Naruto Sensou
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Naruto Sensou


 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

 

 Douce ballade [Kyoku Yamaneko]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Ringo Ameyuri
Réincarné
Réincarné
Ringo Ameyuri


Messages : 58
Date d'inscription : 19/01/2013

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue0/1350Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (0/1350)
Rang: A
Ryos: 255

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyMar 19 Mar - 15:08



Arrogante lâcheté.



Tu venais d'achever une mission avec ta sensei et Akamatsu. Si tu n'étais pas déçu par son aboutissement, quelque chose t'avait marqué et laissé un goût amer. Tu avais jouer la carte de l'arrogance, de la drague jouée. Mais au final, tu aurais bien aimé goûter à la ballade romantique.

Afin de te vider l'esprit, tu t'entrainas de longues heures durant sur le mannequin en bois situé dans ton appartement. Tu n'étais pas un expert en taijutsu et tu ne comptais pas le devenir, mais cela avait le mérite de faire évader ton esprit. Tu repensas à la situation actuelle : la guerre. Tu te savais faible, à la première attaque, tu serais soufflé. Alors pourquoi devais-tu penser à ça ? Quelle importance cela pouvait-il bien avoir ?

Le temps n'était plus à la neige, mais à la pluie, rien d'idéal pour égayer ton esprit en somme. Une nouvelle fois, tu partis sous ta douche et l'eau froide pour tenter d'éclaircir tes pensées. Mais tu dus surtout rester sourd aux assauts des spectres de ton passé. Tu sortis alors et ébouriffas les cheveux. Ce n'est pas muré dans l'inconnu que tu allais savoir quoi faire. Tu décidas donc de sortir sous ce temps pourri.

Tu marchas lentement au travers le village sous la pluie. Tes cheveux s’aplatirent d'une façon poisseuse sur le sommet de ta tête. En passant devant l'un des deux restaurants, tu souris en voyant que la clientèle revenait doucement. Peut-être l'envol était ralentit à cause de ce temps ? Sûrement. Mais tu eus un léger sourire, fier de toi, d'une certaine façon.

Tu gravis une volée d'escalier puis t'arrêtas devant la porte de Kyoku. Tu n'aurais su dire le temps qu'il t'avait fallu avant d'oser frapper délicatement deux fois. Habituellement, tu aurais hurler à tue-tête le nom de ton sensei pour qu'elle se dépêche de venir ouvrir, mais là, tout son restait coincer dans ta gorge. Doucement, la porte s'ouvrit. Tu levas la main, nonchalant.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Hoy ... Kyoku ... Sensei. Je venais voir si ça allait mieux. Ouai car on ne me l'a fait pas à moi ! »

Dis-tu en souriant soudainement ! Cherchant à cacher ton anxiété en élevant la voix et en te montrant arrogant. Sûrement percevrait-elle le malaise derrière tout ça. Personne d'autre qu'elle te connaissait autant.

Tu te frottas les cheveux lentement, en te rappelant leur état déplorable. Tu mis doucement ta main sur l'encadrement de la porte, devenant sérieux. Tu hochas la tête en te pinçant les lèvres. Les mots étaient simples, les dire était autrement plus dur.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je ... Tu sais lors de notre dernière mission, je t'ai dit rêver d'une ballade romantique à Take à tes côtés. C'était sur le ton de la rigolade. Pourtant ... Pourtant mes pensées n'ont jamais été aussi proches de celles-là. »

Tu levas un index, comme pour chasser un doute. Te réfugiant lâchement dans l'humour pour dire le reste de tes pensées. Tu te savais lâche, mais tu n'arriverais pas à aller plus loin sans passer par cela.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Non car ... c'était pas terrible sous le couvert d'une mission. Dans mes rêves, hé !, on est plutôt ... genre ... tout les deux ? Seul-à-seule ... »


Tu reniflas doucement, perdant toute contenance. Si tu pouvais fuir, tu l'aurais fait. Enfin, techniquement, tu en avais la capacité. Mais il était trop tard si tu voulais comprendre davantage sur ce que tu ressentais pour ta sensei.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Puis ... Je crois que tu es aussi libre que moi pour un moment. »


L'enfant qu'elle avait sauvé n'était plus. Ce n'était plus une petite mère indiquant le droit chemin à son fils. Vos relations avaient changés et surtout, vous étiez devenus des incontournables dans la vie de l'autre. Néanmoins, tu préférais te prendre une claque dès maintenant afin que ça ne mijote plus en toi.

©Naruto Sensou
Revenir en haut Aller en bas
Kyoku Yamaneko
Chuunin d'Iwa
 Chuunin d'Iwa
Kyoku Yamaneko


Messages : 276
Date d'inscription : 24/11/2012
Age : 28
Localisation : Regarde à côté de toi

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue600/600Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (600/600)
Rang: C
Ryos: 108

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyMer 20 Mar - 8:13




Aphasie






Le contact glacé de la vitre sur son front, le son de la pluie, régulier, sur la bordure de la fenêtre, le tic-tac calculé de la petite montre à proximité du futon, perdue au milieu de quelque papier, quelque rouleau étalé sur le plancher. Aucun de tous ces sons, de toutes ces perceptions, ne parvenait à la tirer de sa torpeur, torpeur paisible, en temps de guerre elle restait si rare, et Kyoku le savait. Elle profitait, inspirait chaque bouffée d'air en toute inquiétude, en parfaite inconscience, parce qu'elle le voulait. Parce que le poids de la peur affaissait ses épaules et qu'elle ne connaissait autre moyen de les alléger.

La jeune fille était plongée dans l'un de ses moments perdus, ceux où elle restait cloitrée chez elle à cause du temps gris, de l'orage en perspective, et qui ignorait qu'elle craignait le tonnerre plus que tout autre chose ? L'un de ses moments où il lui suffisait de se poser dans un angle de sa pièce, close, à rejoindre ses genoux près de son corps ou encore à les détendre, peu importe, tant que la position lui convenait et que celle-ci ne dérangeait pas le sommeil des brûlures qui parsemaient son corps. L'un de ses moments où ses paupières s'abaissaient d'elles-mêmes, sans qu'elle n'ait à prononcer aucun ordre, et que ses yeux se perdaient, mi-gris mi-bleus, dans la pénombre omniprésente de la pièce, s'étendant sur celle-ci tel un voile si fin qu'il suffirait de le toucher pour le déchirer. Une pénombre fragile, que la couleur ténue de ses yeux perçait. Une pénombre qui s'attachait à celle qui s'étendait sur l'intégralité de la ville.

Son bras, lui aussi, collait à la vitre. Son bras droit, dont l'extrémité du coude avait été marqué, mais dont la présence de la cicatrice ne l'endolorissait plus. Quelques semaines maintenant. Quelques semaines seulement. Et il en restait tant d'autres encore, tant d'autres où il lui faudrait encore endurer les conséquences d'une malheureuse erreur, d'une arrogance qu'elle paierait probablement encore longtemps, jusqu'à qu'elle daigne comprendre. A cet instant seulement, ses brûlures s'effaceraient. Peut-être pas de sa peau, sur ce sujet la kunoichi ne pouvait détenir aucune certitude. Mais de son esprit, de son être intérieur, oui, ses blessures guériraient.

Toutefois, pour le moment, entre ces murs, à cette époque froide, où la pluie tombait en averse, où la chaleur n'émanait que du dernier soupir d'un radiateur le long duquel sa jambe glissait, du bout de laquelle son pied n'atteindrait jamais le sol, Kyoku devait-elle se résoudre à vivre avec les yeux fermés, parce qu'elle n'était pas encore prête à les ouvrir, parce qu'elle n'avait pas la force suffisante. Parce qu'ouvrir les yeux sur ses pas de côtés, ceux qu'elle effectuait quand la situation se dérobait de ses mains, signifiait s'assener un mal ; la kunoichi n'avait jamais su affronter ses erreurs de face. Ces erreurs qu'elle répétait et qu'elle répèterait encore. Jusqu'au jour où… jusqu'au jour où… elle ignorait la suite. Même la mort n'était parvenue à la convaincre.

Ses brûlures, ses respirations difficiles, ce froid à la surface de sa peau. La chair de poule. Rien de tout cela n'était parvenu à la sortir de l'obscurité dominante dans laquelle elle s'était enfermée. Pas même l'inquiétude de Doku, pas même le visage étiré d'Akamatsu, pas même sa pauvre sensei qui s'était cachée derrière ses sermons pour ne pas craquer. Pas même Barai qu'elle avait contraint à maintenir la tête hors de l'eau, alors qu'elle se laissait doucement couler, sans opposer aucune résistance. Etrange situation, elle lui laissait un goût amer au fond de la gorge. Etrange situation, que de constater que tous, shinobis de l'Alliance ou non, soient constamment exposés à la mort. Kyoku l'avait réalisé en se rendant à l'enterrement de ce Kumojin quelques jours plus tôt, peu avant d'accepter cette mission en compagnie de ses équipiers. Tous ils survivaient sous une ombre imprévisible qui menaçait de s'abattre sur eux à tout moment. Tous ils ne survivaient qu'à l'extrémité d'un fil fragile.

Peut-être n'avait-elle pas autant de temps qu'elle le désirait. Peut-être que non, n'avait-elle pas toute la vie devant elle pour remédier à ses problèmes, aussi bien en combat, aussi bien personnels, aussi bien psychologiques. Peut-être avait-elle trop de problèmes que pour prendre le temps d'en résoudre un à la fois. Peut-être ne devrait-elle pas se le permettre. Peut-être sera-t-il trop tard demain… qui sait ?

Voilà ce à quoi l'Iwajin songeait en temps de pluie, quand le temps était gris, lors de ses moments perdus où, seule dans sa maison, elle résidait à quelques centimètres seulement de l'extérieur et du chagrin du ciel. De la pluie. Du tableau triste. Un goût amer au fond de la gorge, sur la bordure de la fenêtre, son pied ne touchait pas le sol, et sa tête bascula vers l'arrière. Même le chat n'avait pas le cœur à la faire tourner en bourrique.

La chuunin avait bien essayé, de bonne volonté, de travailler sur sa prochaine technique de Genjutsu, bien qu'elle ne sache pas encore laquelle. Après tout, s'il y avait bien un avantage avec sa spécialité, c'était qu'elle ne devait pas nécessairement se rendre dehors pour s'entrainer. Malheureusement, fallait-il croire qu'en plus des couleurs, le mauvais temps se nourrissait également de toute sa motivation et l'illusionniste avait abandonné ses parchemins et papiers d'instruction sur le sol, avant de s'installer sur l'appui de fenêtre et de se fondre dans ce silence, que le cri du chat vint brusquement déchirer. Un frisson imprévu et glacial, plus encore que la surface en verre, fit tendre son échine et Kyoku eut peine à préserver contenance après un tel cri d'effroi. Les mains tremblantes, elle se saisit de la bordure et reposa ses pieds à terre. Le droit d'abord, le gauche par après.

"Non mais on peut savoir ce qui t'a pris !" s'exaspéra l'adolescente, effarée, à l'adresse de l'animal qui fit tout le tour de la chambre avant de fuir dans l'allée du couloir. "J'ai bien failli avoir une… !"

Interrompue dans son élan par le souvenir d'un son auquel elle n'avait, la première fois, prêté attention, Kyoku réalisa toute l'ampleur que prenaient ses moments de réflexion quand elle surprit, en s'adjoignant davantage à la fenêtre, la présence d'un quelque individu en apparence, mais dont la couleur argentée de la chevelure suffit pour qu'elle y pose un nom.

"Barai ?"

Que faire pour que ce garçon ait un peu de conscience ? Bien qu'il ait été rapidement couvert par la bienveillance du porche disposé sur la devanture, le temps n'en restait pas moins inconvenant pour une promenade en plein air. Et si ce n'était par la faute d'une quelque fièvre qu'il avait traversé la ville pour frapper jusqu'à chez elle, sûrement serait-il fiévreux une fois de retour chez lui, après s'être exposé à un temps pareil. Une idée particulièrement désagréable pour Kyoku qui s'empressa de dévaler la dizaine de marches qui la séparaient du rez-de-chaussée, et qui avec précaution ouvrit la porte devant laquelle son élève patientait. La pluie avait écrasé ses cheveux de tout son poids sur son crâne, nombreuses étaient de ses mèches à encore suinter d'eau. Son habit ne se révéla pas en meilleur état et la kunoichi ne put répondre aux salutations du jeune homme qu'avec des yeux ronds.

Les trois premiers mots qu'il prononça, d'ailleurs, n'aidèrent pas sa conscience à se guérir de ses tracas. Trois mots, distinctement séparés les uns des autres par un silence, aussi court était-il. Cela restait un silence, trois points de suspension, une frêle hésitation, et il suffisait à secouer l'inquiétude de l'adolescente, inquiétude qui se prétendait endormie depuis plus d'un an d'après ses estimations. Une inquiétude qu'elle avait enterrée loin de son regard, mais qui aujourd'hui renaissait inexplicablement.

Il disait venir prendre de ses nouvelles, mais si peu de temps s'était écoulé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus que Kyoku peina à le croire totalement. Il jouait avec l'arrogance plus qu'autre chose, un sourire maladroit au bout des lèvres, et son interlocutrice continuait de se demander s'il n'était pas victime d'une fièvre quelconque. L'on aurait dit que l'attitude du shinobi l'effarait, en vue de son regard peiné et de ses sourcils arqués. L'on aurait dit effectivement cela, si seulement l'inquiétude n'était pas clairement lisible dans son regard, mi-bleu mi-gris. Si peu de lumière pour distinguer ces deux couleurs qui se partageaient ses prunelles.

Expressément, de par son état, étant entre autres à deux doigts de réduire la poignée de sa porte en cendres - si encore cela était possible -, Kyoku tenta de lui glisser un mot, peut-être deux, pour l'inciter à rentrer à l'intérieur et se sécher avant d'attraper froid. Elle agirait de même manière pour n'importe quel inconnu qui se présenterait devant sa porte, si celui-ci présentait néanmoins une âme sereine et sans maux de mauvaise conscience. Pourtant elle ne fit que tenter face à lui, incapable de placer un mot, ouvrant les lèvres, pour aussitôt les réunir. Comme si elle avait perdu l'occasion de parler, à l'instant-même où son vis-à-vis posa une main sur l'encadrement de sa porte d'entrée. Comme s'il avait arrêté son élan d'une main, et ce sans qu'elle essaie de se débattre, qu'elle n'émette aucune opposition.

Son sérieux l'impressionnait, tant qu'elle en fut conduite à la parfaite aphasie. Mais non seulement à cause de ce sérieux, mais aussi à cause de sa source. Se frottant doucement la racine des cheveux dans sa quête de mots, Barai commença par lui rappeler l'instant de leur mission où ils furent menés sur la piste de Take, le village marchand à quelques minutes de route seulement d'Iwa. Kyoku se souvenait avec exactitude de ses paroles, prononcées sur le ton de la rigolade, comme il le précisa à heure juste. Peu avant d'ajouter, juste après une nouvelle hésitation, que finalement ses paroles, ce jour-là, n'avaient jamais autant approché la vérité. Alors l'inquiétude se modela sous une toute autre forme. Une forme d'anxiété profonde et méconnue jusqu'à lors.

Le sang inondait ses joues et Kyoku chercha instinctivement un point de repère dehors, dedans, un objet familier auquel se raccrocher. Malheureusement, Doku absent et le chat étant trop lâche pour sortir de sous l'armoire n'aidèrent pas l'Iwajin dans sa quête et celle-ci en revint bredouille, abattue par ce feu qui la consumait de l'intérieur et dont le reflet des flammes apparaissait au bord de ses pommettes, sous ses yeux, ceux-ci plissés par le manque de logique que faisait régner le mauvais temps sur sa maison.

A toute évidence, la locutrice n'était pas la seule à ne plus trop savoir sur quel pied danser. Elle qui répondait sans arrêt à l'évidence comme au fatalisme par l'ironie, elle surprit son élève à user de la même méthode, celui-ci se dissimulant derrière son sens de l'humour un peu bancal pour se protéger au maximum des répercutions que pourraient engendrer ses déclarations. Ces déclarations, d'ailleurs, Kyoku ne les écoutait même plus : tout ce qu'elle entendait était le sifflement du vent de plus en plus fort dans ses oreilles, ayant à vrai dire retenu le plus important et ne voulant, de son caractère lâche, rien entendre de la suite. Ainsi, à l'exemple de ses erreurs et pas de côté, la kunoichi préférait largement rester ignorante pour le moment et voir en perspective où toutes ces explications en morceaux les mèneraient.

