Sujet: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Jeu 24 Jan - 12:57
Le vent l'emportera
Le vent est doux sur ton visage. Tu n'en ressens même plus le froid mordant. Ta tête, logée contre un arbre mort, est pigmentée de rouge. Ton adrénaline te protège de ce temps hivernal. Ta main presse la plaie de ton flanc. Ici, par contre, tu sens le chaud liquide fuir lentement ton corps. Tu jettes un regard en arrière, tes ennemis ne sont pas encore là, mais tu constates par la même occasion que la neige blanche est corrompue de quelques tâches sanguines et éparses. Tu soupires, comprenant que tu ne pourrais te cacher durablement.
« Hmmf ... Je suis désolé ... Maman ... Que notre nom soit à jamais porté par les cieux. Je suis Misaya Barai ! Et je ne cèderai pas ! »
Hurles-tu en entendant une branche craquée non loin de toi. Tu sais à présent que la mort approche à grand pas. Pour la faucheuse, il est temps de récolter sa moisson et tu es le blé. Tu te relèves et te place en équilibre entre le rocher et l'arbre mort. Tu regardes les trois ennemis qui te font face. Un nœud te cale l'estomac, mais en ces dernières minutes de ta vie, tu veux être fort.
Bien que campé sur tes positions et paré à les recevoir, un ninja te prend de court et te saisit ta blanche chevelure. L'instant d'après, tu craches tes poumons : le saligot vient de te frapper violemment l’estomac. Tu suffoques doucement. Il te jette lourdement au sol, tu t'enfonce dans le manteau neigeux. Tu penses qu'il te sera éternel. Déjà tu vois des étoiles.
« La prochaine fois, petit rat, tu ferais mieux de donner bien sagement les choses que tu as volée. Comment pourrais-tu posséder une chose aussi belle ?! »
Tu es au sol, tu avais frapper par deux fois ton adversaire, mais il avait si facilement encaissé. Tu désespère de ne pouvoir ne fut-ce que le blesser. Est-ce là le gouffre qui te sépare des ninjas ? Si tout c'était passé comme prévu, aurais-tu été un redoutable shinobi comme eux ? Tu haïssais terriblement l'engeance ninja.
Et maintenant, tu hurles encore : un kunai se loge dans ta jambe. Non content de te dominer en tout point, ils s'amusent à te torturer, surtout celui qui est en avant et est, semble t-il, le chef du groupe. Tu essayes de ne pas geindre afin de garder ta dignité, mais tu ne savais pas que tes cris avaient attiré une personne bienveillante ...
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Jeu 24 Jan - 17:43
Sur mon chemin
Il y eut environ deux ans, aux rocheuses avoisinantes d'Iwa
Fin de mission difficile, pour la kunoichi que le temps décide de ralentir en cette fraiche après-midi d'hiver. Initialement conviée à une recherche intensive de voleurs de bijoux dans l'un des villages mineurs du pays, Kyoku a dû faire face à des épreuves considérablement plus complexes, dont une malheureuse prise de têtes avec l'équipier qui lui a été assigné par le Tsuchikage pour cette mission. Impulsif, mysogine, complètement égocentrique. Tout ce que la jeune fille déteste du haut de ses presque dix-sept ans. Mais elle n'a pas eu le choix au moment du départ, si elle n'avait pas accepté elle ne serait tout simplement pas partie hors du village avant encore au moins un mois, et celui qui s'achève fut assez pénible pour qu'elle daigne seulement en supporter un second. Alors la chuunin accepta sans broncher, malgré la moue réprobatrice qu'elle effectua et qui fit persiffler son équipier avant même qu'ils ne passent les portes du village.
Kyoku n'est pas mécontente de pouvoir enfin respirer, de ne plus à avoir à encaisser les remarques désobligeantes de l'individu sur sa taille, sur son incapacité à réagir en un clignement de paupières et à réussir à manier le temps et l'espace. Au risque de déformer son joli minois, la kunoichi lui aurait volontiers décroché un bon crochet du droit, idée de lui remettre les idées en place, mais la mission ! La mission d'abord, les soucis personnels après, tels sont les mots de Doku, son tuteur qui semble receler le savoir universel. Et si son geste aurait offusqué bon nombre de personnes, la kunoichi possède ses raisons, et de très bonnes raisons ! Ces mêmes raisons qui construisent ses poings, ses phalanges se tendant imperceptiblement, le froid faisant le reste. Le froid qui ralentit ses mouvements, le froid qu'autant elle que son équipier doivent supporter, bien que chacun de son côté. Il n'aurait jamais dû l'humilier devant leurs commanditaires, cela lui aurait épargné bien des maux, dont ses soi-disant crampes d'estomac.
Absorbée par la face ténébreuse de son être, Kyoku ne les remarque que lorsqu'ils s'intensifient, ces hurlements de souffrance qui comblent les vastes espaces vides des rocheuses d'Iwa. La kunoichi s'immobilise alors et bondit par-dessus un rocher à sa disposition, histoire de mieux voir. A la vue d'éventuels ennemis, elle s'accroupit, pour ainsi dissimuler une grande partie de son corps derrière les imposantes rocheuses, un œil toujours attentif aux faits et gestes des trois persécuteurs qui encerclent un jeune garçon en pleine détresse. Un jeune garçon à l'étonnante chevelure blanche, poudrée, couleur farine, salie par une malheureuse couche de poussière. Il est à terre, le flanc en sang, probablement douloureux, et des fleurs coagulées éclosent sur le parterre enneigé. La kunoichi remonte la piste rouge du regard et constate que celle-ci débuté bien plus loin qu'elle ne se l'eut imaginé, ces ninjas errants avaient longuement poursuivi ce garçon avant de le mettre définitivement à terre.
Ces hommes maltraitent encore leur victime, sous les yeux effarouchés de la jeune fille qui observe avec dégout la malhonnêteté de ces êtres qui se prétendent shinobis et qui osent utiliser leurs armes contre une personne de quasiment son âge et qui plus est à terre. Le chef du trio affiche une moue amusée, et les poings de la jeune fille sont déjà formés. Ce n'était pas réellement le jour de l'énerver, et ces hommes n'auraient pas l'opportunité de partir se plaindre auprès de son équipier, Kyoku s'en occuperait avant. Sa résolution prise, la chuunin empoigne l'un des kunais enfouis dans sa pochette et s'élance en direction du groupe d'agresseurs. La partie de rigolade avait assez duré.
Son déplacement sur la poudreuse n'interpelle personne. Le chef est le premier à tourner la tête. Le premier à terre également, la carotide tranchée, lui aussi à présent teint la neige de son sang. Il n'avait pas été assez réactif à son attaque pour la briser, et à présent qu'il aille reposer dans les nappes brumeuses des enfers pour tous les maux qu'il avait causés. Autour d'elle, les deux autres s'agitent, Kyoku les voit se ruer sur elle, et elle se baisse pour les éviter. Son kunai en main, la kunoichi recule, envoie son pied effleurer brutalement la cage thoracique de celui des deux qui fut le plus ambitieux, l'approchant sans prévenir, pour finalement échouer par-dessus l'arbre mort. Le dernier en jeu se montre plus robuste. Il esquive, barre, tente de dégainer l'arme à sa ceinture, mais il oublie de surveiller ses arrières et part rejoindre son supérieur sur son lit de mort.
Son souffle saccadé s'assagit. Le combat a été court, ces individus ne possédaient pas le niveau d'un genin à ses yeux. Toutefois il ne fut pas pour le moins éreintant, et Kyoku ne sent plus ni ses doigts ni ses jambes. Son attention retombe sur le jeune garçon allongé dans la neige, son souffle se perd dans le vent de l'hiver, le lieu du combat pue le sang. Parfum mortuaire. Parfum qui ramène la kunoichi à la réalité, la mettant face à ses faits et à ses actes.
"Il me le payera." souffle la kunoichi à l'adresse de son équipier absent, désolée par un tel massacre.
Prudemment, l'adolescente s'avance en direction de la victime dévorée par la poudreuse, lui tendant la main, sa poigne s'est détendue. L'orage était passé.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Dim 27 Jan - 11:34
Fascination et peur.
Dépassé, tu ne comprends pas trop ce qu'il se passe autours de toi. Mais une chose est sûre : celle qui vient d'apparaître - car c'est une femme - décime avec une certaine facilité ceux qui te paraissaient insurmontables. Apeuré, Tu es haletant, la femme gracieuse s'approche de toi. En ce moment, celle qui vient de te sauver la vie te terrorise, tu retires péniblement le kunai de ta plaie afin de la pointer doucement. Néanmoins, ton mouvement saccadé, transis de peur dévoile l'étendue de tes craintes. Pour une raison qui t'échappe, tu la vois comme un danger. Certainement est-ce dû à son statut - évident - de ninja, mais elle venait pourtant sauvé la vie. Tant de contradiction luttent en toi.
Cela dit, tu ne peux que souffrir lorsque, le kunai retiré, ta plaie se met à pisser littéralement de ton sang. Tu grimaces et plaques ta main gauche afin de créer un garrot rapide, mais malgré tout, c'est elle qui te préoccupe. Elle te demande alors comment tu te sens, en se jurant de faire payer à quelqu'un. Tu hésites alors à te confier, mais tu lui dois bien cela. C'est d'une voix manquant cruellement de confiance que tu parles alors.
« Je ... Pas très bien ... Vous ... Pourquoi ? Je veux dire ... Pourquoi une kunoichi m'aurait-elle sauvé ? Dans tout les cas ... Merci ... Enfin ... J'imagine ... Si c'était intéressé, je ne peux en rien vous récompenser ! »
Dis-tu en te redressant pour mieux t'écrouler dans la neige. La douleur de ta jambe est tellement tenace pour que tu ne puisses tenir debout. Tu heurtes alors le couvert neigeux de ton poing, rageur. Tu ne peux pas t'imaginer être bloqué maintenant après avoir sauvé. Tu n'es pas plus capable d'imaginer que ta sauveuse se montrera encore plus avenante envers toi.
En grognant, le visage enfouit dans le sable, tu réfléchis ... Tu ne vois aucune solution, lentement, aux pieds de la kunoichi, tu relèves le regard pour la fixer. Tu observes tout de sa tenue, les dents serrés et une main continuellement plaquée à ta blessure. Tu apportes un peu de neige et tu te crispes avant de soupirer d'aise, les lancements diminuent, mais il fallait que tu te fasses un bandage, néanmoins, tu es intimidé par la femme et n'ose bouger sans l'avoir sous ton regard.
« Je sais ! Vous convoitez également ma perle ? Après tout, ça ne serait pas étonnant de votre part ... Ninja. »
En disant ce mot, un dégout naturel se forme et c'est en le crachant que tu es obligé de le prononcer. Tu détestes les ninjas, n'auras-tu de cesse de répéter. Néanmoins, celle-ci aux courbes généreuses et à la moralité plus que correcte ne parait pas réellement être l'engeance du mal. Néanmoins, ta haine, profondément enracinée en toi, prend le pas sur ta raison. À tel point que tu lui prêtes des intentions déloyales alors que la seule bonne attitude a adopté était celle de la reconnaissance.
Si ta mère était toujours de ce monde, tu en aurais sûrement pris pour ton grade, car en ce moment-même, tu bafoues tout les fondements de son éducation : respect de la gente féminine, gratitude envers l'aide, acuité en toute situation.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Dim 27 Jan - 13:50
Ton sang sur la neige
Il a peur, celui qui regarde sa main avec méfiance. D'un geste vif, il a ôté l'arme que ses agresseurs lui avaient lancée dans la chair, son extrémité lui étant adressée, à elle qui tente de comprendre la réaction de ce garçon secoué par une peur invisible et indevinable et dont le souffle se manifeste avec toutes les difficultés du monde. La douleur déforme son visage, blême, contrastant avec la couleur vive de son œil mis à découvert, un œil au rouge puissant, pourfendeur, mais à cet instant injecté d'un mal qui trouble toute la bonne conscience de la kunoichi, elle qui pensait le rassurer en le débarrassant de ses assaillants.
Toutefois, l'inconnu parait hésitant, à présent que l'adolescente lui eut demandé de ses nouvelles. Derrière de lourdes mèches blanches, Kyoku remarque le bleu azuré de l'œil qui manquait à l'appel, un bleu pâle, gelé, et terriblement désolé. Son interlocuteur serait-il partagé ? A la recherche de réponses, elle détaille plus consciencieusement son visage, prend connaissance de la cicatrice qui le traverse, profonde, acharnée, elle n'a pas pu être l'œuvre des trois autres, elle possède déjà un certain âge. Tout comme sa sœur, une seconde cicatrice, naissant à la bordure de son œil droit pour mourir au bord de son menton, avant qu'elle n'ait à affronter le gouffre se situant en-dessous de la mâchoire. Les deux sœurs formaient une croix à leur entrecroisement, la première horizontale, la seconde verticale, cette dernière entaillée encore et encore… Ce ne fut visiblement pas le premier malheur auquel ce garçon échappa.
