Entre mes mains [Pv]

Me faire capturer ainsi… Voilà qui me rendait malade. En même temps, il s’agissait de Uchiha Madara, pas de réelle honte à avoir. Malgré tout, je n’aimais pas trop être trimballé comme un vulgaire rongeur de compagnie. Telle une gerbille, il me transportait, maintenu captif de la poigne de son jutsu, ce jutsu légendaire connu sous le nom de Susanoo. C’était bien pour moi la première fois que je le voyais et bien plus encore d’aussi… près si je puis ainsi dire.

Mes pensées se tournèrent un instant vers Ayako-chan. Plein de questions me vinrent à l’esprit. Diverses choses que je ne retranscrirais pas ici, peut être pas simple pudeur, ou peut être juste parce que je n’en éprouve pas l’envie ni le besoin.

Cette situation quelque peu inconvenante dura le temps qu’elle dura. Pour moi, cela sembla une bien cruelle éternité. Vint enfin le temps où la cavale prit fin, mais je n’étais pas pour autant libre. Non, au contraire ! Il me gardait dans le poing de ce jutsu que je commençais de plus en plus à mépriser. Que penseraient les Kirijin en voyant le plus ou moins célèbre Hyougaki no Yuki, l’assassin sans cœur ni émotion, le chien de chasse fidèle et dévoué de Yagura, dans cette position de totale faiblesse et soumission. Ce bon vieux ninja des glaces, fier, qui n’aimait pas être touché sans sa permission, par des personnes qu’il ne connaissait pas ou peu ou n’estimait pas ou peu… Un rictus de dégout s’incrusta sur mon visage. Pourquoi m’avait-il capturé ? Que me voulait-il ? Etait-ce parce que je l’avais suivi tout ce temps ?

L’Edo Tensei se fit entendre. Des paroles directes, tonnées sévèrement. Son ton ne souffrait d’aucune gentillesse. Au contraire, il se voulait menaçant. Je le trouvais plutôt grossier et abrupte, mais à quoi pouvait-on s’attendre d’un Uchiha. D’après ce que j’avais vu dans ma propre petite vie et ce que j’avais entendu, les Uchiha avaient toujours été hautains et présomptueux. Peut être pouvaient –ils se le permettre aux vues de leur puissance, mais tout de même ! Il me questionna sur mes blessures qui cicatrisaient tant bien que mal. Il voulait que je lui parle de cette personne… Nëssa… Je ne savais rien d’elle ou très peu. Sasuke-dono, Orochimaru et Kabuto sama et maintenant Madara sama… Eh bien ! Cela en faisait du monde à lui courir après. En même temps, après l’avoir plus ou moins combattue, je commençais à comprendre pourquoi ils désiraient s’approprier sa puissance. Son art était des plus mystiques pour moi. Le Meiton… Un frisson me parcourut l’échine. De peur ? Non non, loin de là ! J’étais plutôt excité à l’idée de pouvoir la rencontrer une fois de plus. Par contre… Pour le dernier, je me posais fortement la question. Quelle pouvait être la raison de son intéressement ? Ma curiosité était piquée au vif mais je n’eus pas le loisir de laisser vagabonder mon esprit.

L’étreinte du Susanoo se fit plus intense. Me menaçait-il ? Pourquoi donc ? Etait-ce parce qu’il voulait que je réponde vite ? J’éclatais alors d’un rire franc. Toujours sous mon Henge féminin, se rire sonna cristallin, pur et angélique.

« Eh bien ma foi… On ne peut pas dire que la courtoisie soit une chose qui vous qualifie. Vous avez des questions, j’ai visiblement les réponses. Je serai donc d’avis que vous revoyez quelque peu vos méthodes douteuses… »

Je poussais un long soupir, fermais les yeux puis me résignais à parler de nouveau.

« Mes blessures… Eh bien… D’après votre impatience et d’autres choses… M’est avis de dire que vous savez bien mieux que moi qui est cette personne en question. Somme toute, sans grande surprise, je vous dirai juste qu’il s’agit d’une utilisatrice de Meiton, une certaine… Nëssa. Pour le reste, c’est vous le patron. »

Je marquais un petit temps d’arrêt. J’avais détaché et appuyé le prénom évoqué exprès, afin de voir sa réaction. Si je marquais une pause, malgré tout, ce n’était nullement autre que parce que certaines choses me venaient en mémoire et des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête. Je me devais de synthétiser le tout.

« Pourquoi vous ai-je suivi ? Tout simplement car vous seul avez les réponses à certaines de mes interrogations… Je voulais savoir si ce qu’on disait de Yagura-sama était vrai. Le contrôliez-vous vraiment ? Et si tel était bien le cas… Tout ce que nous avons vécu… Etait-ce réel ou cela venait-il de vous ? »

Mes yeux se perdirent alors dans un lointain fictif que seul moi pouvais voir. Ma vie se jouait à vitesse grand V devant moi. Ces souvenirs que je chérissais tant, ceux qui m’étaient propres et faisaient de moi une entité à part entière. Mon existence si controversée… Je redoutais ses propos. Sa réponse, toute ma vie se jouerait à sa prochaine prise de parole.

« Hyougaki Yuki »

« - Tu m'ennuies ! »

Voilà donc la réponse du soi-disant grand Uchiha Madara à mes simples questions ? Quel être indécent, grossier et fort peu courtois ! Il était bel et bien indigne d’intérêt, comme on me l’avait décrit à plusieurs reprises. Un être égoïste, haineux, imbu de sa personne, arrogant, beaucoup trop sûr de lui, etc. La liste des critiques à son égard était des plus longue. Pourtant, j’avais espéré qu’il y ait quelque chose de bien plus intéressant que ces ragots de faiblards impuissants et pantouflards, jaloux et envieux d’une puissance qu’ils ne pourraient même pas atteindre en rêve. Et être que tout le monde s’évertuait à salir, à pourrir, rejeté comme un malpropre, il me faisait d’une certaine manière penser à moi. Bien sûr, il n’était pas un clone comme moi et nos puissances étaient bien évidemment pas comparables, mais tout de même. Moi aussi j’avais eu mon lot de critiques, quolibets, médisances et autres choses peu enviables à mon égard. Je savais donc plus que bien ce que tout ceci représentait. La jalousie et la peur qu’avaient les gens face à ce qui les dépassait et comment tout ceci se transformait en haine et violence gratuite. A ceci, il y avait deux voies qui s’offraient à la victime : la voix de la haine et celle de l’ignorance. Visiblement, lui, il était parti depuis belle lurette sur le chemin de la haine et s’y était perdu. En revanche, pour ma part, je restais plutôt glacial en apparence, ne prêtant même plus la moindre attention à ce qui se disait. Tout ce qui m’intéressait, c’était de devenir plus fort, toujours plus fort et d’être digne d’être au service d’une personne digne de m’utiliser. Une arme bien affûtée, un bouclier solide, voilà la raison de mon existence, mais ce n’était pas suffisant. Je voulais aussi avoir ma propre personnalité, avoir une existence reconnue en tant qu’individu unique.

L’étreinte de son jutsu se faisait plus précise. Il me comprimait atrocement. Voulait-il me tuer ? Très certainement oui. La véritable question était de savoir pourquoi mais au fond, je m’en fichais éperdument. En fait, je n’avais pas l’intention de mourir. Non pas que je craignais la mort comme le commun des mortels, mais plutôt parce que j’estimais encore avoir de nombreuses choses à accomplir et qu’il serait bien trop prématuré de mourir maintenant, laissant ainsi trop de choses incomplètes et de tâches inachevées. Je n’avais pas fini d’expérimenter certaines choses et avais encore de nombreuses choses à apprendre. Je commençais à sentir les lames de Koori no Katana en mains, qui commençaient à appuyer un peu trop à mon goût sur mes jambes. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elles ne pénètrent ma chair.

«- Adieu. »

Adieu ? Quel drôle d’affirmation. Croyait-il vraiment ce qu’il disait ? Pensait-il vraiment être capable de valider ceci ? Non, pensait-il que j’irai dans son sens et que je mourrai juste parce que monsieur en avait décidé ainsi ? Le destin était une donnée des plus aléatoire qu’il soit. On pouvait l’influencer, certes, mais en aucun cas, oh que non, on ne pouvait le contrôler. Contrôler le destin… Voilà qui était des plus présomptueux. Si je ne pouvais être pleinement maitre de ma propre destinée, lui-même ne le serait pas, il en était hors de question ! En revanche, s’il était clair comme de l’eau de roche, pour moi, que mon futur n’était qu’une variable abstraite que l’on pouvait difficilement prévoir, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait, ce qui était encore plus certain, c’était qu’on pouvait agir directement sur le présent. Plutôt que de rêver à d’hypothétiques choses, vivre ! Oui, vivre ! Choisir ma vie en conjuguant à la fois rêves et réalités plutôt que des les confronter perpétuellement, n’était-ce pas ça être maître de son destin ?

Mon chakra bouillonnait en moi, prêt à éclater à n’importe quel moment, n’attendant plus que moi pour pouvoir s’exprimer librement à pleine puissance. De la peur ? De la rancune ? De la haine ? Je ne ressentais rien de tout ça. Au contraire, une certaine excitation plus que palpable me transcendait. Ma curiosité était piquée au vif et mon envie de jeux et de surpassement se faisaient de plus en plus pressante. Malgré tout, il me fallait rester maitre de moi-même. Le taquiner et le provoquer un peu plus ne seraient pas forcément bien avenu de ma part. Il me fallait donc agir, vite mais bien. Il m’acculait, m’astreignant et me poussant dans mes derniers retranchements tel un petit lapin au fond de son terrier. Il croyait être mon maitre, mais il se trompait. Jamais, ô grand jamais je ne reconnaîtrais en maître un être dénué d’humanité, vaniteux et surtout… un pantin. Il pensait me tuer ainsi mais il avait tort. Ma vie m’appartenait, ma mort aussi et pour sûr, il me sous-estimait un peu trop.

