L'évasion est un art, un art de subtilité [RP solo + PNJ]

Il y avait quelques jours déjà que Karin s’était retrouvée à Konoha, forcée de dévoiler le peu d’information qu’elle possédait sur la Lune rouge et Taka, puis envoyée en prison où deux gardes la surveillaient dans sa petite pièce dont le haut des murs étaient entièrement de verre. On lui avait laissé comme seul bien personnel une photo de Sasuke et depuis plusieurs heures déjà, elle s’époumonait contre le portrait, tantôt à lui gueuler toutes les insultes que son vocabulaire pouvait porter, tantôt à le couvrir d’éloges et dire ô combien elle l’aimait. Une folle détraquée qui ne semblait pas savoir où partager ses sentiments envers un garçon qui avait essayé de la tuer. Comment une once d’affection pouvait-elle subsister après ce qui lui était arrivé ? Ça, seule elle le savait. Et elle avait crié haut et fort que son amour pour Sasuke l’avait rendue aveugle et maintenant elle se défoulait sur son portrait qui ne pouvait répondre à ses jérémiades exaspérantes. L’adolescente faisait les cent pas dans la pièce, le visage crispée par ces expressions faciales qui voguaient entre la colère impulsive et l’amour obsessionnel, de quoi ennuyer quiconque l’observant ainsi depuis tout ce temps sans s’épuiser à crier dans sa petite cellule. Sa chevelure rouge en bataille voltigeait d’un côté puis de l’autre au gré de ses mouvements. Sa voix criarde s’époumonait encore et toujours, inlassablement, à croire qu’elle ne se tairait jamais. Et lorsqu’elle prenait une pause et que ses gardes croyaient qu’elle s’était enfin tue, ce n’était que pour mieux recommencer son manège.

Et si seulement ils savaient, l’erreur qui allait sûrement leur couter leur poste, qu’ils avaient commise en lui laissant ce cadre. Les observant depuis le début de sa crise du coin de l’œil, Karin cherchait à défaire leur attention d’elle, leur faire croire qu’elle était une folle en pleine crise d’hystérie qui n’avait rien de dangereux. Et lorsqu’elle fut certaine que leurs yeux n’étaient plus sur elle, la jeune fille ouvrit le derrière du cadre, dans un angle qu’ils ne pouvaient pas voir. Puis en se remettant à délirer en caressant l’arrière de la photo tout en lui déclarant des mots doux, elle retira les outils de crochetage qui y étaient cachés et les envoya à l’intérieur de sa manche. Et pour camoufler son geste pour refermer le cadre, elle tapa furieusement du pied au sol en secouant la photo avec rage et repartit de plus belle dans son monologue qui au fond constituait seulement une série de mot se rapportant à des insultes ou des compliments, ce qui en soit était plutôt contradictoire, renforçant l’effet de folie. Au bout d’un moment, elle finit par rejeter l’objet sur la table et d’un coup de pied violent, envoya la chaise valser contre la vitre du côté des deux gardes en beuglant de rage.

« SASUKE !!!! J’AURAI TA PEAU !!!! »

Elle fulmina un moment en tournant en rond comme un lion en cage, puis elle finit par s’asseoir contre la table, à défaut de la chaise qui s’était retrouvée renversée au sol. Enfouissant son visage entre ses mains, elle éclata en gros sanglots, le corps vouté par devant. Secouée des pieds à la tête par des tremblements incessants et violents, des pleurs déchirant s’échappaient de ses lèvres et envahissaient sa petite prison de verre. Son humeur venait à nouveau de changer en un claquement de doigts. Il fallait avouer qu’elle était plutôt difficile à suivre et surtout, surtout, vraiment compliquée. Comment une personne pouvait-elle sauter d’une émotion à l’autre ainsi ? C’était bien à se le demander. Et pourtant, pourtant… Tout était si naturel, si véridique… et si bien calculé !