La voix de ce dernier se manifeste. L'Iwajin tait ses réflexions, écoute, les propos de son interlocuteur tanguent dans sa gorge comme un homme ivre titube sur un bateau en mouvement. Sa voix, dépourvue de confiance, s'éteint sur un crescendo dramatique : la jeune femme l'a vu essayer de se redresser, l'a laissé faire dans l'espoir qu'il y parvienne, de se rassurer, mais la fin de ses paroles signifia également l'écroulement de ce mince espoir. Sur la neige, son sang coule en abondance. A la terre, bientôt, celui-ci se mélangera.
Kyoku l'écoute encore parler. Elle l'eut durant un moment observé, se battre, se débattre contre cette plaie infâme sur laquelle il pressa un lot de neige froide et dont certains des flocons avaient été colorés des résidus de la terre et du sang qu'il avait perdu avant d'échouer sur le tapis blanc. Sa main s'est crispée, mais s'est doucement détendue, quelle douleur a-t-il ressenti à ce contact. Une douleur pour panser ses blessures, stopper l'hémorragie, mais combien de temps son pansement provisoire suffirait-il à amenuiser ses maux ? La kunoichi s'agenouille en même temps qu'elle écoute ces paroles d'un désespoir incompris, d'un dégoût prononcé à la fin de ses mots et qui la fait doucement rire. Il lui mentionne inconsciemment dans ses paroles la raison pour laquelle ces bandits le poursuivaient, cette perle qui, à son oreille, pend, apparemment d'une valeur inestimable mais ne détenant aucun réel intérêt pour la chuunin qui descend le sac de son dos pour en inspecter le contenu. Le blessé dit encore durant son discours que le sauver pour mieux lui dérober ce qu'il possède ne serait point étonnant de la part d'un ninja, et c'est sur ce dernier mot qu'il eut insisté, qu'il eut enfoui tout le dégoût qui eut instantanément statufié Kyoku, qui l'instant d'après s'en amusa.
"Serais-tu en train d'insinuer que je suis une voleuse ? J'aurais tout aussi bien pu laisser ces bandits te tuer, et les dépouiller par la suite de ce qu'ils t'auraient dérobé." lance-t-elle une pointe de sarcasme dans la voix. "Et pour ta gouverne, le devoir d'un shinobi est avant tout de protéger et de porter main forte à ceux qui en ont besoin. Il n'y a rien d'étonnant à mon acte, j'ai juste suivi mon instinct."
Sa main frôle enfin le matériel dont elle a terriblement besoin, s'en saisissant de suite pour le retirer petit à petit de son sac et le poser sur le drap blanc sur lequel ses genoux affrontent le froid, ses jambes par endroit dénudées. Ce garçon s'accroche à des conceptions du monde shinobi complètement erronées et l'adolescente se pose la question d'où il peut bien les tenir. A la vue de ses cicatrices, peut-être avait-il été, dans le passé, agressé par des shinobis, ce n'est pas une possibilité à exclure, tout au contraire. Il arrive parfois que des ninjas, comme elle, comme Doku, comme n'importe quel homme de cette profession qui se respecte, dérivent, virent de bord, soient irrémédiablement attirés par la puissance, animés par une motivation incongrue aux yeux des autres mais pleine de raisons à leurs yeux, et décident de se dresser contre leur propre camp. C'est ainsi que de vieux amis, qui discutaient autrefois joyeusement ensemble, sont menés à se battre, à s'entretuer, à se vouer une haine éternelle et ce, jusqu'à leurs tombes. Triste réalité. Triste, mais étrangement nécessaire : s'il n'existait pas certaines personnes pour dériver du droit chemin, alors eux, shinobis, n'auraient plus personnes à redresser, un cercle vicieux qui se répète inlassablement et que personne n'était prêt à arrêter, tous effrayés par les conséquences.
Kyoku se sert des quelques compresses que Doku lui glisse à chaque fois dans son sac à dos en toute discrétion avant son départ pour remplacer la neige sur la plaie de l'étranger. La matière blanche ne serait efficace en rien dans son cas, sinon à le soulager quelques minutes ou à infecter un peu plus sa blessure en vue des saletés qui y trainent. Et puis, tant qu'elle possédait la chance d'avoir un jeune homme bienveillant vivant sous le même toit qu'elle, l'adolescente ferait mieux d'en profiter et de se servir de tout ce que celui-ci rangeait dans son sac à dos sans qu'elle ne s'en rende compte : aussi, Kyoku bande comme elle le peut la plaie ouverte du garçon qu'elle vient de panser, lui adressant dans sa manœuvre un sourire concis, presque gêné.
"Désolé si le bandage est un peu maladroit, je n'ai pas l'habitude de traiter les blessés. Mon truc, à moi, c'est plutôt de porter le matériel et de répondre de ma présence quand on a besoin de moi sur le champ de bataille… Ce n'est pas trop serré ?" demande-t-elle finalement, soucieuse de lui couper aussi brutalement la circulation.
Son regard s'égare de son côté. Probablement ce jeune homme ne se doutait-il pas, au souvenir de ses propos, qu'une kunoichi viendrait lui tendre la main dans sa détresse, mais Kyoku n'est pas le genre de femme à se laisser abattre pour quelque avis mal établi ou même à laisser un individu, qui plus est à peine plus jeune qu'elle, à ses souffrances et à ses peines. L'abandonner dans un tel état ? Non, la chuunin ne se l'est suggéré à aucun moment et tant pis si son attention à son égard lui déplait, elle ne le laisserait pas tranquille avant qu'il soit capable de tenir debout sans tomber.
"Debout !" annonce-t-elle d'ailleurs en parfaite connaissance de circonstance, lui proposant une nouvelle fois le renfort de sa main. "Rester ici au milieu de ces cadavres ne fera que t'attirer plus d'ennuis, si jamais les compatriotes de ces trois-là décident de pointer le bout de leurs nez. Je vais t'emmener à mon village, et une fois là-bas tu te feras soigner, d'accord ?"
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Dim 27 Jan - 18:51
Amer réalité
Cette femme est forte, aucun doute là dessus. Au fond, tu lui voues une forme d'admiration mêlé à une répulsion naturel de son statut. Et comme toujours, vient cette suffisance propre aux shinobis, ces sarcasmes. Comment pouvais-tu comprendre leur intention ? Alors ses intentions actuelles, non, elles t'échappent également.
Tu l'écoutes, naturellement, elle te délivre un message, trop enchanteur pour que tu puisses y croire. Cela n'avait rien d'étonnant ? Et pourtant, aussi loin que remonte ta mémoire - ta famille exceptée - jamais un ninja n'avait été autrement que nombriliste.
« Serais-tu en train d'insinuer que je suis une voleuse ? J'aurais tout aussi bien pu laisser ces bandits te tuer, et les dépouiller par la suite de ce qu'ils t'auraient dérobé. Et pour ta gouverne, le devoir d'un shinobi est avant tout de protéger et de porter main forte à ceux qui en ont besoin. Il n'y a rien d'étonnant à mon acte, j'ai juste suivi mon instinct. »
« Je ... Je n'insinue rien ! Je ... C'est ... Vous auriez pu ! Et votre devoir ... Allez le dire à ces trois là ! Allez le dire à tout les autres que j'ai pu croiser jusqu'à maintenant ! »
Malgré son assurance, tu réponds avec rage. Tu frappes le sol, chassant avec violence le rappel du passé. Tu ne supportais pas ton passé et que tu sois obligé de t'y replongé te déplait. Mais tu sais qu'elle n'y peut rien. Ne te connaissant pas, ce n'était que d'une façon maladroite qu'elle avait éveillé des souvenirs enfouis, précairement enfouis.
Pour toi, sans une seule hésitation, elle brave le froid mordant de la neige et s'agenouille afin d'examiner ta blessure. Elle trifouille dans son sac et sort compresses et bandage afin de te fournir une assistance réelle et efficace, mieux qu'une bouille blanche. Tu ne parviens pas à empêcher un sourire se former sur ton visage, tu l'observes alors te soigner, sans pour autant parler. Tu n'es pas d'un ordinaire calme, mais tu sais t'exprimer énergiquement sans dire un mot.
« Désolé si le bandage est un peu maladroit, je n'ai pas l'habitude de traiter les blessés. Mon truc, à moi, c'est plutôt de porter le matériel et de répondre de ma présence quand on a besoin de moi sur le champ de bataille… Ce n'est pas trop serré ? »
Tu n'as pas le temps de répondre qu'elle t'intime l'ordre de te redresser, tout en te tendant la main. Pris d'une fierté déplacé, tu écartes sa main et te redresse en donnant une impulsion à ton corps de la main droite. Hélas, tu chancelles et, sans elle, tu te serais encore écrouler au sol. Tout au long de ta misérable vie, tu en avais connu des moments où tes forces t'avaient abandonnées et aujourd'hui, c'est pareil ! Tu n'avais pas besoin d'elle. Mais son regard inquisiteur et sa volonté flamboyante à te garder debout ont raison de ton orgueil.
« Rester ici au milieu de ces cadavres ne fera que t'attirer plus d'ennuis, si jamais les compatriotes de ces trois-là décident de pointer le bout de leurs nez. Je vais t'emmener à mon village, et une fois là-bas tu te feras soigner, d'accord ? »
« Je ... Je ne voudrai pas me montrer ingrat ... Mais ... Quel intérêt ? Je ne serai qu'un poids pour ton village et je n'ai rien qui puisse rembourser l’hospitalisation que tu me promets. »
Enfin, tu te comportes de manière adulte et tu profites de son aide pour sautiller jusqu'à un arbre afin de récupérer une branche suffisamment longue et robuste pour soutenir ton poids, sans que la Kunoichi ait à se préoccuper de toi. Tu veux disparaître, fuir aussi vite que possible, mais ce n'est pas possible dans ta situation actuelle. Alors, vaincu à nouveau, tu te retournes et lui montre la branche que tu tiens, lui spécifiant que celle-ci devrait te convenir.
« Je ne comprend pas le sens de toutes ces bonnes intentions, mais ... Je t'en suis reconnaissant. Réellement. »
Sur ton visage, on peut lire toute la difficulté que tu as de te montrer reconnaissant envers autrui.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Mar 29 Jan - 17:35
Toi seul pourra me dire
D'un geste décidé, il a repoussé la main de la kunoichi, animé d'une rage incomprise, plus que certainement résultat de cet orgueil qui travaille tout homme qui se respecte et sur lequel elle aurait volontiers craché, si seulement l'état du garçon n'était pas déjà assez pitoyable. A peine établi sur ses deux pieds, le jeune homme a chancelé et, sur le point de répondre à l'appel de la couverture scintillante qui s'étale sous leurs semelles, a dû se considérer heureux du renfort que lui apporta immédiatement Kyoku, l'assommant de sa bienveillance en le dérobant de sa chute.
Mais encore, voilà que l'étranger la tire sur une question d'argent, comment ferait-il pour la rembourser, quelle utilité possèderait-il pour Iwa, si elle vient à l'y conduire ? A toutes ces questions, la chuunin répond d'un sourire étroit, reflet d'une évidence dont elle seule perçoit la face, une esquisse qui en a intrigué plus d'un et qui envoie nombreux donneurs de leçons sur le seuil de la méconnaissance et du désarroi. Un sourire déroutant, sans joie, ni peine, ni rien de tout cela. Un sourire qui lui ressemble. Complètement dépourvu de sens.
"Oh, tu sais… l'argent n'est pas un problème. Tu me rembourseras si tu le souhaites et quand tu le pourras, mais si tu ne le fais pas je ne t'en serais pas pour le moins rancunière. Si tu savais le nombre de services qu'ont m'a rendu et que je ne prends pas la peine de rembourser, à faute de moyens et de temps ! T'aider, en quelque sorte, c'est un peu comme rembourser toutes ces dettes. Alors si tu n'as pas de quoi me rembourser, dis-toi que le prochain service que tu rendras, et ce à qui que ce soit, tu l'auras rempli pour moi."
Un air sombre teint son visage blême. Il se renferme. Dans son état d'esprit, à la fois transparent et marqué sur son visage à coup de larges cicatrises, l'étranger sautille, clopin-clopant, jusqu'à l'arbre par-dessus lequel a valsé l'un des trois hommes un peu plus tôt. L'endroit où ce dernier atterrit n'intéresse par la kunoichi, tant qu'il ne viendrait plus les importuner avec ses poignards mal placés et son attention divertie par la première mouche qui passe. L'éclopé se rattache à la première branche qui lui vient sous la main, s'y tenant comme s'il se tenait, les pieds ballants, au-dessus d'un ravin. Sa blessure parait énormément l'handicaper.
