait apercevoir les torches qui marquaient les limites du pont, et qui permettaient d’éclairer le chemin pour les soldats qui allaient et venaient. « Hum… je vais devoir passer par ici… » se dit-il en se penchant davantage pour mieux observer le pont. Quelques hommes surveillaient le chemin, mais ce petit inconvénient ne compromettrait en aucun cas le déroulement de la mission. Thrys sauta alors de sa cachette, avant d’atterrir sur l’herbe.

Mais alors qu’il allait entamer la route en direction du pont, des bruits de pas se firent entendre. Thrys, toujours accroupi, légèrement caché par l’obscurité des lieux, tourna la tête et vit une patrouille venir dans sa direction. Sans perdre une seconde, il se rua vers un petit massif de buissons, et s’y camoufla, le temps que le groupe passe. Ils marchaient tous de façon synchronisée, ils étaient tellement synchrones que leurs pas résonnaient et faisaient trembler la terre. A l’abri, il attendit que ces hommes passent, avant de reprendre tranquillement sa route. Soudain une idée de génie lui vint… tandis que la patrouille progressait, un homme un peu fainéant suivait le groupe lentement, jusqu’à se faire distancer. « C’est ma chance ! » pensa-t-il en surgissant des fourrés et en agrippant le retardataire, l’emportant ainsi avec lui dans les branchages. Alors qu’il essayait de se débattre, Thrys attrapa dans l’une de ses sacoches un kunaï qu’il planta dans le torse de sa proie, qui s’éteignit lorsque la lame transperça le cœur.
Il attendit quelques instants… le temps de s’assurer que la patrouille soit sortie de son champ de vision. Une fois les bruits de pas disparus, le Sunajin sortit de sa cachette, et examina le cadavre, afin d’en imprimer l’apparence. Il observa son accoutrement, son armure, et les mémorisa du mieux qu’il le put. Puis, après sa petite inspection, il porta le corps avant de le dissimuler dans les fourrés, avant de reprendre sa route.

Bientôt, après quelques minutes de marche, ses pas le menèrent jusqu’à son premier obstacle, le pont. A l’abri des regards indiscrets, invisible dans un buisson, le Sunajin malaxait son chakra afin d’infiltrer le campement, et traverser sans encombre le poste de gardes. Il joignit les mains, composa un simple signe, et mêla du chakra à sa peau afin d’en changer l’apparence. « Henge ! » pensa-t-il en actionnant la technique de métamorphose apprise il y a de cela plusieurs années maintenant. Un nuage de fumée l’enveloppa, avant de révéler un autre homme. Un soldat, vêtu d’une armure de la tête aux pieds. Aussi méconnaissable, il n’éveillerait sans doute aucun soupçon, et pourrait pénétrer dans l’enceinte du camp militaire.
Le cœur serré, il s’approcha du poste de gardes, où deux hommes surveillaient les environs. Alors qu’il allait passer, l’une des sentinelles s’interposa, et avec un regard dubitatif, demanda :

« Hey mon gars ! D’où-tu viens comme ça, tout seul ? »

Thrys sentit son rythme cardiaque s’accélérer. Apparemment, personne n’avait pour autorisation de sortir du camp, du moins seule… alors qu’il allait prendre la parole, un groupe de gardes arriva, précédé d’un homme qui semblait manœuvrer le reste de ses troupes. En voyant Thrys seul devant le campement, il ouvrit la bouche, et cria avec autorité et agressivité :

« Ah, j’vous retrouve enfin mon gaillard ! Alors comme ça on en avait marre de se prom’ner en forêt ? Hmm ? Alors on a décidé de rentrer au camp en douce histoire de s’reposer plus vite ?! »

Thrys ne dit pas un mot, et affronta le regard courroucé de son supérieur. Il valait mieux pour lui qu’il ne parle pas, sous peine d’éveiller les soupçons du chef de patrouille. Ce dernier le toisait méchamment, avant de le sommer de le suivre. La petite troupe se mit en marche, notre Sunajin en tête de peloton, suivi de près par le chef de patrouille ainsi que toute l’escadrille. Bientôt, ses pas le menèrent jusque dans le camp.