Une violente envie de confronter mon regard au sien me pris soudain. Un pique cinglante à ses allégations strilla mon esprit, tel l’orage dans un ciel obscur. Pourtant, par un je ne sais quel heureux miracle, je parvins à contenir cette pique et surtout, me raviser de plonger mon regard dans le sien. Un Uchiha… Leurs pupilles étaient trop bien connues pour que je prenne le risque de le laisser devenir maitre de ma destinée. J’avais soigneusement évité ses yeux depuis le début, il ne me fallait pas flancher maintenant. La poigne de Susanoo était de plus en plus violente. Je commençais à suffoquer, mais je ne le laisserai pas voir la souffrance sur mon visage. Pas question de lui accorder la moindre faveur.

« Pardonnez-moi mon hypothétique insolence, mais… Adieu ? N’est-ce pas un petit peu trop présomptueux de votre part que d’affirmer aussi sûrement ceci ? Et puis… S’il est vrai que je vous ennuie, sachez mon cher monsieur que l’inverse est tout aussi véridique. »

Mon ton était des plus neutre et aucune émotion ne filtrait ni dans ma voix, ni sur mon visage.

« Que mes propos vous offensent m’est totalement égal. Vous êtes un être pathétique tout compte fait. Je vous croyais plus digne d’intérêt, un grand seigneur, mais j’avais tort. Celui qu’on décrit comme un dieu vivant n’est rien de tout ça. Premièrement, vous êtes inhumain, deuxièmement, vous êtes mort et pour finir, vous n’êtes qu’une marionnette utilisée par un utilisateur de l’Edo Tensei. Connaissant le prestige qui vous entoure et après une brève observation, je pense que vous seriez ravi de prendre votre revanche sur cette personne impudente et imprudente qui ose vous traiter ainsi sur ce point, je peux vous être utile. Après tout, il suffit que cette personne intensifie son jutsu pour que vous perdiez toute volonté et personnalité propre. A ce moment précis, avoir un atout dans votre manche peut se révéler judicieux et décisif, d’autant que vous ne pourriez plus être en mesure de faire quoi que ce soit. »

Je n’avais plus rien à perdre. Oui, ces moments où tout ne tient plus qu’à un fil, où tout semble si désespéré et que l’avenir nous semble inimaginable. Oui, c’est dans ces instants que mon esprit devient le plus affûté. A présent, c’était une partie de poker que j’entamais contre lui et c’était là que j’excellais. D’une manière toujours aussi franche, directe et froide, je rajoutais :

« Je commence à me demander ce que peut bien vous trouver Nëssa sama. Peut être qu’elle aime votre autosuffisance et si tel est le cas, je la comprends encore moins. Mais bon… Ce n’est pas mon rôle que de juger ou réfléchir sans qu’elle me le demande… Enfin… que diriez-vous de me poser gentiment au sol et de discuter comme des gens civilisés ? Je commence sérieusement à avoir du mal à respirer. Je doute sincèrement que Nëssa-sama ne tolère que vous supprimiez aussi futilement et égoïstement un de ses subordonné... »

La poigne du Susanoo se faisait mortelle. Je sentais à présent parfaitement mes lames. Était-ce vraiment la fin ? Je ne pensais pas non.

« Hyougaki Yuki »

Sasuke se déplaçait à vive allure sur les terres du pays de la Terre. Après sa nouvelle rencontre avec la belle kunoichi aux pouvoirs sombres, il l’avait laissé puisqu’elle avait d’autres projets pour le moment, alors il n’avait pu rester à ses côtés plus longtemps. Dans un sens, c’était aussi bien ainsi, puisque l’Uchiha devait retrouver Yuki. Leur dernière réunion n’avait pas duré et l’ex-porteur du sceau maudit n’avait pu donner toutes ses nouvelles directives. Il rectifierait donc cela, lorsqu’il lui aurait enfin mis la main dessus. Selon les informations qu’il avait recueillies, qu’est-ce qu’il devenait doué pour se renseigner sur la localisation des shinobis de ce monde, Yuki était présentement sur le territoire de Tsuchi no Kuni. Qu’est-ce qu’il foutait là? L’héritier du clan de l’éventail ne tarderait pas à le savoir. Le clone du défunt Haku n’avait pas intérêt à lui mentir… Il était déjà suffisamment énervé qu’il l’ait abandonné sans lui avoir fourni de réelles explications sur ses actions, alors maintenant, il avait tout intérêt à se montrer coopératif. Sasuke n’avait plus de scrupules à jouer avec la vie des autres. Les sacrifices, parfois, ils étaient nécessaires pour parvenir à ses fins. Non, il ne s’entourerait pas de gens qui lui mentaient ou qui lui cachaient leur réelle intention, leur projet à eux. Les mauvaises surprises, plus jamais le dernier survivant Uchiha n’en vivrait! C’est dans cet état d’esprit qu’il continuait sa progression. Néanmoins, l’ex-leader de Taka ralentit sa progression, portant plus attention à son environnement. À ce moment, il ressentait une forte oppression, un fort chakra sinistre l’empoignant. Ça venait le chercher comme jamais, à tel point qu’il songea une seconde rebrousser chemin. Qui était donc la source d’une telle puissance, de ce chakra monstre? Curieux, il poursuivit son avancée, mais à pas beaucoup plus lents. Il ne voulait pas donner l’impression d’être un ennemi et de se faire accueillir par une attaque non plus avant même de savoir à qui appartenait toute cette puissance. Au détour d’un bout de colline, le jeune ténébreux fit enfin face non seulement à celui qu’il cherchait, mais aussi à une légende du monde ninja. Ses orbes noirs scrutèrent le co-fondateur de Konoha, se tenant debout devant lui, comme s’il n’était qu’une apparition. Le visage habituellement impassible de Sasuke reflétait plutôt un brin de surprise. Non, il ne s’attendait pas à faire une telle rencontre aujourd’hui.

-Uchiha… Madara…

Ce n’était qu’une hypothèse, en cet instant, Sasuke n’était sûr de rien, mais simplement en ressentant cette haine, cette envie de meurtre, cette puissance incroyable qui émanait de cet être, le dernier descendant encore en vie du clan de l’éventail en vint à cette conclusion. De plus, le motif de ses iris correspondait bien à celles qu’il avait vues lorsque son aîné lui avait révélé une parcelle de vérité, teintée de mensonge, lors de leur affrontement final. Puis, Nëssa disait vrai, tous deux étaient semblables dans ce qu’ils dégageaient. En regardant son ancêtre, il réalisa à quel point il désirait un jour ne serait-ce qu’arriver à la cheville de cet homme, un jour obtenir un chakra si monstrueux, si oppresseur. En même temps, l’adolescent aux cheveux de jais était un peu confus sur ses prochaines actions. N’avait-il pas dit à Itachi qu’il tuerait Madara lorsqu’il le croiserait? Voilà, cet être mystique était là, juste devant lui, à portée de main. Néanmoins, le cadet Uchiha avait d’autres projets, d’autres intentions pour l’instant. Depuis qu’il avait appris cette terrible vérité, qu’il l’avait confirmée auprès du vieux et dégoutant Danzô, le ténébreux avait changé. Aujourd’hui, il était convaincu qu’une telle rencontre n’était pas le fruit du hasard et qu’inévitablement, quelque chose de bon en résulterait. Est-ce que son ancêtre vouait toujours une haine sans borne pour le village qu’il avait lui-même fondé? Voulait-il toujours se venger, réduire à l’état de poussière cet emblème de la feuille? Sasuke tâcherait de le découvrir. Il espérait aussi ne pas s’être mis dans une situation trop délicate, que ce shinobi du même clan ne se retournerait pas contre lui, parce que le criminel de Konoha ne pensait pas être en mesure de rivaliser bien longtemps… Tous deux possédaient le mangekyou sharingan éternel, mais Sasuke doutait que la puissance du sien fraichement acquis ne puisse égaler celle de l’homme qui pouvait dompter Kyuubi comme s’il n’était qu’un vulgaire animal de compagnie. Après, l’adolescent était encore jeune. Est-ce qu’un jour, son simple prénom évoquerait autant de crainte et de peur que celui de Madara? Le petit ténébreux en venait à souhaiter que oui. Bref, Sasuke reporta son attention sur le pauvre ninja de la brume. Oui, il était dans une bien mauvaise position. Presque amusé, le moins âgé de tous les hommes présents prit la parole.

-Je te trouve enfin… Yuki.

En tout cas, il ne fuirait pas cette fois, il n’était pas du tout en position pour partir d’ici. Ça en était presque ironique. Prisonnier de la poigne monstrueuse de Susanoo, il semblait sur le point de manquer d’air. D’ailleurs, en y regardant bien, son ancêtre semblait des plus haineux à son égard. L’idée d’aller chercher des noises à un Uchiha! Le pauvre ninja androgyne comprendrait bientôt son erreur. Sasuke, loin d’avoir pitié du sort qui lui serait réservé, changea d’attitude. Un sourire narquois apparut sur ses fines lèvres, puis sa voix grave d’adolescent retentit de nouveau.

-Tu sembles avoir un certain talent pour attirer les ennuis… avec un shinobi légendaire issu de mon clan.