Il dit ne pas comprendre le sens de ses intentions, mais que malgré tout il l'en remercie. Une grimace fragilise son visage, et le durcit tout à la fois. Il possède un air sévère, l'une de ces expressions que montre Doku - son modèle à toute occasion - quand il essaye d'enchainer vingt pompes d'affilée après une longue journée de labeur. Le visage du garçon démontre la même expression de contrariété, de fatigue, de peine, de difficulté, quel est exactement ce drôle de sentiment que la kunoichi ne parvient à nommer ?
L'aura de son interlocuteur parait épaisse, telle une coquille à l'intérieur de laquelle il essaye désespérément de se réfugier. Quels malheurs ont-ils pu provoquer tant de méfiance envers elle et tout le monde shinobi, mise à part cette agression qui, à toute évidence, ne fut pas sa première ? La souffrance, l'a-t-il surprise en plein flirt avec cette déesse ténébreuse que les sages nomment mort et que Kyoku définit de démon de la prétention ? Combien de fois a-t-il surmonté les chemins de travers dont sa vie fut composée, cheminée d'embûches, d'arbres morts pour tenter de le soutenir, et de sang sur le sol blanc ? Beaucoup trop aux yeux de l'Iwajin dont l'esprit fut littéralement aspiré par le regard rempli d'orgueil de son locuteur. Les blessures de ce dernier ne s'arrêtent pas sur le plan physique, à son plus grand malheur, et en prendre si subitement conscience la sort de sa torpeur. Kyoku l'observe. Elle l'examine. Le contemple sur son chemin de pierres, combien de temps tiendrait-il encore…
"Si tu m'en es réellement reconnaissant, inconnu, alors suis-moi à mon village. Fuir n'arrangera pas tes problèmes et, avec ta jambe estropiée, je doute que tu puisses te rendre très loin sans être à nouveau abordé par des hommes aux intentions malfaisantes."
Elle porte un regard soucieux à la branche qui le soutient et prête le pas en sa direction. Aucune attention, aucun intérêt attaché à la réaction de l'individu suite à sa démarche, Kyoku pose une main sur le haut de sa tête. Un contact froid et glacé. La neige fondue glisse le long de ses doigts, un léger frisson lui secoue les épaules, mais elle sourit malgré tout. Le jeune homme la dépasse malgré son plus jeune âge.
"Arrête de faire ta forte tête et accepte les mains qui se tendent vers toi. T'enfermer dans ta coquille, voilà ce qui te perd depuis trop longtemps."
Ce longtemps qui ne détient aucune définition. Ce garçon joue probablement les déserteurs depuis seulement un jour ou deux, comme il pourrait errer depuis un mois, ou même an. Plus, qui sait ?
Lui. Lui seul possède réponses à ses questions. Faut-il seulement qu'il daigne y répondre.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Ven 1 Fév - 14:49
Renoncer pour mieux revenir.
Jamais elle ne semble perdre de cette force qui t'avait époustouflé quelques minutes auparavant. Fière et droite, tu es tenté de lui faire confiance. Mais le peux-tu réellement ? Le diable ne porte t-il pas les plus beaux vêtements ? Tu la regardes longuement de ton regard vairon, en équilibre sur ta branche, alors que tu tombais, ne t'avait-elle pas rattrapé pour t'éviter une nouvelle chute ? Ne t'avait-elle pas sorti des griffes de ces trois shinobis ? Après tout, sans son aide, ne devrais-tu pas être mort ? Tu ouvres la bouche, mais finalement aucun mot n'en sortit.
Tu l'écoutes, réellement attentif. Tu espères trouver un élément qui te permette de définitivement savoir si oui ou non elle es digne de confiance. Ta longue solitude pèse lourdement sur cette décision qui aurait été évidente pour la plupart des gens. Mais toi, c'est différent. Tu es un loup solitaire, la vie de meute te parait impossible et t'avait de toute façon déjà montré ses limites.
« Oh, tu sais… l'argent n'est pas un problème. Tu me rembourseras si tu le souhaites et quand tu le pourras, mais si tu ne le fais pas je ne t'en serais pas pour le moins rancunière. Si tu savais le nombre de services qu'ont m'a rendu et que je ne prends pas la peine de rembourser, à faute de moyens et de temps ! T'aider, en quelque sorte, c'est un peu comme rembourser toutes ces dettes. Alors si tu n'as pas de quoi me rembourser, dis-toi que le prochain service que tu rendras, et ce à qui que ce soit, tu l'auras rempli pour moi. »
« Je ... te rembourserai ... Je n'aime pas avoir des dettes et ... Je ne me sens pas capable d'aider les autres comme tu viens de le faire pour moi. »
Et c'est vrai. Tu as toujours considéré autrui comme une menace et/ou une gêne. Te mêler parmi la foule ne t'inspire déjà pas tellement, mais alors, aider ton prochain te semble la plus grande aberration au vue de ta vie passer à arpenter le chemin - seul. Cela dit, la véhémence de ta voix s'est éteinte et tu tiens en place pour l'écouter. Si la peur qu'elle peut t'inspirer ne s'estompe pas, tu ne ressens plus cette orgueil de vouloir absolument lui tenir tête.
« Si tu m'en es réellement reconnaissant, inconnu, alors suis-moi à mon village. Fuir n'arrangera pas tes problèmes et, avec ta jambe estropiée, je doute que tu puisses te rendre très loin sans être à nouveau abordé par des hommes aux attentions malfaisantes. »
« Je suis Misaya Barai. Tu sais, j'ai toujours survécu, seul. Même à ce genre de blessure ... Mais ...»
« Arrête de faire ta forte tête et accepte les mains qui se tendent vers toi. T'enfermer dans ta coquille, voilà ce qui te perd depuis trop longtemps. »
« Les mains qui se tendent vers moi ... C'est ... Je ... »
C'est sûrement la première fois de ta vie qu'on te parle ainsi, ta famille n'avait jamais eu besoin de ça, fut-ce un temps où tu vivais joyeux. Tu es proche d'elle, cette carapace dont elle parle, sans la briser, elle la perce pour venir te titiller au plus profond de ton être. Cette femme domine tes émotions comme un marionnettiste dicte son pantin. Pourtant proche de toi en terme d'âge, elle es mâture et charismatique. Tu ne sais pas ce que tu fais, mais tu te laisse choir dans ses bras, en pleur. La retenue de temps d'années à vivre seul s'abat à chaudes larmes sur son épaule.
La honte te dévore le ventre. Tu n'arrives pas à concevoir de pleurer ainsi, mais l'émotion est forte et incontrôlable. Après tout, tu n'as que quinze ans, si la vie t'a grandit bien trop vite, tu n'en restes pas moins un adolescent. Lorsque, enfin, le flot de larme s'estompe, tu te détaches pudiquement de cette jeune femme et essuie tes yeux d'un revers de manche.
« Je ... Pardonne moi ... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Mais ... D'accord pour Iwa ... Voyons voir ce que ça va ... donner. »
Dis-tu avec la voix chevrotante. Malgré tout, ton calme n'est pas revenu, tu restes sous le coup de l'émotion. Et pour la première fois de ta vie, quelqu'un semble s'être rapproché de toi.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Sam 2 Fév - 19:51
Il est temps de repartir sur de nouvelles bases
Perdu, perdu qu'il est ce jeune garçon que Kyoku voit s'effriter en même temps que toute la protection qu'il avait érigée, au fil des années, autour de son corps. Il s'écroule, celui qui persiste à dire qu'il la remboursera, que seul il survivra, que son nom est Misaya Barai et que ce simple détail suffisait à le rendre assez fort pour affronter la dure réalité de la vie. Il est jeune, et elle aussi. Est-ce peut-être pour cette raison que la kunoichi ose compatir à sa peine sans en connaitre la forme ou la douleur ? Après tout, sa vie n'a jamais été assombrie, jusqu'à présent, que par l'annonce de la mort des membres d'un clan que ses parents, jadis, avaient fui. Une larme, rien de plus. Aucun vide, aucun chagrin, juste une larme pour dire ce que la voix ne dit pas. Ce qu'elle ne sait dire plutôt. Car, dans le fond, l'Iwajin n'eut rien à dire à l'époque sur la mise à sang de cette famille dont elle ne connait que le nom. Absolument rien, car elle n'existe pas là où ils ont été enterré, car elle n'a jamais existé; car ses parents ont déserté et ont été tués, et qu'elle ne peut que se considérer heureuse que ces autorités, là-bas, ne soient déjà pas venues jusqu'à Iwa pour éliminer l'un des deux derniers survivants de la tuerie. Alors non, de quelle façon parviendrait-elle à comprendre ce garçon qui, dans ses bras, se console d'un mal dont même l'ombre lui est imperceptible ?
Kyoku glisse un œil triste à Barai, tel est son nom, sanglotant dans ses bras minces, ceux-ci mordus par le froid, et fragilisés un peu plus par cette soudaine chaleur qui vient percer un peu trop vite les pores de sa peau frissonnant. La kunoichi a la force de le soutenir, mais sa petite taille lui fait doucement perdre son équilibre, combien même essaye-t-elle de le restaurer. Une boule se forme dans le fond de sa gorge, l'adolescente peine à déglutir, comme à préserver l'uniformité de la couleur de son visage, se teintant de rouge sous la spontanéité du geste; elle ne s'attendait pas à ce qu'un étranger l'étreigne ainsi aussi soudainement. Peut-être ressent-il le besoin d'être réconforté, de recevoir un secours que la chuunin n'est pas certaine de pouvoir lui apporter, et qu'il en eut oublié les raisons de ses prises de distance, cette crainte qui, à peine quelques minutes plus tôt, lui faisait brandir un kunai, même sali, au-devant de ses yeux.
Gêné, gêné comme il est naturel de l'être après un tel acte, Barai se recule, défait cette étreinte à cause de laquelle l'adolescente faillit rejoindre le manteau cotonneux de l'hiver, avant que sa taille n'ait raison de la force de la kunoichi. Sa voix, fébrile, fait s'arrondir les yeux déjà étonnés de l'Iwajin, quand elle annonce à celle-ci que le garçon accepte de la suivre. Sans saisir exactement le pourquoi ou le comment, un sourire se manifeste sur le visage de Kyoku, enjouée quant à la décision du blessé d'enfin daigner se laisser soigner.
"Tu ne peux connaitre la joie que tu me procures en acceptant de me suivre, Barai. Tu sais, j'aurais eu gros sur le cœur en te délaissant ici, au milieu de ces corps, car je sais ce qu'auront été les représailles de ceux qui auraient pu t'y retrouver."
Mais qu'ils ne s'attardent surtout pas sur le sujet : Kyoku sent bientôt l'air lui manquer à l'image de ces figures sombres et du sang que celles-ci étaleraient sur les reliques des arbres morts. Long soupir qu'elle expie pour effacer cette conception irréel des faits : Barai a décidé de la suivre, et rien ni personne ne le lui enlèvera, il sera placé dès à présent sous son aile.
L'hiver dominant, la nuit ne tardera pas à tomber, et la kunoichi le réalise en penchant légèrement la tête de côté, ses rétines malencontreusement agressées par la malice du soleil qui descend dangereusement en direction de son point de repos. Dans son esprit, son prochain objectif est clairement inscrit : ramener son nouveau protégé à Iwa avant qu'il ne fasse trop noir et que la clarté de la nuit ne les contraigne à chercher d'autres sources de repères que le dessin des rayons solaires sur les reliefs des rocheuses du pays de la Terre. Instinctivement, la chuunin tend son bras en renfort au blessé, lui proposant silencieusement de se soutenir à elle. Elle sera sa branche de secours pour le trajet.
"Je vais faire en sorte que nous arrivions au plus vite à Iwa pour que tu reçoives les soins dont tu as besoin."
Pour une fois que Kyoku peut se rendre utile à quelqu'un en-dehors de son devoir quotidien de kunoichi. Il ne s'agit pas d'un ordre qui lui a été imposé ou qu'elle a choisi à travers milles et une autres demandes de service. Elle a agi selon son bon sens, ce qui lui avait paru le plus juste, et n'existe-t-il plus belle fierté sur leur terre que celle d'avoir accompli un acte juste sans recommandation derrière ? Quelque part, à l'intérieur de ses entrailles, l'adolescente sent naitre un sentiment de fierté méconnu jusqu'à lors et qui étire un sourire indémontable sur son visage marqué par les plaques rouges procrées par le froid. Quelle douce chaleur, au sein de cette rude saison d'hiver…
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Dim 3 Fév - 20:52
"Promenade" hivernale
Tu restes muet un long moment. Tu as honte, particulièrement honte de ce que tu avais fait, tu avais cédé à des pulsions d'enfant. Du coup, tu t'es muré à nouveau, mais au fond, tu te sens apaisé. Tu écoutes sans comprendre en quoi elle peut être aussi joyeuse que tu l'accompagnes. Au final, tu n'es qu'un inconnu pour elle. Mais la Kunoichi avait et a toujours raison : tu ne peux décemment pas refuser une main tendue, surtout dans la situation qui est la tienne.