Tous les regards convergeaient dans sa direction, épié et observé par les autres gardes. Certains riaient, amusés par l’idée qu’ils pouvaient se faire sur les punitions infligées par leurs supérieurs. D’autres ne disaient pas un seul mot, et s’activaient davantage, ne voulant pas finir eux aussi dans la même situation que notre jeune héros. La patrouille se dispersa, chacun retourna vaquer à ses occupations, et le chef de patrouille s’approcha du Sunajin, et le fit marcher devant lui. « C’est bien ma veine ça… » se dit-il en jetant un rapide regard derrière lui, contemplant la tête hargneuse du vétéran.
Ce dernier l’amena jusque dans un coin du campement, au pied d’une tour de guet. Accrochés par des cordes sur un long rondin de bois, juste à côté de la palissade, une ribambelle de chevaux. Les lieux empestaient le crottin et la paille sèche… les mouches volaient au-dessus de bottes de foin, et cherchaient quelque chose à se mettre sous la dent. Le garde s’avança, jeta un rapide coup d’œil autour de lui, pointa son doigt vers un balai posé contre le mur en bois de la palissade, et dit alors au ninja du Sable :

« Bien ! Tu vas m’faire le ménage ici, et tu n’arrêteras que quand ce s’ra propre ! Si t’essayes de t’faire la belle, j’t’envoie au trou pour deux jours, au pain sec et à l’eau ! Compris ?! »

Thrys ne répondit pas, et nonchalamment, il se dirigea vers le balai, l’empoigna, et se mit à balayer. Le garde, satisfait, lui lança une dernière phrase, comme quoi il l’avait à l’œil, avant de partir. Quelques minutes plus tard, ne sentant plus personne dans les alentours, posa son balai là où il l’avait pris, et essaya de déterminer sa position. Son objectif : la tente des généraux. Sans perdre un instant, il se hissa au sommet de la tour de guet, escaladant le plus rapidement et discrètement possible la structure de bois. Du haut de son perchoir, debout, illuminé par la pleine lune, il fixait le campement d’un regard vif et perçant… sa mission pouvait continuer !

Au sommet de la tour de guet, immobile, Thrys observait les alentours. Dissimulé derrière cette apparence de garde, son infiltration serait simple. Que d’agitation en bas. Les soldats allaient et venaient, discutaient entre eux, se reposaient. D’autres jouaient aux cartes et pariaient leur solde du mois. Des patrouilles de deux hommes arpentaient le camp, et veillaient à ce que rien ne dérape. Une rébellion était si vite arrivée…
Au centre, une tente, plus imposante que les autres, semblait illuminait, bien que la toile qui la composait filtrait la lumière des torches et des lampes. Des ombres mouvantes bougeaient sans arrêt, et les discussions semblaient très animées. Deux hommes à l’entrée de la tente montaient la garde, immobiles tous deux, et fixaient un point imaginaire droit devant eux. « Voilà donc la tente des généraux de l’armée… » pensa notre Sunajin en s’accroupissant. Il lui faudrait attendre que les choses se calment avant de songer à pénétrer dans cette tente et à récupérer des informations. C’est alors qu’il entendit des bruits en contrebas. A quelques mètres en dessous, un homme semblait s’agiter, tout en vociférant des jurons.

« Où est-il ?! »

Thrys reconnut son enquiquineur de tout à l’heure, et s’écarta rapidement du rebord, lorsque ce dernier leva la tête vers le ciel, se sentant épié. Le temps pressait ! Il descendit d’un niveau, atterrit au poste de garde, et tout à coup, une voix se fit entendre derrière lui. Un autre garde, surpris de voir quelqu’un surgir devant lui, le questionna, paniqué, tout en pointant sa lance sur lui. Le Sunajin ne perdit pas un seul instant, il le contourna rapidement, prenant soin de ne pas heurter la pointe métallique dirigée vers lui, avant de plaquer au sol sa cible, le forçant à lâcher son arme. La lance tomba à terre, et le pauvre garde se retrouva allongé, ventre contre le bois, avec Thrys assis sur son dos. La sentinelle essayait de crier, d’appeler au secours, mais dans la panique, il ne parvint pas à produire un seul son. Notre héros fouilla l’une des poches internes de son manteau, dégaina un kunaï, et pendant que le garde tentait de se débattre et prendre la fuite, notre héros planta la lame aiguisée de son couteau ninja dans la chair du captif. Bientôt, ses gesticulations cessèrent, et sa respiration se calma… c’était terminé pour lui. Délicatement, le Sunajin se releva, retourna le corps, avant de lui clore les paupières. Afin de dissimuler les indices, il empoigna le cadavre, le fit glisser sur le sol et le posa dans un coin, là où personne ne pourrait le voir au premier coup d’œil.