Quand les mots du jeune homme finirent de rencontrer le mur, à faute de n'être entendus, que le débiteur en question finit d'aligner ses mots et ses pensées en vrac, probablement pour lesquels il s'était déplacé jusqu'à son domicile, un silence subsista, et la chuunin se demandait irrémédiablement s'il serait bon de le rompre maintenant, sans autre temps de pause, alors que les mots s'accumulaient et s'accumulaient dans le fond de sa gorge. Habités de la même expression depuis l'arrivée de Barai, ses yeux n'osaient se détacher de lui, dubitatifs, tandis que la commissure entre ses deux lèvres se tordait, s'élargissait, régressait, voulant articuler, prononcer, pour aussitôt se désister. Au bout d'un moment, réalisant que cette agitation silencieuse de sa bouche était parfaitement ridicule, Kyoku la masqua de sa main libre et sa tête se pencha sur la latte verticale de la porte.

Une envie irrésistible de rire la prenait. Par habitude, sûrement. Mais également de fermer les yeux, de compter jusqu'à trois, de les rouvrir et d'espérer; elle faisait cela à chacun de ses cauchemars quand elle était enfant. Seulement, depuis elle avait grandi, la jeune femme qu'elle était devenue avait appris depuis qu'il ne suffisait pas de compter pour faire disparaitre tous les problèmes qui se montraient à elle. Malheureusement. Et c'était peut-être pour cette seule et unique raison, qu'elle ne quittait pas un instant son élève des yeux.

Il ne remontait pourtant pas à si loin, le temps où ce garçon entêté repoussait sa main de mauvaise volonté.

"Barai, tu sais… c'est vraiment… surprenant… ce que tu me dis là."

Sa main s'était baissée, pendant dès lors le long de son flanc. Ses lèvres frémissaient. Elle cherchait et pesait en même temps ses mots.

"Je ne veux pas, vraiment pas, mais vraiment pas te blesser, vraiment, et je devrais vraiment arrêter de répéter ce mot." débita Kyoku dont le corps s'anima aussi vivement que ses paroles, qui s'enchainaient sans pouvoir s'arrêter. L'anxiété, encore. Anxiété complètement déformée. "Tu comptes beaucoup pour moi, tu le sais depuis longtemps, très longtemps même, ça a toujours été ainsi en fait. Dès que je t'ai vu, je me suis attachée à toi, c'était inexorable, et je pense même que tu m'as haïe pour ça à un moment, je pense, je sais pas, à toi de me le dire, ou bien non…!"

Ses bras se rassemblèrent instinctivement contre son corps, serrés jusqu'à l'étouffer contre son buste. Comme si un froid soudain venait de la saisir et qu'elle tentait tant bien que mal de se réchauffer. Cependant Barai devait se douter que le temps n'avait pas son rôle à jouer là-dedans, que son geste n'avait rien d'un réflexe pour lutter contre le froid, ou alors s'agissait-il d'un froid autre qu'extérieur.

Ses mains tremblaient toujours. Elles n'avaient jamais cessé de trembler depuis la bordure. L'Iwajin ne se décidait pas à baisser les yeux, seule sa respiration trahissait son envie de fuir, hachée comme si elle revenait d'une course de plusieurs kilomètres qu'elle aurait éliminés de quelques foulées seulement. Vainement, elle tentait de percevoir une faille, un repère sur le visage de son vis-à-vis, quelque chose qui lui intimerait quelque chose de rassurant et qui la ramènerait rapidement parmi ce monde qu'elle désirait et qu'elle avait toujours connu.

Il n'en fut et n'en serait rien. Alors seulement à cette constatation, un sourire crispé, mi-ironique mi-ravi, s'esquissa et dessina une nouvelle forme à sa bouche. Une forme plus rassurante, qui laissait un peu mieux paraitre toutes les routes et chemins qui se traçaient à l'intérieur de son être. Sa voix, quant à elle, parut plus assurée qu'auparavant, plus posée...

"Je vais être franche : je savais que tu ne viendrais pas jusqu'à chez moi pour me parler de la pluie et du beau temps. En fait, je trouve ça même plus réaliste que tu viennes jusqu'à chez moi, par un temps pareil, pour m'avouer ce qui te pèse, plutôt que pour me dire qu'il fait vraiment un sale temps depuis ce matin… Je pourrais t'en être redevable, tu m'épargnes pas mal de migraines."

Sa tête se pencha à nouveau de côté, son corps avait mis un terme à son agitation. La surprise était passée. Toutefois, sa bouche recommença à se tordre, et cette fois la kunoichi ne délia aucune main pour masquer son trouble. Ses doigts ne daignaient se détacher de leur support.

"Maintenant… ça reste déroutant, et tu dois savoir depuis le temps que… je supporte assez mal les revirements de situation aussi...euh… inattendus ? Ce n'est pas le bon mot, j'aurais pu anticiper, mais… bon je crois que je vais me taire avant de définitivement me ridiculiser. C'est vrai, je ne parle jamais autant d'habitude !"

Elle qui aspirait à une vie plus simple, elle qui s'était conçue cette promesse en toute apparence irréalisable à la fin de sa dernière cuite à Kumo, se rendait compte qu'il ne suffisait pas de se promettre et de vouloir pour que le monde devienne ce qu'elle désirait qu'il soit.

Déjà rien que ses paroles lancées dans un élan d'humour l'avaient installée dans un malaise plus vaste encore que toute l'étendue du pays de la terre, alors que dire, que ressentir pour lutter un tant soit peu contre celui qu'instaurait une révélation aussi incongrue que véritable que la sienne. Parce que, quelque part, Kyoku entretenait un petit doute, depuis quelque temps, quant à la perspective de cette journée qu'elle osait tout simplement espérer d'imaginaire, mais qu'elle savait probable. A cause d'un doute, et d'une relation qui n'avait jamais eu pour mérite d'être claire.

Imperceptiblement, ses yeux s'étaient inclinés. Vaincus. Miroirs de toutes les réflexions indécises qui germaient au sein de son esprit.

Le pire restait que ces réflexions, l'adolescente se révélait incapable de les taire. Franche de nature.

"Te dire que je ne ressens rien pour toi, ce serait mentir, et je ne mens pas… Maintenant t'avouer que je ressens quelque chose d'explicable, ce serait également mentir, et ça revient au même résultat… alors je… je ne sais vraiment pas quoi te dire."

Barai était parvenu à la troubler par deux fois. Une fois quand il employa le mot sensei pour la première fois à son égard. Une seconde fois quand Kyoku le surprit devant sa porte, quelques minutes plus tôt, en train de lui dire en quelques mots ce qu'elle exprimait en quelques phrases, et ce sans savoir par quel chemin passer. La première fois, elle avait fini par sourire. Troublée au début, ravie par la suite. La seconde fois, elle s'étonna de sourire également. Parce que bien que troublée au début… elle connaissait la suite...



©Naruto Sensou


Revenir en haut Aller en bas
Ringo Ameyuri
Réincarné
Réincarné
Ringo Ameyuri


Messages : 58
Date d'inscription : 19/01/2013

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue0/1350Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (0/1350)
Rang: A
Ryos: 255

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyMer 20 Mar - 13:06



Aube ou crépuscule.



Quelle bel instant. Tu es mort au plus profond de toi. C'est écrasant, rien ne bat dans ta poitrine. Tu prends de l'âge, ton corps vieillit, ton teint pâlit. Ces plissements anarchiques au niveau de ses lèvres, tu ne les comprends pas. Son silence est éternité. Tu ne sais que penser et, c'est bien simple, tu ne penses plus.

Lorsqu'elle t'annonce ne pas vouloir te blesser, tu souris ironiquement, t'attendant à la suite logique de cette phrase. Suite qui ne viendra pas. Intriguant. Sûrement est-elle aussi à l'aise que toi vis-à-vis de ses sentiments. Sûrement les comprend t-elle aussi clairement que toi. En plus, très concrètement, tu n'y connais rien. Mais ce que tu sais, c'est que Kyoku est un morceau de ton univers. Et si tu devais quitter ta haine au profit de l'amour, ça ne serait que pour elle.

Elle se sent ridicule. C'est sûrement la première fois depuis que vous êtes ensemble à Iwa qu'elle parle autant d'une traite. Nul doute que cela lui trotte. Tu as, comme elle, envie de disparaître. Tu en viens à te dire que ta semi-déclaration est la plus grosse connerie, mots pesés, de ta vie. Sa voix subit les ravages de quelques chevrotements. C'est absurdement attirant. Au moins, tu n'es pas le seul à te sentir idiot. C'est plutôt un bon point.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je ... Ouai ... L'avantage ... C'est qu'on est deux à se sentir totalement ridicule. Je sais pas ... Je ... Enfin ... Je m'suis dit que ça serait pas mal ... D'aborder la chose sous l'angle Take puis ... Venir jusqu'à chez toi m'a totalement trempé ... Alors, j'ai p'tête pas vraiment choisi le bon moment pour ... cette proposition. Du coup ... J'pense que je vais juste faire demi-tour, en fait, et ... chercher un coin de soleil ... Genre loin ... »

Lâche ? Et bien, ce ne serait que rendre justice à ton caractère d'avancer ce mot. Tu ne savais pas comment réagir à cette longue tirade, par certains côtés rassurants, par d'autres totalement destructeurs. Tu fais mine de t'en aller puis tu te retournes.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Ouai ... Non en fait, car je suis vraiment soucieux de ta condition physique. Je n'ai rien dit durant la mission, mais je sais que ça te lance encore. Je sais qui tu es et je m'inquiète pas pour toi, tu es trop fière pour que je prenne le large à l'entraînement donc ... Tu vas vite te rétablir mais si je peux ... t'aider à te soulager ... Je serais ravi d'entrer et d'éviter, par la même, cette pluie attirée par le vent sur mon dos. »

En plissant les yeux. Ahh l'humour, quelle belle échappatoire. Pourtant, le malaise restait bien ancré, nul doute que la réciproque était vrai. Tu la regardes longuement, tes yeux brillent dans ce temps maussade. Oui, ton enfance a été marquée par ces terres humides.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Tu sais ... Honnêtement, tu es celle qui a fait que mon avenir à littéralement changé. Et au final, je ne me suis jamais découvert. J'adore ce temps, une douce nostalgie se présente alors à moi. Je ne suis pas de ce pays, à la base, j'ai connu Ame. Alors, la pluie ne me fait pas peur. C'est ... humf ... En deux ans, je ne te l'ai toujours pas dit. »


Tu prends une longue inspiration et tu soupires lentement, non d'ennuie mais bien sous le poids de ce secret. Tu te dis que si tu veux avancer à ses côtés, peut-être est-il temps que ta vie ne soit pas qu'une zone d'ombre à ses yeux. Cette fois-ci, ce n'est pas une manière de t'enfuir.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « J'ai perdu tout les miens sous une pluie tombant à tambours battants. humf ... Et le pire dans tout ça ? C'est que j'ai rien pu faire. J'ai vu le sourire de ma mère dans un de ces éclairs, véritable cri du ciel. Alors la pluie, ça me rappelle ce pourquoi j'avance. La pluie est une tristesse dont j'ai besoin. »


Tu poses ta main sur l'épaule de Kyoku, gagnant en confiance. Tu la veux, tu la désires et le souvenir de cette nuit t'empêche de rebrousser chemin. Le temps, en un coup d'éclair, peut te voler tout ce que tu as de plus cher. Et tu ne veux plus avoir de regrets.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je ne laisserai pas la pluie me séparer de toi. Tu ... Je ne vais pas te mentir en certifiant que je ressens telle ou telle chose pour moi. Mais ... Tu es l'une des choses les plus importantes de mon univers. J'ai ... Ouai ... Comme un gamin, sûrement, au final ... J'ai envie que ... Je sais pas ... ma présence fasse naître le sourire sur tes lèvres ... »


Par tous les esprits, tu te sens tellement niais, ridicule. Tu es bleu d'elle, cela ne fait aucun doute. Cela est limpide ... Sauf pour vous deux, l'ironie des sentiments. Tu ne lui mens pas, Kyoku est, après toi, la personne que tu aimes le plus. Le temps a pâli la mémoire de ta mère et le sauvetage, l'entraînement, et toutes ces petites choses ont lentement installé durablement la Kunoichi dans tes pensées.

La passion embrasse ton être et ta couardise t'offre la retenue nécessaire pour ne pas l'enlacer et la plaquer doucement au mur. Car plus ça va, plus cette tension craintive grimpe et plus ta passion gronde. Ton ventre subit mille remous. C'est adorablement douloureux. La dualité des sensations est une réalité grimpante. À présent, une longue goutte de sang perle de sa lèvre et coule jusqu'à ton menton. Tu te mords afin d'éviter de lui dire ces trois mots que tu pourrais regretter si elle venait à te dire simplement "non".

Ton monde s'écroulerait. Tu avais besoin de sa présence. Cela faisait maintenant deux ans et tu avais craché sur tout tes principes de solitude. Pour elle. Uniquement pour elle, si elle venait à te rejeter, ce qui était une possibilité terrifiante, l'écho déchirant des spectres du passé ne pourrait qu'avoir raison du désespoir que tu rencontrerais.

Tu la regardes doucement, te rendant compte que ta main n'a plus bougé depuis de longues minutes, ton teint habituellement peu hâlé, pour ne pas dire blafard, se gorge d'un rouge gêné. Doucement, tu quittes son épaule pour redresser son menton de tes doigts tremblants.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Kyoku ... Tu as fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui. Et pour tout ce que tu m'as apporté depuis ce jour là, je ne peux me montrer lâche davantage. Je suis convaincu que je peux grandir encore à tes côtés, mais plus en tant qu'élève. Je t'aime, Kyoku. »


Là où plusieurs minutes auparavant ton coeur était inerte, inamovible, il bat à présent la chamade. Tu remercies la pluie de tomber à gros bouillon, car sans elle, le battement répété dans ta poitrine serait entendu par celle à qui tu fais ces aveux fous. C'est idiot, elle finit de te dire ne pas savoir où elle en est par rapport à toi et tu la mets dans cette indélicate situation. Peut-être est-ce l'électrochoc nécessaire pour remettre les pendules à l'heure. Dans un sens comme dans l'autre. Pour l'heure, tu ne vois qu'un avantage à ta bêtise : tu seras bientôt fixé et tu n'auras plus à mariner dans l'ignorance.

©Naruto Sensou
Revenir en haut Aller en bas
Kyoku Yamaneko
Chuunin d'Iwa
 Chuunin d'Iwa
Kyoku Yamaneko


Messages : 276
Date d'inscription : 24/11/2012
Age : 28
Localisation : Regarde à côté de toi

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue600/600Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (600/600)
Rang: C
Ryos: 108

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyJeu 21 Mar - 15:43




Un rien,
Juste un détour






Pas un mot. Pas un mot il ne prononça, tout le long de son interminable frénésie. Un silence, un manque de réaction qui nouait la kunoichi jusqu'au plus profond de ses entrailles, et ses bras serrés, ses épaules rentrées, cette secousse imperceptible qui animait ses mains, ils n'arrangeaient en rien son mal. Ils allaient même jusqu'à accentuer ce froid, cet horrible froid qui la grignotait de l'intérieur et qui la vidait doucement de toute contenance et de toute son assurance.

Un froid ténu au creux du ventre, une chaleur en petits feux et au ras de la peau, et le vent qui la piquait à la surface telles d'infimes aiguilles lancées au hasard de la tempête et de la pluie, pluie qui esquivait d'une maline méthode la découpe du porche duquel découlaient quelques gouttes d'eau en filets et sous lequel ils demeuraient, aussi perdus l'un que l'autre, naïfs. Ridicules et naïfs. Deux enfants l'un en face de l'autre et dont les jambes auraient été dérobées, arrachées injustement, et dont la relation ne fut jamais aussi brouillonne qu'à cet instant. Sans contours et sans définition.