Tu ne réponds que d'un léger grognement - en rien agressif - lorsqu'elle te dit que sa priorité sera la rapidité du voyage. Tu ne sais pas trop quoi dire et à défaut, tu préfères les murmures du genre qui ne voulait rien dire d'intelligible, mais qui coulait sous le sens. Tu es réfugié dans tes pensés, si bien que la première demi-heure de marche ne fut agrémentée que par vos pas s'enfonçant dans la neige ou bien par ta main gauche accrochant de façon sporadique le bras tendu en renfort.
Au bout de cette demi-heure de marche, tu t'arrêtes net, une expression de douleur fend ton visage. Tu poses un genou au sol, en respirant pleinement : la première plaie au niveau du flanc te lance à présent. Il est évident que ta condition actuelle t'empêchera d'aller plus loin sans une nuit de repos. Hasard ou destiné, vous trouvez rapidement un cabanon en bois dont la couverture blanche ne peut vous abuser.
De la poussière, gorgée ci et là d'humidité, couvre l'endroit et, rapidement, elle te prend le nez. Il ne faut pas attendre de miracle, hélas, tu n'offres aucune autre possibilité à ton ange gardien, tu as besoin de ce repos. Lentement, le jeune homme que tu es dépose son sac dans un coin et tu t'adosse à ce dernier, en observant la kunoichi. Soudain, tes joues s'empourprent et tu te rends compte que tu as oublié l'élémentaire.
« Au fait ... Il serait bon que je connaisse le nom de celle dont je suis le débiteur. Quoiqu'il arrive, je sais que je ne l'oublierai jamais ... Aussi simple et banal cela puisse paraître pour toi de sauver une vie, il s'agit de la mienne. Cela a donc un goût ... différent. »
Tu es là dans ce coin, le nez chatouillé par la poussière, à chercher tes mots. Tu lui es redevable, mais tu ne désires pas qu'elle en fasse trop. Te laisser ici, c'était déjà un grand pas en avant pour rebondir. À partir d'ici, tu as la possibilité de te reposer et de récupérer les forces manquantes. Tu ne voudrais pas qu'elle ait à porter le fardeau que tu es jusqu'à son village, même s'il ne devait être qu'à une journée de marche.
« Je te dois également des excuses. Mon comportement de tout à l'heure était inadmissible. Je sais que tu désires m'emmener au plus vite au village, mais tu dois y avoir des choses à faire. Et force est de constater que je n'ai de cesse de te ralentir. »
C'est un peu ton pis-aller pour qu'elle te laisse, la dernière tentative pour ne pas avoir à te mêler aux shinobis, aussi forte soit l'estime que tu lui portes et qui ne cesse de croître au fil des minutes. À tel point que cela t'effraye, tu sens que si cela continue, tu ne serais plus apte à la dissuader.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Sam 9 Fév - 14:46
Une mise au point
Le silence fut guide de leur route, le garçon s'accrochant comme ses capacités le lui permettaient au soutien que lui offrit la kunoichi, jusqu'à que celui-ci ne bouscule la tranquillité de leur périple, lorgné par la plaie qui avait pourtant été anesthésiée par le froid mordant de la saison. Les bienfaits de l'hiver n'agissaient plus à présent, goûtant pleinement à la souffrance qui s'eut soudain dessiné sur le visage blanc de Barai, il tomba sur les genoux la seconde qui suivit.
Inapte à le soulager de ses maux, Kyoku l'observe respirer à pleins poumons, tenter de se sortir du malheur qui lui ceigne la gorge, mais l'expression de douleur ne se découd pas de son visage, impossible pour lui d'achever le chemin ce soir. Iwa se situe encore à un peu moins d'une demi-journée de marche de leur position actuelle et malheureusement sa condition physique est telle qu'esquisser un pas de plus relèverait de l'exploit. La kunoichi, ne désirant en aucun point lui infliger souffrance supplémentaire, prend assez vite la décision de reporter la fin de leur voyage au lendemain, une fois que la plaie qui élance son compagnon aura assez cicatrisé pour supporter l'agressivité du dehors, de la contraction du corps qui se déplace et qui vise une destination plus lointaine que jamais celle-ci ne l'a été par le passé. Par chance, nombreux furent ceux autrefois à établir de ces cabanons dont ils trouvent assez vite le frère et sous le toit duquel ils partent de se réfugier de la malveillance de la nuit. Au sein de ces cabanons, autrefois, étaient entreposés matériaux de survie, réserve de nourriture, parfois s'y cachaient même les déserteurs en fuite. Ceux-ci n'échappaient pas très longtemps à la justice, toutefois. Ces petites constructions tout en bois ne comptent que quelques mètres carrés, pas grand-chose, juste assez pour qu'ils puissent se déplacer sans se cogner à un mur ou qu'ils n'aient à rencontrer le plafond. Ceux-ci ne sont plus que très rarement occupés ou entretenus, laissés à l'abandon comme ces corps dont Kyoku cherche en vain à se débarrasser de l'image mortuaire. Rien à faire. Leur sort lui reste collé à la peau.
Le vent souffle sur les murs et le bois craquèle sous le poids du temps. La chuunin réprimande un frisson. Le froid l'agresse, la peur constante d'un probable écroulement testant ses dents à hauteur de son cou dénudé, elle y pose une main pour se rassurer. Un voile de poussières tapisse les murs et le plancher, leur parfum usé et acerbe lui piquent le nez, alors que l'odeur de l'humidité agrémente le tout. Un petit rhume ne suffirait à l'épargner de cette fragrance horripilante et qui étire sa bouche en une grimace imprécise.
Pendant son identification minutieuse et pour le moins inutile du lieu, Barai a eu le temps de s'établir dans l'un des angles de la petite pièce, son sac pour support dans son dos, l'obscurité de l'endroit rendant indissociable les deux couleurs pourtant bien distinctes de ses deux iris. Une allure d'enfant l'affuble, une impression inexpliquée qui saisit l'Iwajin au cou, quand de ses yeux plongés dans le vague elle perçoit la couleur poupre de l'embarra investir la pâleur de ses joues. Son attention en son intégralité se consacre alors à cet enfant qui ne doit pourtant compter qu'une ou deux années en moins qu'elle, il balbutie quelques mots dont la quête s'avère difficile, en vue des nombreux silences qui cheminent ses paroles. Il lui exprime son souhait de connaitre son nom, le sien, celui de celle qui se révèle être son débiteur, pour reprendre ses mots, et la kunoichi s'étonne en prenant connaissance de la suite de ses pensées. Il n'oublierait jamais celui qui l'a sauvé, quoi qu'il advienne, des mots qui engendrent aussitôt le mutisme de l'adolescente aussi bien extérieurement qu'intérieurement. Les multiples réflexions qui se bousculent continuellement à l'intérieur de son crâne se sont évanouies subitement.
Peut-être n'est-ce la première vie qu'elle sauve ; dans le passé, nombreuses mères lui ont affirmé, après qu'elle ait retrouvé leur enfant, qu'elle avait sauvé leur vie d'un effondrement imminent, car qui peut survivre à la perte de son enfant ? Beaucoup de merci, beaucoup de sourires, beaucoup de rouge sur les joues. Kyoku répondait, toujours gênée, qu'il s'agissait de son travail, elle accomplissait ce pourquoi on l'engageait, dans le fond elle n'avait à recevoir aucun mérite, bien que ce sentiment de fierté réussissait à chaque fois à la faire jubiler intérieurement une fois le seuil de sa demeure passé. Peut-être, oui, ne fut-elle jusqu'ici étrangère à ce sentiment de reconnaissance et de fierté qui réchauffe son corps frigorifié par le froid. Peut-être, certainement même. Toutefois, c'est la première fois que l'une des personnes dont elle avait sauvegardé la vie lui énonce de telles paroles, lui exprime son "merci" sous cette forme, et celui-ci possède irrémédiablement un tout autre goût. Celui-ci considérablement plus glorieux. Agréable. Exquis. Quel adjectif conviendrait-il le mieux ?
Remuée par ses paroles, Kyoku n'ose rien dire. Bercée par le silence, elle attend patiemment que celui-ci lui glisse à un ou deux mots, ceux à l'aide desquels elle devrait répondre à son interlocuteur, au lieu de préserver le calme de l'instant et de profiter amèrement de la poussière qui lui passe et repasse sous le nez. Une seconde grimace. Ses bras se serrent contre son corps lorsque Barai vient à reprendre la parole. Il regrette, autant son comportement que le soi-disant poids qu'il représente pour elle. La chuunin le dévisage, sans douceur, sans ménagement, son attitude la rebute, que ne serait-elle prête à faire à cet instant pour convaincre sa conscience de la laisser lui assener une ou deux claques, une fois encore. Certes, son parcours a légèrement été altéré par sa rencontre avec ce garçon. Certes, elle aurait déjà dû atteindre Iwa il y a de cela quelques minutes. Certes, elle lui aurait concédé beaucoup de choses, beaucoup de ces petits détails qui occupent ses journées, ceux avec lesquels quotidiennement elle se stresse, elle se tourmente, et ce gratuitement. Mais le voir se démunir lui-même d'importance la révolte. Qu'aurait-elle donc fait si Doku avait agi ainsi avec elle à la mort de son père ? Cette question n'aurait même pas lieu d'être !
"Arrête, Barai. Les excuses que tu me donnes me fatiguent plus qu'elles ne m'aident." souffle-t-elle partagée entre sa conscience et l'envie impulsive de saisir rageusement par le col son interlocuteur. "Il est vrai que j'ai de petites tâches à accomplir au sein de mon village quotidiennement, que je n'ai souvent pas la journée à moi, mais je ne dois pas m'en servir comme excuse. Cette vie, je l'ai choisie et je dois l'assumer jusqu'au bout, comme le fait de t'avoir sorti de ta misère. Je ne vais donc pas te délaisser ainsi après t'avoir contraint à me suivre jusqu'ici, ce serait ridicule et contre tous mes principes."
S'agenouillant à hauteur de ses yeux, Kyoku sourit, le menton confortablement posé sur ses avant-bras, le regard malicieux.
"Je compte bien t'emmener à Iwa avec moi et assumer mon initiative jusqu'au bout. Tant que les médecins ne m'auront pas certifié que tu es en bonne santé et en état de reprendre la route, je ne te laisserai pas tranquille. Mais… une fois ceci fait, tu seras libre de faire ce que tu veux, je ne t'empêcherai plus de tracer ton chemin si c'est ce que tu souhaites vraiment."
Ses lèvres se pincent d'un côté, la kunoichi mord l'intérieur de sa joue afin de s'abstenir de prononcer d'autres mots. Exprimer le fond de sa pensée à cet inconnu ne serait pas preuve d'une grande intelligence de sa part, tout au contraire. Si Kyoku se laissait dire, alors sûrement qu'elle l'effrayerait des multiples craintes qui lui piquent le bout des doigts et qu'elle tente en vain d'effacer en les frottant contre le tissu qui protège ses avant-bras. S'il vient à quitter Iwa précipitamment et à ne plus revenir par la suite, la kunoichi vivrait sans doute avec la crainte d'apprendre sa mort à tout moment de sa vie. Comme ce frère dont la vie lui file entre les doigts, dont elle ne connait ni les périples ni la fin ; où est-il, que fait-il, sait-il seulement qu'elle existe ? Est-il seulement encore en vie ?
Ces doutes perpétuels, Kyoku ne désire pas les subir à l'égard de ce jeune garçon auquel, bien malgré elle, elle s'est attachée. Peut-être parce qu'elle aurait pu être à sa place. Peut-être, si Doku ne s'était trouvé, autrefois, sur le chemin de son père à la porte de la mort.
A côté du garçon, l'adolescente se joint, la respiration claire, un petit regret scintillant dans le fond de ses pupilles. Elle ne s'attendait pas, quelques heures plus tôt, à ce qu'une "petite dispute" avec son coéquipier de mission la mène à passer la fin de la soirée dans un cabanon au milieu des rocheuses d'Iwa en compagnie d'un garçon qu'elle ne connait que depuis un peu plus d'une heure. Non, jamais elle ne s'en serait douté, et ce retournement de situation imprévisible commence à lui plaire, en vue de la personnalité de son compagnon de galère.
"Ah… j'ai l'air d'oublier mes bonnes manières, mais c'est juste parce que je n'ai pas une mémoire très… enfin… Je m'appelle Kyoku Yamaneko, désolée de ne pas m'être présentée plus tôt. Disons que mon nom ne paraissait pas plus important que ça quand je t'ai cueilli dans les rocheuses."
Au retour du jour, quoi qu'il en pense, quoi qu'il fasse pour l'en empêcher, la chuunin finira par le conduire à son village, ne cesse pour qu'il soit soigné par des médecins de métier, et non par une adolescente complètement inconnue de la profession et qui se contente de faire un bandage provisoire pour ne pas paraitre stupide. Peut-être parce que, à elle non plus, on ne lui avait pas demandé son avis quand il fallut l'emmener à Iwa.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Dim 10 Fév - 12:44
a
Un pas en avant.