Ses cris n’avaient de cesse qu’il en devenait exaspérant pour les deux gardes, si bien qu’un d’eux décida de prendre une pause avant le clou final de sa crise. Et lorsqu’elle éclata complètement, en envoyant la chaise bondir contre le mur et en éclatant en sanglots, Hikaru sembla finalement daigner bouger. C’est qu’ils sont trop bons ces gens de Konoha. Il était facile de profiter de leur cœur tendre et sensible à son avantage. Et c’était complètement ce que faisait Karin à cet instant précis. L’observant du coin de l’œil entre son index et son pouce, elle pleurait toujours à chaudes larmes, interprétant son rôle avec brio. L’homme s’approcha jusqu’à ce qu’elle puisse bien l’entendre et sa voix s’éleva. Il lui demandait si elle désirait quelque chose, comme de l’eau. C’était trop beau pour être vrai, on lui servait sa clef de sortie sur un plateau d’argent. Ses mains s’écartèrent légèrement, dévoilant des yeux rougis par les larmes et les joues mouillées sur lesquelles quelques sillons s’étaient formés. Son regard s’agrandit sous la gentillesse de son garde, comme si les gens ne l’avaient pas été vraiment depuis son arrivée ici. L’adolescente de redressa un tantinet, le fixant à travers ses lunettes de ses pupilles trop brillantes.

« Ooh… Je… Ce serait gentil… Un peu d’eau et… et de nourriture… » étouffa-t-elle d’une voix étranglée par les sanglots.

Elle se leva d’un bond, s’agrippant les cheveux par les mains, la tête basse, tourna en rond jusqu’à la porte et s’y refugia en petit bonhomme, continuant de sangloter et de hurler une douleur déchirante. Elle attendit qu’il se soit retourné et qu’il fût occupé à lui servir ce qu’elle demandait avant d’entamer la deuxième étape de son évasion. Accroupie près de la porte, elle semblait simplement patienter qu’il vienne lui donner son d’eau et sa nourriture par la petite fente près de la poignée, mais entre ses sanglots et ses mouvements de berceuse pour trouver un semblant de consolation, elle crochetait la serrure de sa porte. Et chaque fois qu’elle sentait qu’il venait pour se retourner, elle reprenait sa position fœtale contre le mur en pleurant de plus belle. Tous les bruits que pouvaient faire ses outils contre la serrure étaient couverts par ses cris et ses sanglots. Décidemment, ses gardiens, et surtout celui-là, étaient plus imprudents qu’elle ne l’aurait cru. Au vu du stratagème qu’elle utilisait, crocheter sa serrure lui prit un peu plus de temps que prévu et elle ne put sortir avant que le garde ne revienne lui porter une bouteille d’eau et de la nourriture sur un petit plateau, néanmoins, la porte était débarrée, c’était ce qui importait. Cachant de nouveau ses outils dans sa manche, elle replaça ses lunettes pour ensuite repousser une mèche de ses cheveux, camouflant ainsi la récupération de sa lame qui ne lui avait pas non plus été enlevée. Elle recueillit à genoux le petit plateau et au moment de l’échange, elle égratigna légèrement le doigt de son gardien avec la petite lame qu’elle avait cachée dans sa main, camouflant son geste dans un spasme de sanglots pour faire croire qu’il avait accroché le bout de la fente dans la porte, puis la retira dans sa manche comme si de rien n’était en étirant un sourire forcé pour masquer sa peine.

« Mercii beaucoup… » souffla-t-elle d’un ton rauque, la voix enrouée par ses sanglots.

Elle attendit qu’il se soit retourné, pour aller s’asseoir à sa place et avaler difficilement quelques bouchées de nourriture. D’ici peu de temps, son somnifère aurait fait effet et il s’endormirait comme un bébé. Car, oui, avant d’être amenée ici, sur leur route vers le sommet des Kages, Karin avait préparé ses armes, dont celle-ci, qu’elle avait enduites de poison. Si les autres lui avaient été retirées, pas celle-ci… Et elle attendit qu’il soit tombé de sommeil pour analyser de son chakra la prison histoire de repérer son deuxième gardien et savoir combien de temps elle avait pour sortir sans se faire prendre.

C’était trop facile, beaucoup trop facile même. À un point tel où Karin vint douter de l’efficacité de son plan. Et pourtant, jamais il ne remarqua son geste pour crocheter la serrure de sa prison, pas un soupçon, rien. Était-ce possible que les autorités de Konoha aient confié la garde de la jeune fille à deux parfaits incompétents ? Ça ou bien ils l’avaient complètement sous-estimée en lui collant deux jeunes bleus sur la cause. Inconscient au point même de lui révéler une information d’une importance cruciale ou du moins qu’elle n’aurait jamais du savoir. Elle ne put s’empêcher de détourner le regard à ce moment vers Hikaru. Les villages faisaient une alliance ? Tient, c’était des plus intéressants. Cependant, elle ne décrocha pas de son rôle.

«Une… alliance ? » bredouilla-t-elle à mi-voix.

