~ Mission de rang C [Kaguya Tetsu] ~

Et de deux !

Comme souvent à Kiri il fait froid. La plupart des habitants sont à l'abri chez eux en attendant que la météo se transforme. Dans la rue, la brume permanente masque les rayons du soleil, seuls les Ninjas et quelques commerçants osent s'aventurer à l'extérieur en cette période de grand froid. Je fais partie de ces quelques personnes, je suis encore affecté par ma défaite contre mon Sensei et je n'ai pas la tête à rire ou à être joyeux. Je dois progresser, devenir plus fort. Tandis que je marche dans les rues de mon village sans but précis, une silhouette apparait devant moi dans un fin nuage de fumée. C'est un Juunin de Kiri et il semble avoir un document à me donner. Je le prends sans réfléchir. Le messager s'en va comme il est arrivé. J'ai une idée de ce que contient ce document en papier de Papyrus. Il s'agit d'un ordre de mission. Une mission que j'ai demandé ce matin, mais que la réponse vient d'arriver. Je peux lire confidentiel sur la face du document. Je décide donc de me diriger vers une ruelle déserte. Après m'être assuré de ne pas être surveillé, j'ouvre enfin le document où on pouvait y lire:

Mission de rang C
Un village non-loin de Kiri a mis en place une armée d'enfants soldats. La Mizukage, touchée par le fait que la vie de jeunes enfants soient ruinés au combat vous envoie afin d'en savoir plus sur cette armée. Tentez de les stopper et trouvez le coupable de ce désastre.

Une mission, c'est ce qu'il me faut pour me remettre dans la course. Je commence par ranger soigneusement le document dans ma sacoche afin de me mettre à marcher en direction des portes du village. Ces portes sous haute protection en acier massif, peintes en bleu sont presque indestructibles. Un pas, puis un autre, et me voilà en dehors de Kiri. Cela fait longtemps que je n'ai plus quitté le village. Je continue de marcher. Les buissons bougent légèrement. Le soleil tombe légèrement dans la forêt environnante de Kiri. Je suis damné. Je n'ai jamais eu la nette impression que je laisse le monde en paix. Peu importe, à l'heure qu'il est, je suis sûr qu'il existe au moins une personne qui tient à moi dans ce monde. Et cela est suffisant pour chérir mon village. Au début, j'étais totalement perdu dans les rues de Kiri. D'ailleurs, je ne connais pas très bien mon propre Village. Ce n’est que la présence de la falaise près de laquelle je m'entraine régulièrement qui m'aida. Ainsi, j'observe les environs, guettant toutes traces de présence humaine. Cependant, comme prévu, il n’y a à première vue personne. Je continue ma marche, de plus en plus lentement, de plus en plus hésitant, faisant pouët-pouët sur la boue ici présente.

Le soleil me tape dans les yeux, je commence à avoir soif et les lieux me paraissent presque tous identiques. Je m'assois sur un rocher en buvant une gorgée d'eau bien fraiche. Peu de temps après, je me relève pour continuer ma route. Je range tout mon matériel et je serre mon bandeau de Kiri. Après avoir jeté un regard soucieux sur la forêt qui me fait face, je monte d'un bond sur la cime d'un arbre. Je m'enfonce lentement dans la forêt, de branche en branche, aussi furtif que possible. Ma course est arrêtée par un enfant de mon âge assis plus bas sous un arbre, somnolant, un katana sur le ventre. Je prends un meilleur angle et je me poste sur un arbre face à l'intriguant personnage. Un court instant se passe. Cela ne fait plus de doute, ce n'est pas un ninja. Je suis attiré en premier lieu par une forme gravée au fer rouge sur la joue de l'enfant. Je prends mon bloc note et je commence par marquer ces quelques indices. J'observe autour de moi. Je suis entièrement concentré sur mon seul et unique but: Ma mission.

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Et de deux !

Enfant seul, armé et marqué au fer rouge non-loin de Kiri. Il est évident qu'il est l'un des membres de l'armée ennemie. Ils prennent une sacré distance de surveillance, ce qui veut logiquement signifier que je ne dois plus être très loin. Je poursuis ma progression et les indices se succèdent. Déjà plusieurs traces de feu de camp couplées aux informations du village m'ont permit de jauger la position approximative du petit village. Le seul soucis se trouve être cette forêt dense qui me cache la vue. Je pousse alors mes recherches jusqu'à un arbre majestueux qui se trouve au bord de la falaise. Quand j'arrive à proximité de l'arbre, j'entends des pleurs. Une fille apparemment. Une grotte est creusée sous le géant arbre. Je me replonge dans mes notes, qui occupent maintenant trois bonnes pages recto verso. Je suis le seul à pouvoir me repérer dans ces feuilles peuplées de ratures et de signes en tout genre. Des bruits de pas m'interpellent. Une jeune fille apparait devant moi. Elle porte, avec la plus grande peine du monde, un panier rempli de linge. Aucun signe, aucune marque, rien, elle n'a pas l'air d'être une menace, mais la vie m'a appris que les apparences peuvent souvent être trompeuses. Toujours dans mon observation, je remarque la négligence de la femme sur l'hygiène. Ses mains sont noircies par la terre et son visage gâché par plusieurs éraflures.