Une fois ce petit incident passé, le jeune ninja du Sable reprit le cours de sa mission. Sa présence n’avait pas encore été dévoilée, cependant, il lui serait impossible de continuer sous cette apparence sachant qu’il était poursuivi par ce satané vétéran ! Ni une ni deux, il composa quelques signes, malaxa son chakra et prit la forme du garde qu’il venait d’éliminer.
Mais alors qu’il allait partir, et descendre les marches de l’escalier menant au campement, un homme monta les marches, lui lança un regard, et lui annonça, le sourire aux lèvres :

« La relève ! »

Après l’avoir dévisagé, et après avoir compris ce que faisait l’homme qu’il venait d’éliminer, il hocha la tête, fit un pas, un autre, et passa à côté de son interlocuteur, lui laissant la place de guetteur au sommet de la tour. Voilà une situation qui risquait de devenir problématique. Si jamais ce garde trouvait le corps de son frère d’arme, l’alarme serait donnée.
Immédiatement après être descendu, il activa le pas, et se dirigea sans plus attendre vers la tente des généraux de l’armée. Il croisa plusieurs gardes, qui se racontaient des histoires drôles avant de rire aux éclats. Les allées, détourées par les tentes qui bordaient la route, étaient illuminées par des torches, révélant ainsi tout ce qu’il se passait autour. Son chemin ressemblait à un véritable zigzag. Le décor était presque uniforme, si bien qu’il devenait de plus en plus difficile de s’y retrouver dans ces méandres dignes du grand Dédale lui-même !
Alors qu’il approcha d’un croisement, un homme, qui marchait le visage penché vers l’avant, le percuta, manquant de tomber à la renverse. Un peu sonné par le choc, il se frotta le nez et les joues, tout en poussant quelques insultes, avant de relever la tête :

« Bon sang ! ‘Pouvez pas r’garder ou vous allez ?! »

Thrys, lui aussi légèrement perturbé par cette rencontre très directe, leva à son tour la tête, et sursauta en voyant la personne qui se trouvait devant lui. Le chef de patrouille ! Toujours à la recherche du garde qu’il avait sanctionné pour désertion, il arpentait tout le campement. Voyant que le Sunajin ne lui répondait pas, il grommela, tout en poursuivant sa route. Le jeune ninja le vit s’éloigner, attendis quelques instants, puis continua en direction de la tente principale du camp.

Quelques tentes plus tard, il déboucha sur une petite place, avec en son centre son objectif. Toujours éclairé par des bougies et des torches, il y avait cependant beaucoup moins d’agitation. Seules deux personnes étaient restées, et semblaient parler de leurs futures attaques. Thrys s’approcha lentement de la toile qui protégeait les deux hommes, et tendit l’oreille, afin de commencer son enquête. Les généraux parlaient assez fort, bien que le brouhaha qui l’entourait ne l’aidait pas beaucoup à entendre. Il contourna la tente, de façon à se rapprocher davantage de ses deux cibles, et écouta avec attention :

« Le château du Seigneur de la Rivière est facile à capturer. Ses défenses sont certes impressionnantes, mais si nous coordonnons nos assauts, nous pouvons prendre l’avantage aisément… »

Le Sunajin n’en perdait pas une miette. Il lui fallait noter toutes ces informations. Mais alors qu’il écoutait ce que disaient les deux généraux, une alarme se mit à retentir. Le tocsin résonnait jusque dans les oreilles du ninja, et ce dernier cherchait à comprendre d’où venait le bruit.
Il tourna la tête, et vit le garde qui le remplaça tout à l’heure au sommet de la tour de guet agiter la cloche, tout en clamant à tue-tête :