Kyoku osa à peine décoller les yeux du sol, quand soudain le calme de son vis-à-vis fut bousculé. Il s'agitait dans ses mots et dans ses phrases, et bien que le sourire de l'illusionniste persistait, cette dernière voulant avant tout considérer leur situation sous un angle qui assouplirait au mieux ces masses invisibles qui compressaient ses épaules, le cœur n'avait quant à lui aucune raison de s'adapter aux ordres de l'esprit et il continuait à battre, à se battre contre les chaines dont la résistance la meurtrissait, maintenant plus que jamais. Il hésitait et s'agitait à la fois comme ces oui et ces non, ces excuses, ces raisons et ces torts, qui s'étalaient, se mélangeaient, se perdaient, et ce par le biais unique de la voix du jeune homme que le temps embarrassait, maintenant plus que jamais.

Il tourna les talons, mima partir, suivre l'ordre de ses mots, et seulement l'attention de la chuunin daigna s'accorder, se préciser, à même y introduire le regard, un regard désolé mais aussitôt étonné, à l'instant où il se tourna, encore, afin de lui faire face, de tenir d'autres propos, presque contradictoires, et de taire les chaines, celles qui se déclaraient et qui cessèrent précipitamment de se mouvoir. Une inspiration sans suite. Trois secondes. Trois interminables secondes et quelques centièmes, et ce fut comme si toutes les tuiles du toit allaient soudain leur tomber sur la tête. Un bref soulagement pour une forte montée d'angoisse. Trois secondes de déroute.

Pendant ce bref tant de perdition, seules quelques brides lui parvinrent. Soucieux. Mission. Prendre le large, et quelques autres silences sans longueur, sans profondeur, et cet éternel humour dont son interlocuteur était visiblement incapable de se défaire. Un vaste détour qui les conduirait finalement au même point d'arrivée. L'Iwajin pensait pourtant son élève plus direct, plus franc dans les mots, puis elle réalisa son erreur, son propre détour. Un drôle de jeu qu'était celui auquel ils se prêtaient, à celui qui craquerait le premier et qui finirait par se liquéfier sur le palier à cause du doute. Un drôle de manège et inexorablement ils ne faisaient que tourner en rond.

Un carrousel où les hauts étaient hauts, et où les bas descendaient jusqu'au tréfonds de la terre.

Une affirmation de gris dans ses yeux, une lueur de bleu en reflet. Kyoku tendit l'échine d'intérêt, quand ceux de Barai insistèrent si fort sur sa personne qu'elle en aurait presque basculé en arrière. Une pression innocente et pourtant d'une violence qui ne détenait son pareil. Un sadisme intentionné, qui laissait sans voix et que tous enfouissaient, dans le commun des mortels. Intention troublante. Tant qu'elle éveillait en l'adolescente la curiosité qui s'était cachée dans les décombres de ce qui avait été, encore moins d'un quart d'heure auparavant, toute sa logique et sa morale. Curiosité pointue, qui feinta les chiffonnements de l'air et le chagrin de l'averse pour entendre, comprendre pourquoi ce regard, pourquoi si long. Curiosité sans voix. Curiosité sans détour. Une lueur de bleu dans le fond de ses yeux.

Etonnamment, et contre toutes ses raisons, il finit par lui évoquer le temps, la pluie. Son sourire s'élargit, innocemment. Ironique aussi, elle qui pensait que l'évocation du temps ne pouvait se faire que d'une seule façon. Le tort s'exprima à la kunoichi sous une bien drôle de forme, et forcée fut-elle de le reconnaitre par le biais de ce maigre élargissement, minuscule et si peu perceptible, l'esquisse des yeux devenus tout à coup tout aussi innocente. Plus aucune curiosité et plus aucun intérêt perceptibles. Juste un gramme d'innocence et dix de culpabilité naissante.

Deux ans effectivement qu'ils se côtoyaient. Deux ans déjà, et toujours autant de mystère autour de ce passé qui avait établi ce jeune garçon auquel elle avait tendu la main au sein des rocheuses d'Iwa, deux ans plus tôt. Deux ans depuis qu'elle l'avait sauvé, et toujours autant de reconnaissance. C'était dans le fond insensé, mais tout à la fois respectable.

Deux ans et toujours un poids qu'il ne laissait pas voir, mais que l'illusionniste percevait, en son cœur et en son âme. Peut-être à force de se tenir à ses côtés et de prêter l'oreille. Peut-être parce que c'était compliqué et qu'elle avait le don pour déceler les voies les plus encombrées . Peut-être, et mille et une suppositions, pour une seule minute d'explication. Deux ans plus tard. Deux ans trop tard. Quand Kyoku perçut la lourde inspiration de celui qui lui faisait face, une envie : taire ce besoin soudain de se confier et souffler, souffler jusqu'à qu'il n'en reste plus rien. Si la respiration était si lourde, alors pourquoi la tenter… Si ce passé l'alourdissait tant…

Mais elle ne fit rien, ne fit que ciller, que paniquer intérieurement, compter jusqu'à trois. Une voix lui confiait que son tour n'était pas venu de parler, que la parole ne lui appartenait pas, et que ci, et que ça. Alors, sans plus s'interroger, l'Iwajin écouta, le cœur au bord des lèvres, le souffle long, le souffle difficile, plus oppressé que jamais. Etouffé par la mort, ce doute quant au passé qui se confirme, un souvenir qui s'évase et qui crie, crie pour qu'on l'entende à travers les battements tantôt puissants, tantôt faibles de la pluie. Une évocation au tonnerre et un frisson dans le dos. Le cri du ciel, comme il le mentionnait. Agonie déchirante, une poignée de secondes après la perception de la dernière lumière. Parce qu'il paraitrait que la vitesse de la lumière surpassait de loin celle du son. Le trois ne vint jamais.

Soudain, une main sur son épaule lui fit réaliser que leur proximité était dangereuse. Ne devenait, l'avait toujours été. Non seulement dans un sens symbolique, mais également dans ce sens où il n'aurait jamais suffi que d'un pas, depuis que la porte s'était ouverte, pour qu'elle le frôle et qu'il n'existe plus aucune distance entre eux.

Vraisemblablement, l'époque des détours était révolue. Effacée, oubliée et soufflée. Il n'en restait plus que de minces souvenirs à travers la voix qui se confrontait à l'imperméabilité du silence qui, au plus grand désarroi de la tempête, englobait leur petite bulle d'oxygène. Trois fois rien, trois pouces, trois centimètres. Mais trois quand même, non négligeables, quoi qu'on en dise et quel que soit l'angle sous lequel on les regarde. C'était trois centimètres, peut-être un peu plus. Juste pour dire que ce n'était pas rien.

A présent, fallait-il en peser le bien, fallait-il en peser le mal…

Quand Barai vint à lui faire part de cette envie de faire naitre un sourire, pour ne pas employer d'autres mots que les siens, sur son visage, sûr que cette réflexion, précédemment évoquée, sévit son incapacité à prendre des décisions et à correctement ordonner ses idées en situation de stress. Il persistait effectivement trop de tumultes en elle pour qu'elles apparaissent clairement, sans que ne résiste une légère hésitation sur ce oui ou sur ce non, qui cherchaient encore, cela étant, leur définition.

Tout s'accélérait, tout prenait une tournure beaucoup trop imprévisible pour que la kunoichi se permette de se reposer sur de longues pensées, sur de longues réflexions, comme à son habitude. Il fallait à tout prix qu'elle se décide vite, chose que la chuunin n'avait jamais su faire de toute sa vie. Elle comptait encore.

Puis telle une évidence, ou encore une succession logique à l'instant silencieux, se livra ce regard que Kyoku avait lâchement quitté, s'étant pendant un court instant abandonnée à ces maudites migraines qui lui pourrissaient sans cesse la vie et qu'elle ne réussissait à surmonter. D'une intention fragile, Barai avait séparé sa main de son épaule et redressé son visage, ses doigts à hauteur de son menton, pour ainsi capter son attention, vite dérobée, vite revenue. La kunoichi avait eu effectivement pour réflexe de l'esquiver, craintive. Craintive de quoi, s'eut-elle alors demandé, avant d'élever à nouveau les yeux. Une intense nuance de bleu…

Probablement pour la première fois depuis deux ans, il oublia d'ajouter la mention sensei à son appellation.

Probablement pour la première fois depuis longtemps, sinon toujours, elle le vit rougir, rougir jusqu'à la racine des cheveux, non seulement à la limite des joues. Et ces rougeurs n'apparaissaient pas sans raison, elle s'en doutait bien avant qu'il articule ces mots pénibles qu'elle-même se reconnaissait, en son fors-intérieur, incapable de prononcer. Evocateurs, et ce jusqu'au point où l'adolescente se voulut enfouie sous terre, tout de suite et sans détour. Parce que non les détours ne servaient définitivement à rien, sinon à perdre du temps, et du temps elle n'en disposait plus à présent. A peine quelques secondes pour réagir, pour répondre, pour épargner et pour compter. Compter jusqu'à trois et enfin trancher. Juste quelques secondes. A peine le temps de penser...

Mille fois, petite fille qu'elle avait été par le passé, elle en avait rêvé. Comme toutes les petites filles de son âge, après tout toutes étaient semblables quand on leur racontait de folles histoires de contes de fées où tout semble s'arranger comme par magie à l'arrivée d'un élégant prince charmant : elles rêvaient, s'imaginaient, demandaient au moins une fois si elles aussi, un jour viendrait, elles rencontreraient leur prince. Toutes, sans exception, avaient posé la question. Kyoku y compris, de ses yeux émerveillés, assise le soir sur le lit de Doku, alors que celui-ci tentait tant bien que mal de la faire dormir. C'était d'ailleurs pour cette raison égoïste qu'il lui répondait oui à chaque fois, oui sans y croire, parce qu'il était adulte et qu'il n'y croyait plus, c'était comme ça. Devant sa mine peu convaincue, il ajoutait d'ailleurs tu verras, le destin fait toujours bien les choses, et d'autres déblatérations inutiles qu'elle ne se rappelait plus, mais qu'elle savait fausses à présent de par sa conscience d'adulte et de par sa longue expérience des échecs sentimentaux.

Quelques années plus tôt encore, l'adolescente y croyait. Sans grande ferveur, mais avec un mince espoir quand même. Parce qu'espérer ne coûtait rien, et parce que c'était une époque de sa vie où elle était encline à croire que Dieu existait. Mais les princes charmants, c'était aussi réaliste que Dieu, et Dieu ne s'avérait être qu'une figure idiote auxquelles les personnes les plus découragées se confiaient pour se consoler. Aussi, les princes charmants n'étaient qu'une image pour rassurer les jeunes filles naïves et en manque d'aspiration envers l'avenir, en manque d'affection pourrait-on dire, ainsi que d'assurance.

Voilà ce qu'avait compris l'Iwajin à la conclusion de dix-huit ans de vie et d'incalculables déceptions sentimentales : le prince des contes de fée n'existait pas et il ne servait à rien de le chercher, elles ne le trouveraient nulle part. Dans leurs rêves, peut-être viendrait-il les rejoindre. Mais à un moment donné, on cesse de rêver, de s'imaginer, de se demander si oui ou non il viendra. On ouvre les yeux et on se dit c'est comme ça, vivre sans n'est pas une perte en soi, et la vie continue ainsi.

Kyoku avait ainsi effectivement continué sa vie. Elle s'était laissée perdre dans son envie de connaitre toujours plus, dans l'alcool et dans ses vertus, bien que sans trop forcer, elle s'était laissée à chaque fois dépasser. La jeune fille avait perdu sa virginité dans l'une de ses cuites, un peu de sa dignité aussi, et ce rien que pour quelques minutes de silence, de silence profond. Parce que boire lui vidait la tête et qu'elle préférait largement expérimenté les quelques remous de la vie sans trop se poser de questions, plutôt que de réfléchir encore, cogiter et se torturer inutilement, souvent sans valable raison. Parce que la consommation d'alcool avait toujours eu comme avantage de laver sa mémoire de ses bêtises, qu'autrement la kunoichi ne réussissait à oublier, et qu'au final tout paraissait beaucoup plus clair une fois la tête vide, moins encombrée. Une solution à tout, ainsi voyait-elle le verre à demi-vide, à demi-plein. Un remède à tous ces petits détails qui faisaient qu'elle se sentait mal. Une issue, une échappatoire à tout ce qui la désobligeait et qu'elle ne supportait plus. Ainsi, oui, elle le voyait, un bras sur le comptoir, l'extrémité du menton au cœur de la paume, le doute dans le regard et d'innombrables points d'interrogation grouillant dans la tête.

Rien n'avait jamais autant contenté la kunoichi que cette mesquine effluve d'alcool, et malheureusement. A ses dépends, celle-ci finit par découvrir les côtés malveillants de son principal refuge, le jour où la brume qui recouvrait et anesthésiait sa mémoire se dissipa, et où le souvenir d'une soirée survit, intacte, complètement intacte, et ce dans ses moindres détails. La honte avait grondé en son ventre, une remise en question fut soudain d'occasion. De là sa promesse de ne plus accepter un verre, car l'adolescente se doutait que si elle commençait, elle ne s'arrêterait et tout recommencerait, inlassablement, telle une boucle infernale, et cela plus jamais elle ne l'accepterait. Donc rien que par respect pour elle, tenir cette parole serait honorable.

Kyoku, dans sa forte conviction, s'était persuadée que rien ni personne ne pourrait imiter les bienfaits de l'alcoolémie sur elle. Cette sensation de bien-être, de sécurité, elle ne l'avait jamais ressentie qu'au bout de quelques verres vidés, même les marques de tendresse de Doku ne lui faisaient plus rien, alors qu'à une époque leurs étreintes s'étaient révélées un excellent médicament contre ses migraines. La jeune fille réfléchissait trop, et ce depuis son plus jeune âge; ce n'était pas un défaut qui était apparu en un jour et qui s'estomperait ou même se modèrerait plus tard. Non. Elle avait toujours souffert de sa curiosité invasive, se prenait déjà la tête entre les mains étant enfant, les sourcils froncés, le sourire crispé, le visage en son ensemble fatigué. Epuisé par tant de réflexions et par cette quête peu fructueuse en réponses à laquelle l'Iwajin s'adonnait jour et nuit. Une quête pourtant à laquelle elle pensait avoir trouvé une échappatoire, une échappatoire qui s'était finalement révélée aussi empoisonnée que tous ces espoirs dont les parents gavaient continuellement leurs enfants, et ce tout en sachant qu'un jour ceux-ci se briseraient en éclats sous leurs yeux larmoyants.

Dans sa forte conviction, et en souvenir de toutes ces peines, Kyoku s'était persuadée que jamais la sérénité ne daignerait la couvrir un peu plus d'un instant, que jamais elle n'y goûterait, n'en connaitrait la saveur apaisante, semblable à celle du Ginseng, d'après les conceptions un peu tordues de son imaginaire. Elle s'en était persuadée comme elle s'était rapidement convaincue de l'incrédibilité des livres pour enfant, à force de vivre et de vivre encore. Néanmoins, ce fut en vivant et en vivant encore, que sa forte conviction se fissura aussi soudainement, d'imperceptibles craquements dans l'ombre des nombreux impactes cautionnés par les larmes de la tempête, un souffle suspendu au ciel et une déclaration que sa mémoire remuait encore. Au terme d'interminables questions, un silence sans bout, plus un bruit parmi les décombres. Un silence de maitre, apaisant, radieux, il appuyait sur les ténèbres.

Mille fois par le passé, oui, Kyoku avait rêvé d'un jour rencontrer cet homme dont son tuteur lui racontait l'histoire et que vainement elle avait recherché. Mille fois elle avait été déçue, mille fois elle s'était perdue. Dans sa quête, oui, parce que dans le fond elle s'était toujours raccrochée à des rêves qui n'aboutiraient jamais, et que malgré ses propres dires elle y croyait encore. Croyait mais sans vraiment y croire. Le passage à l'âge adulte, sûrement.