Je m'approche de la fille. Cette dernière a les yeux braqués sur moi. Je ne parle pas. Aucun mot ne sort de ma bouche. Nos regards s'entrecroisent durant un long moment. Elle baisse les yeux et il semblerait qu'elle a peur, terrifiée même. Non loin d'elle, un enfant du même âge, marqué au fer rouge sort de nul part et s'exclame en lançant des morceaux d'étoffes à la fillette. Ce n'est qu'après un bon bout de temps qu'il se rend compte de ma présence. Il dégaine son Katana et me demande qui suis-je. Qui suis-je? Si seulement je pouvais vraiment lui répondre. Je reste silencieux et impassible. Aucun signe de faiblesse dans ce labyrinthe forestier. Trop tard pour reculer ni pour s'enfuir, un combat doit éclater. Je n'ai pas fait le premier pas. Mon ennemi a mon âge et ce dernier est lent, très lent. Il ne sait pas se servir du chakra. Étant un spécialiste du Taijutsu, je n'ai eu besoin que de quelques secondes pour le mettre hors d'état de nuire en lui tapotant la nuque. Il est maintenant inconscient, ligoté et allongé par terre sous le regard ébahi de la jeune fille.

Un vent survole l'environnement. Il fait si froid dans cette forêt. Ce froid fait de l'effet à la jeune fille. D'un geste presque normal, j’enlève ma cape pour la mettre sur le dos de celle-ci. Je regarde en elle une profonde tristesse. Presque une déception. Après une longue conversation avec elle, je note plusieurs éléments dans mon carnet que je cite:

" Ce sont tous des enfants d'un petit village non-loin vers l'est. Ils s'entraînent dans cette partie de la forêt jour et nuit depuis deux semaines. La fille s'occupe de la nourriture et du linge. Ils sont une dizaine, et leur leader est le chef, élu récemment, de ce petit village. Ils étaient tous marqués au fer rouge sur la joue, signe incontesté de leur dévouement et de leur sacrifice pour leur petit village. "

Selon les dires de la fille, tous les enfants se regroupent chaque soir ici. Un peu comme les pipistrelles qui se regroupent le soir au fin fond d'une grotte. Il faut simplement les attendre puisqu'ils ne vont pas tarder. Une communauté qui profite de la faiblesse des plus démunis. C'est un acte lâche. Ensuite après, j'entends des ricanements. Plusieurs personnes s'approchent de ma position. C'est probablement l'armée des enfants soldats. Ils sont tous armés d'un Katana et marqués au fer rouge. Les enfants, ou plutôt les esclaves, foncent vers moi prêts à m'attaquer et à même me tuer. Je les esquive habilement et les réduis à néant à chaque coup. Mon style de combat se base sur une danse. Une danse qu'on appelle dans le langage commun la Capoeira. Face à mes assaillants, je me mets en position de base de ma danse. Ma jambe droite fléchie en avant et celle de gauche derrière avec le genou orienté vers le sol. Mon bras gauche protège mon menton et l'autre bras se positionne en arrière, contre mon buste. Au fur et à mesure que le combat avance et penché en avant, je répète cette position en inversant les jambes et les bras. Ce cycle interminable donnant l'impression de danser est accompagné par un ensemble de mouvements, de feintes, d'esquives et de balancements, destinés à troubler mes nombreux adversaires et de les avoir par surprise. C'est une réussite vu qu'ils tombent tous un par un pendant que je les regarde d'un air mélancolique. Pourtant, deux enfants réussissent à se relever. Quel courage et volonté. Cette fois-ci, je décide enfin de leur parler et le seul mot qui me vient à l'esprit est: " Je me rends. ". Et me voilà ligoté, emprisonné et emmené voir leur chef, qui demeure le chef de tout ce petit village. Quel raccourci.

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Et de deux !

Je ne sais pas où je suis. Rondoudou est probablement passée par là. Je viens tout juste d'ouvrir les yeux et la brume s'intensifie de plus en plus. La vue lointaine devient quasi-impossible. Je suis toujours ligoté et à genou sur une plate-forme. Plusieurs personnes sont présentes dans cette grande place publique. Les enfants sont tous là, Katana en main, prêt à m'arrêter au moindre faux pas. On aurait dit un échafaud et que j'étais le condamné à mort. Malgré la brume, l'on aperçoit au loin, une silhouette noire, qui s'approche lentement et sûrement de le plate-forme. L'illusion d'optique fait qu'on croit que cette silhouette flotte dans les airs. Arrivé à proximité, on peut bien l'observer. Je ne vois pas ses membres, ni sa couleur de peau car ce personnage porte un manteau noir, à capuche qui couvre même ses pieds. Dans cette purée de pois dominante, sortit du manteau une main qui vient ôter la capuche de la tête de la personne. Les gens s'écartent pour le laisser passer et monter les marches menant à l’échafaud. Il s'agit de mon bourreau, le chef du village, qui s’apprête à m’exécuter pour donner l'exemple à tout ce petit monde.