« Un assassin est dans le camp ! Un assassin est dans le camp !! »

Les gardes se levèrent immédiatement, surpris par ce signal d’alarme, et se mirent à courir dans tous les sens, à la recherche dudit assassin. Les deux gradés sortirent alors de la tente, avant de comprendre la raison de tout ce vacarme. Bientôt, une véritable panique générale submergea le campement. Tout le monde courait, investiguait, certains cherchaient des indices, d’autres encore inspecter toutes les cachettes du camp. Thrys, immobile devant tout ce ramdam, vit les deux généraux disparaître dans la foule, laissant ainsi la tente libre. « C’est ma chance ! » se dit-il en se ruant vers l’entrée de l’habitation de toile, avant de pénétrer dans la tente.
Au centre, une table sur laquelle était posée une grande carte représentant le Pays et les différents points stratégiques qu’il fallait conquérir et tenir. En plein milieu, le château du Seigneur féodal. Plusieurs pions étaient disposés sur la carte, et représentaient des bataillons… cavalerie, infanteries, archeries… oui, ce mot existe (^^) ! Leur plan était simple, encercler le château, coupant ainsi toute fuite, et garderaient à proximité, non loin du champ de bataille, des soldats de cavaleries si jamais de l’infanterie devait sortir des murs de la forteresse. Un pion, plus imposant que les autres était placé à grande distance des remparts, et, tracé au pinceau, un grand angle de vue qui visait l’entrée principale du château. Surplombant la vallée où se trouvait le château, au sommet d’une colline, ce pion représentait une sorte de canon, une bombarde pour faire tomber les murs et ainsi ouvrir une brèche pour l’infanterie. Mais une chose l’intriguait… après avoir observé de long en large le campement depuis son perchoir, Thrys n’avait pas vu ne serait-ce qu’un morceau de ce canon… est-il stationné ailleurs ? Il lui fallait avertir au plus vite les dirigeants du Pays de la Rivière.

Il lui restait un peu de temps avant que sa couverture ne soit dévoilée au grand jour. Il lui fallait à présent sortir d’ici. Il jeta un dernier regard sur la carte du Pays de la Rivière, avant de quitter les lieux, et de retourner dans le campement, où l’agitation attenait son paroxysme. Tout le monde s’activait, et cherchait l’assassin. C’est alors qu’un homme, en voyant sortir le Sunajin de la tente, s’approcha de lui. Prenant conscience que son apparence était celle du cadavre, Thrys tourna la tête vers l’intérieur de la tente, dissimulant au maximum son visage, et pria pour que son camouflage soit efficace. Le soldat prit la parole et lança alors d’un ton alarmé :

« Tu l’as trouvé ?! »

Thrys lui répondit par la négative, et ajouta qu’il n’y avait personne dans cette tente. Le garde repartit, laissant le ninja du Sable seul dans tout ce remue-ménage. Il jeta de rapides coups d’œil autour de lui, et chercha le chemin le plus court pour gagner la sortie. Devant lui, l’allée principale du campement qui le menait directement jusqu’à l’entrée. Plusieurs gardes surveillaient les portes, empêchant quiconque de sortir ou d’entrer. « Ah mince ! Par où je sors maintenant ? » songea notre Sunajin en stoppant sa course et en examinant avec soin tout ce qui se passait autour de lui. Mais alors que son regard cherchait un point de repère, ses yeux s’arrêtèrent sur la tour de guet située non loin des écuries, là où il avait éliminé la sentinelle qui causait actuellement tout ce branle-bas de combat.
La seule solution était de se hisser au sommet de la tour et se laisser retomber de l’autre côté de la palissade. La chute risquait d’être rude, mais notre ninja n’avait guère le choix.