A nombreuses reprises, elle avait ri pour ne pas avoir à pleurer. Parce qu'elle avait honte et qu'elle préférait le cacher. Manque d'audace, de confiance. Et était-ce probablement pour cela que Barai n'en avait jamais rien su. Barai qui se tenait là et qui lui ouvrait des portes que la kunoichi ne daignerait sûrement jamais lui ouvrir, ou en tout cas pour le moment. Barai auquel elle avait rapidement incombé le titre d'élève sans plus se poser de question, parce que le hasard de la vie l'avait voulu ainsi et que peut-être pour la première fois elle n'avait pensé à porter son regard plus loin. Barai qu'elle avait connu amer, reconnaissant, surprenant, aussi bien jeune que grandi, il ne lui avait jamais rien caché réellement. Pourtant ils n'avaient jamais été amis. Jamais ils ne s'étaient accordé sur ce point, jamais, justement parce que peut-être leur relation avait évolué un peu trop vite. Elle lui avait tendu la main et il avait fini par l'accepter. L'histoire s'arrêtait là, et jamais ils n'avaient eu à se justifier. Jamais jusqu'à présent, et était-ce peut-être ce point sombre qui l'empêchait de penser, car… s'ils n'avaient jamais été amis, avec toute leur franchise et confiance respectives vis-à-vis de l'autre, alors qu'étaient-ils ?

Peut-être que depuis tout ce temps, Kyoku ne regardait tout simplement pas au bon endroit. Si Barai n'était pas ce prince qu'elle recherchait, il possédait néanmoins de l'estime à son égard, un regard bienveillant et attachant, toujours à son attention, contrairement à ces hommes dont la présentation sommaire ne lui convenait jamais et que pourtant elle avait mené à des situations considérablement plus embarrassantes que celle-ci, bien que celle-ci l'embarrassait davantage que n'importe quelle escapade qu'elle put vivre depuis ses seize ou dix-sept années. Il avait cette présence que tous ses anciens prétendants ne possédaient pas, cette sincérité qui s'étendait au-delà du semble-t-il et qui instaurait cette atmosphère paisible quand la jeune fille se trouvait en sa compagnie.

Peut-être qu'au final, oui… depuis tout ce temps, à force de chercher trop loin et de trop réfléchir, l'illusionniste avait fini par oublier celui qui se tenait à ses côtés et la chance qu'elle pourrait lui accorder. Hébétée d'en faire la constatation, Kyoku demeura inerte quelques secondes. Le choc, trop brusque, l'avait replongée dans l'aphasie. Cependant, cette fois, il fut plus court, moins imposant, et ce fut au dépend de quelques autres hésitations que la kunoichi porta à son tour une main à son épaule, la décision fragile, sa posture tout aussi indécise. Ses mains tremblaient, ses bras tremblaient, et même ses jambes manquaient de se dérober sous elle. Chaque partie de son corps ressentait cette angoisse qui la traversait, mais était-ce justement par besoin de l'apaiser qu'elle la provoquait en se montant ainsi sur la pointe des pieds.

Les cheveux du jeune homme, mouillés entre ses doigts qui cherchaient par leur appui à le faire s'incliner, ne furent jamais autant par le passé un contact aussi rassurant. Une affaire de quelques centièmes de secondes de rapprocher leurs visages. A deux fois cependant la jeune femme dut s'y reprendre pour capter correctement les lèvres de celui auquel elle faisait face.

L'Iwajin n'eut jamais autant compté sur le soutien de son équipier qu'à ce moment. Son équilibre en doute, elle ne tenait qu'à l'aide des saisies posées sur lui, une main sur son épaule pour se hisser, la deuxième dans les hauteurs de sa nuque pour ne pas tomber. Contre elle, Kyoku sentait les pulsations rapides d'un cœur, en apparence désorienté. Le cœur qui battait à l'opposée du sien, dont l'espoir de survie était tout autant mis en doute. Sa main glissa de sa nuque à son cou, à hauteur de son encolure. Elle était en train de se demander pour quelle raison tous ils fermaient les yeux dans ce genre de situation.

"Je ne sais pas ce que ça signifie, Barai, pas du tout." signa-t-elle irrémédiablement alors qu'elle se replaçait à bonne hauteur de terre et que ses mains venaient s'entrelacer derrière son dos. Le manque d'audace encore de garder le contact, même son regard peinait à préserver un point d'entendu avec le sien. Sa voix chevrotait toujours. "On a eu un avant, et on aura aussi un après. C'est forcé mais… Si je t'ai embrassé c'est que j'avais besoin d'éclaircir certains points et que malgré l'éclaircie ça reste sombre."

Et alors que Kyoku réalisa toute la confusion de ses paroles, elle extirpa une main de son dos et plissa les yeux. Son sourire renaissait et le rouge à hauteur de ses joues aussi. Sa tête battait le vent sans comprendre, de droite à gauche et de gauche à droite. Elle ne savait réellement plus où se mettre.

"Tu ne peux pas imaginer le nombre de choses qui se passent à l'intérieur de ma tête et c'est vraiment compliqué de mettre de l'ordre dans tout ça, crois-moi. Toutefois, que… que ça ne te décourage pas, je… je ne suis peut-être pas encore certaine à cent pourcents de ce que je ressens mais… c'est sûr, j'ai envie de tenter quelque chose. Voir si ça peut marcher, et puis… si ça peut tenir…"

Plus aucun mot, plus aucun geste. Du haut de son mètre-cinquante, Kyoku ne voulut que davantage rétrécir, perplexe et gênée tout à la fois. Les réflexions et les indécisions furent nombreuses en l'espace de quelques minutes seulement. Des espaces vides et des pensées en pagaille. Un rien, juste un large détour.



©Naruto Sensou


Revenir en haut Aller en bas
Ringo Ameyuri
Réincarné
Réincarné
Ringo Ameyuri


Messages : 58
Date d'inscription : 19/01/2013

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue0/1350Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (0/1350)
Rang: A
Ryos: 255

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyVen 22 Mar - 9:59



Feu ardent.



Le monde ? Quelle importance. La guerre à venir ? Futilité. Qu'est-ce tout cela lorsque le coeur s'emballe ? Lorsque le sang qui coule dans tes veines mord chaque centimètre carré de ton être ? Le rouge vital n'est plus sang, mais feu et il te brûle. Tu avais déjà été blessé par le passé, gravement même. Mais aucune douleur ne t'avait préparée à celle là. Aucune n'avait été à la fois si vive et si tendre. La douleur était un signal du cerveau et le corps cherchait à l'extirper hors du corps souffrant. Mais là, tu ne la souhaitais nul part ailleurs qu'en toi. Tu en étais sûre à présent, pour nulle autre qu'elle, tu n'accepterais pareille douleur, car de cette amour, seule elle mérite d'en être bercée.

Tu l'as pourtant maudite, avant de la remercier. Tu l'as pourtant accusée, avant de la comprendre. Tu l'as pourtant nier, avant de la considérer. Et oui, tout aussi logiquement, tu l'as haïe avant de l'aimer. Perdu dans les ténèbres, avec ta triste solitude pour compagne, tu marchais sans but. Seule ta personne avait de l'importance et tu ne voyais en autrui que les leviers nécessaires à ta propre subsistance. Jusqu'à sa rencontre. Tel un démiurge, elle avait refaçonné ton monde. Telle une tempête, elle avait balayé tes acquis. Telle un orage, elle avait nourrit tes pensées.

Contrairement à elle, tu n'avais jamais espéré rencontrer la femme idéale. Lorsque tu vivais "normalement", tu étais trop jeune pour ne pas penser aux choses de l'amour sans rougir. Puis le reste, tu l'avais vendu à la solitude et à la haine. Quelle utilité pouvait bien avoir une femme, alors, si ce n'est transmettre ton héritage ? Mais quel héritage avais-tu à léguer ? Tu n'étais rien, tu ne connaissais rien et ne possédais rien. Une femme aurait été alors inutile à tes côtés.

C'était ça ta conception de l'amour jusqu'à ce Kyoku transforme cette vision. Harassantes étaient ces images d'elle venant hanter tes nuits, encourageant tes entraînements. Tu ne mentais pas, elle avait fait de toi un homme. Mais ce n'était pas une mère que tu voyais en elle.

Pour elle, tu avais envie de tuer. Non que tu sois un sauvage en quête d'un sanglant présent pour sa belle. Non, la vengeance avait toujours été une motivation suffisante à tes yeux pour avancer et depuis ce sombre jour, tu ne progressais plus pour trouver ta mère, mais pour surpasser l'un des shinobi les plus talentueux qu'aie connu Iwa. Et tu le tuerais. Deux fois, si elle voulait jouer sur les mots. Mais tu débarrasserais le monde de sa souillure. Il n'y avait pas de prix trop lourd à payer pour satisfaire cette soif vengeresse. Et cela, seule l'amour pouvait être l'origine de cette effroyable déraison.

Tu te figes, ton corps exulte alors qu'il n'a encore rien. Seule la promesse d'un avenir. Des doigts crispés qui fouillent tes cheveux, une main délicate qui écrase ton épaule afin de se donner taille suffisante. Hésitantes, par deux fois, ses lèvres viennent à l'assaut des siennes. Maladroit danseur, tu ne parviens toi non plus à te contenter du premier effleurement et c'est empressé que tu viens à l'encontre de sa deuxième charge. Un bien-être infini dorlote alors ton être, baigne ton âme.

Pourtant, vos deux corps se déchirent et reforment à nouveau deux entités bien distinctes. Enfin, un soupire d'aise. Tu respires. Ton souffle avait cessé d'exister à l'instant même où ses doigts avaient changés tes cheveux en les blanches touches du destin. Doucement, tes mains la quittent. Celle qui tenait son menton avait doucement glissé le long de sa joue et s'était dirigé sur sa nuque, alors que la seconde avait rejoint son dos, lui offrant un potentiel soutient. Potentiel, car tu ne la touchais que du bout des doigts, comme si tu choyais une pierre précieuse. Et pourtant, malgré tout l'amour et l'attention que tu lui destinais, l'idée était ailleurs. Alors que ton esprit était désespérément absorbé entre ses lèvres, une seule idée germait dans ton esprit : ses brûlures. Malgré la passion, tu ne lui aurais fait mal.

Assurément, elle qui n'avait que rarement vu les rougeurs de tes joues allaient devoir si faire, ne fut-ce que pour l'instant présent. Car aussi anodin cela puisse paraître, c'était le premier baiser que tu délivrais à quelqu'un. Alors lorsqu'elle te dit ne pas savoir la signification de ce baiser, la voilà bien mal échue, tu n'en savais fichtrement rien !

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Euh ... Je ... Oui ... »

Parviens-tu difficilement à bredouiller, totalement ailleurs. Cela dit, tu n'étais pas sur un nuage. Non, tu restais fier de tes acquis ninjas. Néanmoins, ce moment ne te semblait guère plus réel qu'une souris rose à neuf pattes. Mais qu'importe, l’illusionniste t'avait réellement embrassé.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je t'aurais bien proposé d'autres éclaircies mais ... Je ... Ne sais pas si c'est déplacé ... En fait, merci de m'avoir dit Barai. Là, maintenant, je suis même capable de l'oublier en fait. Car, je ... Oui ... Si ... J'imagine bien ... Le foutoir que ça doit être ! Puis t'en fait pas, j'ai jamais attendu une certitude de cent pour cent avant d'y aller. Oh ... Puis c'est tellement con ce que je dis là ... »

Tu grimaces de ta bêtise, dans une mimique bien amusante, en dépit de la présente situation. Tu ébouriffes tes cheveux, tentant naïvement de dégager un peu de sens à tout ça et de réordonner le sacré bazar résidant dans ta tête. Un coup elle est vide, un coup la tempête se déchaîne. Tu soupires, dégageant un peu de crainte, bien trop peu par rapport à ce que ton corps en est gorgé.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je ... Je veux parcourir ce chemin à tes côtés, Kyoku. Je ne suis pas le meilleur des shinobis, ni le meilleur des hommes et ... J'ai tendance à croire, chaque jour, que je ne mérite pas ce que le destin m'a offert. Il m'a offert un avenir, tu sais. Et tu en es sa plus belle incarnation. Malgré tout ça, je ne suis pas un sot et je ne peux que tendre la main, reconnaissant, et saisir ce présent. »


Tu lui souris, étrangement serein. Le chaos de ton âme s'estompe lentement, tu vois clair à présent. Peut-être es-tu dans l'erreur. Mais ce qui est sûr, c'est ta sincérité. Tu ne cherches pas à la séduire. Tu es convaincu de ce que tu vas dire.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « J'ai entendu tes retenues, Kyoku. Mais, je vais me fier à l'un des derniers enseignements de mon père. "Gamin, ne me demande pas te t'expliquer ce qu'est l'amour. Mais crois moi, l'amour ne peut se comprendre qu'une seule fois." Je devais avoir sept ans, et je ne comprenais pas. D'ailleurs, je crois que je n'ai compris le sens de cette phrase qu'en t'embrassant, Kyoku. »


C'est étrange. Très étrange, le monde s'éclaire, tu te sens léger. Tu sais. Oui, tu sais. Cette fois, ce n'est plus de l'arrogance mais de la confiance bien placée. Une quiétude envahit ton corps, douce nostalgie. Depuis combien de temps, ne t'étais-tu pas sentit ... "à ta place" ? Tu souris, et sans hésiter, tu relèves à nouveau son menton et te baisser pour venir saisir ses lèvres.

Cette fois, c'est à toi de chercher son contact, ton pouce gauche caresse doucement sa joue et la commissure de ses lèvres alors que ta main droite parcourent sa noire chevelure. Cette passion qui te transcende ne cherche pas à aller plus loin, sûrement car tu n'en connais guère le plaisir. Mais toujours est-il que toute ton ardeur est dispensé à l'instant présent. Pour l'instant, cette échange paisible te parait être le discours le plus approprié. Cette fois-ci, elle n'a pas à rechercher de soutien, toute adossée à l'encadrement de la porte qu'elle est.

Hélas, ce bal amoureux, tu dois le cesser. Soucieux qu'elle regagne son souffle, d'une part. Et conscient qu'il te faudrait lui expliquer ton "illumination" lors de votre premier baiser. Tu lui souris, et ce n'est pas la confiance qu'elle peut voir, mais une timidité naturelle.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « J'ai compris que mon corps était incapable de tenir en son sein plus de tension qu'aujourd'hui. Alors oui, c'est peut-être utopique, niais et crétin, mais j'accepte tout ça. Car je sais que c'est toi. Et rien que toi. Je ne cherche pas à te convaincre de la réciprocité de mes propos. Si je suis sincère avec toi, je ne peux te faire dire ce dont tu doutes encore. Mais oui, si je suis une belle zone d'ombre, mon amour pour toi est vrai et entier. »


Naturellement, un millier de boutades te venait en tête. Mais aucune d'elle n'avait leur place ici. Tu n'avais pas besoin de te masquer à ses côtés. Tu étais honnête et lisible pour elle. Pour la première fois de ta vie, tu t'étais ouvert sur le jour où ta vie avait sombré et tu te sentais prêt à lui en dire davantage si le goût lui en disait. Peut-être ne serait-ce pas le cas, ta vie n'était guère des plus joyeuse. Mais au fond, qui en ce bas monde, pouvait s'en vanter ? Tu ne t'étais jamais senti injustement traité par le destin. Et aujourd'hui, il te remerciait de ta clémence.

La passion embrasse ton être et ta couardise t'offre la retenue nécessaire pour ne pas l'enlacer et la plaquer doucement au mur. Car plus ça va, plus cette tension craintive grimpe et plus ta passion gronde. Ton ventre subit mille remous. C'est adorablement douloureux. La dualité des sensations est une réalité grimpante. À présent, une longue goutte de sang perle de sa lèvre et coule jusqu'à ton menton. Tu te mords afin d'éviter de lui dire ces trois mots que tu pourrais regretter si elle venait à te dire simplement "non".

Tu aurais aimé l'embrasser encore et encore, mais là, tu savais que ça serait "trop". Tu ne devais l'étouffer de cette joute nouvellement découverte et au combien intéressante. Tu souris comme un gamin recevant ses cadeaux de fin d'année.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Tu ne devrais pas rester plus longtemps à l'extérieur, tu risques d'attraper froid. »


Tu aurais pu t'inviter chez elle, franchir le pas de sa porte, mais tu préfères lui laisser une possibilité de retraite. Aussi vrai qu'en deux ans, elle a appris à comprendre le moindre de tes silences, ce qu'il se cachait derrière tes boutades, de ton côté, tu l'avais pas mal cernée aussi. Tu savais que Kyoku pouvait réfléchir plus longtemps à un plan que son exécution concrète. Et tu savais qu'elle aimerait se poser sur la "claque" que tu venais de lui mettre.