Mais elle ne posa pas plus de questions, au risque de briser sa couverture, elle se contenta de rester muette face à la révélation que son ex-petit ami avait l’alliance des villages au derrière. En réalité, elle n’en avait pas grand-chose à faire, mais elle joua comme si. Et elle se mit à brailler de plus belle. À travers son jeu, elle se demandait bien lesquels avaient fait alliance. Bien que la logique veuille que tous les cinq se soient alliés face à l’Akatsuki qui représentait une menace grandissante malgré l’extinction de la quasi-totalité de ses membres, elle n’avait pas la certitude sur le sujet. Le sommet des Kages était donc pour cela… Une déclaration de guerre ? Il le fallait pour qu’une alliance se forme. Néanmoins, elle chassa vite ces idées de sa tête, elle y repenserait plus tard. Assise à sa table, grignotant du bout des lèvres, elle observait son gardien du coin de l’œil. Celui-ci ne tarda pas à comprendre la véritable erreur qu’il avait commise lorsqu’il s’aperçut que le sommeil qui le gagnait à ce moment n’avait rien de naturel et le sourire satisfait que Karin affichait ne dut que confirmer ses soupçons, car il se leva d’un bond pour aller avertir son partenaire qui revenait. L’adolescente se leva prestement, ouvrit la porte de sa prison et rattrapa le garde au moment où il allait atteindre la porte, le projetant derrière elle par le collet alors qu’il s’écrasait pour perdre connaissance. Elle eut tout juste le temps de se retourner pour donner un coup de pied contre la porte au moment où le deuxième garde entrait, l’assommant directement au visage. Dans l’élan, la porte revint vers elle et elle étira le bras pour agripper l’homme avant qu’il ne tombe complètement et le jeta à l’intérieur de la pièce en lui entaillant le bras de sa lame au passage. N’ayant utilisé que la pointe pour piquer le premier, le reste de la lame était encore couvert de sédatif. Et si le coup de la porte ne l’avait pas mis K.O., la drogue le ferait. Elle referma doucement la porte derrière elle, les yeux toujours braqués sur le nouvel arrivant pour s’assurer qu’il ne tenterait rien contre elle.

Elle avait pris un risque en faisant cela, mais elle n’avait pas voulu le laisser entrer pendant qu’elle était encore dans sa prison par peur qu’il ne décide de retourner sur ses pas pour déclarer une alerte générale, chose qu’il n’avait pas faite aux cris de son compagnon. Une autre erreur de leur part. Néanmoins, si les appels d’Hikaru n’avaient pas alerté quiconque autre que son ami, le bruit de la porte ne l’aurait pas plus fait. De plus, elle avait pu constater avec ses habilités de senseur que le nombre de gardes n’étaient pas des plus immenses, juste assez pour surveiller la prison et s’en occuper. Le nombre de prisonniers étaient bien plus important… Elle s’était donc assuré qu’il n’y ait personne de trop près pour entendre les tumultes. Une fois le deuxième garde hors d’état de nuire, elle les fouilla de la tête aux pieds, déshabilla celui qui était le plus de sa taille, enfila ses vêtements, cacha ce qu’elle avait trouvé à l’intérieur des poches, agrippa le carnet sur leur table servant à prendre des notes sur elle, alla récupérer sa photo à l’intérieur de sa cellule et traina les deux corps inconscients à l’intérieur, puis les embarra en s’assurant de ne pas leur avoir laisser de clef sur eux. Le temps qu’on se rende compte de ce qui était arrivé et que eux puisse alerter quelqu’un de son absence, elle serait déjà loin. Elle remonta ses cheveux en une toque bien serrée qu’elle cacha sous un bandeau, retira ses lunettes qu’elle rangea. Seule la couleur de ses yeux restait pareille, du reste, le déguisement n’était pas mal. Surtout pour quelque chose fait dans l’empressement. Les deux hommes dormiraient encore un bout et avant qu’on les trouve suffisamment de temps se serait écoulé pour elle.

Après s’être assuré qu’il n’y ait personne aux alentours, Karin s’extirpa de la pièce en douceur, refermant une nouvelle fois derrière elle et barra la porte avec les clés qu’elle avait récupérées. En arrivant ici, elle avait pris soin de mémoriser le chemin jusqu’à la sortie. Elle déambula donc les couloirs tranquillement, sans se presser pour ne pas attirer l’attention. Et toujours camouflée dans son uniforme de ninja de Konoha, elle se dirigea un pas à la fois vers la sortie.