Ni une ni deux, il se fraya un chemin au beau milieu de la foule de gardes, et se dirigea au pied du poste d’observation. Une majeure partie des gardes était présente sur les lieux, et examinaient le cadavre. Voilà qui risquait de devenir très problématique… oh bien sûr, il pouvait aisément escalader la tour de guet, et sauter jusqu’en bas, du moment qu’il semait tous ses poursuivants… néanmoins, les choses n’étaient pas aussi simples. Il lui fallait toujours rester incognito, un simple soldat qui recherchait un assassin. Mais son apparence actuelle ne l’aiderait pas beaucoup. Une idée de génie lui vint alors à l’esprit. Sans plus attendre, il rebroussa chemin, et s’isola du mieux qu’il le put. Tout le monde était sur le pied de guerre, et concentrait leurs recherches dans le centre du camp et aux alentours de la scène de crime. Cette tour était son seul moyen de fuir et de retrouver l’anonymat. Dissimulé dans l’ombre, Thrys composa quelques signes et après avoir malaxa son chakra une fois de plus, il matérialisa à ses côtés un clone avec comme apparence celle d’un soldat. Une fois créé, la copie de notre héros fonça vers la tour…
Restant caché dans un coin, le Sunajin observait son double traverser la place, et atteindre la scène du crime. Il agita les bras dans tous les sens, attirant l’attention des autres soldats présents sur les lieux. Il pointa alors son index de l’autre côté, et ajouta :

« Il y a un gars suspect à l’autre bout du camp ! Il faut l’attraper ! »

Les intéressés s’échangèrent des regards dubitatifs, et après un bref temps de réflexion, ils se mirent tous à courir dans la direction montrée par le ninja. Bientôt, il ne resta plus personne… la copie de notre ninja laissa passer les soldats, et retourna auprès de son créateur. Celui-ci, toujours dissimulé, vit arriver son clone, avant d’esquisser un sourire satisfait. Le double s’approcha, et annonça que la voie était désormais libre ! Thrys le remercia, et fit disparaître son clone, avant de sortir de sa cachette et de se diriger vers le pied de la tour de guet. Personne en vue, le Sunajin se hissa jusqu’à la première plate-forme, et continua son ascension jusqu’à atteindre le sommet. Quelle vue magnifique ! Tous ces gardes et ces soldats qui couraient dans tous les sens. A cette hauteur, le campement ressemblait à une véritable fourmilière où toutes ces petites bêtes s’activaient. Mais ne perdons pas de temps !
Notre Juunin s’approcha du rebord, et se pencha vers le sol… inutile de le nier, il y avait de l’altitude. Il évalua la hauteur quelques instants, et chercha en contrebas quelque chose où se réceptionner en douceur… mais malheureusement, rien de tel… « Bon et bien… tant pis… » pensa-t-il en prenant un peu d’élan. En espérant qu’il atterrisse sans problème, le Sunajin se mit à courir jusqu’au rebord du toit, et sauta dans le vide.

L’air lui fouettait le visage, et sa vitesse augmentait petit à petit. Le sol se rapprochait à toute allure, et l’atterrissage était imminent. Thrys concentra rapidement du chakra dans ses pieds et ses jambes, afin de l’utiliser comme filet d’énergie et ainsi amortir au maximum sa chute. Le chakra afflua sous ses pieds, formant une sorte de protection. Le ninja se prépara à toucher terre, et d’un seul coup, alors que ses chaussures s’apprêtaient à percuter violemment le sol, le chakra s’éjecta des pores de la peau de notre héros, et parvinrent à amortir sa chute au maximum. Par réflexe, Thrys plongea vers le bas et exécuta une roulade vers l’avant, afin de ne pas se freiner brusquement. Son corps s’arrêta en douceur, et bientôt, notre Juunin de Suna se retrouva allongé dans l’herbe, à quelques mètres du campement qu’il venait de quitter. Son cœur avait accéléré la cadence, et battait à cent de l’heure.
Après quelques instants de repos, le jeune ninja se releva, ôta de son manteau l’herbe et la terre, et prit le chemin en direction du château du Seigneur féodal du Pays de la Rivière.
Alors qu’il s’éloignait, Thrys tourna la tête, contempla une dernière fois les palissades du campement, avant de disparaître dans l’obscurité…

.FIN.

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