A la recherche des Genins perdus [Mission - PV Akamatsu]

"Eh dire que tout a commencé avec la disparition d'un chat !"

Kyoku peinait à admettre la situation, mais le fait était bel et bien réel : trois genins s'étaient laissés baladés par un nouveau chat en soif de liberté. Combien avait-elle eu, elle-même, de ces bêtes à attraper lorsqu'elle possédait encore ce grade ? Beaucoup trop. A croire que ce n'était pas le Tsuchikage qui régissait sur ce village, mais le lot de chats errants qui y rodaient. La jeune femme tenait la preuve écrite entre ses mains, un nouvel ordre de mission qui la conviait à partir à la recherche du trio d'aspirants ninjas disparus dans la nature depuis bientôt vingt-quatre heures.

"Tu es revenue à la maison simplement pour te plaindre ?" releva soigneusement celui qui terminait de lasser ses chaussures à l'entrée.

"Tu ne trouves pas ça révoltant ? Un jour, ces maudites bêtes prendront le pouvoir, je te le dis !"

"Ce ne sont que des chats, Kyoku, ne l'oublie pas. Ce ne sont certainement pas eux la cause de la disparition de ces enfants. Il doit y avoir une explication."

Mais quelle explication, elle se le demandait. La kunoichi tournait en rond dans son salon depuis presque une demi-heure en quête de réponses, mais seules quelques migraines la rattrapèrent. Doku lui avait souvent dit qu'elle réfléchissait excessivement, que le plus souvent les solutions nécessitaient qu'à regarder autour de soi. Kyoku, elle, ne voyait que l'aiguille de l'horloge tourner autour de son cadran et, ainsi, sa patience diminuer d'un cran.

"Tu vas être en retard…" constata Doku qui rangeait à présent le matériel dont il avait besoin dans son sac.

"Je suis en retard !" tint à préciser la kunoichi toujours travaillée par milles et une supposition dont aucune ne se démarquait. Doku continuait de la dévisager, le regard pointilleux, il attendait sa prochaine réaction. Dévorée par ses démons, la chuunin fut longue d'au moins cinq minutes avant de considérer ses paroles sous toutes ses formes et d'en réaliser les répercutions. "Je suis en retard, Doku-sama !"

Un claquement de porte et le silence s'ensuivit. Le juunin leva les yeux au plafond, se jura que la prochaine fois qu'il apercevrait un nunkenin à l'agonie, il ne lui promettrait de prendre soin de sa fille. Cette petite lui avait causé bien des malheurs, de plus en plus conséquents au fil des années et de sa montée en grade, et Doku savait qu'il n'avait pas fini de cauchemarder. Et malgré tout… il redoutait le jour où son petit bout de femme finirait par aboutir à ses fins et retrouver les traces de son aîné tant désiré. Elle partirait probablement à Kiri et il ne la reverrait… triste destin, il n'osa le concevoir plus longtemps et quitta le domicile sans plus un mot.

Soufflait le vent sur le village en cette douce matinée. Une fine brise, agréable, dont Kyoku fut proie. Elle courait, la chuunin, à la recherche de son chemin, de celui qui serait dès à présent son coéquipier. Ne l'apercevant pas à l'entrée de la rue marchande, elle s'arrêta, désappointée. Probablement était-elle passée devant sans l'avoir vu ? La kunoichi jeta une œillade sur sa gauche, puis sur sa droite. Aux yeux des passants, elle apparaissait sévère. Mais la seule sévérité qu'elle abritait demeurait celle de son esprit qui la priait de rapidement trouver une issue à ce problème de genins égarés et de chat roublard...

Au loin, un signe de la main. Kyoku plissa les yeux afin d'affiner sa vision et aperçut la silhouette toujours aussi assurée de celui qui serait dès à présent son équipier, ce jeune homme qui l'avait conviée aux terrains d'entrainements, quelque temps plus tôt, alors qu'une fois encore Makai était parvenu à se jouer d'elle… Que de mauvais souvenirs, la kunoichi réprima une grimace. Akamatsu s'approcha d'elle, sourire collé aux lèvres, toujours le même.

"Salut, comment tu vas en cette belle journée, Kyoku ? On m'a dit que tu es déjà au courant pour notre mission. Regarde, j'ai des photos des genins disparus."

Il lui montra aussitôt la photo des trois concernés, trois jeunes garçons, ou plutôt "trois jeunes naïfs", ainsi les aurait définis Makai s'il avait été présent; Kyoku pria aussitôt pour avoir oublié son parchemin d'invocation sur la table basse, loin d'elle l'envie d'avoir affaire à ses reproches face à un éventuel échec.

La kunoichi n'avait véritablement plus le choix : il fallait absolument, question de vie ou de mort, réussir cette mission ! Elle observa les trois photographies, ne se demanda que brièvement d'où son coéquipier les tenait - ce qui relevait, cela étant, du véritable miracle - et enregistra un maximum de détails sur eux sur le plan physique. Blond et bruns. Petit, grand, efflanqué, yeux verts ou même rouges ! Rouges ? Kyoku détourna le regard et regarda tout autour d'elle, comme pour oublier cette petite incohérence de la nature. Elle remarqua alors l'attention d'Akamatsu sur elle et se contraignit à sourire, malgré toute la nervosité qui le teinta.

"Commençons, veux-tu ? Où de jeunes genins seraient partis chercher un chat…"

La véritable question était "où auraient-ils commencé, eux, à chercher pour dénicher un de ces matous à la recherche de leurs racines sauvages ?". Et pourquoi pensa-t-elle aussitôt à Makai ? Un lion à cornes qui maitrisait le ninjutsu restait un félin en toute circonstance… Kyoku s'infligea une violente claque mentale, en même temps qu'une bonne claque physique, elle ne devait absolument pas penser à son compagnon, elle devrait se débrouiller seule… ! Seule avec son coéquipier, certes, mais sans l'aide de ce vieillard à crinière rouge.

"Bon ! Cherchons et marchons tout droit ! Nous finirons par trouver un indice qui nous mettra sur la piste de ces genins égarés. Tu me suis ?"

Mais lui laissait-elle seulement le choix ?