Suite à ses douces paroles, le regard du jeune Uchiha se reporta sur son ancêtre, redevenant plus sérieux par la même occasion. À vrai dire, Sasuke ne savait pas quoi lui dire, par où commencer. Tout était si soudain pour lui, une rencontre entre deux générations du clan de l’éventail, tout deux ressentant une haine sans fin, une soif de pouvoir insatiable, un envie de vengeance qui brûlait en leur cœur. Si l’héritier arrivait à ressentir tout cela venant de l’illustre Madara, nul doute que ce dernier le pourrait envers lui également. Une multitude d’interrogations se bousculaient dans l’esprit du survivant, mais comment entamer une conversation avec cet être sans paraître ignorant, ou pire inutile? Toujours en fixant ce shinobi légendaire dans les yeux, pas pour lui faire affront ou quoi que se soit dans le genre, juste pour admirer ses réactions, il décida de voir ce que lui aurait à lui dire. Peu de gens osaient contempler les yeux d’un Uchiha dont les pupilles étaient passées au dernier stade du dojutsu, mais le jeune adolescent voulait aussi soutenir ce regard puisqu’il appartenait au même clan. D’ailleurs, il hésita à le prouver d’office, voulant activer son propre eien no mangekyo sharingan, mais cela passerait peut-être pour une provocation. Valait mieux ne rien faire pour l’instant et simplement se laisser guider par la vague.

Je le tenais prisonnier de mes mains, entre ma main, celle de mon indestructible et insurmontable susanoo. Lorsque j'y repensais, lui et moi nous avions vécu un nombre inimaginable d'aventures, plus sanglantes les unes que les autres. Il me protégeait et en échange je lui promettais d'assouvir son interminable soif de guerre. Il était bel et bien mon plus puissant ainsi que mon fidèle allié, peu importe la situation, il agissait en parfait concert avec mon esprit et ma haine. Rien ni personne ne nous avait vaincus, ne serait Hashirama Senju, mon seul et unique éternel rival, celui que seul le Rikudo Sennin en personne aurait été capable d'égaler pleinement dans sa toute-puissance. Quand je repense à toutes les batailles et les combats à mort que j'avais livrés par le passé contre ce monstre maîtrisant l'art du mokuton, le leader du clan le plus redouté de l'histoire des shinobis... Sans m'en vanter, j'en étais sorti en un seul morceau à toutes les fois. Uchiha Madara, celui qui, jadis, avait mené le clan Uchiha en direction de la gloire et de la reconnaissance méritait avec évidence et respect toute la renommée qu'il possédait via sa légende immortelle. Le clan Uchiha... Ma famille, mes origines... Je leur avais offert toute ma protection, j'avais sué nuit et jour pour leur apporter le meilleur, le triomphe, une réputation qui à ce jour était souillée par de la fausseté et de l'incompréhension. Vouais-je une haine envers mon propre clan, ma famille qui jamais ne m'avait apporté leur totale confiance, celle qui m'avait trahi après le nombre incalculable de sacrifices que j'avais réalisé pour eux ? Peut-être que oui ou peut-être était-ce tout simplement moi qui ne comprenais pas leur situation pour du moins, pitoyable. Il fallait également avouer que ma haine si noire et si légendaire ne venait pas de nulle part. On l'avait attisée sans mon consentement. Néanmoins, je ne m'en plaignais pas réellement, puisque avec elle à mes côtés, ma puissance éteignait des niveaux inimaginables pour le commun de simples mortels. Voilà la véritable clé de la victoire: la haine, aussi ténébreuse et abominable soit-elle.

La poigne de mon exceptionnelle invocation se faisait plus mortelle, plus fatale. Désormais, il ne s'agissait que de quelques secondes qui séparaient l'utilisateur du hyouton de la vie et la mort. Une seule et unique petite pression était nécessaire afin d'écraser ce déchet humain comme je le ferais avec un pathétique insecte. Rien de tout cela ne m'enchantait sincèrement, parce qu'au début de toute cette histoire, la motivation pour le tuer ne se présentait pas. Je devais seulement obtenir quelques réponses diverses aux interrogations qui striaient mon esprit aveuglé par ma précédente mort. Malheureusement pour lui, les paroles insolentes et mal placées dont il osait faire usage avec une imprudence certaine face à moi le tiraient peu à peu vers sa tombe. Maintenant c'était clair ; mon état d'âme s'enhardissait à la simple idée de faire couler son sang sur le sol. Ma décision finale avait été prise, qu'il ne le veuille ou non, elle serait finale, mais surtout fatale. Uchiha Madara était de retour dans le monde des vivants, doté d'un corps immortel et parfait, rien ne pouvait échapper à sa haine, à son envie de meurtre, à ses indomptables désires de prendre les rênes de cette terre et de la soumettre à sa volonté divine. Tout ça laisse à présager que je me crois seul au monde, cependant ce n'est pas exactement cela, parce que j'avais confié, par le passé, mon « coeur » à une femme, si belle et si parfaite. Mon amour ainsi que ma passion envers cette déesse vivante s’avérait être indescriptible. À vrai dire, si je devais autant revenir dans ce monde et conserver ce corps immortel pour l'éternité, c'était bel et bien pour lui tenir la main pour toujours. Cela peut vous paraitre étrange qu'un homme reconnu comme étant d'une froideur extrême et muni d'un coeur de pierre parle de ses émotions ou en possèdent. Néanmoins, je cachais toute ma tendresse derrière une épaisse couche de glace que nul ne serait franchir dans leur rêve. Il n'y avait que ma douce moitié qui pouvait se vanter d'y avoir accès. Rien que le fait de penser à elle, son image dans ma tête, me redonnait une once d'humanité. Je ne savais pas quoi faire pour la récupérer, pour la retrouver. Je m'inquiétais inévitablement pour elle, je souhaitais la protéger de tout le mal essayant de l'atteindre, la garder que pour moi, je voulais la bercer dans mes bras et la consoler de toute la tristesse qu'elle aurait pu éprouver suite à mon inéluctable décès. À mon avis, elle ne méritait que le meilleur, elle devait sourire et ne pas être consumée par le sentiment de la haine. J'aspirais qu'elle dépose sa tête sur mon épaule afin que je puisse prendre le relai de l'aventure. Indubitablement, j'étais nerveux, et un homme nerveux est un homme très dangereux, surtout si c'est moi le personnage en question. Je représentais avec évidence une grande menace pour tous ceux qui crosaient mon regard assassin.

Mon dojutsu scrutait sans relâche le déchet humain qui se retrouvait soumis à mon étreinte surpuissante. Tel un vulgaire rongeur emprisonné dans une cage en acier, il n'y avait rien, aussi fort forcerait-il pour s'en délivrer. Je demeurerais toujours plus puissant que lui, je le dominais sans la moindre petite parcelle de pitié à son égare, qu'il ne le veule ou non. Il tentait d'échapper à au fatal destin que je lui réservais avec grâce, mais c'était déjà trop tard pour sa pauvre âme égarer. Utiliser les mots pour me convaincre ? Me faire changer d'avis ? Quelle technique futile ! Quel manque de raffinement ! Qui serait assez bête pour croire que le grand Madara, maître incontesté des Uchiha, se plierait devant de misérables paroles ? Mon regard froid et hautain dévisageait le corps soumis et sous pression de mon iminente victime tandis qu'un sourire narquois se dessina petit à petit sur mes lèvres. Souhaitait-il faire usage des mots pour me perturber ? Je n'en savais trop rien, pour l'instant. De toute façon, lire dans l'esprit des gens n'avait jamais été réellement mon point fort. Je préférais plutôt les écraser avec brutalité. Avant d'être un génie, j'étais un guerrier assoiffé de sang.

« Moi, Uchiha Madara... Un pantin ? Un moins que rien ? »

Ma voix si haineuse qu'elle ferait fuir n'importe qui vivant dans ce bas monde ne laissait présager rien de bien positif. L'atmosphère qui régnait à ce moment même paraissait être très calme, mais sombre et écrasante. Ce shinobi du village caché de la brume allait rapidement comprendre son erreur, celle d'avoir osé porter affront au grand seigneur que je suis. Cruel ? Oh oui ! Dieu est cruel, Dieu est terrifiant ! Sourire bien encré sur mon visage, je n'étais plus capable de me retenir ! C’en était trop pour moi ! J'éclatai sans la moindre retenue de rire devant ce pauvre homme -ou femme- ! Un rire malsain et sadique sur les bords. Jamais on ne m'avait raconté une blague aussi hilarante, jamais ! Il disait n'importe quoi sur mon sujet, il ne connaissait rien de moi, tellement que c’en était complètement ridicule. Comme si j'étais du genre à me laisser contrôler par quelqu'un d'autre. La seule et unique personne qui contrôle ici, c'est moi. Tranquillement, je reprenais possession de mes moyens ainsi que de mon sérieux. Néanmoins, il fallait que je l'avoue, rigoler un peu m'avait plutôt procuré du bien.

« Crois-tu vraiment qu'un ninja de ma trempe se laisserait manipuler tel un pantin par un jeune shinobi trop imprudent ? Il ne faut pas prendre les techniques interdites à la légère!»

Tout semblait évident, non ? Mon génie n'était plus à prouver, et pour sûr je m'étais délivré de l'emprise de l'Edo Tensei, depuis un bon moment déjà. Désormais unique maître de ma destinée éternelle, j'agissais par mes propres moyens, ma seule volonté. L'utilisateur de la technique de l'edo tensei avait été un peu trop imprudent à me réincarnant. Heureusement pour moi, je connaissais à la perfection les mudras de cette technique, ce qui m'avait permis de me délivrer du contrat qui me liait avec cet homme-serpent. Voilà une bien bonne nouvelle, non ? Uchiha Madara enfin libre de ses mouvements et de ses actions, n'est-ce pas fantastique ?