Néanmoins, tu savais que ta présence, lui faisait du bien. Non pas que tu l'aies jamais imaginé amoureuse de toi, mais votre complicité, quant à elle, n'était pas à prouver. Et si tu ne fonctionnais pas comme ces traitements alcooliques, dont tu n'avais même pas idée de leur "vertu" chez ta coéquipière, tu restais une source chaleureuse pour elle. N'était-ce pas là une douce ironie ? Ta froideur reconnue de tous se transformait en chaleur au contact de ta sensei. Première ironie. La seconde était bien plus "temporelle", "actuelle". Oui, tu étais le centre de ces pensées anarchiques et présence apaisante pourrait bien s'avérer de la meilleur facture comme du pire poison. Pourtant, c'était à elle de choisir, car quoique tu veuilles, tu ne pouvais aller de l'avant, cette fois.

Cette dernière phrase n'avait pas été dite sous la forme polie d'un départ imminent. Non et la preuve en était que tu accompagnes tes mots d'un geste chaleureux et affectif, sinon protecteur : tu revenais doucement lui frictionner l'épaule. Mais cette fois, tu n'étais ni en quête de refuge, ni d'amour.

Quiconque vous aurait observé depuis le début de cette danse ne pourrait en comprendre la logique. Tant action pour action, propos pour propos étaient contradictoires. Mais n'était-ce pas l'un des fondements de l'amour ? Ce mélange de sensations contraires ?

©Naruto Sensou
Revenir en haut Aller en bas
Kyoku Yamaneko
Chuunin d'Iwa
 Chuunin d'Iwa
Kyoku Yamaneko


Messages : 276
Date d'inscription : 24/11/2012
Age : 28
Localisation : Regarde à côté de toi

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue600/600Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (600/600)
Rang: C
Ryos: 108

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyDim 24 Mar - 9:39




Tout simplement






Que de bredouilles, que de bredouilles. De toute sa vie, Kyoku n'avait perçu autant d'incertitude, de précipitation et de pensées mal cousues dans la voix d'un même individu. C'était simple, plus aucune phrase tentant de sortir de la bouche de son interlocuteur n'avait de sens. Plus aucune ! Elles s'enchainaient les unes aux autres sans connaitre leur exacte destination, ni même sans savoir si leurs attaches étaient suffisamment solides pour tenir jusqu'à la fin de leur parcours. Ainsi, chaque mot supplémentaire prononcé semblait plus maladroit que le précédent et le rouge brillait d'un cynisme prononcé sur son visage. Un malaise d'un côté attachant, d'un autre troublant. Il dénuait le shinobi de toutes ses allures d'autorité et Kyoku ne pouvait que s'étonner de cette facette un peu moins assurée du jeune homme, qu'elle avait eu tant et déjà le temps de connaitre.

Ce baiser qu'elle lui avait donné semblait l'avoir complètement déboussolé, dans ses yeux une lueur de déraison tannant toute la lumière de cette passion qui le consumait, aussi lui parut-il victime de l'un de ses jeux d'illusion. Un jeu auquel la kunoichi ne se serait jamais adonnée avec lui en vérité. Elle ne l'avait jamais réservé qu'à ses ennemis et Barai ne s'était jamais opposé à elle d'une quelque façon. Bien entendu, il l'avait parfois contredite, surtout au tout début. Il avait essayé de lutter contre le soutien qu'elle tendait à lui procurer à l'époque. Certes. Mais pas une fois depuis il ne lui avait tenu un propos qui avait pour intention de la blesser. Pas une fois il ne lui avait occasionné un mal physique, bien que le contact glacé de l'eau qu'il avait un jour déversée sur son dos, alors que la brûlure y éclatait encore de toute son étendue, la tendait encore durant la nuit. Un souvenir qui se voulait à chaque fois innocent mais qui crispait un peu plus sa mâchoire à chacune de ses visites, autant lors de ses rêves ou cauchemars, autant au premier contact de l'eau quand il lui fallait se décrasser des épreuves de la journée. Un mal que Kyoku gardait dans son intimité, bien qu'il se faisait vérité à quiconque posait les yeux sur les hauteurs de ses bras, sur l'articulation de ses coudes et de ses genoux, ou encore d'une manière plus flagrante sur son dos, toujours découvert, toujours à la merci de la moindre matière qui pourrait l'écorcher et lui soutirer une grimace douloureuse.

Barai n'avait jamais eu pour intention de lui soutirer ce genre de mimique. Pas une mauvaise intention de toute sa vie il n'avait tenue à son égard. Pas une seule, et pourtant l'adolescente serait en train de retourner les maléfices de son art contre lui et de le baigner dans d'autant de confusion que celui qui osait la provoquer et ainsi se perdre dans les vastes méandres de ses Genjutsu les plus déroutant. Une inconscience de sa part, innocente elle aussi en apparence, mais qui avait pourtant coupé le souffle du jeune homme durant un bref instant, qui le menait à cet enchainement de mots et de justifications, inutiles dans le fond à la bonne tenue de leurs consciences à tous deux, mais qui pourtant se poursuivait, comme poussé par un besoin inexplicable de nettoyer toutes les petites tâches sombres qui mettaient en doute l'existence des évènements venant de se dérouler. Un besoin, encore, qui ne s'affirmait ordinairement que lorsqu'un individu était pris au piège dans une illusion si bien ficelée qu'elle s'accordait quasiment en tout point à la réalité, et seuls les spécialistes dans le domaine savaient expliquer la différence entre les deux. L'individu lui ne pouvait que chercher, comme celui qui lui faisait face et qui démontrait toute sa perte de notions par cet énième débroussaillage qu'il exécutait d'une main dans ses cheveux. Une comparaison si évidente qu'elle offrit un nouveau point d'exploration à la kunoichi, toujours en quête des origines de son art. Une comparaison si évidente qu'elle l'incita à croire que la crainte émotionnelle se lierait jusqu'à ses passages les plus aigus aux effets étourdissants procurés par l'illusion la plus parfaite.

Toutefois, bien qu'une pointe de culpabilité lui pesât un peu, Kyoku ne pouvait s'empêcher de s'amuser de la "bêtise" dont faisait à l'instant preuve le genin, dans ses paroles et dans ses gestes. Cette brève mais semblant interminable tirée de mots qui concluait la première vraie expérience humaine de Barai, elle ne pouvait que faire naitre un peu d'amusement au bord de ses lèvres, et ce pour les exactes raisons qui furent précédemment énoncées ; un garçon d'apparence si sûr de lui qui se plongeait soudain dans une mer de tirades, sans fond ni but, cela ne pouvait qu'en devenir risible. Mais risible dans le bon sens. L'Iwajin ne se serait jamais permise de se moquer de quiconque, et c'était bien parce que sa situation semblait également lui soutirer un sourire qu'elle s'autorisait à en esquisser un plus sincère à son tour. Un sourire un peu gauche dans le contexte, soit. Il était preuve que la kunoichi se détachait un peu de toutes ses réflexions hasardeuses pour se consacrer aux faits présents. Entre autres, ce baiser qu'elle s'était douté, depuis la seconde-même de sa naissance, être le premier de son élève - terme dont elle le délivrerait difficilement après réflexion -, d'où la mention à la première vraie expérience humaine. Un échange de chaleur critiqué de désuet, mais qui pourtant était à la naissance de toute passion, disait-on par les paroles l'amour nait d'un regard et grandit dans un baiser. Des paroles dont le souvenir ne lui revenait pas souvent, mais qui aujourd'hui lui étirait ce sourire à fleur de l'épanouissement.

Finalement, la crainte qui déchirait le corps du jeune homme parut doucement disparaitre quand celui-ci prononça un dernier soupir. Bien entendu, elle ne s'apaisa pas simplement par le biais de ce souffle encore trop évocateur de ses troubles, mais aussi au fil de son prochain discours. Court mais assez clair pour que Kyoku puisse à la fois l'écouter sans avoir à rechercher un quelque second sens et qu'elle puisse reconnaitre sous ses caractéristiques les plus marquantes le garçon qu'elle avait toujours connu. En quelque point pessimiste, dégradant envers sa personne, alors que nullement ses paroles ne détenaient un ton de justesse aux oreilles de la jeune fille, qui hésitait entre le reprendre comme elle n'avait jamais eu le courage de le faire et acquiescer, tout simplement. Deux avis bien partagés sur de mêmes affirmations.

Barai disait entre autres ne pas être le meilleur des shinobis et moins encore le meilleur des hommes. Le voir se porter une si moindre considération à son propre égard la décourageait à un point où la kunoichi n'avait plus la force d'exprimer son exaspération envers sa personne. Il pouvait avoir une grande estime pour lui, quoi qu'il en dise ! Kyoku l'avait vu fournir tant d'efforts, durant ses dernières années d'entrainement, qu'elle s'était culpabilisée à maintes reprises de n'avoir eu besoin de fournir tant d'énergie dans son propre apprentissage de l'art ninja. Il avait également de quoi se rendre fier de l'individu qu'il était devenu. S'il était un peu sarcastique et méfiant envers autrui, il n'en était pas pour autant devenu renfermé sur lui-même et l'adolescente touchait à l'admiration quand elle se souvenait de la haine qu'il vouait incontestablement envers la communauté des shinobis.

Cependant, malgré les efforts, malgré le courage fournis par son protégé, l'Iwajin ne pouvait pas encore se permettre de le laisser battre de ses propres ailes sans garder un œil attentif sur lui. Elle le voyait encore un peu trop fragile, peut-être parce qu'elle avait toujours cette image de lui en détresse encrée au fond d'elle. Une image qui l'empêchait de totalement réfuter ses propos, parce qu'elle l'empêchait de se soustraire de ce besoin impulsif, presque maternel, de devoir constamment le protéger.

Alors oui, peut-être n'était-il pas le meilleur des shinobis, peut-être n'était-il pas le meilleur des hommes. Probablement ne se sentait-il pas assez méritant envers le monde qui lui avait offert ce présent qu'hier il reniait encore, et qu'il avait encore besoin de prouver sa reconnaissance - tous en leur fors-intérieur ils en éprouvaient le sentiment après tout. Mais qu'il ne se dénigre surtout pas dans ces mots, et encore moins vis-à-vis d'elle. Kyoku avait commis plus d'erreurs qu'on ne pourrait lui en pardonner et quand elle voyait ce jeune homme, qui s'était toujours accroché à des principes respectables, surtout en vue de ce passé qui l'avait jusque-là incombé, se vouer si peu d'estime que cela en devenait presque inhumain, sûr qu'elle mourait d'envie de lui infliger cette claque qu'elle lui avait tant et déjà promise. Maintenant plus que jamais, cette envie lui démangeait la main, surtout que ce compliment, dont il lui faisait part et qui ne s'avérait pas le premier, elle ne s'en sentait pas méritante. La plus belle incarnation de l'avenir qui lui avait été offert, ce n'était certainement pas elle; la plus belle représentation de son prochain avenir se modelait plus sous la forme de cette main que le représentant du village lui avait tendue. La sienne n'avait été qu'accessoire, qu'une simple rampe de passage, et aujourd'hui il n'en avait plus autant besoin qu'avant, sinon plus du tout, idée à laquelle la chuunin devait se faire et contre laquelle toutefois elle se battait inconsciemment.

Mais si vraiment l'agacement frappait au plus profond de son âme, Kyoku ne fit rien pour le retranscrire. Rassurée sous un certain angle d'apprendre qu'enfin son protégé daigne saisir cette perspective d'avenir qu'elle avait eu toute la peine du monde à lui insérer dans la main à l'époque. Elle était rassurée, mais aussi ravie. Peut-être parce qu'une minuscule crainte venait de s'évanouir en même temps que sa voix, celle d'un jour le voir partir.

Cette crainte l'agressait depuis le début. Le tout début. Depuis le jour où la kunoichi l'avait conduit à l'hôpital d'Iwa pour tout dire. Elle ne s'était jamais apaisée. D'aucune façon, enflammée et déterminée, parce qu'il ne lui avait jamais promis de rester, il ne lui avait jamais certifié que, oui, il resterait ici, en ces enceintes, à ses côtés, ou tout du moins là où elle pourrait l'apercevoir. Aussi, l'entendre dire qu'enfin il tendait la main pour recevoir ce présent, un présent qu'il n'accepterait jamais de son point de vue, l'apaisa, l'apaisa comme rien d'autre auparavant ne l'avait apaisée. Kyoku était rassurée. Il n'y avait d'autres mots pour définir son état.

Barai également paraissait plus serein, plus ordonné dans ses idées, et l'atmosphère était plus douce que jamais, sous les coups virulents de la pluie et dans les bras de la bise qui faisait naitre d'imperceptibles frissons sur ses bras dénudés. La tension avait laissé place à un air souple qui l'amenait à détendre le dos contre l'encadrement de la porte d'entrée, à détendre tous ses muscles crispés à cause de la quelque angoisse. Ses mains avaient cessé de trembler. L'illusionniste respirait à nouveau et une tranche de lumière fendait le couvercle du porche : simple vision. Son escapade visuelle ne dura cependant que quelques secondes, juste le temps de prendre une grande inspiration et de l'expirer aussitôt. De respirer une fois, avant de se replonger dans la douce fraicheur de la réalité.

Les paumes allongées sur le bois sombre contre lequel son corps prenait appui, Kyoku observa les dernières déclarations de son élève sans avoir le temps de poser un avis. Sa tête se pencha légèrement d'un côté puis de l'autre alors que la citation qu'il énonçait titillait sa curiosité. L'amour ne se comprend qu'une seule fois. Une conclusion en tout point énigmatique pour la kunoichi , mais qu'elle ne prit toutefois pas le temps d'approfondir. Elle se contenta de croire sur paroles le jeune homme, et fut-ce d'ailleurs parce que l'Iwajin pressentait venir son initiative qu'elle enterra aussitôt son idée de creuser la question. Elle avait ressenti ce geste jusqu'au plus profond de ses entrailles. Un instinct, un désir évident d'y répondre, quand d'une approche assurée il s'appropria son menton en même temps que ses lèvres. Elle avait fermé les yeux et ne s'était posée plus de questions.

Peut-être était-ce parce qu'elle n'était plus en déséquilibre que cet échange se révéla plus plaisant que le premier contact qu'elle avait entrepris. Peut-être était-ce parce que sa tête était moins encombrée, que l'angoisse n'agressait plus ses tempes et que les chaines qui retenaient son cœur s'étaient assouplies. Peut-être n'était-ce qu'une question d'assurance de sa part, ou encore de la sienne. Peut-être une question d'aise. Qui saurait le dire, sinon Dieu ? Et Dieu, à ses yeux, n'existait que dans l'imagination.

Tant de passion, de chaleur pour quelques effleurements de lèvres, de peau, c'était insensé. Kyoku avait embrassé plus d'un homme dans sa vie, de façons très différentes et variées, allant du simple baiser, timide et volatile, au baiser fougueux qui manquait de lui dérober le peu d'oxygène qu'elle conservait dans ses poumons. Quelques dizaines d'échanges avec quelques étrangers et d'autres amis pour lequel cela n'était qu'une partie de rigolade. Longs, brefs, passionnés, légers. Du haut de ses dix-huit années, l'adolescente pensait avoir exploré toutes les facettes de ce contact aussi simple que précieux, en avoir retiré toutes les sensations possibles, mais elle s'était fichu le doigt dans l'œil. Encore. Car bien qu'elle ait connu plus périlleux comme contact, plus sensible, celui-ci n'en demeurait pas moins particulier, et était-ce justement cette petite particularité qui le distinguait de tous les autres. Un petit rien qu'il ne fallait pas chercher à comprendre. Trop complexe à décoder. Dont il fallait seulement profiter de la présence. Le temps qu'il durait, qu'il offrait de ses souvenirs et de ses bienfaits.