Heureusement, si la poussière semble t'affecter, tu es bien moins irrité par celle-ci que par ton compagne du moment. Après tout, n'est-ce pas une question d'habitude ? Ta condition de nomade malgré tout rend ce genre d'endroit fréquent dans ta vie, tu apprenais même à les apprécier quand le destin en plaçait sur ton chemin et en ce jour, tu apprécies le cadeau. Et tu te présente davantage souffrant qu'inquiet, la structure vieillie et instable de l'endroit te laisse fort indifférent : tu aurais dû mourir aujourd'hui, le destin n'est pas suffisamment fourbe pour te cueillir dans un effondrement.
Tu la déçois, en as-tu conscience ? Non, sa respiration saccadée est, selon toi, due au froid ambiant, l'absence totale de lumière t'empêche d'observer ses réactions et tu n'as pas la psychologie assez fine pour lire dans l'éclat de ses yeux. Oh cela ne va pas durer, il te faut juste un petit temps d'adaptation avec que les différents tons de noirs et de gris t'apparaissent de façon distincte.
Néanmoins, si tu n'avais pas vu l'expression de sa déception, tu constates avec aisance l'agressivité de sa voix et des termes employés. Tu fais une moue étonnée, ne comprenant toujours pas ce sentiment maternel, qui te remplit pourtant d'aise à l'instant. Au final, cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas emporté avec toi sur un sujet spéciale : toi. Oui et elle argumente en ton sens. C'est ... agréable.
« Arrête, Barai. Les excuses que tu me donnes me fatiguent plus qu'elles ne m'aident ... »
Mais cette fois la jeune femme ne s'arrête pas, visiblement, toute son énergie, toute sa fougue sont, cette fois, orienté vers toi, vers une volonté absolue de te convaincre. Tes lèvres tirent vers le bas, malgré tout, tu as du mal avec ce fait et cela provoque une nouvelle moue désapprobatrice. Cela dit, elle marquait des points, c'était idiot de te sauver pour te délaisser par la suite, mais l'étendue de sa générosité ne souffrait d'aucune comparaison avec ce que tu avais pu rencontrer jusqu'à présent.
Elle se positionne délicatement et ton regard danse avec le sien, maintenant que vous êtes à même "hauteur". Tu peux d'ailleurs, vaguement, apercevoir qu'elle sourit, cela te ravit. Au final, elle ne t'en veut pas et c'était assez important pour toi. Ceci étant, tu n'es pas capable de dire pourquoi ses impressions à ton égard t'importent. C'est la première fois que ton image t'intéresse.
« Je compte bien t'emmener à Iwa avec moi et assumer mon initiative jusqu'au bout. Tant que les médecins ne m'auront pas certifié que tu es en bonne santé et en état de reprendre la route, je ne te laisserai pas tranquille. Mais… une fois ceci fait, tu seras libre de faire ce que tu veux, je ne t'empêcherai plus de tracer ton chemin si c'est ce que tu souhaites vraiment. »
« J'ai toujours tracé mon chemin. Je doute réellement pouvoir m'intégrer. Je déteste les gens, ils ont toujours été des entraves dans la poursuite de ma quête. Jusqu'à toi. Alors franchement là ... J'en sais rien ... Je ... C'est la première fois de ma vie où je n'arrive pas à me projeter dans l'avenir. Dois-je t'en remercier ou, au contraire, te détester pour cela ? Je n'en sais fichtrement rien. »
C'était un contraste assez étonnant. Dans cette phrase, l'enfant blessé et perdu s'est envolé. C'était la personne obligé de vivre ou survivre, plutôt, qui vint de revenir. Oui, tu viens soudainement de gagner une assurance dans ta voix, une conviction propre. Même si ta gestuelle montre que tu étais perdu : tu souris, ironique, tu bascules la tête sans réel structure, comme si on t'attaquait.
Mais une chose est certaine : tu ne sais pas ce que tu vas faire. Cette femme t'a attrapé et te tient fermement. Ferme, mais suffisamment douce pour que tu cesses tes tentatives d'évasion. Et oui, tu ne parviens pas à savoir ce que tu feras une fois soigné. Ton honneur te dicte de racheter ta dette, tes ambitions veulent que tu partes au loin afin de trouver ce que tu veux trouver.
Alors elle s'approche de toi pour se positionner à quelques centimètres de ta personne. Tu n'es pas étonné et tu ne cherches pas une explication, tu l'as trouvée : il fait froid et certainement, pragmatique, désire t-elle te faire profiter de sa chaleur corporelle tout en profitant de la tienne ? C'est intelligent et tu ne dis rien.
« Ah…j'ai l'air d'oublier mes bonnes manières, mais c'est juste parce que je n'ai pas une mémoire très.. enfin.. Je m'appelle Kyoku Yamaneko, désolée de ne pas m'être présentée plus tôt. Disons que mon nom ne paraissait pas plus important que ça quand je t'ai cueilli dans les rocheuses »
« Humf. Cela ne t'avait pas sembler important ? Et pourtant ton nom est à présent gravé au plus profond de ma chair. On sait d'où l'on vient. On sait qui l'on est. Cela fait partie de nous. Et ce que je suis, ce que je continue d'être, je te le dois. Autant mes parents m'ont enfanté, autant toi tu m'as permis de la conserver. »
Doucement, ta main froide vint cueillir sa joue, tu veux la regarder dans les yeux. Certaines promesses étaient plus vrai au travers le regard qu'une signature et en cette nuit hivernale, c'était le cas. Bien sûr, le contact peut être considéré comme déplacé, sinon sensuel, mais tu n'en as cure pour l'instant.
« J'ai toujours été persuadé que les yeux ne mentent pas. Je sais tout ce que je te dois, réellement. Il y a de fortes chances pour que cette dette me force à rester à Iwa. Si cela venait à être le cas, une seule personne y aura de la valeur. »
Tu penches alors la tête en arquant un sourcil, cette mimique suffit à lui demander si elle a compris. Tu es un loup solitaire, elle ne devait pas s'attendre à plus de toi. Tu te replies alors dans ton coin, l'écoutant. Sa voix, rassurante, est une berceuse et lentement, tu ne lui réponds qu'au travers des murmures mourant. Tu viens de t'endormir.
Ta main vient doucement ébouriffer tes cheveux, tu éternues, révélant malgré toi ton éveil. Au travers les fenêtres du cabanon, tu aperçois que le jour est levé, tu bailles et te relèves. Tu t'étires, avant d'arrêter, la douleur est toujours présente et des mouvements longs et/ou brusques te font souffrir. Néanmoins, tu souris en voyant que ta compagne est déjà réveillée, tu t'en doutais.
Les doutes de l'étranger donnent relief aux multiples frissons qui traversent son échine, ainsi que source et cause à leur manifestation. Le froid s'est tu de sa propre volonté, ne l'atteint maintenant plus que par pensée, à chaque nuage de buée qui ose déformer la conformité de l'air qui les enrobe, à chaque œillade accordée au cadre émietté de la fenêtre souligné de blanc. Le givre a tissé sa toile sur les vieux carreaux, le temps a verdi le bois et le manque d'affection qui a été porté à cet endroit se démarque par cette impression constante d'être compressé par l'oxygène qui leur sert à vivre. Kyoku serre les bras contre son corps, une chaleur inopinée et inexplicable la fragilise.
Barai, parfait inconnu, jeune nomade abandonné à lui-même depuis nombreux cycles lunaires, lui voue tant de reconnaissance dans ses nouvelles paroles que la kunoichi ne peut qu'effacer la fierté qui la faisait peu avant briller et remplacer celle-ci par une gêne grossissant dans sa gorge tel un virus dont l'extermination s'avère impossible. Son nom à jamais gravé dans sa chair. Ces dettes, dont il ne cesse de mentionner l'existence et qu'elle préfèrerait mille fois ignorer. Cette conclusion, ces dernières redevances, qui évoque la comparaison de sa personne avec les parents du garçon. Trop de redevances pour un peu de sang. Trop de chaleur pour un seul corps. Et faut-il encore qu'il pose sa main sur sa joue pour l'accentuer.
A ce geste, l'adolescente ne réagit pas, se contente de suivre la requête de celui qu'elle a secouru, celle de l'observer entre quatre yeux. A ce geste, la chuunin, du haut de ses presque dix-sept années, pourrait s'imaginer maintes scénarios, maintes sous-entendus, un peu plus que de la simple sympathie dans son geste, ou même de la reconnaissance. Kyoku a passé l'âge de la profonde illusion, toutefois. Elle a appris au fil des missions, des visages qui lui a été donné de croiser durant sa courte vie, que l'être humain s'avère être davantage qu'une machine prédestinée à exécuter les réactions et les gestes précaires à certaines situations et à certains sentiments. L'Homme s'avère juste être une machine purement complexe, incapable de comprendre intégralement l'un de ses pairs, autant pourra-t-il plaider le connaitre mieux que personne. Il est formaté d'une façon unique, inimitable, et ni son frère ni sa sœurs ne possèderont pareil appareil ou pareille personnalité. Chaque Homme, chaque machine qu'il constitue, est unique, et ce simple adjectif suffit à rendre sa compréhension inaccessible. Alors, pourquoi chercher une explication à la réaction de Barai ? Pourquoi lui apposer une étiquette, accuser son geste de déplacé ? Parce qu'il ne sait comment autrement s'exprimer ? Des nœuds sans noms se formaient à l'intérieur du crâne de l'illusionniste, égarée dans ses propres pensées, embrouillée par ses propres réflexions et achevée par ses conclusions confuses et sans fond.
Peut-on tout simplement dire que sentir ce contact sur sa joue revête un caractère embarrassant pour la kunoichi, au point de complètement la désappointer ? Nul avant lui n'a osé ainsi l'aborder, la frôler, même du bout des doigts, elle s'écartait à chaque tentative. Le contact physique l'incommode, aussi court et aussi innocent soit-il. Même lors de ses combats, Kyoku préfère éviter au maximum le corps-à-corps. Par crainte d'être blessée ? Certainement pas. Après tout, la chuunin qu'elle est en ces jours ne s'est pas entrainée aussi ardemment sur le plan physique pour fuir le premier coup de sang. Néanmoins, il réside effectivement une certaine crainte, une gêne persistante, un petit rien qui contrarie sa tranquillité à chaque fois qu'un être inconnu pénètre sa bulle d'oxygène.
Barai lui confie ses certitudes : celle de la sincérité des yeux qui le regardent, celle qui confirme ses dettes envers la kunoichi, celle de l'importance de celles-ci si jamais il vient à poser ses bagages à Iwa définitivement, pour enfin conclure sur celle qui teint ses joues de rouge : la valeur que la jeune fille possèderait à ses yeux si jamais cette alternative venait à se réaliser. Il est évidemment question de son installation dans son village. Si Kyoku ressent, au début, un infime doute quant à l'identité de cette personne qu'il évoque sans préciser le nom, celui-ci est bien vite disséminé, réduit à néant par une fine esquisse de la tête et ce regard si intriguant haussé par une ligne claire légèrement arquée de l'un des côtés de son nez, celui auquel elle est irrémédiablement confrontée et auquel elle répond instinctivement d'un signe de tête approbateur. Kyoku sait de qui il parle, de quoi il parle, pourquoi il en parle et voudrait volontiers se débarrasser de toutes ces réponses qui la mettent mal à son aise afin de récupérer un peu de sa sérénité, si rare et si désirée. Malheureusement, il ne s'agit là que d'un vœu sans débouchée, car même le sommeil ne saura les lui dérober, toutes ces raisons qui la hanteront jusqu'à qu'elle trouve une boîte où provisoirement les enfermer. Mais faut-il déjà trouver cette fameuse boîte et le cadenas pour la sceller.
L'adolescente pose un regard partagé, à la fois inquiet et ravi, sur son interlocuteur qui se recule à présent dans son coin, cherche soit un peu de chaleur, soit un peu de repos. La journée a dû être longue et sacrément éprouvante pour lui ; vaut-il mieux, sous ces conditions, le laisser se reposer.
"Si cela venait à être le cas, Barai" édite-t-elle cependant ses dernières paroles "sache que tu m'auras sur le dos plus que tu n'en supporteras. Je ferais tout pour que tu en aies rapidement marre de moi et de ces dettes que tu dis me devoir."
Peut-être alors ses inquiétudes s'apaiseront, son esprit cessera de la tourmenter et pourra-t-elle se reposer sans être réveillée par un mot qui sonne faux. Le jour où il ne lui sera plus reconnaissant. Le jour où il ne daignera plus lui accorder tant de reconnaissance, toute celle qu'il lui impose sur les épaules. Oui, ce jour-là, peut-être. En attendant, Kyoku ferait ce qu'il faut.
"Si je t'enchaine à mon village pour un instant, c'est pour que tu puisses mieux t'envoler le moment venu…"
La kunoichi se coupe. La conversation doit s'achever ici. Plus rien n'est à dire.