Alors que la poigne de mon susanoo se faisait de plus en plus mortelle pour ma victime, j'aperçu un invité surprise, directement devant moi. Pendant quelques secondes, je me demandais si je n'étais pas en train d'halluciner, puisque je ne l'avais pas nécessairement vu venir. En même temps, j'étais concentré sur ma cible, donc rien de réellement épatant. Plus choquant encore, ce jeune homme semblait posséder les traits de ma famille. Le chakra qui émanait de son être se montrait quasiment aussi sombre que le mien, j'aimais cette sensation qui m'enhardissait inébranlablement. À ne pas en douter, ce jeune homme faisait partie de la lignée des Uchiha. Pire, il me rappelait étrangement moi dans ma jeunesse lorsque je réalisais la quête du pouvoir et de la haine. Hâtivement, il adressa quelques paroles à mon prisonnier. Désormais, tout s'expliquait. Cet adolescent connaissait, donc ce shinobi beaucoup trop imprudent. De toute manière, l'utilisateur du hyouton était à moitié inconscient. Il ne répondait plus et il ne semblait plus véritablement réagir. D'un coup de sang, je laissais tomber sa dépouille encore vivante, mais sans défenses sur le sol, à peine à quelques mètres de ma personne. L'aura de mon susanoo se dissipa, je n'en avais plus de besoin pour le moment. Je fixai l'inconnu de mon légendaire mangekyo sharingan éternel avant de débuter le dialogue :

« Cet homme a osé souiller mon nom, celui des Uchiha. Si tu es des nôtres, achève-le maintenant ! Fais-le pour notre honneur ! »

Ma voix rependit un froid dans l'atmosphère, à la fois haineuse et autoritaire. J'attendais avec impatience la réaction de ce shinobi issu de mon clan. Quel chemin allait-il emprunter ? Celui de la haine et de la rédemption ou celui de la mort ?

« Uchiha Madara»

Sasuke regardait la scène qui se jouait sous ses yeux avec un léger étonnement. Il s’attendait à tomber sur Yuki, oui, mais pas à le retrouver dans une telle merde ni à faire une telle rencontre à cet endroit. Il y avait tant d’interrogation à éclaircir. Que faisait son ancêtre sur les terres du Pays de la Terre? Quelles étaient ses réelles intentions? Pourquoi en voulait-il à son allié? Le pauvre semblait assez inconscient d’ailleurs, la poigne du Susanoo l’étranglait lentement vers une mort certaine. De ce fait, il ne répondit pas aux affirmations de l’adolescent, ne fit aucun geste à son égard non plus. Néanmoins, le jeune déserteur de la feuille ne fit rien pour l’aider, ne montrant pas une quelconque agressivité envers son ancêtre. D’ailleurs, l’expression de ce dernier eu tout le loisir de surprendre l’héritier du clan de l’éventail. Apparemment, à en juger par la face qu’il faisait, il n’avait pas du tout remarqué l’arrivée de son descendant avant qu’il ne se pointe tout bonnement devant lui. Tous deux se regardèrent, semblant se sonder. Madara relâcha Yuki qui s’échoua lamentablement au sol. C’est alors qu’une voix semblable à la sienne, teintée de la même haine s’éleva. Le seul homme capable de rivaliser avec Hashirama Senju lui demanda de tuer l’utilisateur du Hyoton, puisqu’il avait sali leur nom. Vraiment? Sasuke eut un peu de mal à le croire sur le coup, mais à en juger par l’état d’énervement du co-fondateur de Konoha… Alors oui, ça devait être vrai. Quel traite ce Yuki! Dans son dos, il disait des saloperies sur son clan alors que devant lui il montrait patte blanche. Avec ça, le risque de trahison de sa part devenait plus élevé. L’héritier Uchiha devait donc agir.

-Hn, il a osé faire ça…

Son regard dévia alors vers le corps inanimé de Yuki. Ce dernier respirait toujours, c’était clairement visible grâce à son torse qui se soulevait lentement à rythme non régulier. Un sifflement s’élevait, venant du clone de Haku. Même s’il ne l’achevait pas maintenant, sans soin, il finirait sans doute par mourir de lui-même. Les os de sa cage thoracique devaient empêcher les poumons de prendre leur pleine expansion lors de ses inspirations. Son corps avait donc été comprimé trop longtemps pour s’en sortir sans séquelles. Toutefois, le cadet Uchiha avait d’autres motifs quand à l’exécution de son allié, de celui qui lui avait fait confiance en désertant Otogakure sur ses simples paroles. Le pauvre utilisateur de glace… Il avait tant cherché la reconnaissance de Sasuke, désireux d’être vu comme une personne unique et non comme une arme. Il avait bien mal choisi la personne, puisque l’adolescent haineux n’était pas démonstratif, puis son cœur avait sombré trop loin dans la noirceur pour qu’un retour ne soit possible. Sa naïveté provoquerait sa mort…

-Alors il ne mérite plus de marcher à mes côtés!

Le ton avait monté, son expression était devenue plus haineuse. Un rictus mauvais étirait désormais ses fines lèvres. L’ex-Konohajin s’apprêtait à sombrer d’avantage dans les ténèbres et le faisait de plein gré, de sa propre volonté. La haine l’animait, l’aveuglait sur les parcelles de lumières présentes en lui. Après le geste qu’il poserait, plus aucun retour en arrière ne serait possible. Déjà, lorsqu’il avait blessé Karin, son cœur changea, devenant plus noir. Tuer Yuki aujourd’hui, alors qu’il avait été jusque là un allié fidèle et fiable, inévitablement, le sang qui souillerait ses mains d’adolescent laisserait une marque. Sasuke ne serait plus le même et ça lui plaisait bien. C’est ainsi que les iris noirs passèrent aux rouges. Le motif si unique des Mangekyo sharingan éternels était présent, cet atome rouge à six branches orné d’un shuriken noir à trois branches… Le visage de porcelaine du criminel de la feuille était complètement déformé par la haine et sa démence. Son plongeon dans la noirceur… il était plus que prêt à le faire. Le Susanoo violet démoniaque à armure se matérialisa autour de lui. Cette entité tenait un orbe de flamme noire dans sa troisième main. Le puissant dojutsu de l’adolescent mira Yuki un instant. Pourquoi? La raison était obscure et inconnue même à Sasuke. L’utilisateur du Hyoton avait à présent les yeux ouverts. Le jeune Uchiha put y lire toute la trahison qu’il ressentait. Qu’importe! Il était trop tard pour reculer, son choix était fait. Il prit le droit de mort sur cet homme! La main gauche libre du Susanoo forma une lance avec l’Amaterasu, atteignant de plein fouet le pauvre corps au sol. Aucune pitié, c’était réservé aux faibles!

-Adieu… murmura-t-il, sur un ton sarcastique.

Prononcé sans aucun remord, sans aucun regret, voilà qui était maintenant Uchiha Sasuke. Il regarda ses flammes brûler avec une certaine lueur d’admiration dans les yeux. Ses nouveaux pouvoirs avaient le don de le fasciner. Au bout d’un petit moment, le ténébreux arrêta son jutsu. Il ferma les yeux puis le Susanoo se résorba. Un moment de silence lourd de sens plana quelques secondes, avant que le noiraud ne ricane méchamment, ricanement qui s’arrêta aussi sec qu’il avait commencé, qui s’arrêta en même temps qu’il ouvrit ses orbes sombres. Le côté humain de Sasuke était désormais bien enfuit, tout au fond de son âme. Ses mains se teintaient de plus en plus de liquide carmin… Oui, il venait de mettre la totale pour éliminer son ami, sur une simple demande venant de son ancêtre rencontré pour la première fois. D’ailleurs, ce dernier trouverait-il que son descendant en avait trop mis pour une simple exécution? En se posant cette question, l’héritier du clan de l’éventail se calma, reprenant son sérieux. Comment réagirait Madara à son égard? Le traiterait-il de gamin? Le trouverait-il puéril? Pire, est-ce qu’un combat s’engagerait, est-ce qu’il voudrait l’éliminer également, ne laisser aucun témoin derrière lui? Non, l’adolescent aux cheveux de jais ne devait pas laisser ses doutes l’envahir… Ses iris toujours ornés du eien no mangekyo sharingan s’accrochèrent à celles de Madara. Rassuré, Sasuke décida de prendre en main la suite de la conversation. Malgré ça, il resta prudent. Le jeune homme choisit bien ses mots. Il était rare de le voir faire preuve de tact.

-Je ne sais pas si tout ce que j’ai entendu ou lu sur toi est vrai, quelle partie de ton récit a pu être modifié avec le temps, mais j’ai au moins une certitude…

Il jouait gros que de s’aventurer sur ce terrain. Était-ce une bonne idée? Le regretterait-il amèrement? Seul l’avenir le dira.

-Il y a au moins une personne en ce monde qui t’attend, à qui tu manques cruellement…

Le survivant du massacre du clan Uchiha se tut. Il aurait pu choisir tellement d’autres sujets, il aurait pu se montrer égoïste et ne penser qu’à sa vengeance, mais… il désirait chasser cette tristesse, ce vide qu’il décelait en Nëssa. Puis, qui sait où mènerait cette rencontre. Peut-être que l’ex-porteur du sceau maudit marquerait deux pierres d’un coup. De plus, il espérait que l’absence de vouvoiement ne jouerait pas en sa défaveur. Il n’était pas habitué aux marques de politesse et n’y avait pas pensé sur le coup. Bref, le nukenin de Konoha aviserait pour la suite, si en avait besoin. Le voilà qu’il avait des préoccupations qu’il considérait comme futiles et inutiles… Le meurtre qu’il venait de commettre était déjà loin dans son esprit… Il ne restait plus que deux êtres des ténèbres en ces lieux, personne pour les arrêter, personne pour les interrompre. Est-ce que le monde plongerait dans un chaos plus infernal à cause de cette rencontre du destin?