Il y avait aussi quelque chose de beau dans ce moment. Quelque chose de sensible, de fragile. Quelque chose qu'ils ne voyaient pas, qu'ils n'entendaient, et pourtant qui existait. Quelque part, en leur corps et en leur âme, il y subsistait cette chose, cette chose inexplicable et qui n'avait jamais eu lieu d'être par le passé. Un rien qui naissait de par de petites attentions, une caresse sillonnant les différentes courbes de sa joue jusqu'à la proximité de sa bouche, un contact chaud offert par sa peau contre son visage, de petites attentions. Le parfum de l'eau salée mélangé au parfum charnel. Des pigments rouges piquant l'extrémité de ses lèvres. Un tout composé de quelques riens. Quelques sensations, ce qui faisait que ce moment était beau. Tout simplement.

Ce fut étonnamment avec une pointe de désolation suspendue au cœur que Kyoku sentit les lèvres de son protégé la quitter. Une présence soudaine pour un manque tout aussi subit. Une drôle de sensation à laquelle elle n'était pas étrangère mais qui lui rapportait toujours les mêmes substances étranges au creux de la poitrine, les mêmes cascades de frissons et le même bleu, le même bleu que celui de ses yeux. Un bleu clair, limpide, reposant. Peut-être n'y avait-il pas que l'alcool au final qui l'aidait à la défaire de tous ses mœurs…

Peu importe l'avis préconçu sur la timidité, le sourire et toutes les idées niaises qui pourraient s'y rattacher. Peu importe, tant que cette timidité, ce sourire et l'ensemble de ces niaiseries s'accordaient avec la sincérité de ce qu'il ressentait et qui concevait son bonheur. Car ce qui faisait le bonheur de son élève établissait forcément le sien, d'une manière ou d'une autre. Il en avait toujours été ainsi, pour une raison du ressort de Dieu et donc de la déraison. Devaient-ils de ce fait accepter que certains détails de la vie ne s'expliquent pas et qu'ils devaient se contenter de les apprécier. Un point d'accord auquel ne participait pas l'avis de la jeune illusionniste, mais soit. Personne ne le lui avait demandé, dans un premier temps, et dans un second personne ne viendrait la punir si jamais elle se décidait à réfléchir sur la question. Car si celle-ci relevait réellement de l'ordre de la déraison, dans son implacable exploration de l'univers illogique Kyoku sûrement finirait-elle par aboutir sur une réponse un tant soit peu satisfaisante. Mais voilà qu'elle se perdait encore en cours de route.

Dans ses nouvelles trainées de mots, Barai lui expliqua également que si pour elle il représentait une conséquente tâche d'ombre, les sentiments que lui éprouvait à son égard étaient aussi vrais qu'entiers. Une vérité qui soutira un sourire sarcastique à la kunoichi, elle pencha à nouveau la tête de côté. L'esquisse de ses yeux, quant à elle, se déployait et les prunelles mi-grises mi-bleues basculaient d'un côté, faussement agacées.

"Je n'ai jamais mis cette parole en doute. A croire que mon silence est preuve de reproches…"

Elle souriait, et son regard aussi. Si Kyoku mettait bel et bien entre guillemets les éventuels sentiments qui la travaillaient, elle n'avait pas pour autant une fois pensé à vérifier l'authenticité des déclarations de Barai. Elle les savait sincères, sincères même entre deux ou trois tentatives d'humour. Après tout, quel intérêt retirerait-il de lui mentir ? Que cela lui rapporterait-il de la démunir de l'appellation à laquelle il liait son prénom depuis si longtemps, juste pour le plaisir de voir le seul lien évident existant entre eux se dégrader ? Quel intérêt et quelle logique irait-on chercher pour expliquer cela ?

Egarant un instant son attention vers l'extérieur, cette zone pluvieuse et grise qu'ils touchaient à peine par souvenirs, l'adolescente finit par réaliser la régression d'énergie avec laquelle se déversait le rideau d'eau sur leur terre. Bientôt, il n'en serait probablement plus rien. Dans les prochaines minutes, comme dans la prochaine heure. Personne ne saurait le dire et l'ignorance ne fut pas aussi lourd fardeau qu'il y paraitrait. Ses pensées se dévouaient déjà à d'autres préoccupations que celle-ci…

Bien vite, cependant, le côté protecteur de son élève, aussi défini d'harassant par la jeune illusionniste, l'extirpa de ses songes. Elle avait toujours pensé que celui ou celle, dans leur tandem, qui devrait veiller sur l'un ou l'autre était forcément elle. Ce devoir lui revenait, de par son expérience en premier, de par sa fierté en second. S'il l'avait acceptée en tant que sensei, ce n'était pas pour du jour au lendemain inverser les rôles. Et bien que cette intention l'ait profondément touchée au début, à la longue la kunoichi en venait à rouler des yeux et à maintes fois le reprendre pour finalement décider de se taire. Son inquiétude un peu trop prenante avait fini par la laisser sans argument et le constater l'avait rendue complètement aphone. La fierté masculine de son protégé n'avait aucun droit de s'imposer quand il s'agissait de sa sécurité, pas tant qu'il n'aurait pas fait ses preuves et qu'il ne lui aurait pas démontré qu'il n'avait plus besoin de son soutien dans quelque situation que cela soit. C'était sa condition et il était peut-être temps qu'elle la lui exprime, malheureusement Kyoku savait qu'à cette heure elle serait malvenue et qu'elle n'aurait fait qu'enlever tout le charme et toute la beauté de l'instant.

Toutefois, loin d'elle l'idée de rester silencieuse alors qu'il tentait de l'épargner du froid. Si la kunoichi n'avait rien contre le fait qu'il se montre un tant soit peu soucieux pour sa santé, elle n'allait pas non plus lui laisser cette image de faiblesse de sa personne. Question de fierté. La chuunin était loin d'être une simple chose fragile sensible à tous les petits caprices du vent et elle comptait bien le lui prouver.

"Je suis loin d'être fragile, tu sais. Je n'ai peut-être pas une santé en plomb, mais elle n'est pas non plus en papier humide. Je ne risque pas de me déchirer à cause d'un petit froid…"

Et comme pour répondre à sa propre affirmation, Kyoku haussa imperceptiblement les épaules, pour aussitôt les rabaisser une fois la réaction de son interlocuteur analysée. Alors un regard malin se substitua au faussement agacé et d'un mouvement des plus subtils la kunoichi se glissa hors de l'emprise de son coéquipier. D'une souplesse qui résultait de plus de trois ans de gymnastique et de quelques autres années d'initiation au Taijutsu. Souplesse qui lui valait parfois quelques regards curieux aussi, car malgré les formes taillées sur ses bras et sur ses jambes à force d'entrainement, peu étaient ceux qui se doutaient de ses quelques prouesse passées en gymnastique. Elles remontaient déjà à loin cela étant dit. De l'époque de son enfance précisément. Epoque lointaine mais dont son corps se souvenait vraisemblablement très bien, à son plus grand bonheur.

Aussitôt l'illusionniste s'eut soustraite au geste d'affection, aussitôt s'introduisit-elle dans le corridor de la maison à la porte grande ouverte depuis le début de leur conversation. Petit corridor où ne tenaient le long d'un mur que deux paires de chaussures et un panier en osier dont Kyoku avait toujours méconnu l'utilité. Parfois le chat se cachait à l'intérieur et le renversait par la suite dans sa soudaine claustrophobie. Non décidément, elle n'en avait jamais décelé l'utilité, et peut-être demanderait-elle enfin à Doku, à son retour, à quoi il pouvait bien lui servir. Pour l'heure, la chuunin dut se résoudre à en éloigner le regard, enfilant ses chaussures aussi vite que lorsqu'elle se rendait compte de son imminent retard pour un entrainement ou encore pour rejoindre des équipiers qu'elles ne connaissaient pas à un point de rendez-vous donné. Dans sa précipitation, elle s'empara de l'objet dont elle pensait avoir l'utilité en début de journée mais qu'à cause d'un tas de raisons elle avait abandonné dans cette entrée, puis seulement se saisit de la poignée de la porte par l'extérieur. Elle claqua la porte avec autant de douceur que le lui permit le vent et s'en retourna à l'attention de Barai à laquelle elle sourit le plus naïvement du monde. Elle sourit pour tromper l'embarras qui investissait ses joues.

"Je sais que tu ne veux pas que j'attrape froid et je sais aussi que mon état de santé vous préoccupe, toi et Akamatsu, depuis mon hospitalisation." déclara la kunoichi, dans le timbre de sa voix une maline hésitation, alors qu'elle retenait sa main de venir essuyer l'angoisse imaginaire qui se frottait à sa nuque. "Je peux comprendre votre inquiétude. Mais… je ne suis pas aussi vulnérable que vous paraissez le penser. Et quelle que soit ton affection pour moi, quels que soient tes tracas, j'apprécierais vraiment que tu voies autre chose que mes brûlures, ou n'importe laquelle de mes cicatrices, quand tu me regardes."

Elle avait déjà un précepteur et un médecin pour se soucier de son état de santé, Kyoku ne voulait donc avoir davantage de personnes autour d'elle lui rappelant sa récente fragilité. Les voir s'inquiéter la blessait plus encore que ses blessures de combat, il n'y avait pas plus simple raison. Alors même si cette fois il ne s'agissait de ses cicatrices, rien que de voir qu'il se souciait de sa santé en général, vis-à-vis du temps, de ce froid mordant qui soufflait et soufflait sur leur village, l'agressait plus violemment encore dans son ventre que n'importe quelle atteinte physique. Elle était loin d'être fragile, elle avait bravé des intempéries beaucoup plus violents dans sa vie, et cela son élève semblait l'ignorer.

Néanmoins, la chuunin ne lui en tint pas longtemps rigueur et s'avança à la frontière du dehors. Le vent sifflait dans ses oreilles et l'averse dansait à son rythme tantôt cadencé, tantôt vague et irrégulier. Ses poumons aspiraient l'air empli d'humidité. Elle inspira même trop profondément et étouffa une toux qui parvint néanmoins à déstabiliser la stature de ses épaules. Posant une main sur son cœur pour en vérifier la fréquence, l'Iwajin adressa une mine un tantinet idiote à celui à sa proximité.

"Je ne vais pas t'aider à te concevoir une bonne image de moi si je continue à réitérer de telles bêtises."

Cette fois sa main n'eut aucun obstacle dans son intention de venir frotter sa nuque. Une veine y pulsait avec une fréquence aussi inquiétante qu'attendue. Son sourire se coinça d'un côté et ses yeux rasaient le sol. Une gêne en même temps qu'une timidité en évidence. Sa voix tentait désespérément de se faire entendre de sous leur voile imposant.

"Tu m'as dit en arrivant que tu rêvais d'une vraie ballade romantique à mes côtés. A Take. Lors de notre dernière mission, je t'ai dit que j'acceptais volontiers l'offre." Un sourire. "Sur le ton de l'humour bien évidemment mais… j'ai envie de croire que c'était sincère. Juste… pour voir… ?"

A ses mots, Kyoku pressa le mécanisme qu'elle effleurait du pouce depuis quelques minutes déjà, déployant ainsi la toile du parapluie qu'un jour Doku lui avait ramené en souvenir d'une grosse pluie, qui avait tant imbibé ses vêtements qu'elle ressemblait à une éponge toute humide. La kunoichi n'en avait jamais vu l'utilité, tout comme pour le panier en osier, auparavant. Elle ne sortait jamais en temps de pluie, et quand elle le faisait c'était uniquement pour le besoin d'une mission durant laquelle l'objet l'encombrerait. Toutefois, elle l'avait conservé en perspective de ce jour, un jour où il lui servirait enfin, et non plus pour remplir le corridor vide.

"Nous n'en aurons pas besoin très longtemps, l'averse commence à se calmer. Toutefois, ce ne serait vraiment pas malin de s'aventurer sans protection sous la pluie alors que tu es déjà trempé. En fait… celui qui risque le plus de tomber malade entre nous deux, c'est plutôt toi." rit l'adolescente, qui osa enfin élever un regard en direction du concerné.

Kyoku n'avait pas révélé très clairement ses intentions, mais le sous-entendu avait le mérite d'être évident. Dévoilant ainsi la couleur blanche de son parapluie au ciel, elle engagea les premiers pas vers l'extérieur, l'attention tendue en direction de la sienne, une main se tendit en sa direction après une frêle hésitation. Elle était décidée à essayer. A tendre la main autrement, à se convenir à une nouvelle relation à ses côtés. Elle était vraiment décidée à essayer.

Certes, la jeune fille n'était pas certaine de ses sentiments, elle méconnaissait la destination de toute cette histoire qui, sans douceur, l'avait entrainée dans ses bras. Son mental n'en avait pas été épargné durant les dernières minutes, mais à présent elle se sentait sereine, calme et rassurée. Néanmoins, longuement encore, Kyoku en était intimement persuadée, elle se torturerait les méninges. Parce que la journée grise drainait tout son effet d'authenticité au monde et qu'elle avait besoin d'une éclaircie pour se rassurer. Juste pour voir. Juste pour voir si ça pouvait fonctionner. Si ça pouvait tenir. Que cette main tendue n'était pas le fruit d'un jeu d'illusion et que sa prise était bien réelle. Authentique. Qu'elle avait un sens. Tout simplement.

"Quoi que tu penses, c'est à moi de penser à toi en premier. Et non le contraire, Barai."



©Naruto Sensou


Revenir en haut Aller en bas
Ringo Ameyuri
Réincarné
Réincarné
Ringo Ameyuri


Messages : 58
Date d'inscription : 19/01/2013

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue0/1350Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (0/1350)
Rang: A
Ryos: 255

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyDim 24 Mar - 13:51



Ballade sous la pluie.



Tu tordis faiblement ton nez, dans une comique mimique, celle du gamin légèrement réprimandé. Sur le moment, tu n'avais pas l'impression de te justifier, mais après une analyse rapide de tes propres propos, elle avait raison. Tu te sentais un peu bête, mais rapidement, son attitude te rassura. Car actuellement, la confiance était rétablie, mais un coup de vent un peu trop pressant aurait suffit à la souffler.

D'un côté, tu savais que tu avais choisi la douce attention à une attitude bien plus violente. Tu avais eu une furieuse envie de la châtier. De graver sa chair davantage de caprice encore ! Oui, tu avais eu envie, dans la fureur, de lui montrer ta désapprobation. Mais finalement, c'était une finesse que tu avais choisi d'employer, tant tu avais été marqué par la mosaïque de chair formée ci et là sur son corps. Tu avais redoubler d'efforts, pour surpasser ton si faible niveau de compétence.

Lorsqu'elle partit sur cette note digne des piquantes reproches, tu t'adossas contre le mur de son entrée, en regardant le temps pluvieux lentement agoniser. Elle ressortit et te demanda de ne plus autant te préoccuper d'elle. Tu te mordis la langue doucement. C'était ta coéquipière ! Ta sensei ! Et celle que tu aimais de surcroît, comment faire pour ignorer ces blessures. Mais pour une fois, c'était elle l'idiote. Ne voyais-tu que cela ?

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Baka. Je ne vois pas que ça en toi, cela me parait évident. »

Tu la regardas alors que son regard était fuyant. Tu compris enfin ! Et une boule se forma dans ton ventre. Tu pouvais la comprendre, c'était tellement clair, tellement évident. Comment avais-tu pu être aussi aveugle ? Ce n'était pas vos attentions qui la débectait, c'était sa fierté qui était à fleur de peau et qui, d'une certaine façon, était sans cesse violer par vos changements d'attitude, à la suite de ces terribles blessures.

Tu effleuras doucement sa joue et embrasse son front, d'une douceur et d'un mutisme prolongé. Tu avances doucement dans la pluie et écarte les bras, en riant doucement.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Je vois bien des choses, Kyoku. Des blessures ? Certes, mais comme je te l'ai dit. Je n'ai pas peur pour toi, tu es trop capricieuse pour que ça t'arrête alors si tu crois que j'essaye de t'épargner, tu te fourres le doigt dans l'oeil, ah ! Je pourrais lourdement insister sur ça, mais cela ne ferait que donner davantage d'importance à ça et ... aujourd'hui, d'autres choses nous préoccupe, non ? »

Dis-tu en souriant. Néanmoins, tu eus une mine mi-moqueuse, mi-amusée de sa toux. Tu ne savais pas si c'était une plaisanterie de sa part, mais tu ne commentas pas. Néanmoins, lorsque tu sentis une once de gêne monter le bord de ses joues, ton coeur s'emballa. Take, décidément, c'était un filon porteur pour votre relation et tu remerciais cette ville d'exister, ça permettait bien des approches à tâtons, sans se découvrir directement. Mais cette fois, c'était elle et rien que pour ça, c'était magnifique.