Le lendemain
Dans son engouement quotidien lié au matin, Kyoku s'est levée, les bras engourdis par la nuit contre le sol ferme, tendus par le froid, toute une histoire qui lui tarde d'oublier, mais qui pour le moment marque encore son corps à coups de longues lignes rouges, en particulier sur ses bras. Ne s'attendant pas à passer une nuit de plus hors de son village, la kunoichi n'a pas prévu à son départ de sa précédente destination de quoi se restaurer en ce nouveau matin, un détail, dans un certain sens, gênant, surtout qu'autant elle que son compagnon de périple n'ont rien avalé depuis plusieurs heures. L'adolescente soupire. Tant pis. Ils se restaureront comme il se doit une fois rentrés.
Le jour pointe à peine, la kunoichi le perçoit naitre de l'une des fenêtres, avant que son attention ne dérive sur l'individu aux cheveux blancs dont elle s'efforce de se rappeler l'identité. Un exercice fort compliqué à une heure si matinale de la journée. Néanmoins, Kyoku réussit à se rappeler les hommes, cet imprévu quant à la conclusion de son trajet, et ce garçon allongé dans la fine poudreuse qui couvre leurs terres. Les mêmes cicatrices. La même mine sereine. La mémoire lui est rendue assez vite ce matin et le nom de Misaya Barai conquiert tout aussi rapidement ses lèvres.
La jeune fille n'ose pas le réveiller, préfère attendre que le sommeil lui soit dérobé aussi naturellement qu'il lui a été elle-même retiré, afin de ne pas le brusquer, de ne pas trop le bousculer. Peut-être agit-elle trop comme une maman à son égard, mais depuis qu'elle a posé les yeux sur Barai, Kyoku se doit-elle d'admettre qu'elle le sermonne comme s'il s'agit réellement de son fils. Une attitude déplacée, comme ce geste qu'il lui a accordé la veille, alors sûrement sont-ils quitte à présent. Mais pas sur tous les plans, malheureusement.
Quelques minutes filent ainsi sans que la kunoichi n'y prête attention, plongée dans des réflexions aussi inutiles que sans bout, ses prunelles à la fois grises et bleues perdues parmi les tâches de poussière incrustées dans les carreaux qui ouvrent l'intérieur du cabanon sur l'extérieur. Blanc. Brun. Bleu. Trois couleurs dominantes en ce nouveau jour où tout parait plus clair que celui précédent. Excepté, visiblement, les sons qui se jouent sans qu'elle ne les perçoive autour d'elle. Le réveil de son compagnon en est la preuve irréfutable, ce dernier se levant et s'étirant sans que la kunoichi ne l'entende, absorbée par un rien qui aurait pu lui couter bien plus qu'un souffle de stupeur, dans d'autres situations. La prise de paroles de Barai l'a surprise, plus que jamais elle prend conscience de la fermeté de la cloison à laquelle sa tête s'est cognée, et pendant qu'elle entreprend un bref massage au niveau de l'arrière de son crâne, le garçon sourit.
Un ravissant sourire que Kyoku voit apparaitre sur ses lèvres. Il lui annonce, sûr de lui, qu'ils seront chez elle aujourd'hui, ajoutant un mot, "Promesse", à la fin de sa phrase, comme pour lui garantir que cette fois il ne le ralentira. Et c'est enthousiasmée par le nouveau visage de son interlocuteur que l'Iwajin ajoute, un tantinet maladroite dans le timbre de la voix, incertaine quant à sa réaction :
"On sera chez nous, Barai. Chez nous."
Cette manie d'insister, de qui en a-t-elle héritée ? Kyoku sourit à sa propre idiotie, celle-ci confirmée par cette petite bosse que ses doigts atteignent.
"Je vois que la nuit t'a apporté le repos nécessaire" dit-elle afin d'éluder le sujet au plus vite. "Dans ce cas, je ne vois pas quelle est la raison qui nous empêcherait de partir dans l'immédiat, tant que tu es motivé à prendre la route."
Sa main quitte le refuge de la tignasse qui recouvre sa nuque, ceci afin de prendre l'initiative dangereuse d'ouvrir brusquement la porte du cabanon alors qu'elle se situe juste en face de l'ouverture. Mauvaise idée. Le froid règne à l'extérieur et le vent si soudain qui avait torturé les murs de leur refuge toute la nuit la mord à même la chair pour le lui rappeler. Toutefois, il ne faut pas longtemps pour s'y adapter, juste une seconde ou une minute, et la kunoichi invite sans mal son compagnon à la rejoindre à l'extérieur. Le soleil reprend doucement ses droits dans les rocheuses d'Iwa et la chuunin s'élève au plus haut pour se situer dans ces vastes contrées de roches parsemée de çà et là de blanc. L'hiver donne une petite touche de couleur, chaque année, à ce paysage triste et cela ne lui est pas plus désagréable. Du haut de son mont rocheux, Kyoku réussit de peu à apercevoir son village, une main en visière au-dessus de ses yeux, ceux-ci plissés à l'extrême, une petite tâche floue à l'horizon.
"Dans quelques heures, sans mal, nous y serons" souffle-t-elle plus à sa propre intention qu'à celle du blessé qui, de sa position, est inapte à l'entendre. Kyoku regagne au plus vite la terre ferme pour lui faire part de l'affirmation, pointant du doigt une destination encore invisible mais bel et bien là.
"Dis-moi, j'aimerais m'assurer d'un détail. Tes blessures te font encore souffrir, tu penses pouvoir assurer le voyage sans mal ?"
Et c'est automatiquement qu'à nouveau l'Iwajin lui présente son bras. Un automatisme dont elle prend connaissance à une vitesse aussi remarquable que celle d'une tortue de mer qui se déplace sur la plage de Kiri. En prendre ainsi connaissance la fait vaguement rougir, Kyoku se contenant autant que possible, mais vainement, de nouvelles rougeurs prennent d'assaut son visage et elle préfère détourner le regard de celui de Barai comme pour s'en protéger. Probablement craint-elle un quelque refus, d'être de nouveau confrontée à ce regard si abrupt auquel elle eut droit la veille alors qu'elle lui tendait la main ou bien encore de paraitre ridicule. Probablement. Ou bien est-ce tout simplement, sans plus d'explication, parce que le froid empourpre à nouveau ses joues.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Mar 12 Fév - 0:50
a
Rayonne dans le ciel.
Sûrement as-tu un avantage sur la salvatrice personne qu'est Kyoku ? La précarité de tes milieux de vie jusqu'à maintenant t'offrait une certaine chance : une insensibilité partiel au froid. Oui, tu as froid, mais tu ne t'en rends même plus compte. D'ailleurs, tu accueilles le vague de froid par un nouveau bâillement. Ce détachement visible peut s'avérer irritant à qui à froid. L'est t-elle ?
« On sera chez nous, Barai. Chez nous. Je vois que la nuit t'a apporté le repos nécessaire. Dans ce cas, je ne vois pas quelle est la raison qui nous empêcherait de partir dans l'immédiat, tant que tu es motivé à prendre la route. »
Rapide, bavarde, la jeune femme essaye de changer de sujet aussi rapidement que l'empourprement de ses joues. Mais tu n'es pas dupe et non, tu ne vas pas lui laisser le luxe d'étouffer purement et simplement ton avis sur la chose. Un chez toi ? Perspective aussi risible qu'amusante.
« Navré, Yamaneko Kyoku, mais ça sera chez toi. Je suis un enfant du vent, je n'ai jamais eu de chez moi. Jamais. Mais je te remercie d'y avoir pensé. »
Ton "chez toi" n'avait jamais été une demeure où t'établir. Non, même avec tes parents, tu vivais de façon nomade. Vivre avec les tiens, c'était là ta place. Mais cette chose si simple t'avait été dérobée depuis bien longtemps et malgré la gentillesse sans appel de Kyoku, au jour d'aujourd'hui, tu ne vois pas comment considéré un village - ninja de surcroit - comme étant "chez toi".
Tu la vois alors agir d'une manière tout à fait étrange pour toi, elle saute pour gagner de la hauteur sur un monticule rocheux et semble regarder quelque chose au loin, elle marmonne alors une phrase inaudible, venant te la répéter avant d'ajouter de nouvelles paroles. Après quoi, elle te tend un bras que tu ne désires pas voir.
« Dis-moi, j'aimerais m'assurer d'un détail. Tes blessures te font encore souffrir, tu penses pouvoir assurer le voyage sans mal ? »
« Hum. Oui. »
Dis-tu sans regarder ce bras qu'elle te tend. Visiblement, la leçon d'hier n'est pas tout à fait ancrée en toi. Tu es taiseux, tu avances en boitant doucement, résolu d'avancer sans être un fardeau pour elle. Si tu as mal ? Évidemment, la précarité - bien qu'indispensable et salué de ta part - des bandages ne peut résoudre le mal, ni même l'atténuer. Ce n'est qu'une barrière contre une aggravation rapide. Mais un sursaut d'orgueil mal placé à fait surface et tu ne veux pas t'avouer souffrant. Cela dit, tu sais qu'elle va encore te sermonner et tu veux t'en défendre du mieux qu'il t'était possible.
« Je suis donc un enfant du vent, tel un oiseau, j'aime croire que je suis la brise. Je ne peux avancer en restant sur ma branche, mais il faut parfois m'y poser pour reprendre mon énergie. »
Et c'est ainsi que tu avances : lorsque la douleur entrave ta marche, tu te rattrapes à elle, t'aide de son corps pour te déplacer. Oui, l'épreuve est dure et longue, mais tu tiendras car tu lui dois, tu te le dois. Ton visage n'est que hargne et tu n'arrives pas à articuler un son, pas avec cette mâchoire maintes fois crispée. Tu avales les heures lentement, tu as l'impression de ne grappiller que quelques mètres à chaque heure, mais Iwa se rapproche.
Ce qui te parait une éternité se parjure et meurt sous tes yeux. Le temps s'arrête. Le village caché se dresse devant toi, devant vous. Oui, vous l'avez fait. Sans elle, sans cette ange gardien, tu ne serais pas là. Tu le sais et tu lui en es reconnaissant.
« On y est. C'est fait. Merci. Tellement. »
Comme si le poids de temps de peine s’envole d'un coup, tes genoux flanchent. Si la jeune femme parait aussi fraiche qu'au matin, toi, tu es l'ombre du garçon qu'elle avait vu se lever au matin. Tu n'as ni sa condition ni sa santé.
Cela fait une semaine que tu es dans cette infirmerie, Kyoku n'a eut de cesse de s'inquiéter pour toi, de presser les médecins pour connaître ton état. Mais tu n'arrives pas à sourire. Tu dois faire un choix, tu l'as compris. Et le pire, c'est que Kyoku n'en était plus la source. « Tu as un grand pouvoir en toi, Iwa peut le faire naître si tu nous rejoins. ». Cette phrase te dévore depuis des jours, tu ne sais pas quoi faire et tu ne te confies pas à celle à qui tu dois tout. D'un côté, tu penses que ta mère t'a laissé un indice au travers de tes marques, de l'autre, tu dois vaincre ton dégoût : devenir un shinobi.
Alors que les médecins te disent enfin guéri, tu vas soit devoir partir, soit rester et accepter cette proposition, tu as bien compris que les autres alternatives n'existent pas. Kyoku est là pour accompagné ta sortie de départ, tu la sais anxieuse. Elle ne veut pas le montrer, mais ton départ n'est pas une chose impossible et aussi bref ait été votre relation, c'était une intensité sans pareil qu'elle brillait.
« Kyoku, je te remercie d'être là. J'ai l'impression que mon ombre a de quoi être jalouse depuis quelques jours maintenant. »
Dis-tu avec un sourire mélancolique. Au fond de toi, tu hésites encore. Tu dois payer tes dettes et comprendre ta mère, mais le prix est lourd. Kyoku ne le sais pas, le marché avec les autorités aura été décidé en son absence, bien évidemment. Sûrement pour que sa présence n'influence pas mon choix. Sûrement dois-je accepter cet avenir en mon âme et conscience ?
Vous arpentez le petit chemin déblayez menant à l'axe principal. Le village est magnifique, illuminé de cette neige. Mais ce n'est pas des briques qui te retiendront. Doucement, tu viens envelopper cette main qui t'avait mille fois été tendue.
« Tu as fait pour moi plus que toutes les personnes que j'ai pu rencontrer jusque maintenant. Je sais que ça te met mal à l'aise de l'entendre et ça prouve davantage encore la sincérité de l'acte. Mais Iwa, c'est chez toi. Je n'ai rien ici qui n'ait de souvenir. En revanche ... Peut-être ... »
Tu déglutis longuement, tu as déjà envisagé les milles réponses possibles et leur structure te semble autrement plus fluide à la conception. Maintenant, ils viennent au compte-goutte. L'émotion fausse toute répétition, hélas.