Douteux de la bonne volonté de ce jeune homme aux allures clandestines, je lui suggérais deux issues possibles : exécuter mes divines exigences en se soumettant à mes désirs égocentriques ou subir le châtiment de ma colère dévastatrice, celle capable faucher n'importe quelle âme foulant cette terre si arriérée. La mort, la pire souffrance qu'il n'ait jamais existé, ne laissait paraître aucune faille à ses victimes imminentes. Les échappatoires possibles s'enfouissaient dans les profondeurs des ténèbres pour ne plus jamais en ressortir. Dévorées, détruites et digérées, elles se scellaient inéluctablement dans l'enfer de l'oubli éternel. La terreur du vide absolu, je l'avais moi-même vécu, je l'avais goutée en avant-première. Le genre de face à face que je souhaitais faire subir à mes plus exécrables opposants. La souffrance d'être séparé à jamais de nos objectifs, de nos rêves, des nos vices ainsi que nos désirs les plus éphémères. Cette sensation inamissible que son existence se dévoilait être un échec total sans réel avancement... Oh rien! Absolument rien n'était pire que le repos éternel. Pour sûr, j'étais le mieux placé ici pour appréhender en quoi résultait ostensiblement les racines putrides de la mort. De retour d'entre les âmes égarées dans la noirceur éternelle, je misais tout sur cet instant précis, puisqu'au plus profond de mon semblant de coeur, j'espérais que cette rencontre impérieuse et engendrée sur le vif de la situation me vogue sur les flots luxuriants d'une rivière achalandée de réponses mixées avec un exquis mélange de pistes à mes interrogations fondamentales.

Ce membre de mon clan me paraissait enduit de ténèbres. Inévitablement, il dégageait une puanteur identique à la mienne. Sans forcément le briguer, je me reconnaissais à l'intérieur de ce jeune adolescent comme je m'étais, jadis, retrouvé au sein du coeur de Nëssa. Finalement, cela avait plutôt tendance à me soulager d'apprendre, de jour en jour, que ce royaume ne se peuplait pas uniquement d'imbéciles heureux aveuglés par la densité de la lumière du soleil ardent. Un sourire mesquin se dessina furtivement sur mes lèvres lorsque je proposais mon ultimatum au descendant de la lignée du Rikudo-Sennin. Tuer ou être tué, voilà un bon dilemme imparable digne de ma prestance ainsi que de mon autorité.

Mes pupilles éclairées pas la démence de mon eien no mangekyo sharingan se montrait préalablement amusé par la future action de l'héritier du clan de l'éventail. À l'instant même, je décelais une once de pouvoir dans ses yeux. Même si sa puissance me semblait très peu comparable à l'immensité de sa haine enfuie dans son coeur de pierre, j'y percevais des yeux analogues aux miens. J'en venais à penser que cet individu possédait peut-être la trempe afin de devenir mon possible successeur, l'homme qui plongerait cet univers dans un chaos certain. Après tout, j'étais mort et si je foulais au jour d'aujourd'hui ces terres, ce n'était pas pour plonger le monde dans la noirceur et la destruction. Non, je voulais uniquement faire comprendre à ce pathétique monde ninja à quel point il avait eu tort de me négliger, de manquer imprudemment confiance envers ma personne, mais surtout de me tourner lâchement le dos, histoire de me trahir sans l'ombre d'un doute. Le talion frapperait de sa puissance apocalyptique, oh que oui! C'était à ce moment opportun que mon regard endiablé disséquait, avec une certaine dose d'extravagance, le jeune homme à la chevelure d'ébène faire une démonstration assurée des pouvoirs divins de ses prunelles rouges comme le sang qui se déverserait du corps de l'utilisateur du hyouton. Le susanoo, il maîtrisait ce don si rarissime chez les Uchiha, même chez ceux ayant développé le mangekyou sharingan. Impressionnant... Je décelais déjà une subtile étincelle de clairvoyance dans l'âme de cet étranger à l'aura haineuse. Sourire malsain, mais à la fois narquois, je contemplais attentivement la scène meurtrière. Docilement, sans même protester ni hésiter un seul instant, il exécutait ce pauvre Oinin du village caché de la brume. La lance de l'invocation, susano'o, se planta infailliblement dans le corps soumis de l'individu allongé au sol. Conservant ma froideur et mon attitude hautaine devenue aussi légendaire que ma propre personne, je restais silencieux suite à cela. Toutefois, j'étais satisfait de l'acte provenant de mon interlocuteur.

Une situation assez excitante, néanmoins j'étais de marbre. Contrairement à ce que j'avais éventuellement pensé, la mort de ce pathétique petit cloporte ne m'apportait pas autant de plaisir ou d'adrénaline. La mort se permettait-elle de scier ma joie en deux ou étais-je seulement juste préoccupé par quelque chose d'autre? Ça paraissait même évident, voire axiomatique. En effet, depuis ma réincarnation, je recherchais nuit et jour cette femme qui détenait mon coeur. Étais-je si malchanceux, moi? Malheureusement, je n'avais retrouvé aucune trace de la belle et ce monde était si vaste. Comment... Comment conserver mon calme face à ça? La destruction de ce village marchand au pays de la terre ainsi que ma haine facile envers ce jeune opportuniste shinobi aux allures pathologiquement féminines. Désormais, tout s'expliquait! Cependant, à ma grande surprise, ce jeune Uchiha en connaissait déjà... trop. Ses paroles me firent rapidement comprendre qu'il connaissait ma femme, du moins, assez pour savoir que je lui manquais cruellement. D'un côté, j'étais un peu énervé sur le fait qu'elle s'est autant ouverte à cet homme, mais de l'autre sens, mon esprit était plutôt soulagé de savoir que je comptais encore pour elle. Malgré toutes ces années, toutes ces décennies, Nëssa m'aimait toujours et je vivais dans son coeur. Rien que le fait d'y penser me réchauffait. Mais pour le moment, je devais m'assurer de certaines choses auprès de cet adolescent.

- Comment te nommes-tu?

Des paroles froides et faites sur le vif. Même si une montée d'émotions pointait en moi, je me devais de me contenir. Une tâche fortement difficile, surtout lorsqu'on semble à deux centimètres de l'objectif visé.

- Tu sembles la connaître...

Soudainement, les traits de mon visage devinrent plus sombres et mon regard, plus intense. Je dégageais une sorte d'hostilité à son égard. Allais-je l'attaquer? Allais-je le tuer de mes mains? Peut-être que l'héritier du clan Uchiha tenterait de calmer les jeux ou non. Peu importe, je testais vaillamment ses réactions. De toute manière, je ne risquais rien de bien terrible, car je suis Uchiha Madara, la légende.

« Uchiha Madara»

Une odeur âcre de brûlé s’élevait, balayée par une agréable brise, un léger crépitement se faisait encore entendre alors que les dernières flammes noires s’éteignaient. Une vie venait de s’arrêter à jamais, et c’était de sa faute, c’était lui le meurtrier de cet ami, de ce subordonné qui, au final, ne lui avait pas été si utile que cela. Même Karin ces derniers temps montrait plus d’intérêt que l’utilisateur du hyoton, récoltant des informations capitales pour ses futurs projets… C’était pathétique! Oui, Sasuke estimait qu’il avait bien fait de le réduire en cendre ce misérable qui lui jouait dans le dos, de lui faire goûter à sa maitrise du enton. Le feu avait triomphé de la glace. Puis, alors que l’ex-porteur du sceau maudit du ciel regardait cette légende réincarnée qui lui faisait face, le cadet des deux put entrevoir une petite lueur, bien courte, mais suffisante. Madara était donc satisfait de son choix de prendre le droit de mort sur cet être qui n’était plus. Cependant, comme tout shinobi de son rang, son visage gardait un air froid, un air qui lui faisait penser au sien. Après sa petite phase de démence, l’héritier était de nouveau calme. Il patientait juste. D’ailleurs, le jeune ferma les yeux un court instant. Lorsqu’il les ouvrit, le simple sharingan classique les ornait. Il n’avait pas besoin de plus et c’était à souhaiter que cela reste ainsi, que cette rencontre se déroule sans embûches. Alors que les deux hommes se jugeaient, s’observaient, Madara lui demanda son nom. Pour l’adolescent, c’était comme une marque de reconnaissance. Il n’était plus qu’un simple membre du clan le plus craint, il devenait une personne à part entière. Cela lui fit plaisir un court instant, même s’il n’en montra rien. Il entreprit alors de lui réponde, lui fournissant même plus que ce qu’il avait simplement demandé. Encore une fois, c’était réellement un coup de dé…

-Sasuke. Je suis le dernier Uchiha encore en… vie, hésita-t-il sur la fin.

Comment réagirait-il à l’entente de cette nouvelle? Après tout, selon Itachi, selon ce qu’il lui avait montré grâce à ses pupilles lors de leur combat, l’ancêtre désirait se venger du clan, il s’était senti trahi par eux. Serait-il satisfait de l’apprendre? Si tel était le cas, comment lui réagirait-il face à cela? Inévitablement, il aurait la rage au ventre, il se monterait violent, c’était évident. Le jeune Uchiha espérait vraiment ne pas en arriver là. Il savait à quel point ses réactions pouvaient être excessives, il ne voulait pas perdre le contrôle et se mettre à crier sa haine, crier sa souffrance, proliférer des paroles qu’il pourrait regretter ensuite. Sasuke avait l’impression qu’il ne faisait que ça, parler de son passé ces derniers temps. C’était chiant et saoulant à souhait! Par contre, il ne pouvait tout simplement pas rallier des gens à son projet de vengeances sans un minimum d’explications… Qu’est-ce que c’était con! Alors qu’il était perdu dans ses pensées, le nukenin de la feuille constata un changement, un refroidissement de l’air ambiant. Lorsque la voix glaciale et sèche de Madara retentit, l’adolescent comprit rapidement que son interlocuteur prenait mal le fait qu’il connaisse Nessa… Sur le coup, l’ébène trouva cela tellement puéril de la part d’une légende du monde shinobi qu’il en resta bouche-bée. Heureusement, parce qu’à ressentir cette aura beaucoup plus sombre, ténébreuse et puissante que la sienne, à la moindre erreur de sa part, ça partait assurément en couille. En tout cas, il n’était donc pas le seul à avoir des réactions excessives. Le noiraud choisit ses mots avec grand soin, mais ne cacha pas la vérité. Il fit preuve de franchise, exposant clairement son point de vue, et celui qu’il avait perçu en la kunoichi des ténèbres.