" Vous avez le choix de vivre votre propre vie ! "

Tout de suite après, le chef du village m’assène un coup dans la figure avec la poignée de son Katana. En exclusivité dans le monde des ninjas, j'ai eu un torticolis au visage. Les quelques mots sont destinés à tous ces enfants marqués au fer rouge, à tous ces parents ici présents et à la fille qui baigne dans la même tristesse que moi avant de rencontrer mon Sensei. La situation m'exaspère, et j'ai bizarrement eu l'envie de mourir. Mourir. Et alors? C'est à ce moment là que mes yeux se dirigent vers tous ces enfants de mon âge. Et s'ils avaient le choix? Cette fille semble tellement triste. Que puis-je faire? Mes mains et mes pieds sont ligotés par une corde très solide. Je ne sais par quel moyen, je n'ai plus beaucoup de chakra et je me sens fatigué. Incapable de bouger ne serait-ce que l'index. Mais l'image de Nanashi-Sensei ne quitte pas mes yeux. Je dois absolument le rencontrer demain au terrain numéro 7 pour une nouvelle aventure. Je dois absolument survivre. Ma mission ne sera pas un échec.

Déterminé à briller devant tout mon village et à prouver au moins que ma volonté est de fer. Ce regard déterminé, avec lequel je me sens capable de soulever des montagnes ou plutôt la terre toute entière. Peut-être je peux leur prouver, à tous, que la volonté et la détermination peuvent changer le destin. Je l'espère. Peut-être que je peux enfin briller devant des personnes qui reconnaîtront ma vraie valeur. Même si je sais que ce genre de sentiment peut pousser les hommes à bien des cruautés, je suis prêt à tout. Je dois avoir foi en moi-même, pour que les autres puissent croire en moi. Mon cœur se met à battre, mon adrénaline monte. Je souffre en quelque sorte, d'une peur, celle évidente de l’échec. Serrant des deux poings, avec le peu d'énergie que je possède, je modifie la composition du squelette de mes bras pour faire jaillir trois griffes rétractiles des dos de mes mains. Tranchantes comme des rasoirs, dures comme l'acier, je réussis à me libérer des cordes. Je suis enfin libre sous les yeux écarquillés de tous les gens ici présents. Bizarrement, aucun cri de peur, personne ne m'attaque. Si, le chef du village m'attaque. Ma réaction est digne d'un expert en Taijutsu. Je prends une posture stable. Jambe droite devant, le genou déverrouillé, 70% du poids du corps sur la seconde jambe, fléchis, le pied dans le sens opposé à celui du droit. La posture de base de la Capoeira. Les griffes acérés, le regard fier, je lui lance ces quelques mots.

" Ça suffit. "

Je dis cela en prenant une puissante impulsion grâce à la jambe gauche, je me lance sur mon ennemi. Mon bras droit se plie, le poing gauche se serre. Je bloque le coup de Katana de mon ennemi grâce aux griffes tranchantes de ma main droite. J'arme donc ma jambe en arrière, prête à enchaîner. Mais c'est mon pied droit, qui d’un mouvement rotationnel, se dirige vers le visage du chef du village. Ce coup est d'une extrême efficacité. Le combat est fini. Je regarde le chef du village allongé devant moi sous un silence des plus secs. Il n’est pas question de cadeau, et encore moins de défaite, ils ne connaissent rien de ma puissance, mais rien que les chuchotements, les murmures et les regards que laissent les gens ne m'ont pas laissé insensible. Ce n'est pas seulement la puissance d'une famille qui se lit au travers de mes yeux, c'est celle d'un surhomme. La triste fille esquisse d'un sourire et vient déposer un bisou sur ma joue. Je suis heureux. Heureux à l'idée de rendre heureuse une personne dans ce monde. Aujourd'hui, c'est tout un village qui a été délivré des actions impardonnables d'un tyran. J'entends tout le monde scander mon nom accompagné de remerciements. Je suis leur héros, leur sauveur. Dans les générations futures, on racontera qu'un enfant est venu délivrer le village du mal, que c'est grâce à lui que la prospérité y règne maintenant. Une légende est d'ores et déjà née:

" S'ils racontent un jour mon histoire, laissez les dire que j'ai marché aux côtés de géants. Les hommes se lèvent et tombent comme le blé d'hiver mais leurs noms ne meurent jamais. Laissez les dire que j'ai vécu à l'époque de Tetsu, survivant incontesté du clan des Kaguyas. "

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