« Peut-être que ... Ces lieux ... pourraient abriter un peu de mon avenir ... Alors ... J'espère qu'une amie m'ouvrira toujours les portes de son chez elle. Car je vais rester ici et acceptez une autre proposition qui m'ait été faite : m'entraîner à votre académie. Si je pouvais avoir un professeur de talent ... ça me donnerait un coup de pouce, je crois. »
Tu fais autrement moins le fier. Tu es aussi rouge qu'elle n'avait pu l'être à la sortie du cabanon. Trop souvent, tu t'étais montré ingrat, mais au final, tu t'ouvrais entièrement à elle, personne n'avait eu tant de confession de ta part. C'est ... étrange. Tu sais qu'elle va dire oui, mais tu redoutes sa réponse. Ton regard est fuyard, et tu baisses fréquemment la tête.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Mar 12 Fév - 15:30
Je t'adore, c'est tout
Assommée par l'affirmation plus tôt énoncée par le garçon, l'adolescente ne peut qu'innocemment cligner des paupières lorsque celui-ci, à nouveau, décline son aide, son bras tendu en soutien simplement ignoré, invisible, l'enfant du vent - comme lui-même s'est défini - blessé sans autre sentiment dans son orgueil. La kunoichi, loin d'être stupide, perçoit sans mal les peines avec lesquelles les différentes parties de son corps se mobilisent, la douleur encore présente bien malgré sa forte volonté de vouloir s'y opposer, il suffit de regarder pour comprendre.
Lorsque Barai lui a affirmé être capable de poursuivre le voyage sans son soutien, l'Iwajin a ressenti un sentiment tortueux, celui qui a pour nom culpabilité. Le laisser ainsi faire, baisser son bras et marcher à ses côtés comme si de rien n'était ? Kyoku ne parviendrait jamais à s'y résoudre et la fierté de son compagnon attise toute sa rage en cette réponse qui lui fait oublier toute la gêne occasionnée par son geste. La kunoichi ne s'énerve pourtant qu'à rares occasions, le plus souvent lorsqu'elle est face à un homme excessivement fier de sa virilité ou encore lorsque l'entrainement au Taijutsu devient trop difficile pour ses pauvres muscles endoloris mais pas assez pour l'œil expérimenté de son tuteur ; pour quelle raison déjà le laisse-t-elle l'entrainer d'ailleurs ? Elle réfléchira à cette question plus tard, lorsqu'elle aurait Doku en face d'elle et qu'elle pourrait le mesurer de son petit mètre quarante-cinq.
Sa réaction la démange, la chuunin rétracte ses doigts sur le cœur de sa paume, elle observe le profil du blessé sans savoir exactement comment réagir et canaliser toute cette énergie qui pulse à l'intérieur de ses veines. A un moment donné, elle craquerait, oui, et lui mettrait une claque dont il se souviendrait et qui le ferait réfléchir à deux fois avant de suivre à la lettre les ordres de son orgueil mal placé et de repousser son soutien tant et déjà offert. A croire qu'il aime se moquer de l'aide qu'elle tente de lui apporter, mais ne se doit-elle de juger son comportement sans vraiment le connaitre. Sûrement a-t-il été dupé par le passé, par un shinobi ou une autre pseudo âme bienveillante qui finalement lui aurait causé plus de mal que de bien. Cela expliquerait son caractère méfiant et sa garde permanente. Mais encore une fois, Kyoku ne sait que ce qu'il daigne lui dire, et ne peut donc que se contenter de sa profonde ignorance à son propos.
Néanmoins, c'est à coup de quelques mots que son compagnon dissémine sa colère, la réduisant à néant et la réconforte dans un certain sens. Il lui rappelle en toute amicalité qu'il est et restera un enfant du vent, un oiseau qui se laisse pousser par les aléas du vent, jusqu'à s'y confondre intégralement. Cependant, il lui signale que parfois il a besoin de sa branche pour restaurer son énergie épuisée en volant, sans pour autant s'y attarder, il n'est pas une âme sédentaire qui a besoin de stabilité pour mieux respirer. Barai est une personne qui se laisse vivre au gré du temps, la kunoichi s'en doute depuis un peu plus d'un regard, elle sait qu'une fois rétabli il cherchera à se libérer de la cage à l'intérieur de laquelle elle le fait, en quelque sorte, prisonnier. Il n'a pas besoin d'Iwa comme c'en est le cas pour elle. Il a juste besoin de son soutien le temps de se rétablir de ses plaies.
Dans son dos, Kyoku croise ses mains, les scelle l'une à l'autre, forme une chaine dont la soudure ne dépend que de ses doigts. Une habitude qu'elle a retenue du passé, quand côte-à-côte elle et Doku regagnaient le village, dans un silence parfois incommode pour la petite fille qu'elle était, mais respectable malgré tout, car ce fut ce silence qui lui inculqua cette valeur. Celle du respect de l'autre et de ses choix. Le choix de se taire, de s'emmurer, de laisser couler la vie sous ses pieds, au risque d'un jour perdre l'équilibre et tomber. Seulement à cet instant, elle s'autorise à fendre l'autre et ses choix et à feinter le silence, brisant la chaine pour s'en aider et empêcher la chute fatidique qui pousse son compagnon vers le sol. De temps en temps. Quand la charge du sang et de la brutalité des hommes qui l'ont agressé devient trop lourde et appuie sur ses épaules. Pas avant, ni après, juste à ce moment, quand il a réellement besoin de sa branche.
Durant des heures, ils endurent les caprices de la terre, de la roche, de la neige, tous les éléments de la nature assez audacieux pour entraver leur chemin. Kyoku les a tous, sans exception, considérés de haut. Accommodée à leur présence, à leur difficulté, aux étirements à répétition des muscles qui se fatiguent au fil des minutes qui meurent lentement au cœur de la poudreuse immaculée. Mais lui, lui dont elle supporte le poids lorsque le parcours se tord et s'accroit en peine, la suit avec maintes fois plus d'effort qu'elle n'en a démontré depuis le premier jour où elle a exploré ces espaces rocheux. Sa frustration comme sa douleur déforment les traits auparavant harmonieux de son visage, sa fougue du départ arrachée cruellement à son corps tout au long de leur périple, et à leur point d'arrivé il n'en reste rien. Quand enfin les murs du village shinobi se dressent devant eux. Quand enfin Kyoku souffle de soulagement, de retour au sein de la ville qui a bercé son enfance après une mission dont le souvenir lui revient vaguement et une aide portée qui s'accroche encore à son bras.
Barai respire de satisfaction, un merci au bord des lèvres, simple et concis, et le tellement ne représente aucune espèce d'importance aux yeux de la kunoichi. Un merci suffit. Un merci qui signe la fin du périple auquel les jambes du garçon finirent par céder. Kyoku le soutient au mieux. Il faut l'emmener au plus vite à l'hôpital.
Une semaine plus tard
Chaque jour, elle s'y rend. Chaque jour, elle est déçue. Les médecins, les infirmières, tous les membres du corps médical refusent catégoriquement de l'informer sur l'état de Barai depuis qu'elle l'a conduit à l'hôpital une semaine plus tôt. Ils réitèrent tous la même excuse, inépuisable, valable pour toutes les questions qu'elle leur pose, se cachant tous derrière leur soi-disant secret médical ou ces "on ne sait rien de plus" qui a valu au chat rodant autour de sa maison une bonne touffe de poils. Assise contre la devanture de la demeure qui a été la sienne durant ses seize premières années de vie, Kyoku pense, songe, ressasse, un visage, un soupir, ce sang, cette neige, ce blanc, trop de blanc, elle ferme les yeux. Du noir profond. Blottie dans une couverture en laine, elle y enfouit son souffle, cache le froid qui palpe ses joues, la crainte qui lui serre le cou. Aujourd'hui encore, elle se rendra à l'hôpital du village, toujours pour le voir, pour prendre de ses nouvelles, mais également pour l'accompagner dans son nouveau choix, le décisif. Grâce à Doku et à ses relations, la jeune kunoichi a été mise au courant de sa sortie, d'après lui il a l'air en bonne santé, sans plus de précision, juste assez pour que les médecins daignent qu'il quitte sa chambre. Elle connait l'heure, le lieu, ses intentions et Kyoku espère ne pas le manquer. Il est encore tôt à Iwa, le soleil pointe à peine à l'horizon.
L'adolescente n'est vraisemblablement pas prête à voir l'oiseau quitter le nid, à le voir s'envoler et s'éloigner, pas après toutes ces paroles qu'elle a dû déployer pour le convaincre de la suivre. Certes, elle le lui a certifié, une fois guéri il était libre de ses choix, de la voie qu'il souhaitait suivre, elle n'a à présent plus rien à dire. Après tout, plus aucun danger ne le couve, il n'a plus besoin d'aucun bouclier. Que peut-elle lui apporter de plus, à présent qu'il est rétabli de ses blessures ? Rien, sinon des chaines, des obligations, un dépaysement total par rapport à son ancien mode de vie. Cela équivaudrait à lui enlever sa liberté, que de l'enfermer entre ces quatre murs. Long soupir qui se souffle entre ses lèvres fines et qui se perd dans le tissu qui lui procure, au final, peu de chaleur : elle aurait dû se résoudre à cette idée dès le premier jour, au lieu de bêtement espérer.
Elle a essayé. Oui, elle a essayé de se sortir cette histoire de la tête, de l'effacer de sa mémoire, d'effacer son nom, pour ne plus y penser. Mais il a été ancré dans son esprit, dans sa peau, dans le sang qui avait coulé, car tout s'imprime beaucoup plus facilement dans le sang. Son existence, sa vie, son identité, elles sont à tout jamais écrites dans son histoire, quoi qu'il pense, quoi qu'ils fassent, autant l'un que l'autre, chacun de leur côté. Barai savait se l'expliquer, la dernière fois qu'elle eut l'occasion de lui en parler, il disait qu'elle l'avait aidé à conserver sa vie, et que cette excuse suffisait pour que jamais il ne l'oublie. Mais elle, pourquoi ? S'est-elle trop attachée ? En si peu de temps… cela la mène depuis nombre de jours à une parfaite confusion, à une toile blanche, où aucune tâche ne parait, n'osant. Elle inspire, expire, réfléchit, ses sourcils se froncent avec ferveur, et ce jusqu'à briser toute la tranquillité qu'inspire le lieu. Une faible lueur passe devant son corps recroquevillé sur lui-même. Faible est le bon mot, car il se confond avec l'obscurité quand personne n'y prête attention.
Kyoku s'est attachée à ce garçon comme Doku s'était attaché à elle autrefois. Il n'existe d'autres explications.
Au loin, la mélodie des oiseaux se tanne. La matinée s'achève.
A l'exemple des précédentes matinées, la kunoichi s'est hâtée de se rendre à l'hôpital. Non pour prendre des nouvelles de son ami - si elle ose le désigner ainsi - cette fois, mais justement pour l'accompagner. Où ? Kyoku ne veut pas le savoir d'avance, préfère attendre et voir où leurs pas les mèneront. Elle arrive à temps, il partait, et maintenant elle se sent ravie de s'être levée à l'aurore. Cela lui a permis de réfléchir, de se poser et d'accepter, d'une certaine façon, le prochain départ de Barai. Marcher à ses côtés réveille toutefois une anxiété qu'elle a difficile à dissimuler, l'adolescente ne sachant quoi faire de ses mains et de ses bras, ceux-ci se balançant au rythme de leur marche. Lourde marche. Kyoku observe les passants qui tournent brièvement le regard en leur direction, ils leur sourient, elle s'en imprègne. Pourquoi paraitre aussi mal à son aise…
Un sourire s'esquisse sur le visage de son voisin. Bien malgré elle, l'Iwajin le remarque, son interlocuteur lui évoquant avec ironie tout le temps qu'ils ont pensé en compagnie l'un de l'autre durant ces derniers jours, il la remercie de sa présence. Kyoku voudrait tant dire un mot ou deux, un simple de rien, je t'en prie, comme la politesse l'exige, mais sa bouche demeure muette, son visage, lui, est impassible malgré ses efforts. La mélancolie s'entend et se lit dans la voix et dans le regard de Barai, et ce pour une raison qui lui échappe et qu'elle méprise intérieurement. Ne pas savoir, être mise à l'écart de ce que le monde sait et qu'elle ignore, quelle injustice en soi… Mais ne va-t-elle le bousculer pour si peu, autant lui qu'elle n'ont besoin de cela.
Son regard s'est égaré du côté du chemin, ne décollant de la neige qui serpente les longues routes qu'ils suivent sans s'en défaire, Kyoku ne sait plus à quoi penser. Alors elle attend, encore, que le temps passe, qu'il s'effrite et qu'il se dénue de toute importance. Elle le souhaite, marcher dessus, ne plus faire attention, cesser d'énumérer les secondes, un, deux, trois… Rien. Absolument rien. Le temps prend toujours autant son temps, la torture, au loin le grand axe, et une chaleur soudaine enveloppe sa main. Ses yeux s'écarquillent, le bleu s'y affirme et c'est une mine immergée sous l'émotion que la kunoichi perçoit à ses côtés, celle-ci noyée sous une cascade de cheveux blancs. Cette émotion a l'air de se prononcer d'elle-même, maladroite dans la voix, et pourtant tous les mots coulent les uns à la suite des autres à l'exemple de l'eau qui s'écoule de la fontaine. Sans une interruption sombre, où le silence met en pause la scène... jusqu'à ce peut-être et la suspension qui le suit. Il lui dit ses redevances, savoir son malaise à son propos, la sincérité de son acte, avant de poser une réprobation, il n'a pas sa place en des murs auxquels il ne s'apparente pas, il n'y possède aucun souvenir, alors pourquoi rester. Kyoku aurait répliqué, sans ce "en revanche" qui s'est tout à coup immiscé, premiers mots maladroits, premier silence, et ce fameux peut-être qui laisse la kunoichi sur sa faim.
Barai déglutit, et ce longuement, avant de balbutier ces mots qui sèment un stress incontrôlable au cœur de la poitrine de sa locutrice. Cette dernière s'évertue alors à chasser les bourdonnements qui rendent son audition difficile, le sang contourne soigneusement son visage pour imprégner ses tympans. Quelques grésillements et quelques mots entre. L'assurance du garçon s'émiette sous ses yeux hagards, alors que le verbe rester atteint son point d'arrivée. On lui a fait une proposition ? S'entrainer à l'académie ? Lui qui voue une haine évidente pour les shinobis… cela lui parait à la fois irréel et complètement improbable. Impossible qu'il ait été convaincu par ses paroles sur la bienveillance de ses pairs, impossible… anguille sous roche, il y a, nul doute. Kyoku adopte un air pensif, tandis que Barai lui évoque son souhait d'être encadré par "un professeur de talent", afin de recevoir un petit coup de pouce… A son air pensif, s'annexe alors un sourire malin, involontaire face à la mine embarrassée de son interlocuteur, devenu aussi rouge que la teinte écarlate de son œil droit, celui-ci en partie dissimulé par la chevelure qu'il place au-devant d'une légère inclinaison de la tête.
"J'espère que ce n'est pas à moi que tu penses, en disant professeur de talent. Car je doute t'être d'une quelconque utilité avec mon bas niveau en taijutsu." rit la chuunin dont la joie ne demande qu'à se manifester hors de son corps, ses doigts se refermant sur la main qu'enfin le jeune homme a daigné lui confier.
Un sourire incommensurable remplace le précédent, et cette fois ses traits se détendent et son teint rayonne. La rampe de lumière qui glisse sur le quartier accentue le bleu de ses iris. Malin. Fourbe. Mais en apparence seulement.
"Ne t'ai-je pas déjà dit que je ferais tout pour qu'un jour tu finisses par en avoir marre de moi ?"
La réponse n'a besoin d'être évoquée plus clairement aux yeux de l'illusionniste. Tout tombe sous le sens, comme la pluie tombe du ciel lors des grandes crues à Kiri. S'il souhaite réellement l'avoir pour professeur, alors il l'aura, elle le lui a promis, et Kyoku Yamaneko ne faillit jamais à aucune de ses promesses. Celle-ci s'arrête subitement dans leur marche, interpelée par une question, une seule, pourquoi continuer à marcher déjà, ils ne savent même pas où ils vont. Si cette constatation fait s'arrondir l'arque de ses sourcils, son esprit lui ne se déconcentre pas. Un détail la dérange depuis leur rencontre et elle ne compte pas le lui abandonner aussi facilement.
"Ah oui…" dit-elle d'un ton évocateur de la pensée qui la traverse.
Ainsi, la kunoichi incline la tête en direction de son nouveau protégé et pose un doigt sur son front, le repoussant sans y émettre aucune force pour y parvenir. Elle sourit, toujours, inlassablement, jusqu'à en avoir mal à la mâchoire, tant pis, ce n'est pas tous les jours qu'elle sourit autant.
"Si tu veux réellement que je t'aide dans ton apprentissage, commence par arrêter de me contredire. Alors, que tu le veuilles ou non, Iwa est à présent ton village, ton chez toi, non plus seulement le mien, et n'essaie même pas de me contredire car je meure d'envie de t'infliger une claque sévère depuis plus d'une semaine et j'ai peur de ne réussir à me contenir cette fois, Barai."
Et si Kyoku fait preuve de tant de franchise et d'agressivité dans ses menaces, elle n'apprécie pas pour le moins ce jeune garçon, à peine plus jeune dans son ensemble, celui-ci la dépassant déjà largement d'une tête, et auquel elle attache une affection semblable à celle maternelle. Oui, dans le fond... peut-être est-ce tout simplement parce qu'elle l'aime de cette façon que la kunoichi ressent tant d'émotions en sa compagnie.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Mer 13 Fév - 0:21
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Home sweet home ?
Tu es toujours dans une espèce de transe, ce qu'il vient de se passer entre vous deux avait gagner une telle intensité que rare était les évènements de ta vie à pouvoir se targuer d'une telle importance. Cette femme fait partie de ta vie pour de bon à présent, tu te sens perdu au fond de t'être attaché à ce point à cette personne. D'une certaine façon, tu te coupes les ailes pour caresser l'étreinte d'une âme.
Mais tu es loin d'être aveugle l'émotion est palpable, tangible même à tel point que tu n'aurais aucun mal à la cueillir au creux de ses yeux si tu tendais le doigt pour effacer la larme qui lui coule la joue. D'une certaine façon, seul ton orgueil t'empêche la parfaite imitation, mais tes yeux souvent dures sont teintés par l'émotion. Tes muscles sont tendus, tu te gardes de la serrer dans tes bras, cette fois, tu es maître de ton corps et tu ne laisseras pas une nouvelle incartade briser toutes les règles de la bienséance.
« J'espère que ce n'est pas à moi que tu penses, en disant professeur de talent. Car je doute t'être d'une quelconque utilité avec mon bas niveau en taijutsu. »
« Je n'ai aucun doute sur tes compétences à me faire grandir. Je n'ai aucune maîtrise particulière, sauf celle d'un vagabond ayant appris les armes sur le tas.Oui, j'en suis convaincu. »
C'est faux, en partie. Tu avais été formé par ta mère à la maîtrise du yari, cette arme que tu affectionnes, mais tu ne t'es pas encore totalement ouvert à cette charmante demoiselle. Mais tu n'omets, au final, qu'une partie de l'histoire. Pour le reste - épées, hache, ... - tu avais dû apprendre seul, au péril de ta vie.
Pour ce qui est d'entraîner ton ennuie, sa réflexion te fait sourire, tu laisses même un soupire amusé s'exfiltrer hors de tes lèvres. Tu n'as rien à dire là-dessus, elle a sûrement raison, tu ne supportes pas la réprimande et la proximité, t'engager à ses côtés, c'est l'assurance de trouver les deux. Donc oui, tu en aurais marre d'elle par moment, c'était une évidence aussi pure que le jour après la nuit.
Mais cela, tu l'avais déjà envisagé maintes et maintes fois au cours de la semaine écoulée. À l'insu de ta protectrice, les dirigeants t'avaient contactés. Tu ne voulais alors personne d'autres qu'elle pour t'enseigner les bases ninjas. L'académie ne serait qu'un passage théorique dans ta formation. Ton intolérance, ta solitude et ton amertume n'auraient pu laisser la place à quelqu'un d'autre. Et oui, tu avais alors réfléchi à ton manque cruel de recul et la pénitence que serait cette constante impression qu'on te tienne la main. À présent, tu lui souris. Tu sais qu'elle sera par moment honnie, mais cela dans le soucis de te voir évoluer.
« Si tu veux réellement que je t'aide dans ton apprentissage, commence par arrêter de me contredire. Alors, que tu le veuilles ou non, Iwa est à présent ton village, ton chez toi, non plus seulement le mien, et n'essaie même pas de me contredire car je meure d'envie de t'infliger une claque sévère depuis plus d'une semaine et j'ai peur de ne réussir à me contenir cette fois, Barai. »
« Hum. D'accord, si tu veux Kyoku-sensei. Heureusement que tu t'es retenue, je pense que tu m'aurais achevé, il y a une semaine. »
La façon d'accepter aussi rapidement ne peut être ternie que d'une seule manière et tu sais la saisir au vol : ton ton était détaché, presque désinvolte. Au fond, tu ne lui donnes raison qu'en cherchant la paix, tu n'es pas convaincu qu'Iwa est ton chez toi. La suite est, quant à elle, entamée d'une manière bien plus taquine. Oui, personne jusqu'à maintenant n'avait eu la chance de te voir tant sourire, tant joueur. Tant enfant.
« Ah ! Je suis Misaya Barai et je n'aurai de cesse de m'améliorer pour un jour pouvoir te rendre la pareil et surtout, j'aimerais que tu sois fier de moi. Que j'aie une utilité pour toi. Alors je suis prêt à en avoir marre de toi, si c'est le prix à payer ! »
Dis-tu en tirant la langue et la pointant de l'index. C'est ainsi que vos destinés furent à jamais liées. C'est ainsi qu'une relation complice se créa et qu'elle t'apprit les bases ninjas. C'est ainsi que tu devins Genin, fier et arrogant, tête brûlé et passionné. C'est ainsi que tu finis par avoir la confiance suffisante pour la prendre de haut et lui dire ta façon de penser quant à sa folie d'affronter un déserteur du pays en solitaire.
Sujet: Re: [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko] Mer 13 Fév - 11:36
Ce n'est qu'un début...
A sa question, Barai répond d'une approbation qui vise surtout à oublier le sujet et à le classer définitivement, sans avoir à l'approfondir. Son ton détaché, évocateur de ce souhait, n'échappe pas longtemps à la chuunin qui, pour son propre mérite, est dotée d'une ouïe très fine lorsque son esprit est attentif aux paroles que lui énonce son vis-à-vis. Rares moments pour une qualité non négligeable ; dommage qu'elle ne fasse pas preuve d'autant d'attention quand il est sujet de développer de nouveaux Genjutsu. Pour une raison qui lui échappe, c'est toujours lors de ses entrainements qu'elle manque cruellement de concentration, à croire que son esprit refuse d'enregistrer de nouvelles informations. Les archives sont déjà remplies, impossible de stocker davantage, raillent dans leurs grands moments ses vagues connaissances, tous ces garçons qu'elle croise une ou deux fois en semaine et avec lesquels l'adolescente prend le temps de rire sans pour autant chercher à les connaitre. La vie bouge trop vite à son goût, après tout. Combien même agrandirait-elle son cercle d'amis, elle en perdrait rapidement. A cause de la mort, pour la plupart, de décisions, de rébellions, d'idées nouvelles, il n'existe aucune limite à son imagination. A cause de tous ces petits détails pour lesquels les shinobis se détruisent entre eux, enflamment leur amitié, jusqu'à la réduire à l'état de cendres. De simples détails qu'elle ne souhaite rencontrer un jour, qu'elle élude tant bien que mal, pour lesquels elle se tait à présent et à cause desquels elle ne relève pas les paroles de son protégé, celui-ci encore trop peu convaincu par ses dits sur sa nouvelle appartenance à Iwa. Pour ne pas faire naitre le feu. Pour ne retenir que le meilleur de ses mots et oublier leurs désaccords à venir. Il vient de l'appeler sensei.
L'humour glissé dans les derniers mots de sa phrase la fait également rire, Kyoku dans un certain sens contrainte de reculer d'un pas ou deux pour ne pas faire obstacle à la nouvelle énergie de celui qui prétend, pour la énième fois, vouloir lui rendre la pareille, et pour la première fois vouloir la rendre fière. Elle est amusée par cette nouvelle facette, par cet entrain de réussite, d'être utile, même si ce n'est en particulier pour leur village, mais tout d'abord pour elle. Au final, peut-être finirait-il par lui rembourser sa dette ? La chuunin ne pense plus réussir à lui ôter cette idée de la tête un jour, ce garçon s'étant révélé dès le premier jour aussi buté que fier. Une fierté et un acharnement que la kunoichi ne parviendra pas à lui retirer ou à ternir au fil du temps, de ces deux années à la conclusion desquelles son protégé devient un véritable shinobi, un genin de leur rang à l'annonce de la guerre, il ne sera plus jamais le garçon fragile qu'elle avait rencontré cette soirée d'hiver dans les rocheuses d'Iwa.
"Crois-moi, tu en auras marre de moi…"
Tant que quelques années années plus tard, il ne se gênera pas pour la sermonner comme elle l'avait fait pour lui la première fois. Il sera certes agacé par elle, par son comportement, mais jamais assez pour partir, la délaisser, pour tous les mystères du monde et que Kyoku ne réussit à comprendre. Peut-être n'aura-t-il plus autant besoin d'elle, mais une certitude : elle aurait toujours besoin de sa compagnie. Pourquoi ?