-Je l’ai rencontré deux fois seulement, mais se fut suffisant pour que je comprenne sa douleur et elle, la mienne…

Naturellement, il faisait référence à la perte d’êtres chers, il faisait référence au fait qu’il avait vu sa famille être complètement décimée sous ses yeux horrifiés et que la belle portait cette plaie d’avoir erré seule sans son amour pendant plusieurs années. L’adolescent continua donc, jouant franc jeu. Si ses paroles, si la vérité ne convenait pas à son ancêtre, tant pis, il n’y pouvait rien. Il s’arrangerait pour survivre et fuir l’affrontement, même si cela lui procurerait un sentiment d’échec. Il était hors de question que tout s’arrête aujourd’hui, que le seul Uchiha à fouler cette terre ne soit Madara. C’était ironique dans un sens, leur clan était vraiment le plus maudit de l’histoire, à vouloir s’entretuer, même encore aujourd’hui… Cercle vicieux interminable. Le cadet Uchiha reprit donc de plus bel, conservait toujours une attitude neutre, une voix sans grande variation.

-Pour moi, elle est une amie, la famille que je n’ai plus… Je crois que pour elle, je représente l’ombre d’un fils qu’elle n’a jamais eu. Elle nous trouve… certaines ressemblances, finit-il, pour appuyer ses dires.

Sasuke se tut. Il voulait dire tellement plus, mais il jouait la prudence. C’était une stratégie de sa part, surtout qu’en ce moment, son chakra était instable. Il venait de laisser libre cours à sa haine en tuant Yuki, ça faisait plusieurs fois en peu de temps qu’il parlait du massacre… Ça le déstabilisait, son équilibre psychologique avait été rompu il y a fort longtemps... L’adolescent ne désirait pas perdre le contrôle maintenant, pas devant le co-fondateur de ce village qu’il détestait tant, alors que ce dernier avait une attitude hostile à son égard. Toutefois, il ne pouvait pas lutter contre son côté sombre. Celui-ci prenait trop de place pour ça, tout son être était désormais noir. À voir si l’autre Uchiha l’accepterait tel qu’il était. À voir également comment il réagirait à ses paroles. Le jeune déserteur se tenait prêt à toute éventualité. Même s’il n’avait plus que le sharingan d’actif, il restait sur le qui vive. Si le noiraud ne pouvait prédire ses propres réactions, alors celles de l’Edo Tensei devant lui encore moins. Il n’était pas question de se laisser abattre sans opposer la moindre résistance, même si Sasuke espérait ne pas en arriver là. Il savait néanmoins à quel point une corde sensible pouvait rendre un Uchiha de mauvaise humeur, pouvait lui fournir un motif suffisant pour laisser libre cours à ses pulsions meurtrières… Que lui réservait alors le destin?

Était-ce le fait que ce jeune homme connaisse l'être le plus important à mon coeur qui me rendait si énervé? Me montrais-je trop possessif et protecteur envers la belle que j'en perdais tous mes moyens rien qu'en discernant son prénom au sein des paroles d'autrui? Loin de me douter que mes réactions pouvaient paraître excessives auprès de mes prochains, ma réputation d'homme d'une froideur remarquable doté d'une patience inébranlable en prenait assurément un coup dur. Cependant, je m'en fichais royalement de ce que pouvait songer mes interlocuteurs, car il n'y avait que mes ambitions qui m'importaient et tout le reste se figeait dans la case des choses secondaires ainsi qu'inutiles. Tout ce que je désirais, c'était de la retrouver, et ce, peu importe le prix à payer, peu importe les sacrifices que j'aurais à commettre ou les nombreux meurtres de sang-froid que je devrais réaliser pour parvenir à cet objectif me tenant à l'âme.

Devrais-je la laisser un peu tranquille? Devrais-je arrêter de vouloir la retrouver, de la posséder d'une telle manière, de toujours recherché à la protéger de tout et de n'importe quoi? Peut-être désirait-elle que je la laisse vivre sa vie en paix... À vrai dire, je ne savais pas trop à quoi penser. Parfois, je spéculais à une série de scénarios effroyables sur son cas et ça me rendait complètement dingue. Putain! Si elle voyait à quel point je me démenais pour elle, si elle connaissait le nombre de victimes à qui j'avais faucher leur âme pour espérer dénicher ne serait-ce qu'une seule trace ou indice concernant sa présence en ce monde maudit. Lorsque je visais un but particulier, plus rien ne pouvait retenir assit sur une chaise. Je souhaitais tant qu'on entende ma colère et ma rage. Jamais on ne m'avait reconnu à ma juste valeur, jamais on n'avait porté une attention particulière à mon égard, même au sein de mon clan qui me rejeta sans pitié et encore moins chez le damné Hashirama Senju. Nëssa était bel et bien la seule et unique personne en qui je pouvais me confier librement sans qu'elle me porte des jugements inutiles ou qu'elle me fasse la morale comme si mon âge ne dépassait pas celle d'un gamin de dix piges. Assurément, je représentais l'exemple typique d'un personnage éternellement incompris.

Malgré mon semblant d'hostilité envers l'héritier de mon clan, je demeurais réellement impressionné par les capacités de celui-ci. Déjà, il démontrait une maîtrise quasiment parfaite de l'enton et il possédait le mangekyo sharingan éternel. Visiblement, ce jeune homme se destinait à me surpasser au niveau de la puissance brute. Inévitablement, je me sentais un peu...dépassé par tout cela. J'avais sérieusement besoin de prendre des vacances, puisque tout commençait à se tortiller à l'intérieur de mon esprit. D'ailleurs, je repris aisément mon calme suite à la « révélation » de cet Uchiha nommé Sasuke. La mort et la destruction de mon clan ne me surprenaient pas tant que ça. En me pliant au règne d'Hashirama Senju ainsi qu'à celui de sa petite bande d'écervelées, je redoutais inéluctablement que ce jour se lève à l'aube d'une triste réalité. L'extermination de la lignée de l'éventail était prévue depuis longtemps dans l'esprit des dirigeants du village caché de la feuille. Maudite volonté du feu! Putain d'Hashirama Senju! Jusqu'où avait-il prévu de détériorer les Uchiha et de les massacrer jusqu'au dernier survivant? Je le hais, je le hais, je le hais! Cet enfoiré avait osé m'humilier à la vallée de la fin en racontant ma « défaite » aux générations futures. Heureusement, ceux-ci allaient bientôt payer de s'être joués de nous. Bientôt, Konoha allait verser sang et larmes, mais surtout regretter d'avoir autant rabaissé le clan Uchiha. Rien qu'à y penser, je fulminais totalement. Il n'y avait absolument rien à faire, mes antiques démons me hanteraient pour l'éternité.

Pour l'instant, je retrouvais tranquillement, mais sûrement mon attitude « docile » lorsque Sasuke m'en raconta davantage sur ma tendre. Indubitablement, je détournai les yeux vers le côté, fixant le tronc d'un arbre. Je pris un air désolé et pensif, c'était plus fort que moi. Nëssa souffrait en mon absence et sa douleur m'affectait. Le pire dans toute cette histoire, c'était que je n'y pouvais rien! Pas de câlins, pas de bisous ni de mots doux. Néant! Impossible de la chérir à distance. Voilà de quoi me choquer et me sentir bien inutile.

- Konoha n'a jamais considéré les Uchiha. Depuis l'époque où j'ai accepté de fonder ce village avec Hashirama Senju, les dirigeants ont toujours voulu nous éloigner du pouvoir et à nous enfoncer dans l'ombre. Les membres de mon clan restèrent aveugles devant cette menace imminente. Notre anéantissement était une chose inévitable. Jusqu'où les Senju avaient prévu leur coup? Konoha doit payer pour avoir osé salir notre nom et profité de nous. Mais...

Ma parole se coupa nette sur un semblant d'hésitation. Mon regard fraichement éclairé d'un eien no mangekyou sharingan se retourna pour miser celui du jeune descendant de mon clan. Certes, ma vengeance envers Konoha était une chose importante et ce fut même un élément caractéristique qui forgea ma légende si redoutée auprès de tous. Néanmoins, cette quête se montrait secondaire face à la souciance que je vivais actuellement. Revoir ma douce m'importait plus que tout. En aucun cas je ne devais laisser cet objectif de côté. En vieillissant, mes priorités s'étaient remises à la bonne place. J'avais perdu beaucoup trop de gens qui me tenaient à coeur, à cause de mon arrogance. J'ai tué mes meilleurs amis afin d'obtenir un nouveau pouvoir, mon frère cadet m'offrit ses yeux pour que je puisse continuer la lutte face aux Senju, j'avais kidnappé le coeur de Nëssa et je trouvais la mort avec sans le lui rendre. Désormais, la moindre des choses que je puisse réaliser pour réparer l'un de mes remords du passé c'était de retrouver cette femme pour lui offrir tous les rêves promis. Sasuke semblait bien la connaître. Peut-être m'aiderait-il à dénicher quelques pistes sur son positionnement et son état. D'ailleurs, je me demandais dans quel genre de circonstances leur première rencontre avait eu lieu.

- Je dois la retrouver. Je t'en serais éternellement reconnaissant si tu me dévoilais où pourrait-elle se trouver actuellement.

J'espérais que l'héritier du clan Uchiha collaborerait docilement à ma demande. À vrai dire, je me sentirais plutôt frustré et humilié s'il me refusait ça. Je désirais m'en tenir à bon terme avec lui. Si ses dires étaient bien véridiques, la belle serait forcément blessée si j'en venais à m'attaquer à ce jeune homme. À aucun des deux, je ne souhaitais faire du mal. Tout cela laissait presque croire que j'étais un bon samaritain...