Oui, tu te sens assez idiot, pas vrai ? C'est finalement de toi qu'elle se préoccupe alors qu'elle vient de balayer d'un revers de main toutes tes inquiétudes à son encontre, elle joue finement ses cartes pour que la situation de protection s'inverse. Et au final, vous revenez sur vos acquis. Cette relation où elle est au-dessus de toi, pour te couvrir de ses bras, de sa douceur, vous la connaissez.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Take. Oui, c'était ... Mon intention première. Mais ... Ce parapluie ... Je ... N'en ai jamais utilisé, on est pas de trop ... Oh. »


Elle te tend sa main. Quelle douce nostalgie. La première fois où elle avait daigner entamer ce geste, tu l'avais fièrement repoussé d'un revers de main. Sauf que cette fois, passé l'émerveillement nostalgique, tu ne tardes guère à l'attraper doucement, ce n'était pas une poigne de main, tu l'as bien compris et, lentement, un à un, vos doigts se croisent. Afin de profiter de l'abris proposé, nul choix que d'être extrêmement proche d'elle, cela te plait et te déstabilise à la fois. Elle veut encore te protéger, tu pivotes rapidement devant elle avant que la marche s'entame, tes yeux brillants, vairons l'attrapent.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Aye. J'ai compris, mais nous sommes dans une valse à présent. Tu présenteras ton dos pour moi s'il le faut, mais l'inverse est vrai. Dansons, Kyoku. Dansons. Oh, c'est mal venu, sûrement, mais je sais où est ma place, tu resteras toujours la chef en mission. »


Dis-tu en déposant un trop rapide baiser sur ses douces lèvres. Ironique expression, tu voyais difficilement comment des lèvres pouvaient en être autrement, mais les siennes, c'était semblable à du velours, le cerveau avait ce quelque chose d'arrangeant quand il se décidait. Et hop, tu pivotes à nouveau pour vous permettre enfin de rejoindre les portes de la ville et "fuir" en direction de Take pour une escapade idyllique.

Heureusement qu'il pleuvait et que vous étiez couvert d'un parapluie, personne ne pouvait vous reconnaître, surtout en tenue "civile". Cela dit, tu n'étais pas honteux de ta relation, mais vous en étiez aux balbutiements et tu préférais que cela reste entre vous, afin de n'avoir pour avis extérieur que le vent. Le chemin était chaotique. Et de nombreuses fois, tu dus quitter le refuge de son corps et du parapluie pour éviter une flaque trop longue, ou un parterre trop boueux. Votre agilité ninja avait ses avantages même ici. Sans pour autant être ne mission, vos pas vous portèrent rapidement vers l'endroit de vos attentions. Un empressement puéril ? Peut-être, mais qu'il était savoureux.

Pas de murailles impressionnantes, pas de portes gardées, juste un portique en bois accueillant, quoique voilement écumé par les intempéries présentement estompées. Les rues, pavées, ne souffraient guère réellement du temps et vous pûtes marcher collés sans honte, surtout qu'ici, nul ne cherchait à vous dévisager.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « C'est ... perturbant. Si je m'étais imaginer la scène, je ne pensais jamais la vivre. »


Tu avais rapidement décidé de faire de ta résidence provisoire ton lieu définitif. En effet, arrivant à Iwa, on t'avait mis dans un taudis "en attente" que tu puisses prétendre à mieux. Mais au final, c'était suffisant. Tellement et tant, que tu avais depuis longtemps acquis ton domicile et que l'argent accumulé au cours des missions ne te servaient qu'à manger et quelques autres charges. Et, de temps à autre, à changer tes vêtements usés au cours de missions. Toujours est-il qu'aujourd'hui, tu avais de quoi vivre pleinement une ballade, un week-end même, romantique ici à Take.

Tu t'arrêtes au milieu d'une rue et tu te retournes pour lui faire face, mine de rien, le parapluie est toujours dressé, évitant de une les quelques caprices et dernières secousses du ciels, mais surtout, les toits désireux de se dégorger de toute cette eau accumulé. Tu la regardes longuement, lui souriant doucement, la contempler ainsi, sans honte, c'est ... stimulant.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Nous connaissons déjà quelques restaurants plutôt coquets. Même si nous ne sommes qu'à quelques dizaines de minutes du village, nous pouvons également chercher de quoi passer quelques jours ici. Nous pourrions ainsi jouir des charmes de la ville détrempée. »

©Naruto Sensou
Revenir en haut Aller en bas
Kyoku Yamaneko
Chuunin d'Iwa
 Chuunin d'Iwa
Kyoku Yamaneko


Messages : 276
Date d'inscription : 24/11/2012
Age : 28
Localisation : Regarde à côté de toi

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue600/600Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (600/600)
Rang: C
Ryos: 108

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyMar 26 Mar - 19:56




Un vent de
renouveau






Jamais par le passé, et ce pour quelque raison, Kyoku avait vu autant rayonner son élève. Il semblait vivre comme il n'avait jamais vécu auparavant, comme s'il venait de se réveiller d'une lourde torpeur et que l'air, enfin, l'emportait dans ses mailles. Une vision si plaisante à laquelle assister quand le temps jouait d'un apaisant contraste entre cette lumière omniprésente dans ses yeux aux couleurs vives et ces teintes mortes qui couvraient de leur mauvais augure les différents environs du village. Une vision apaisante, une atmosphère tranquille, sans nuance d'ombre ou de traits de tension ou d'angoisse. Son cœur s'en nourrissait, il s'en gonflait jusqu'à détendre toutes les chaines qui le ceignaient, il s'épanouissait et son sourire lui engourdissait la mâchoire. Même les petits pics qu'il lui envoyait ne l'atteignaient pas. Trop souples. Inoffensifs. Comme s'il lui lançait des pics en mousse.

Au bout de quelques balbutiements, son interlocuteur finit par comprendre le message que transmettait cette main tendue vers lui. Alors il glissa sa main dans la sienne, ses doigts entre les siens. Une chaleur naissait de son corps, et si elle ne naissait pas à cet instant précis alors elle grandissait, elle se répandait tout le long de son bras et se disséminait à l'intérieur de son corps. Par petits feux, à coup de petites étincelles, et son corps en était tout chamboulé, de cette épidémie invasive de lumière. Une sensation sous forme d'impulsion électrique. Si mesquine et si troublante. Si nouvelle surtout. Une nouveauté qui apportait du bon, et rien que du bon. En omettant bien évidemment cette petite douche d'eau salée qu'il lui offrait en conséquence de leur proximité indéniable et de sa nouvelle exploration du rideau de pluie avant de venir la rejoindre ; sûre que si ce n'était pas le froid qui la rendait malade, ce serait certainement ce jeune homme aimant un peu trop s'exposer aux lourds effets de l'intempérie.

D'ailleurs, l'engouement de ce dernier vis-à-vis de cet effet de valse qu'adoptait leur besoin respectif de protéger l'autre attisait tout autant l'amusement de la kunoichi. Dans le fond, Kyoku se marrait bien du fait de tomber malade, de contracter n'importe quelle grippe. La maladie ne l'effrayait pas plus que l'inconnu qui avait plus le don de l'agacer, seul le tonnerre parvenait à lui soutirer un cri d'angoisse. Et puisque les nuages menaçants étaient aux abonnés absents, alors quelle raison aurait-elle de s'inquiéter ? La vie restait belle, il ne fallait pas se contenter de tout juger en surface. Il fallait creuser, passer les yeux à travers les masses cotonneuses qui plongeaient leur village dans une drôle de léthargie . Creuser encore, déceler un petit point blanc au cœur du paysage, s'y précipiter, y accourir comme le nomade du désert à un point d'eau. Creuser, toujours plus, jusqu'à atteindre le fond. Jusqu'à déceler cette magnifique étincelle qui faisait briller si intensément le regard de celui qui emprisonnait sa main dans la sienne. Il disait savoir où se trouvait sa place et affirmait que lors des missions elle resterait la chef. Kyoku peinait cependant à le croire, sentant une évidence malencontreuse lui piquer les lèvres alors que son équipier y déposait un bref baiser.

"Si seulement ça pouvait être aussi facile…"

A présent que quelque chose de nouveau se façonnait entre eux, et bien autre chose que leur simple complicité d'antan, l'Iwajin possédait de sérieux doutes sur sa capacité à maintenir l'ordre actuel de leur équipe sans y apporter certains bouleversements. Même maigres. Elle pressentait que tout ne serait plus exactement comme avant.

Le simple fait qu'ils scellent ainsi leurs mains était la preuve inéluctable que leurs vies s'engageaient dans un nouveau tournant et qu'ils avaient autant besoin l'un que l'autre de cette liaison pour ne pas s'y perdre. Certainement elle en premier. Elle qui avait tendu la main en sa direction, qui n'avait pas hésité un instant à esquisser ce geste, à exprimer ce besoin évident d'être rassurée. Kyoku serrait sa main parce qu'elle avait besoin de sa sécurité, de cette promesse muette qui lui certifiait que non, elle n'avait pas à avoir peur, qu'il ne l'abandonnerait pas à ce sentiment sauvage qui la rongeait de l'intérieur et qui la rendait aussi vulnérable. Car au fond, la kunoichi se sentait fragile, fragile face à cette nouvelle expérience, celle-ci s'étant peut-être affirmée un peu trop vite. Car au fond, si elle ne disait plus rien, ce n'était pas pour autant qu'à l'intérieur elle ne tremblait plus.

La fierté faisait malheureusement que. Et puis, la chuunin savait comment se rassurer, se convainquant tant bien que mal qu'une petite crainte n'irait pas la démolir morceau par morceau, simplement parce qu'elle était là, qu'elle était verte et que Kyoku ne tolérait pas l'infime désordre qu'elle engendrait dans son esprit. Une petite crainte ne la détruirait pas, elle la rendrait peut-être même plus forte, qui sait. La jeune illusionniste inspira profondément. Son emprise se confirma.

Leur route ne fut pas des plus gaies. A la fois oui, à la fois non. Mis en cause le temps. Ce temps de chien, à ne pas mettre le nez dehors. Il ruinait les différents passages de ville, les rendait boueux, impraticables, ou plutôt si, à condition de savoir sauter et esquiver aux bons moments et de savoir gérer sa patience. Patience que justement l'Iwajin conservait tant bien que mal, quand d'une seconde à une autre le parapluie blanc la tirait d'un côté, poussé par la force du vent. Elle s'accrochait à l'objet comme elle se cramponnait à la main de Barai. En fermant les yeux et en espérant ne pas le lâcher, au risque de le perdre et de n'avoir la malchance de pouvoir le rattraper. Une crainte idiote, mais qui la lançait sans que son opinion soit requise et qu'elle ne pouvait à son plus grand malheur souffler aussi facilement que la rafale qui tentait de lui dérober le peu de chaleur qui lui restait, en même temps que ce parapluie qui s'avérait être leur seule protection contre l'eau tombant du ciel. Une crainte qui la saisissait par surprise, autant que toutes ces flaques d'eau pour lesquelles son compagnon de route lui lâchait la main.

Ce ne fut pas pour autant une traversée pénible à effectuer. Si effectivement les marres d'eau et de boue avaient tendance à la rendre amer, à fondre son visage dans un moule moins souple et d'apparence plus sévère, à côté de ce bien-être qu'apportait la simple chaleur humaine, réconfort à tous les froids, ce détail s'apparentant à la pluie et à ses épreuves semblait bien insignifiant. Quand bien même la tempête dresserait-elle des remparts, aussi hautes et aussi solides soient-elles, pour leur barrer la route et les convaincre de sa supériorité face à eux, Kyoku connaissait leur itinéraire et ce ne serait pas quelques murs qui l'embarrasseraient; elle passerait même au travers si jamais le parapluie venait à s'envoler par mégarde. Elle ne craignait pas plus la pluie que le froid après tout, et ce ne serait certainement pas eux qui feraient obstacle à son obstination pour le moins méconnue au sein du village d'Iwa.

Yamaneko Kyoku c'était cette fille qui courait pour une raison inconnue autour du village en compagnie d'un lion deux fois centenaire, qui quand la situation dérangeait s'acharnait sur un mur et qui s'accrochait à ses objectifs plus fort encore que n'importe quelle sangsue ayant trouvé son idéal en sang. Kyoku c'était une fille qui se cramponnait et qui ne lâchait jamais prise. Elle se contentait seulement de rediriger ses priorités, comme le déclarait si souvent Doku sur un ton sarcastique. Ce n'était en somme pas le genre de femme à prendre à la légère, à contrarier au risque de passer des heures à polémiquer sur un sujet aussi futile qu'inintéressant, et la fourbe répondrait toujours que vous l'aviez cherchée et que malheureusement elle n'était pas assez bien cachée, si jamais vous essayez de l'éviter. Ce n'était pas le genre de femmes à se laisser marcher sur les pieds, la jeune Kyoku. Pas du tout même, et son tuteur plaignait depuis longtemps le pauvre Barai qui était contraint de la supporter. Bien sûr, celui-ci gardait ses réflexions pour lui, un tantinet perplexe quant à la réaction du jeune homme, plus encore que vis-à-vis de celle que pourrait avoir sa protégée si jamais elle l'entendait.

Misaya Barai avait effectivement toujours été proche de l'illusionniste, depuis son arrivée à Iwa. Aux yeux de tous, même à ceux des étrangers de passage. Celle que les villageois associaient le plus couramment à la personne du jeune homme qu'il était, ce n'était d'autre qu'elle, cette drôle de féministe qui de son mètre-cinquante paraissait, ou en tout cas essayait d'imposer sa loi auprès de l'individu qu'il était, lui qui mesurait un peu plus haut que sa petite personne et possédant une aura qui au premier abord aurait habituellement repoussé la jeune femme, s'il avait s'agi d'un autre homme. Vraisemblablement il avait toujours été l'exception avec un "e" majuscule pour l'apprentie illusionniste. Une affirmation qui possédait sa part de vraie comme sa part de faux. Car il était vrai que la chuunin giflerait n'importe quel autre individu tentant de la contredire comme son élève le faisait si aisément. Pas un instant elle hésitait dans ce genre de situation, sauf quand son interlocuteur se trouvait être le nouvel Iwajin aux cheveux blancs et au teint pâle. Alors la kunoichi faisait étrangement preuve de patience. Néanmoins, ce n'était pas pour autant que Kyoku gardait ses petites remarques pour elle et jamais elle n'avait épargné Barai de son mécontentement quand celui-ci se manifestait. Quand un point lui déplaisait dans son attitude, elle lui en faisait part, c'était automatique. Pas une fois elle n'avait pensé à le ménager, pour une raison ou une autre, malgré toute l'affection qu'elle puisse lui consacrer.

C'était pourtant en considérant toute l'affection qu'elle portait pour son élève que la chuunin se sentait en ce jour si décidée à rejoindre le village marchand de Take. Etonnamment seul son bonheur la préoccupait à cette heure, et rien que pour que ce sentiment puisse s'épanouir la kunoichi aurait joué des coudes avec la pluie. Le reste s'était comme dénué d'importance. Le reste ne comptait plus d'intérêt à ses yeux. N'importaient plus que la présence à ses côtés et la pulsation régulière de ce cœur contre lequel elle se sentait emportée; si Kyoku ne s'engageait pas dans son premier tour de manège sentimental, elle avait tant et toujours à apprendre de cette affection mutuelle qui fleurissait au creux de sa poitrine. Tant et toujours à apprendre de cette fleur aux courbes d'été et aux pétales de feu.

Depuis leur dernière visite, rien ou presque n'avait changé, sinon quelques détails infimes auxquels leurs yeux n'avaient pris garde la première fois et auxquels ne prêtaient attention aujourd'hui. Leur route fut cheminée de nombreux pavés et Kyoku se souvint avoir tenté de les compter à leur départ de la ville. Un défi sans queue ni tête et qu'elle avait rapidement abandonné au coin d'une rue, tiens peut-être celle-ci, et qu'à présent elle observait d'une esquisse rieuse, trois grammes de sourire pesant du mauvais côté de la bouche. La jeune fille souriait. Inlassablement et d'un tic déconcertant, voire agaçant. Mais, que pouvait-elle y faire ? Il était reflet de son sentiment, ce tic, étant un étrange mélange entre l'épanouissement et les pâtes gluantes qu'elle avait ingérées quelques heures plus tôt. Son estomac ne lui offrait effectivement aucun repos, malmené sans possibilité de défense par les rouges et blanches raisons qui les avaient conduits jusqu'ici.