« Uchiha Madara »

Le silence régnait en maître, même les derniers crépitements des flammes noires s’étaient arrêtés. Sasuke venait de déballer sa vérité et ce qu’il avait ressenti venant de la belle kunoichi mystérieuse qui intéressant tant Madara. D’ailleurs, le cadet des deux eut toute une surprise à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Si au départ, son ancêtre démontrait de l’hostilité à son égard, que son aura sombre avait pris de l’ampleur, démontrant que la moindre erreur, que la moindre parole déplacée serait fatale, à mesure que l’adolescent parlait, l’ambiance changeait. En effet, contre toute attente, le co-fondateur de Konoha reprit son calme. Pire, son visage si froid prit un air désolé, un air triste à l’évocation de la peine que ressentait sa douce durant son absence, détournant même les yeux, rompant le contact visuel entre eux. Si sa précédente réaction excessive l’avait surpris, ça n’était rien comparativement à maintenant. C’était ça, l’amour? Ça rendait même le plus froid, le plus puissant des hommes vulnérable? C’était si douloureux que de se retrouver séparé de quelqu’un qui n’avait pas de lien de parenté, pas de lien de sang, pas de lien fraternel? Pour dire vrai, le jeune nukenin ne comprenait pas comment cela pouvait être possible. Pour lui, sa plus grosse perte était la mort de sa famille, alors il ne concevait pas qu’un étranger entré dans la vie d’autrui puisse, un jour, prendre tant de place. Plus il y pensait et plus il trouvait ça déroutant, jusqu’à… Non, c’était con, c’était loin d’être la même chose et ce n’était absolument pas le moment d’avoir ce genre de pensées qui le dérangerait d’autant plus. Inévitablement, l’image d’un blondin souriant qu’il avait laissé derrière lui refit surface à ce moment, dans cette situation et ça le saoulait profondément. Ça avait été de l’amitié, une solide amitié, mais sans plus…, non? Profitant du fait que Madara ne le fixait plus, l’ébène posa sa main droite un peu plus violemment que prévu sur son front, serrant ses doigts fins dans ses longues mèches encadrant son visage. Ce n’était juste pas le moment… d’avoir des songes qui le rendaient perplexe sur la suite des évènements.

Résolu, sa main glissa sur sa mèche puis revint à sa place, le bras à côté du corps. Sa volonté en cet instant était plus forte que tout et cela lui permit de se concentrer de nouveau sur la présente rencontre, sur la présente discussion. À temps dirait-on, puisque la voix de plus âgé s’éleva. Il confirma alors que ce l’adolescent savait déjà, à savoir que Konoha avait toujours rejeté leur clan. Qu’est-ce qu’il les hait tous autant qu’ils sont! Cependant, la suite n’entra pas dans l’oreille d’un sourd… Madara affirma que ce pathétique village devait payer d’avoir sali leur nom, d’avoir profité d’eux. Bordel, ça lui fit tellement plaisir que d’entendre ça! Savoir qu’il avait toujours les même idéaux qu’autrefois, qu’ils le partageaient ensemble aujourd’hui… Oui, dans un avenir proche, il s’arrangerait pour obtenir une collaboration avec cet être légendaire pour mettre un terme à la paix, pour semer le chaos et pour faire comprendre au monde l’étendue de leur pouvoir, de leur souffrance. Sasuke jubilait rien que s’y penser! Là, tout de suite, il se sentait si près d’atteindre son objectif final, si près d’accomplir cette ultime vengeance qui lui brûlait le cœur depuis si longtemps… L’impatience le gagna, il voulait en discuter là maintenant, mais son aîné calma sa joie radicalement, ajoutant un mais qui sonna chiant à l’oreille de l’utilisateur du enton. C’est alors que leurs regards se croisèrent de nouveau, puis il enchaina, lui parlant de Nessa. Il désirait avant tout la revoir, la retrouver, lui demandant s’il savait où elle se trouvait en ce moment. Alors là, il n’en avait pas la moindre idée… Comment pourrait-il lui avouer qu’il ne savait pas? Tout ce que le noiraud avait comme information, c’était la quête dont elle lui avait parlé, mais elle-même ne savait pas où aller, où commencer… Autant dévoiler ce fait à Madara, c’était tout ce qu’il pouvait faire pour lui, pour le moment. Serrant la mâchoire, Sasuke détourna le regard, avant de prendre la parole d’une voix étouffée, mais étonnamment calme pour ce qu’il allait dire.

-Nous avons un intérêt commun… Je souhaite aussi l’anéantissement de Konoha pour ce qu’ils nous ont fait. Ils m’ont pris ma famille… jamais je ne pourrais leur pardonner.

C’était tout ce qu’il dirait à ce sujet pour le moment. Le jeune Uchiha n’était pas con, il avait bien vu ce qui préoccupait le légende de l’éventail c’était son amour et rien d’autre pour l’heure. Nul besoin de le faire trop attendre pour répondre à ses attentes la concernant. Ses iris écarlates revinrent se poser sur celles de Madara. Moins crispé que précédemment, il lui apporta le peu de précisions qu’il possédait. Qu’est-ce qu’il se sentait inutile avec tout ça…

-Je l’ai croisé il y a une semaine, à la Vallée de la fin… Elle était assise sur la tête de l’immense statue te représentant. Je ne sais pas ce qu’elle avait fait avant mon arrivée, mais son tigre n’y était pas et une bonne partie de la forêt était en flamme…

À dire vrai, maintenant qu’il y pensait, il avait joué tellement l’égoïste qu’il n’avait pas posé de question là-dessus. Limite, il se sentit mal un instant. Il avait été énervé par son manque de considération envers le massacre de son clan, envers ces meurtriers qui méritaient le pire des châtiments de ce monde… alors il n’avait pas songé un seul instant à se soucier plus d’elle… Quel narcissique il faisait parfois. L’ébène se promit de rectifier cela la prochaine fois qu’il l’a croiserait. Ainsi, il continua à fournir ses informations. Il était rare de voir Sasuke aussi docile, mais en présence de gens qui pouvaient le comprendre, il s’adoucissait. Puis, il désirait tellement chasser ce vide en Nessa… Grâce à cette rencontre, il y arriverait. Au moins, il aura le sentiment d’avoir servi à quelque chose pour elle.

-Lorsque nous nous sommes quittés, elle m’a simplement dit qu’elle recherchait le sanctuaire des Paradisiers. Je crois qu’elle ne savait pas l’exact localisation, et je t’avoue que moi non plus… À l’heure actuelle, je ne sais pas où elle est, finit-il, l’intonation plus douce, la voix moins forte.

Ça le saoulait de ne pas pouvoir être plus utile. Qui sait où se trouvait la belle kunoichi à cet instant? Se serait donc à Madara de trouver sa piste. Maintenant qu’il lui avait dit ce qu’il savait, Sasuke se demanda ce qu’ils allaient faire. Leur chemin prenait-il une route différente? L’aîné lui demanderait-il de l’aider à la retrouver? Resteraient-ils ensemble pour chercher? Tant de questions qui envahirent l’esprit du jeune déserteur. Il patienta alors d’avoir une réaction à ses propos, c’était tout ce qu’il pouvait faire pour le moment.

Le temps jouait une partie de fou aujourd'hui, car je comptais chaque minute, chaque seconde qui me passait devant. Jamais je n'avais autant gérer avec efficacité mon temps, puisque moi-même je n'appréciais pas attendre. J'étais plutôt impatient pour la suite des événements. Bien que Sasuke semble fort bien partager les mêmes ambitions que les miennes, je me devais de ne pas trop m'éterniser ici. Après tout, Nëssa m'attendait certainement depuis des années et je comprenais fermement le fait que sa patience soit largement à bout. C'était pourquoi je précipitais un peu les choses actuellement. Bien sûr, j'aurais pu proposer une avantageuse collaboration avec ce jeune survivant de mon clan ou discuter un peu plus de notre vengeance envers le village caché de la feuille. Plusieurs éléments m'intriguaient. Pourquoi restait-il qu'un seul vivant? Comment avait-il fait pour survivre au génocide? Était-ce un événement récent ou datait-ce de quelques années? Une multitude d'interrogations voguaient à l'intérieur de mon esprit concernant ce tragique, mais si prévisible événement. Pour dire vrai, j'étais relativement soulagé d'apprendre qu'il y avait tout de même quelques individus non aveuglés par les idéaux malsains de Konoha, l'héritage d'Hashirama Senju. Malheureusement, ils avaient agi trop tard! S'ils s'étaient ouverts les yeux à mon époque, lorsque j'étais le leader du clan Uchiha, l'histoire aurait certainement été différente. Le monde shinobi n'aurait pas été le même, parce que je l'aurais façonné à MA façon. Une méthode juste et bonne pour tous, mais surtout plaisante pour les idéaux de mon clan que je cherchais tant à protéger et à hisser au sommet de la montagne. Désormais, le destin m'offrait généreusement un survivant de ma lignée. Je me réjouissais à l'idée de rêvasser que le cycle dément de la haine continuerait pendant des générations et des générations entières. La haine ne se transmettait pas avec une simple union charnelle, non loin de là. Cette émotion n'était rien d'autre qu'une mutation de l'amour. Plus l'on aime, plus la haine est forte.

Je fus parallèlement satisfait que le jeune Uchiha accepte de collaborer avec moi, parce que quelque chose sommeillant dans les entrailles de mon coeur me disait qu'il pourrait m'aider, d'une manière ou d'une autre. En effet, Sasuke portait inévitablement les mêmes gênes que les miens. Tous les deux, étions des héritiers du Rikudo Sennin, nous partagions des objectifs quasiment identiques et une future alliance entre nous deux était possible. De plus, si ses paroles étaient véridiques en tout point, ça signifierait que Nëssa aurait tissé un vigoureux lien effectif avec cet adolescent. Je me demandais à quelle abscisse nous mènerait toute cette histoire. En y repensant bien, Sasuke, Nëssa et moi formions une sorte de petite famille reconstituée. Nous étions tous relativement dans la même situation et nous dégagions tous une aura semblable comme si notre sang coulant dans nos veines faisait partie d'une lignée identique. Voyais-je un avenir à travers cette possibilité ? Me rendais-je compte qu'un homme seul n'était rien parmi cette foule ? Étais-je en train d'apprendre de mes erreurs du passé afin de revenir plus puissant et plus « parfait » ? Jadis, j'étais plongé dans la solitude, avant de rencontrer ma chère et tendre, mon clan m'avait lâchement délaissé. Aussi fort et talentueux étais-je, seul je n'y pouvais rien contre les forces alliés. Si seulement j'avais eu de l'aide pour accomplir mes objectifs, si seulement des gens pertinents m'avaient offert le moindre petit et minuscule intérêt... Rien que le fait d'y songer faisait monter mes sens. Inévitablement, je rageais et j'étais colérique face à cela. Tout me passait entre les doigts. Si près du but, mais si loin en même temps. Y pouvais-je réellement quelque chose ? Les légendes parlaient de moins comme un éternel perdant, un être n'ayant vécu que des défaites aux yeux de tous. Néanmoins, personne n'eut la bonté de citer mon courage et ma bravoure dressant ainsi le portrait sombre d'Uchiha Madara. Qu'en était-il de l'homme vaillant et protecteur envers son clan ? Qu'en était-il des éléments qui avaient forgé la légende d'Uchiha Madara, l'homme le plus craint et dangereux au monde ? Mon nom se perdait-il au sein de la mémoire collective ? Pour le moment, je n'en savais trop rien, mais une chose était certaine. Oh oui ! Ceux pensant ainsi allaient le regretter amèrement !

J'esquissai un faible sourire du coin des lèvres lorsque le jeune Uchiha me dévoilait les informations tant attendues. Naturellement, ça me satisfaisait amplement qu'il collabore avec moi, car ce n'était pas dans mes souhaits d'utiliser la force brute pour lui faire cracher des mots. Il m'intéressait peut-être bien, cependant ça s'arrêtait là. Je n'étais pas du style à m'accrocher aux gens si aisément. Pour dire vrai, la seule personne ayant réussi à me garder prêt d'elle sans que j'en ressente de la haine, c'était Nëssa. Rien que sa simple présence parvenait à chasser les vieux démons qui me hantaient. Je fus relativement surpris d'apprendre qu'elle partait en quête du sanctuaire secret de ses invocations. Espérait-elle apprendre le senjutsu, un art très dangereux ? Elle risquait gros en se lançant dans une telle aventure. Voilà une information qui s'avérait suffisante pour semer l'inquiétude en moi. Il ne fallait pas prendre à la légère l'art de maîtriser l'énergie naturelle, car aux dernières nouvelles, beaucoup de ninjas « talentueux » périssaient en tentant de dompter une si grande puissance. Je ne doutais pas du talent de ma femme, mais jamais je n'accepterais le fait qu'elle se blesse, qu'elle souffre ou qu'il lui arrive quelque chose de problématique. Si seulement je réussissais à la retrouver à temps, peut-être que je pourrais essayer de la convaincre de renoncer à cet objectif de fou. Avec moi, elle n'aurait pas besoin de suer ou de souffrir pour progresser ou être plus fort. Toutefois, je me demandais qu'elles étaient sincèrement ses intentions pour se diriger vers un apprentissage aussi dangereux.

- Eh bien... Je te remercie pour ces informations. Je pense avoir une petite idée du secteur où elle se trouve actuellement. Je vais y aller de ce pas.

Froid et hautain, mon visage ne laissait paraître aucune futile émotion, signe que notre conversation touchait à sa fin. Malgré que je souhaitais en savoir davantage sur certains sujets comme le massacre du clan Uchiha, le temps ne jouait pas en ma faveur. À croire que la malédiction me suivrait jusqu'aux os. Sans broncher davantage sur la matière, je fis volte-face afin de montrer mon dos au jeune Sasuke. Cette rencontre pertinente avait été plutôt riche en informations. Cependant, je me devais de quitter ces lieux et de passer à d'autres choses. J'espérais fort bien que le destin allait m'accorder la grâce de revoir cet utilisateur du enton afin que nous puissions avoir la chance de mettre au point une possible collaboration ou quelque chose s'en rapprochant fermement. Lentement, mais sûrement, je commençais à m'enfoncer dans l'obscurité des bois, puis je me stoppai avant que la distance nous séparant ne soit trop spacieuse. Finalement, partir sans rien communiquer n'était peut-être pas une bonne idée...

- Le destin nous réunira de nouveau. En attendant ce moment, songe à rester en... vie.

« Uchiha Madara »

Madara semblait pressé, dévorant presque les maigres informations que lui fournissait son descendant. Dès que le jeune Uchiha eut terminé, se ne fut pas long pour que le plus âgé prenne la parole à son tour. D’abord, il remercia Sasuke, une forme de reconnaissance que ce dernier n’attendait pas. Au moins, c’était ça de gagné. Puis, il affirma devoir partir maintenant, sachant environ où aller pour retrouver Nëssa. Sérieusement, l’adolescent fut surpris que la légende ne relève pas plus que ça le fait qu’ils aient un projet commun. Était-il si préoccupé par une autre personne? Était-il si amoureux au point de mettre de côté lui-même ses projets pour elle? Cela troublait l’héritier. Lui, il avait toujours vu ce genre de sentiment comme des nuisances, comme quelque chose qui pouvait ralentir sa progression, comme quelque chose qui le ferait déloger de la voie qu’il avait choisie. Mais aujourd’hui, il croisait le plus puissant Uchiha de tous les temps et était forcé de constater qu’en fait, l’amour ne rendait pas faible… Oui, c’était bel et bien une source de distraction, ça il le voyait clairement en son ancêtre, mais… non, pas une source de faiblesse, plutôt une nouvelle force, différente. Mariée à la haine, cela semblait apporter un mélange explosif de pouvoir. Alors là, l’ex-porteur du sceau maudit s’en posait des questions… Devait-il s’ouvrir lui aussi à ce genre d’émotion? Devait-il s’éprendre de quelqu’un au point d’en devenir dépendant, de se reposer sur autrui? Avoir quelqu’un avec qui il pourrait tout partager, avoir des moments intimes, rien qu’à eux? Ce torrent d’interrogation le déstabilisa fortement, il se sentit perdre pied, au sens figuré. C’est pourquoi il ne répondit absolument rien sur le coup à Madara, trop préoccupé par tout ça. Néanmoins, il revint rapidement à lui lorsqu’il vit son aîné se tourner et commencer à marcher, sans au revoir, sans rien ajouter…

En même temps, à quoi s’était-il attendu? Il avait déjà eu plus de reconnaissance qu’il ne le pensait au départ. C’était évident, le co-fondateur de la feuille n’avait pas de temps à perdre avec des gens comme lui, si? Tch, ça lui laissait un tel goût amer que de penser ainsi… Désactivant son sharingan, Sasuke ferma rageusement les yeux, détournant la tête. Ça le faisait chier comme fin, mais avec ça, il avait pu mettre au clair certaines choses, concevoir la suite logique de ses prochaines actions. C’était là une maigre satisfaction sur le lot. Sur le point de partir lui-même sans rien ajouter, puisqu’il était blessé dans son orgueil, il ouvrit les yeux en grand lorsqu’il entendit l’écho de la voix grave qu’était celle de Madara. L’ébène lâcha un petit soupir de soulagement involontaire tout en relâchant les poings précédemment serrés sous sa rancœur. L’autre lui demandait de rester en vie jusqu’à leur prochaine rencontre. Non, il n’y manquerait pas!

-Je ne compte pas manquer une nouvelle rencontre avec toi.

Demi-sourire aux lèvres, il regarda une dernière fois le dos de son ancêtre, puis se retourna à son tour. Exposant le symbole de l’éventail présent dans son dos, sur son haut, le cadet commença aussi à marcher, dans la direction inverse. Cette rencontre lui ouvrait de nouvelles perspectives sur l’avenir. Aujourd’hui, il savait qu’il possédait un allié de taille avec lequel il partageait ses envies de destructions et de vengeance. Bon, rien n’était conclu encore, rien n’était fait. Néanmoins, ce n’était qu’une question de temps. Sasuke avait le sentiment qu’ils se retrouveraient bientôt, dès que le co-fondateur de la feuille aurait mis la main sur sa tendre, sa préoccupation principale réglée, ils pourraient s’adonner à leur but, semant un chaos sans précédent. Juste d’y penser, juste d’imaginer la scène de carnage qu’ils arriveraient à produire, le jeune Uchiha avait envie de ricaner méchamment. Ça le faisait tellement jubiler! L’impatience le gagnait peu à peu, mais l’adolescent se contint. Pour l’heure, il avait des projets à mettre en place. Oh oui, lorsque Madara recroiserait sa route, Sasuke serait plus puissant que maintenant! Toutefois, ce n’était pas tout. Une idée avait germé dans son esprit durant la conversation. En effet, le nukenin de Konoha désirait découvrir les secrets sur son clan. Il s’était senti si ignorant face à cette légende… Il voulait rectifier cela et il savait déjà où se rendre pour y parvenir. Sa rencontre avec Madara écourtée, l’héritier n’avait pu l’utiliser comme source de connaissance. Donc, une solution de rechange lui était venue. Il irait retrouver Karin, puis direction Pays de Feu… Que découvrirait-il? Il souhait réellement qu’une vérité éclate… Lui plairait-elle? Remettrait-elle en cause ses idéaux et ses objectifs? Peu importe! Le survivant du massacre de l’éventail n’avait plus l’intention de reculer. Il n’était plus un gamin à qui l’on pouvait mentir, à qui l’on pouvait cacher des faits. Il était prêt à faire face à ses futures découvertes, à qui était son clan, à ce qu’il représentait!