Quelques innocentes survivantes de la fine pluie s'écrasaient aux alentours, marquant les dalles grises de quelques tâches sombres. S'étouffait le gris du ciel sous les tranches de lumière qui tentaient d'y feindre, et quelques autres lumières tamisées trahissaient la vie des foyers tout le long de la rue. Pendant ce temps, la brise continuait de souffler et de faire tinter les carillons. Les habitants circulaient plus facilement au sein du village à cette heure. Y coulait paisiblement le temps, comme ruisselaient les sillons d'eau dans les rigoles.

A quelques minutes seulement du village shinobi, et pourtant semblant s'en situer à plus de dix-milles pas. Take savait jouer de ses charmes, et malheur lui fut-elle de reconnaitre qu'elle s'était à son tour laissée bercer par son calme.

Alors que le temps semblait enclin au silence et à la quiétude, que le tourment de la tempête s'en était allé et que les dernières gouttes de son chagrin frappaient le couvercle immaculé du parapluie à l'embout noir, Barai s'immobilisa soudain, la contraignant d'une certaine façon à imiter son geste et mille questions la harponnèrent alors. De son regard armé de ces milles questions, Kyoku dévisagea un instant son compagnon de ballade et fut surprise de constater que lui aussi la dévisageait, tout en se positionnant en face-à-face, et d'une expression si lisse et si sereine que les balles qu'aurait voulu lui envoyer la kunoichi y glissèrent sans même le blesser. Ses questions échouèrent sur les dalles, tels les derniers supplices de l'intempérie.

Quelques minutes plus tôt déjà, Barai s'était étonné du peu de réalisme avec lequel se réalisaient ses plus fébriles espoirs, tandis que la jeune femme s'était abstenue de répondre le moindre mot ou la moindre remarque. Si longtemps qu'elle avait attendu ce silence et cet apaisement que lui inspirait l'endroit, elle ne s'était sentie le cœur de l'entacher de ses mots et de sa voix parfois trop sèche pour le contexte et pour l'endroit. Cependant, cette fois-ci, ce fut différent. Différent dans le sens où les paroles de son interlocuteur convoquaient une réaction de sa part et que malheureusement un simple signe de la main ou effet du regard n'aurait suffi à répondre à ses attentes. Il était question d'une proposition qui suscitait autant d'embarras que d'incertitude pour la kunoichi, celle-ci se sentant tout à coup aussi faible face à la pluie que ce misérable bout de papier trempé auquel elle avait osé comparé sa santé quelques minutes plus tôt. Au moment où la parole lui fut offerte, Kyoku éleva les yeux au ciel et seule la vue d'un blanc pesant lui apparut. Il lui pesait inconsciemment sur la tête, ce pauvre parapluie. Il lui pesait sur le cœur, dans l'espoir sûrement de le ralentir.

"Tu me l'as bien dit plus tôt : nous ne risquons pas d'être appelés de sitôt pour une nouvelle requête et nous avons de ce fait tout le temps nécessaire, pour le moment, de mettre quelques idées au clair…" énonça la chuunin qui, au sein du parapluie, cherchait encore la suite de ses mots. "Seulement… je dois t'avouer que pour moi, quelques jours, pour le moment, ce serait de trop."

Nouvelle confusion et sa tête se secoua exagérément pour marquer son opposition.

"Je ne veux pas dire que ta compagnie me dérange, non !" poursuivit-elle tout en balbutiant de manière aussi flagrante que lorsque son interlocuteur terminait tout juste de lui exprimer ses sentiments. "C'est même moi qui aies en quelque sorte insisté pour venir jusqu'ici alors qu'il pleuvait averse."

Sa main frappa d'un contact de trois doigts la position de son cœur, et aussitôt comme une secousse violente les en éjecta. Sa paume tout aussitôt partit à la conquête de l'épaule qui s'opposait à elle, sa peau sur toute sa surface frissonnait. Ses doigts s'y cramponnèrent, les autres ne firent que confirmer leur empreinte sur la poigne du parapluie élevé au-dessus de leurs têtes. La gêne, quel vice cruel pour son corps qui voulut à nouveau se tordre afin de l'esquiver et l'oublier définitivement.

Au ras du sol, ses yeux s'inspiraient de leur gris. Quelle manie idiote de sans cesse vouloir illustrer ses paroles par des gestes aussi inutiles. Quel masochisme de sa part de s'infliger autant de douleurs en une seule fois. De vieux cris du cœur déchiraient ses entrailles.

"J'ai… toujours manqué de temps, et c'est peut-être pour cette raison, parce que je n'ai jamais cherché à en avoir, que je n'ai jamais été capable de… me sentir… m'épanouir dans une relation. Ça m'a fait mal à chaque fois et…"

Réalisant qu'elle esquivait le sujet de conversation au profit de murmures qu'elle ne souhaitait pas de toute façon évoquer, Kyoku se mut à ce silence qui lui semblait autrefois si réconfortant mais qui à présent lui faisait l'effet d'une lame effilée placée au revers de la gorge. Une bête sans apparence réelle bourdonnait dans ses oreilles et sa fièvre montait à mesure des secondes sacrifiées au bourreau du silence. L'adolescente inspira profondément afin de récupérer une attitude posée. Comme quoi, l'espoir pouvait faire vivre… mais pas toujours dans le meilleur des sens.

Le vent caressait de près les anneaux aux extrémités tressées de ses cheveux. Il en capturait le son clair et en une tessiture. Unique et fragile. Il lui parut percevoir leur musique s'envoler, en même temps que ce soupir qui, au loin, s'ouvrait vers l'horizon.

"Ce que je veux dire… c'est que cette fois j'ai besoin de temps. Je voudrais me laisser le temps, et ne pas chercher à aller trop vite et… J'ai beau penser qu'un jour la guerre me fera regretter toutes mes retenues, j'ai vraiment peur qu'à cause de la vitesse, je fasse un pas de travers. Et je n'ai pas envie de tomber. Pas une fois de plus, je me suis déjà trop égratigné la figure…"

Kyoku avait toujours vécu ses relations en coups de vent, sans profondeur ni même espoir d'approfondissement. Il ne s'agissait après tout que de relations sans lendemain, parfois elles ne duraient que trois jours, plus souvent juste une soirée ou une nuit. Des relations pour décompresser, comme ils disaient tous, la guerre était une telle source de stress… elle les contraignait à aller plus vite, à réagir plus vite, de peur de perdre, et ils perdraient, ils le savaient tous. Elle y compris, elle mieux que personne même. C'était pour cette raison qu'elle souriait à leurs remarques et qu'elle noyait ensuite ses remords dans la poigne sévère du liquide alcoolisée le soir-même. La boucle recommençait inlassablement et les migraines ne s'apaisaient jamais.

Alors maintenant qu'on lui donnait la chance, qu'il lui donnait la chance d'établir autre chose qu'une puissante sensation qui suffirait à dissiper la guerre de leurs esprits, Kyoku voulait en profiter, la préserver de cette envie si courante chez les shinobis de tout accélérer, de profiter de tout, avant que mort s'en suive. Elle était si mesquine, la mort… complètement imprévisible et eux vivaient selon son rythme. Dans le fond, c'était en voulant suivre son rythme, que sans le savoir la kunoichi se suicidait à petits feux. A force de se poignarder à des points morts, elle finirait par atteindre un organe qui contribuait à sa survie. C'était forcé, c'était la vie, la mort qui les tirait dans ses bras et contre laquelle vainement ils luttaient, les armes dans les mains, l'espoir perdu quelque part, très loin. Trop loin. Beaucoup trop loin…

"Je peux te promettre que nous reviendrons ici, tous les deux. Un jour, mais pas maintenant."

Promettre c'était garder un mince espoir de survie. C'était s'accrocher à quelque chose, à une parole, et les shinobis vivaient de paroles, ils combattaient pour certifier leur authenticité, pour dire un jour "tu vois, je te l'avais promis, et j'ai tenu parole.". Kyoku avait envie d'un jour prononcer cette phrase, de venir un jour frapper à la porte de son élève et de la lui énoncer, sourire aux lèvres, la guerre derrière, le soleil frappant sur leurs têtes. Oui, elle en mourrait sinon, et ce serait bien le comble du comble que de mourir d'un manque de parole.

Maintenir, entretenir un mince espoir de survie. Un sourire. Un regard.

"Je viens à peine de réaliser que quelque chose de sincère pouvait naitre entre nous, Barai. Je peine encore à me dire que tu puisses porter d'autres mentions que celle d'élève pour moi. C'est…" Trois points de suspension et un peu de rose sur les joues. Sur le haut des pommettes. Le bleu revivait dans ses yeux. "Employer le mot romantique, rien que ça, ça me gêne un peu. Je pense donc que… on devrait reporter ce petit séjour à Take à plus tard. Ce n'est pas pour te froisser ou quoi mais… j'aimerais prendre mon temps, avec toi."

Plus un bruit sur le plafond du parapluie. Une issue pour la jeune femme qui y orienta instinctivement les yeux. Un silence sans interruption, en omission toutes les voix qui bruissaient aux alentours à la manière du feuillage au cœur de la forêt. A cette constatation, Kyoku ramena au sol l'extrémité noire, pressa le bouton métallique, et dans un clac le point blanc disparut de la vue du plafond céleste.

"Je ne dis pas pour autant que nous ne pouvons pas profiter de cette journée. Nous ferions mieux même, car je suppose que tu l'ignores mais… dans un jour ou deux je pars pour les environs de Suna. Mon initiative mais… elle vient surtout de Kokoro-sensei en fait…"

Un sourire. Un regard. Trois points au bout de sa phrase et trois secondes de réflexion que ponctuaient les frappes indécises de l'embout du parapluie sur le sol. Trois coups. Pulsations de méditation avant que d'une prise un peu maladroite la kunoichi décide de s'emparer de la main de son équipier et d'emporter ce dernier dans le soudain empressement de ses pas. Dans ce vent de renouveau qui satisfaisait avec douce violence le caractère sensible de son visage.

"Pourquoi rester là à discuter ? Explique-moi donc !" lança Kyoku avec toute l'ironie que son corps pouvait supporter en son fors. "Le jour semble à peine paru et qui sait quand il disparaitra ?"



©Naruto Sensou


Revenir en haut Aller en bas
Ringo Ameyuri
Réincarné
Réincarné
Ringo Ameyuri


Messages : 58
Date d'inscription : 19/01/2013

Profil Ninja
XP:
Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Left_bar_bleue0/1350Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty_bar_bleue  (0/1350)
Rang: A
Ryos: 255

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] EmptyMer 3 Avr - 11:18



Aux jeux, la tristesse.



Ce serait trop long ? Ton corps se figea lentement, de la pointe de tes pieds, tu sentis lentement un froid monter en toi. Et là, un flot de paroles sortit, Kyoku t'expliquait tout son ressentit pourtant, tu restas interdit. Tu l'avais peut-être brusquée, tu compris que tu n'étais pas le premier dans sa vie, là où elle était la première chez toi, et elle ne voulait pas commettre des erreurs déjà maintes fois réalisées.

Tu ne vivais pas de promesse. Tu ne croyais pas en elles, tu inclinas simplement de la tête lorsqu'elle te promit que vous reviendrez ici, mais tu n'y croyais pas. Trop de fois dans ta vie, des promesses avaient été déclamées sans jamais être tenue. C'était Kyoku et tu l'aimais, mais en quoi cela lui donnait plus de crédit dans un domaine qui n'est que potentiel.

Ton mutisme sur sa vie passée est peut-être la bonne façon de réagir ou alors justement l'inverse. Tu n'en sais rien et elle en serait seule juge. Mais tu ne savais pas comment réagir, tes plans avaient été revus à la baisse et ton innocence candide trompée. Tu la regardes longuement, ne pouvant de toute façon comprendre ce qu'elle t'expliquait. Tu n'avais pas vécu ces choses là et tes espoirs amoureux n'avaient jamais été brisés. Comment comprendre quelque chose que tu venais à peine de goûter du bout des lèvres.

Elle te dit alors être convaincue que quelque chose pouvait naître entre vous. Oui, là dessus, tu la rejoignais aisément. Et pour ça, il vous fallait du temps. Tu fronças les sourcils, non par contrariété, mais surtout par incompréhension. Et le mot "pourquoi" te brûlait les lèvres et tu te contentas d'acquiescer à nouveau, sans même être sûr que "d'accord" venait de passer le seuil de tes lèvres.

Puis, comble de misère, elle vint te parler de son voyage à Suna. D'un coup d'un seul, tu perdais la possibilité d'un congé mérité à Take, mais même sa seule présence te serait refuser pour, au bas mot, facilement un mois. Le trajet entre les montagnes et le désert n'était pas tellement long en terme de vol, mais à pied la dureté du terrain rallongeait considérablement la durée du trajet. D'autant que le mois considéré, ce n'était que pour le trajet justement. Le séjour rallongeait considérablement son absence.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Suna ? Mais ... C'est ... enfin ... Agressif comme climat ... »

Que de banalité, tu ne pensas même pas à lui demander qui était la personne mentionnée dont tu ne connaissais même pas l'existence. Tu te sentais mieux plus tôt en fait, quand il te flottait sur le dos et que tu attendais qu'elle te referme la porte au nez.

Il vous fallait maintenant profiter de la fête, pourtant, tu n'étais plus trop à la fête, mais tu n'exposas pas ton sentiment de malaise. Il vous fallait profiter de la fête, alors que tu t'apprêtais à parler à nouveau, un sifflement à l'est du village retentit et, si vous vous retourniez, vous apercevrez alors une lumière briller dans le ciel et explosé : la kermesse locale commençait. Finalement, ils avaient été vite là où il n'y avait que des bases lors de votre dernier séjour.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « Profitons, profitons ! »

Dis-tu en la tirant vers le quartier est. Non seulement, ça mettrait des doutes et interrogations de côté, mais en plus, cela te permettrait de profiter de la seule journée qu'elle t'accordait. La seule avant longtemps. Peut-être la seule tout court, ô promesse.

Alors dans ledit quartier, la kermesse s'ouvrit à vous, tu souris comme un gamin, les yeux plein d'étoile. C'était beau, alléchant. En réalité, c'était la première fois que tu participais à ce genre de foire. Et cela te ravissait. Tu remarquas que bien des stands d'adresse avait un petit écriteau "interdit aux shinobis" devant. Tu fis une moue et tu continuas d'avancer, soudainement, tu t'arrêtas et tu demandas à Kyoku de ne dire mot alors que tu te présentais à un stand d'adresse. Le but était de mettre une boule dans un pot de couleur verte.

Tu commenças le jeu et tu cédas une dizaine de lancé dans le vide, afin que le garçon ne se doute pas de ta nature ninja. Pour sûr, tu n'abordais pas le bandeau de ton pays. Puis pouc pouc pouc, roll roll roll, la balle tomba dans le pot vert. Tu sautas dans les airs, feignant la joie de la surprise. Puis tu te retournas, amusé vers Kyoku.

Douce ballade [Kyoku Yamaneko] 130123033420568804
    « C'est le gros lot ! Choisis. »


Dis-tu en souriant, fier de pouvoir lui faire un cadeau. Comme beaucoup d'autres inconnus faisaient à leur compagne ci et là dans cette kermesse bien animée.

©Naruto Sensou
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty
MessageSujet: Re: Douce ballade [Kyoku Yamaneko]   Douce ballade [Kyoku Yamaneko] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Douce ballade [Kyoku Yamaneko]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» (Event Nanashi ) Acte 1 Iwa : Kyoku Yamaneko et Akamatsu.
» [Flash Back] Le vent l'emportera [Kyoku Yamaneko]
» Mission Rang C : Intoxication [Kyoku Yamaneko - Akamatsu Murakami]
» Sous le croissant de lune[PV Kyoku Yamaneko, Rogue,Thrys]
» Une petite ballade

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Naruto Sensou :: Rôle Play :: +Pays de la terre+ :: Les rocheuses :: Village marchand-
Sauter vers: