Un éclaireur surpris? {PV Karin}

Karin voltigeait à vive allure entre les arbres, sa grande cape noire la recouvrant entièrement, la rendant méconnaissable au premier coup d’œil. La capuche rabattue sur sa tête, seul son menton effilé pouvait être aperçu, le reste étant plongé dans l’ombre. La jeune femme marchait d’un pas pressé, alors qu’elle avait quitté depuis quelques heures à peine les frontières de Kumo. Ce qui l’avait amené là n’était connu de personne autre que ses deux comparses rencontrés en ses lieux. L’un d’eux, Sasuke, était d’ailleurs parti de façon bien abrupte, laissant la kunoichi de l’herbe et le clone derrière lui. L’adolescente avait ainsi donc quitté Yuki a son tour histoire de vaquer à ses occupations. Tout cela lui paraissait bien étrange étant donné qu’elle avait l’habitude de suivre le garçon au Sharingan partout où il allait auparavant… Il fallait croire que les choses avaient vraiment changées. Le regard rouge posé droit devant, l’Uzumaki réfléchissait alors que le paysage défilait sans qu’elle n’y porte attention. Ses capacités de senseur en alerte, elle scrutait les kilomètres environnants. Quelques chakras se faisaient sentir, mais rien de bien alarmant pour l’instant, ils étaient encore loin. Se remémorant les quelques informations récoltées à Konoha lors de son court séjour, notre nukenin pensa bien qu’elle pourrait tenter de compléter davantage ce qu’elle avait déniché. Elle se mordit un moment la lèvre… Trouver un repère d’Orochimaru pourrait être intéressant aussi étant donné qu’elle était à proximité d’Oto. Il lui semblait d’ailleurs qu’il y en avait un dans les environs. La jeune femme pourrait y prendre ce qui y serait encore, tout ce qui pourrait lui être utile et ce qui n’aurait pas été fouillé et emporté par les ninjas de la feuille.

Replaçant ses lunettes sous sa capuche, son expression était neutre. En proie à une réflexion intense, elle vint s’arrêter sur la branche d’un arbre, pratiquement au haut de la cime, camouflée parmi le feuillage épais, se fondant bien dans l’ombre du branchage avec ces vêtements sombres. Elle sortit quelques senbons et une fiole dans laquelle elle trempa ses lames dans le liquide transparent qui y baignait. Depuis Kusa, elle n’avait pas particulièrement eu le temps d’appliquer ses drogues et ses poisons sur ses armes, profitant donc de la tranquillité et de l’absence d’âme pour terminer cette préparation dans le cas où elle tomberait sur une rencontre non fortuite, comme il lui était arrivé un peu trop souvent dans les derniers jours. Appliquant avec minutie le liquide, la demoiselle au caractère de furie ressentit une présence s’approcher dans sa direction. Elle leva donc le regard, comme si elle pouvait l’observer de ses yeux, bien que ce ne fût pas le cas. Rangeant soigneusement ses affaires pendant qu’elle le pouvait encore, lorsque la dite personne fut à proximité, elle devint aussi immobile qu’une statue, une lame bien glissée à l’intérieur de la main et les autres à proximité. L’espionnant grâce à ses capacités bien particulières, elle analysa son chakra. Celui-ci n’avait rien d’impressionnant à prime abord. Aucune puissance, bien que pas nécessairement faible pour autant… sans rien qui puisse le particularisé réellement. Elle ne le connaissait pas, mais elle crut bien pouvoir peut-être y tirer un avantage si elle parvenait à le prendre par surprise. Quiconque croisant sa route pouvait lui révéler des informations utiles, elle ne voulait pas manquer sa chance. Puis, ne lui faisant pas peur, ayant affronté bien pire que lui, la kunoichi croyait bien avoir une chance.

L’adolescente resta donc immobile, patientant qu’il daigne se mouvoir. Ce qui ne fut d’ailleurs pas bien long. Au bout d’à peine quelques minutes, elle le sentit sauter d’une branche à l’autre pour aller atterrir au sol. Ce fut à ce moment qu’elle prit son initiative. D’un simple geste du bras, discret, silencieux, mais précis et sans hésitation, elle fit vibrer son senbon dans l’air au travers des branches de l’arbre, le bruit de son arme bien camouflé par celui du déplacement et de l’atterrissage de l’homme imprudent. Il lui suffirait que de l’effleurer, d’une simple entaille pour que tout joue en sa faveur. Étant placé derrière lui, sa lame allait l’atteindre dans le dos. Quelles étaient ses chances d’esquiver ou de contrer ? Elle se le demandait bien. Peut-être était-il plus préparé qu’elle ne le croyait… ou peut-être pas… Il se pouvait bien qu’il soit tout aussi inconscient que l’avait été ses deux gardes à Konoha. Un léger sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille. La suite des évènements prendraient une tournure qui pencherait soit pour l’un soit pour l’autre. Et elle jubilait de savoir qui repartirait avec le gros bout du bâton.

Quel idiot il faisait... Que pensait-il ? Qu’il avait une once de chance contre elle ? Quelle utopie ! Il avait signé la fin de son combat dès le moment où il avait posé le pied dans la clairière. L’imprudence et le manque d’attention dont lesquelles le garçon d’Iwa faisait preuve lui avait quasiment fait mal. Comment pouvait-il ne pas être sur ses gardes ? En temps de guerre… C’était la dernière chose à faire. L’adolescente l’avait espionnée, immobile, depuis son arrivée sans que celui-ci la remarque. D’un simple geste de la main, elle avait envoyé son senbon volé entre les branches. Ses capacités de senseur lui permettait bien plus que de simplement détecter le chakra… elle avait aussi une conscience de son environnement comme si un œil planait au-dessus de la zone, lui offrant une vue en plongée sur ce qui l’entourait. De plus, malgré la densité du feuillage, elle pouvait clairement apercevoir la demi-clairière et donc le ninja imprudent qui avait mis pieds au sol, bien que le contraire ne semblait pas possible. Son arme fusa donc, mais ne visa jamais le sac positionné dans le dos du jonin, mais une ouverture pour passer directement au travers de son chandail et le piqué. Juste entre les épaules et le cou, l’aiguille se planta aussitôt dans la peau. L’idée n’était pas de le blessé gravement, le petit trou était d’ailleurs bien superficiel. Elle voulait tout simplement que son somnifère puisse faire effet… Et elle était de plus certaine que son coup allait fonctionner. Celui-ci allait de plus regretter d’avoir croisé sa route lorsqu’elle lui aurait soutiré les informations qu’elle désirait obtenir.

Karin resta donc immobile après que son arme eu touchée l’Iwajin. Elle laisserait sa drogue faire effet et réagirait par la suite. Immobile, bien camouflée dans l’ombre de l’arbre avec sa cape, elle resta adossée au tronc, regardant le jeune homme agir avec une certaine ironie. Tout cela était inutile. Sa tentative de se cacher et celle de revenir complètement à découvert pour se créer une arme dans les mains. Savait-il que tout cela était sans intérêt, surtout pour elle. Qui plus est, se découvrir ainsi alors qu’il ignorait où était son ennemi et qui il était. Ce garçon prenait un gros risque… Mais de toute manière, il n’aurait pas le temps de faire quoi que ce soit. Son regard rouge l’observait au travers de sa capuche, brillant d’une lueur qu’on lui connaissait peu. Celle de la satisfaction. C’en était terminé pour elle d’être en arrière plan. L’Uzumaki était désormais en mesure de se débrouiller seule et elle le réalisait peu à peu. L’adolescente pencha un moment la tête, observant la forme étrange de l’arme que venait de créer Shaolan entre ses doigts. C’était la première fois qu’elle voyait pareille chose. Néanmoins, elle y porta peu attention, reportant rapidement sa concentration sur le jonin, histoire de savoir s’il tentait de faire quelque chose, quoi que l’idée fût stupide en un sens, il ne pourrait pas. Encore fallait-il qu’il trouva où elle se situait et quand même bien qu’il y arriverait, celui-ci ne se rendrait jamais à la nukenin. Quelques pas à peine et il tomberait.

Scrutant avec ses yeux le moment où il commencerait à flancher, la jeune demoiselle au caractère de furie resta silencieuse aux paroles de son adversaire. Le combat n’aura pas été des plus épuisants dans son cas. Bien au contraire, elle aurait à peine bougé le petit doigt. Qu’un seul senbon lui aurait suffit pour mettre K.O. son opposant. À moins que celui-ci lui réserve une surprise qu’elle n’aurait pas vue, bien que cela l’étonnait fort bien. Cependant, contrairement à lui, Karin restait sur ses gardes. Ce qu’elle lui gardait pour la suite était bien pire… Mais ce dernier ne s’en doutait sans doute pas une seconde. Un léger sourire aux coins des lèvres, son coude accoter contre son genou, dans un air un peu décontracté, elle attendit patiemment… car d’une seconde à l’autre… il tomberait…

La jeune demoiselle l’avait senti faiblir et elle sut bien vite qu’il se rendit compte de son erreur, mais il était déjà trop tard. D’un œil avertit, elle l’observa s’approcher d’elle, faire un pas, deux pas, puis trois avant de lancer sa hallebarde vers celle-ci. Dès qu’elle le vit faire ce geste, l’adolescente se laissa glisser jusqu’au sol, l’arme voltigeant au-dessus d’elle sans même être près de la toucher, venant se ficher dans le tronc. Karin doutait même qu’il sut viser à l’endroit où elle était. Mais qu’importe. Apercevant le corps de l’homme s’écrouler au sol, elle ne fit, ni une, ni deux et vint le ramasser, le posant contre son épaule. Le poids de ce dernier était lourd, certes, mais elle n’avait pas un kilomètre à faire… elle saurait tenir. Disparaissant à travers les arbres après avoir effacé les dernières traces de leur pseudo-combat, l’Uzumaki partit en direction du repère d’Orochimaru qu’elle recherchait. Elle devait fouiller loin dans sa mémoire, car ce lieu remontait à des années pour elle, mais la kunoichi savait qu’elle était sur la bonne voie. Longeant une petite rivière, elle aperçut du coin de l’œil une petite falaise qui montait, telle un plateau. Cet endroit lui était familier. Celle-ci se stoppa et vint se poster devant le mur, déposant le corps endormi de l’Iwajin. La nukenin tata la terre du bout des doigts. Elle eut l’impression que des souvenirs refaisaient surface, comme si elle le vivait dans l’instant présent. À des lieux précis et avec une dose de chakra dégagée particulière, l’adolescente appuya sur différente partie du mur, revoyant Orochimaru faire les mêmes gestes. Ce n’était que grâce à ses capacités de senseur de l’époque qu’elle pouvait aujourd’hui reproduire la même chose sans faire d’erreur.

Après une longue composition, une porte s’ouvrit, une partie de la terre coulissant vers l’intérieur pour créer une entrée. Souriant doucement, elle reprit Shaolan et entra. Une pièce plongée dans l’obscurité s’ouvrit à elle. Posant le jonin contre une chaise sur laquelle elle se heurta, elle entreprit rapidement d’allumer les chandelles encore en état pour offrir une ambiance tamisée, quoi qu’un peu inquiétante. Une vingtaine de minutes s’étaient écroulées déjà et il ne tarderait sûrement pas à se réveiller. Fouillant l’homme de la tête aux pieds, elle lui retira toutes ses armes et équipements qu’il possédait, lui enleva même le haut de son habit, lui retirant ses souliers, ne lui laissant que le bas qu’elle avait pris soin de dépouiller, ne laissant que le linge. Puis elle referma autour de ses poignets les menottes de métal intégrées à la chaise pour l’immobiliser et celles autour de ses chevilles. Ainsi, il ne pourrait faire aucun signe. De toute manière, s’il malaxait son chakra, elle le saurait. Prenant sa bouteille d’eau dans son sac, elle y glissa quelques gouttes de son sérum de vérité. Puis elle le fit boire, massant sa gorge pour exercer sa déglutition à sa place. Ainsi, elle ne se battrait pas avec lui pour le faire parler, elle n’avait pas le temps pour cela de toute manière.

Rabaissant sa capuche, elle lui tourna le dos, observant un peu la pièce. Tiens… personne ne semblait être venu ici… La demoiselle à la crinière de feu regarda la table d’un regard, s’attardant un moment sur un parchemin. Elle le prit, puis l’ouvrit, ses yeux rouges parcourant les inscriptions. Un sourire naquit sur ses lèvres… ainsi donc… Orochimaru était vraiment l’homme au savoir infini. Elle roula le papier et le fit disparaitre à l’intérieur de sa cape. Sasuke serait ravi de ce qu’elle lui apporterait à leur prochaine rencontre. Passant une main dans ses cheveux, elle vit du coin de l’œil, quelques doigts de son prisonnier bouger. Parfait… il se réveillait. Les choses sérieuses allaient enfin commencer… L’Iwajin ignorait encore que le pire était à venir…

Ce cher Orochimaru en avait plus dans sa poche que quiconque ne l’aurait cru, elle la première. Et malgré toute la puissance de Sasuke, elle avait plus d’une fois vu son ancien maître à l’œuvre, cela l’avait donc quelque peu surprise qu’il fût en mesure de le tuer. Le garçon le savait-il ? Après avoir rangé le parchemin dans son grand manteau noir, elle s’était retournée vers son prisonnier, attendant patiemment qu’il se réveille. Cela ne devrait tarder d’ailleurs, puisqu’elle apercevait ses doigts s’agiter légèrement. Karin resta donc plantée là à l’observer jusqu’à ce qu’il eut repris ses sens. Son regard rouge rivé sur l’Iwajin, une expression froide sur le visage, l’air qu’elle se donnait n’avait rien de forcé. Tout au contraire, elle avait un interrogatoire à faire et pas de temps à perdre. L’adolescente se tira donc une chaise en face de lui, le dossier devant elle pour s’y accoter les bras. La jeune furie le fixa de son regard énigmatique à travers ses lunettes. L’expression que son prisonnier affichait indiquait qu’il ne semblait pas vouloir parler, dommage pour lui… Elle eut un petit sourire amusé.

« J’imagine qu’avec l’air que tu me fais tu tentes de me faire savoir que tu ne me diras pas un mot pas vrai ? Hé bien… dis-toi que je n’aurai pas à utiliser aucun des outils que tu vois sur la table ici tellement je saurai me faire convaincante. »

Un petit sourire s’étira sur ses lèvres, un de ces sourires qui ne dit jamais rien de bon. Elle repoussa une mèche de ses cheveux. Il n’avait aucune idée dans quel pétrin il venait de se mettre les pieds et il le réaliserait bientôt…

« Bien… Commençons par quelque chose de simple… Tu vas me dire ton nom, ton village d’affiliation et ton rang au sein de celui-ci. Je crois que ce ne devrais pas être trop difficile à répondre pas vrai ? Ne t’en fais pas, la suite est plus difficile. »

Lorsqu’il réaliserait qu’il parlerait hors de sa volonté, elle était curieuse de voir la réaction qu’il aurait. Continuant de le fixer avec attention, son expression avait repris sa neutralité. Ses pensées filaient à vive allure. Elle ne voulait pas rien oublier, toutes les questions qu’elle pouvait lui poser étaient si nombreuses et trop peu de temps pour les poser. La jeune fille allait devoir s’activer et rapidement. Sans quoi elle ne pourrait pas récolter tout ce qu’elle souhaitait. Au bout d’un moment, elle se leva, tournant autour de lui, sa main se posant contre l’épaule de Shaolan. Sa poigne se resserra un moment, puis elle s’éloigna à nouveau sur sa droite pour s’arrêter près de lui. Elle se pencha vers le garçon, son visage non loin du sien. Un nouveau sourire s’étira momentanément sur ses lèvres fines.

« Dis-moi donc… Que faisais-tu dans la clairière où je t’ai attrapé et pourquoi ? »

La demoiselle se redressa tranquillement, puis revint prendre place sur sa chaise, le fixant de son regard rubis. La suite promettait d’être particulièrement intéressante. Il ne lui restait qu’à patienter un moment pour obtenir des réponses… Qu’il le veule ou non, il parlerait. Une lueur amusée et de satisfaction brilla dans ses pupilles écarlates. Ce dernier regretterait d’avoir croisée sa route.

Le bruit de la chaise traînée sur le sol retentit à travers la pièce démeublée. Ce bruit était affreux et le visage de Shaolan dégagea une expression horripilée. Heureusement que le repose fesse n'ait pas traversé la salle de long en large.
La jeune fille s'assit et fixa le jônin d'un air devenu énigmatique. Elle sonda l'expression facial de l'homme avant de lui lancé un sourire amusé. Effectivement, Shaolan n'avait pas la moindre envie de parler… le premier. Il était le captif et pourquoi s'amuserait-il à lui demander quel était ce lieu et la raison de sa capture. A quoi bon le faire si ce n'était récolter que du vent ?
Naturellement, la jeune fille sans nom prit la parole. Son timbre de voix était mélodieux bien que mesquin. Elle voulait faire sentir au trentenaire qu'il n'était pas au bout de ses peines. Bien que dans sa tête il était paré pour toute éventualité, il se pourrait bien qu'il n'ait encore rien vu de la face cachée de l'iceberg. Il distinguait la jeune fille et ses instruments sur la table, mais à quoi cela pouvait-il servir ?

"Malheureusement, je ne cherche pas à te faire comprendre quoi que ce soit. Je ne suis tout simplement pas quelqu'un de bavard."

Phrase simple, courte et qui avait pour objectif de répondre à la première question de la jeune fille. Le sourire de cette dernière s'était légèrement étiré. Il paraissait plus amusé que jamais. Comme un enfant à qui vous dites de ne pas recommencer. Plus vous lui faites comprendre que ce n'est pas bien, plus il continuera. La séance torture, si l'on pouvait nommé la chose comme cela, ne faisait que débuter.
Puis, Shaolan sentit quelque perturbation monter en lui. Une sensation qu'il n'avait jamais vécu auparavant. C'était bizarre. Ca ressemblait étrangement à ce qu'il avait vécu dans cette demie clairière tout à l'heure. Cependant, tout était différent. Ce n'était pas un sentiment de fatigue, mais quoi ? La question aurait vraisemblablement une réponse avec le temps.
Entre-temps, la jeune fille continua son interrogatoire. Elle lui demanda son identité. Nom, prénom, village, grade.

"Shaolan, jônin d'Iwa no Kuni."

Question, réponse. C'était basique et efficace. De plus, Shaolan n'était pas quelqu'un qui aimait jouer une double personnalité. Autant être franc et honnête avec la personne en face et ce même s'il n'était pas en position de force.
Les secondes filaient et le sérum de vérité prenait petit à petit l'ascendant. Cependant, le jônin ne le ressentait pas réellement. En revanche, la sensation bizarre l'inondait dans une sorte de conflit interne. Cela ressemblait étrangement à une guerre entre sa volonté et son subconscient. Shaolan replia ses paupières sur ces yeux. Il essayait de se concentrer, mais en vain. Il rouvrit les yeux lorsque la jeune fille se redressa. Elle fit le tour de la chaise et posa sa main sur l'épaule de l'homme. Un instant, elle serra sa poigne. Puis, elle s'éloigna un court laps de temps avant de revenir à la charge. Un passage à droite et elle se repositionna en face du jônin. Se penchant adroitement jusqu'à avoir son visage tout proche de celui de son prisonnier. Son sourire s'élargit une fraction de seconde. Elle semblait satisfaite par quelque chose. Vraisemblablement, cela devait avoir un lien avec ce que vivait Shaolan.
Lorsque la kunoichi eut terminé sa dernière question, le jônin n'eut plus le contrôle. Il était plongé dans une sorte de transe et les paroles sortirent de sa bouche sans même qu'il le veuille.

"Kumo est victime d'une attaque et appelle à l'aide. Nous y répondons en nous rendant sur place. Je me suis proposé éclaireur pour le deuxième jour. J'étais en train de repérer un endroit où nous pourrions établir un camp de repos."

Transporté dans cet état de transe par le sérum de vérité, Shaolan se sentait abusé. Ne pas avoir le contrôle de soi-même était une sensation qu'il n'avait jamais connu. Ca ressemblait étrangement à un rêve éveillé. La stupéfaction se lit sur son visage. Il était conscient que ces bribes d'information étaient confidentielles.
Le jônin tenta non sans mal à garder son calme et un visage des moins expressifs. A présent, c'était certain, la jeune fille était une experte en apothicaire. Elle maîtrisait les somnifères et les sérums de vérité. Là se dévoilait une partie de qui était Karin. L'iceberg montrait gentiment une partie de sa face submergée. La suite promettait.

"Bon… Tes questions ont trouvé des réponses. Tu pourrais me détacher et te présenter. Nous pourrions alors avoir à une conversation normale, non?"

A présent, Shaolan était conscient qu'il était sous l'emprise d'un sérum de vérité. Son sang-froid reprit le dessus et cela se ressentait. Son regard redevint sérieux bien qu'un léger sourire se dessina sur ses lèvres et ce même si le timbre de sa voix pouvait glacer les os de plus d'une personne.
La jeune fille semblait hésiter, car elle ne réagit pas immédiatement.

"Ne t'en fais pas, tu as ma parole que je ne chercherai pas à faire quelque chose de stupide. Je ne sais absolument pas où nous nous trouvons ni ce dont tu es capable."

Bien que d'apparence froide comme la pierre et méfiante, l'Iwajin était un homme sincère. De plus, un trentenaire expérimenté s'était fait avoir comme un gamin par une adolescente. Cela devait très certainement signifié que même libre, Shaolan était clairement en position de faiblesse. Aussi, il ne savait pas combien de temps le sérum aurait effet, ce qui signifiait également que s'il tentait quelque chose, il le dirait à haute voix, non?

Spoiler:

La lumière tamisée de la pièce donnait une ambiance sombre à l’intérieur de cette caverne aménagée dont les murs de pierre les couvraient de toute part. Quand même bien qu’il aurait tenté de s’échapper, il n’en trouverait jamais la sortie. Cela dit, elle n’avait pas pour intention de le faire bouger d’où il était. Prenant en notes les informations qu’il lui dévoilait sans ne pouvoir y faire quoi que soit, la demoiselle accrocha lorsque Shaolan vint à parler de Kumo... Une attaque hein ? Replaçant ses lunettes d’une main, un sourire mi-satisfait et mi-amusé s’étira sur ses lèvres fines. Décidemment, l’interrogatoire serait plus intéressant que prévu. Toujours assise contre sa chaise, elle détourna un moment son regard de lui, agrippant un carnet sur la table pour y griffonner ce que l’homme lui disait.

« Kumo a subit une attaque... C’est étrange tiens... Je reviens de ce coin... Par qui le village des nuages a-t-il été attaqué ? »

Son regard rouge écarlate se posa dans celui de l’Iwajin qui avait eu le malheur de croiser sa route. Il n’avait encore rien vu pourtant, puisqu’elle était loin d’avoir terminé. Mais lorsque ce dernier lui demanda de le détacher et qu’il déclara qu’il ne tenterait rien contre elle, Karin éclata de rire. La seule idée qu’il puisse réellement penser qu’elle le détacherait comme ça, même s’il était théoriquement sans armes et sans connaissance de la sortie et malgré même le sérum qui l’obligeait à dire la vérité, le délivrer de sa position était la dernière chose qu’elle ferait. Tout du moins, tant et aussi longtemps qu’il sera conscient. La jeune fille se leva d’un bond, lui prenant le menton entre sa main blanche pour lui immobiliser la tête, approchant son visage à quelques centimètres du sien.

« Comme c’est mignon... Il croit que je vais céder à sa demande malgré toute la franchise dont il peut faire preuve... »

L’adolescente le relâcha brusquement en poussant son visage contre la chaise pour qu’il s’y frappe au passage. Elle échappa un nouveau rire amusé. Comment un jonin de son âge pouvait-il être aussi naïf ? N’avait-il jamais vu le monde extérieur ? N’était-il donc pas préparé à ses dangers et à ce que représentait la guerre ? Il y avait longtemps que Karin avait réalisé que le monde n’était pas beau et que pour survivre il fallait écraser les autres, surtout lorsqu’on prenait un chemin tel que le sien. Elle avait vu son village être mis à sang et à feu, depuis ce temps, une partie d’elle s’était brisée... son enfance c’était envolée avec la destruction de Kusa. S’approchant une nouvelle fois de la table, la nukenin la parcourra encore du regard et ce fut dos à lui qu’elle reprit la parole.

« Je peux bien te dire mon nom... Je suis à peu près sûr que tu me replaceras rapidement avec cela... autrement... tu es bien peu au courant de ce qui arrive à l’extérieur de ton beau village... »

Elle eut un second rire. Il y avait un bout de temps qu’elle trainait avec Sasuke... son nom devait figurer dans le Bingo Book tout comme l’Uchiha. Et avec son évasion récente de Konoha, le message devait bien s’être rendu dans tous les villages, y compris Iwa. Un peu plus d’une semaine, tout au plus, elle avait quitté le village de la feuille et depuis, les évènements s’enchaînaient les uns après les autres... Sa rencontre avec Sasuke, celle avec Juugo... Et Yuki, l’ancien disciple d’Orochimaru qui sur les ordres du garçon au Sharingan avait infiltré Kiri... Puis il y avait lui... Cet homme... Qu’elle avait croisé par hasard sur son chemin. Cet incapable, cet incompétent... Il n’arrivait même pas à la cheville de ceux qu’elle avait affrontés auparavant. Ses lèvres se pincèrent un moment, puis elle daigna enfin, après un moment de silence, lui dévoiler son prénom.

« Je m’appelle Karin... Et j’espère que tu t’en souviendras... Car si advienne qu’on se recroise un jour, je ne serai pas aussi clémente... »

Emplis de sous-entendus, sa phrase laissait à énormément d’interprétation. Et le jonin pouvait bien y comprendre ce qu’il désirait... À ce stade, elle ne lui donnerait pas plus d’informations sur elle... Simplement un petit quelque chose pour s’assurer qu’il ne l’oublierait pas et qu’il puisse raconter qu’elle n’était plus une jeune fille sans défense lorsqu’il retournerait chez les siens. Car l’adolescente ne le laissait pas en vie par gentillesse, mais parce qu’elle l’envoyait comme un messager. Qu’il puisse raconter ce qu’elle savait faire. Et que cela n’était qu’une infime partie de ses capacités...

« Maintenant dis-moi... Qui sont les villages faisant partis de l’Alliance... Et qui la dirige ? »

"Karin… Ca me dit vaguement quelque chose. J'ai dû entendre ce nom un jour au pays du Thé alors que j'étais en mission."

La jeune fille venait tout juste de terminer sa dernière question en relation avec l'alliance que l'homme s'était mis à parler. Cependant, il n'y avait là aucun rapport. Il se remémorait cet instant passé dans ce village fermier. Ce petit patelin favorisait la cuniculiculture et le jônin avait surpris une conversation de deux hommes où ce prénom avait été répété maintes et maintes fois. Était-ce elle?
Après ce vague souvenir, Shaolan reporta son attention sur la jeune fille. Elle lui tournait le dos et semblait fixer les instruments se trouvant sur la table. Karin l'avait interrogé au sujet de l'Alliance. Cette fameuse réunion des cinq grandes nations de ce monde. Jusqu'ici, le jônin n'avait jamais réellement porté d'intérêt à celle-ci. Sa seule et unique préoccupation restait la protection de son village et la future génération. Il était clair avec son âge qu'il ne serait pas le messie de ce monde. Qui plus est, il n'en avait pas l'envie.
Le sérum faisait toujours effet en lui, le poussant à révéler la vérité. Mais quelle vérité? Il n'existe aucune de réelle affirmation véridique. Les informations en possession d'une personne ne sont peut-être pas les mêmes qu'une autre pourrait avoir. Shaolan avait compris le fonctionnement du poison. Il influait sur le cerveau de manière à créer un embrouillamini dans la tête de la victime.

"Par qui Kumo est attaqué? Je n'ai pas l'information que tu souhaites. Le Tsuchikage nous a simplement dit qu'il s'agissait de l'armée du mal."

Comme il le pensait, ne pas lutter contre le sérum rendait la réponse plus naturelle. Ca se ressentait dans le timbre de sa voix. Ses dernières paroles ne sonnaient pas comme s'il était devenu un robot, au contraire de tout à l'heure. Shaolan esquissa un léger sourire de satisfaction, puis continua.

"L'Alliance? Ce n'est pourtant pas un secret de polichinelle. Iwa, Kiri, Konoha, Kumo et Suna sont les pays réunis. Une partie du pays du Fer s'est également jointe à nous sauf erreur. Le quartier général est à Kumo, mais qui dirige? Je n'en sais foutrement rien et je m'en contrefiche."

A présent, Karin avait les informations qu'elle souhaitait. En revanche, elle n'avait pas la moindre envie de le libérer. C'était grandement dommage, car cela obligerait Shaolan à user d'une technique qu'il détestait faire. Il haïssait se cacher dans la terre pour la simple et bonne raison qu'il en ressortait toujours sale. Jamais, le jônin n'avait trouvé le moyen d'effectuer ce mouvement proprement. Pourquoi? Après plusieurs tentative, il avait abandonné la réponse à cette question.
Toujours sagement assis, l'homme à la tignasse brune observait la jeune fille aux cheveux rouges. Ces derniers pendaient jusqu'à mi-hauteur de son dos. Elle avait de sacré atout pour charmer les garçons, mais son caractère était une toute autre chose. C'était comme prendre un bain cryogène, c'était à en refroidir plus d'un.

"Tiens, ça me revient. Ne serais-tu pas Karin Uzumaki?"

Il repensait à son antépénultième parole. Il visualisait à nouveau la conversation de ces deux fermiers au pays du Thé. De plus, elle devait apparaître dans le bingo book de tous les villages. Shaolan en sourit de plus belle et émit un léger rictus. La jeune fille n'allait pas tarder à se retourner et le jônin ne la lâchait pas du regard. Ses yeux chocolats la fixaient où qu'elle aille dans la vaste pièce faite dans la roche. Il devait certainement s'agir d'une caverne aménagée. Quoi qu'il en soit, il s'agissait d'un excellent endroit pour s'éclipser du monde extérieur.
Compendieusement, Shaolan bougea ses doigts. Il commençait à avoir des fourmis dans les mains, la preuve que Karin avait serré plus qu'il ne fallait les attaches de la chaise. Serait-ce réellement suffisant pour un expert Doton? Pour le moment, ça l'était. Cependant, l'Iwajin n'avait encore rien tenté. La jeune fille voulait des informations et le jônin pouvait également en soutirer quelques unes. La suite promettait de devenir intéressante.

Spoiler:

Elle lui faisait dos, mais en aucun cas son attention ne s’était relâchée de l’homme. Il était son prisonnier, mais même attaché, elle ne pouvait complètement lui faire confiance. Malgré le fait qu’il lui avait assuré de rien vouloir lui faire, cela ne lui disait pas pour autant s’il avait dans l’intention de tenter autre chose. Malheureusement pour lui, ses capacités de senseur étaient toujours activées et au moindre mouvement louche, il regretterait amèrement son geste… Mais celui-ci ne semblait jamais s’être rendu compte de ce point. Il ne connaissait ni son dossier, ni ses capacités à voir la façon dont il semblait vaguement ce souvenir de son nom. Quel idiot, quel incompétent. Jonin et même pas renseigné un minimum sur ce qui se passe durant la guerre ! Il ne connait ni son général, ni ses ennemis… Depuis combien de temps la guerre était-elle déclenchée ? Quelques semaines au moins… Et il ne connait encore rien de ses opposants… Soit ceux-ci se cachent trop bien… ce qui l’étonnerait franchement bien… soit il est trop stupide pour comprendre ses antagonistes. Après tout, il s’était laissé fait prendre bêtement par elle alors que n’importe quel ninja averti aurait pu prévenir son coup. Les réponses n’étaient pas satisfaisantes non pas du tout. L’inculte qu’il était ne lui servirait à rien si tel était le cas…

Son regard rouge se posa alors sur lui au moment où elle se retourna, ignorant avec indifférence sa dernière question à son égard. Elle n’était pas là pour lui fournir quelconque information à son sujet, s’il n’en connaissait pas, tant pis pour lui. Il n’aurait qu’à être plus renseigné la prochaine fois qu’ils se rencontreraient… Si s’était le cas… car plus le temps avançait et plus elle doutait le laisser en vie à la fin de leur petit entretient. D’un mouvement du pied vif, elle envoya la chaise devant Shaolan valser plus loin dans la pièce.

« Écoute-moi bien, car je ne le répéterai pas deux fois c’est clair ? »

Elle dégaina un kunai de sous son habit noir qui la recouvrait en entier, le lui posant directement sous la gorge pour appuyer sa menace.

« Les réponses que tu me fournis sont de loin insatisfaisantes… alors voici le choix que je te donne… Soit tu fais travailler un peu plus tes méninges et tu me donnes les informations que je cherche… soit tu n’es d’absolument d’aucune utilité pour moi et je te tue dans la minute qui suit… et jamais personne ne retrouvera ton corps… Me suis-je bien fait comprendre ? »

La lame de son arme s’enfonça légèrement dans la peau de son prisonnier, l’entaillant légèrement pour laisser un mince filet de sang couler le long de son coup. Son regard froid et déterminé, son geste sans hésitation et le ton de sa voix démontraient bien qu’elle ne blaguait d’aucune façon.

« Puisse que le nom de ton dirigeant t’es inconnu, ce qui est franchement pathétique de la part d’un Jonin, je vais te poser des questions qui portent sur ton village… Tu seras plus en mesure de me répondre pas vrai ? »

Gardant toujours sa prise contre le kunai, elle atténua néanmoins la pression, le regard toujours froid pour lui faire comprendre qu’elle ne rigolait pas.

« Très bien, commençons alors… Dis-moi le nombre d’effectifs que vous possédés et combien d’entre eux sont en route vers Kumo pour le sauvetage et si votre cher Tsuchikage vous accompagne ou non. »

La jeune femme le relâcha d’un coup, puis agrippa d’un geste rapide parchemin et plume sur lequel elle griffonnait ses informations, puis se mit à écrire brièvement d’un mouvement frénétique.

« Maintenant, tu vas me décrire ton village que je puisse le mettre en carte. Ses bâtiments et secteurs importants, ses entrées et sous-terrain s’il y en a, sa superficie, ainsi que votre ou vos méthodes d’évacuation en cas d’urgence… »

S’il répondait à ces questions-ci, elle aurait déjà quelque chose de plus intéressant, car pour le moment, ce n’était pas particulièrement fameux.

Spoiler:

Karin réagit telle une furie. Elle se retourna brusquement, son regard rouge de colère et envoya la chaise sur laquelle elle s'était précédemment assise, valser à l'autre bout de la pièce. Apparemment, les réponses du jônin n'étaient pas au goût de la jeune fille. Pourtant, Shaolan n'avait pas menti et quand bien même il aurait voulu le faire, le sérum de vérité l'aurait rattrapé. Cependant, tout comme l'Iwajin, Karin ne connaissait pas son prisonnier. Certes, elle pouvait placer un nom, un rang et un village, mais qu'en était-il de son passé? Lui qui était un élément prometteur du village caché de la Roche. Il faisait parti des meilleurs. De ceux qui avaient vécu la guerre entre les pays du Feu, de la Terre et du Vent. S'il n'y avait pas eu ce malheureux événement, il y a de ça six ans, il ne serait certainement pas en face de la jeune fille aujourd'hui.

La lame du kunaï sous la gorge, le jônin gardait son sang froid. La mort ne l'effrayait en aucun point. Karin semblait s'impatienter. Ce n'était pourtant pas le temps qui manquait. Elle tenait un homme de haut rang du village caché de la Roche solidement attaché à cette chaise. Ce dernier se demandait, d'ailleurs, qu'est-ce qui motivait la jeune fille aux cheveux rouges à s'énerver de la sorte. Il parait que la patience est une vertu. Cependant, la criminelle, si tant était qu'on pouvait la nommer ainsi, n'aimait guère attendre. Décidément, la jeunesse ne ressemblait plus à ce qui se faisait autrefois.
Le liquide rougeâtre et chaud s'écoula comme une goutte d'eau le long du cou de Shaolan. Karin désirait des informations, elle allait en être gavée.

"Tu vas trop vite en besogne, mais je vais t'épargner une quantité d'autres questions."

Tandis que la jeune fille s'affairait à noter tout ce que le jônin pouvait dire, celui-ci sourit et débuta un long récit.

||₪|| Flash back ||₪||

C'était il y a quatre ans. Notre équipe avait été amputée d'un membre qui se révélait être ma compagne. Nous cherchions à reformer un groupe. Cependant, nous avions oublié que la complémentarité ne pourrait jamais être la même qu'autrefois. Alors, nous nous étions dit qu'il serait préférable de laisser tomber l'idée de recruter quelqu'un. Au final, nous avons décidé d'abandonner l'éventualité d'une nouvelle équipe. Il aurait été trop de retrouver une cohésion parfaite comme nous avions.
Dès cet instant, notre avenir s'est orienté dans le but de devenir membres des escouades spéciales. Nous avons consacré deux années entières à un entrainement de tous les instants.
J'étais décidé à tourner la page sur mon passé. La perte de ma compagne était une chose à laquelle je n'arrivais pas à oublier. Pour entrer dans ce genre d'équipe, il fallait que je devienne quelqu'un ne ressentant plus la moindre émotion. La réputation qu'on les ninjas de ce rang est fondée. Un cœur de pierre et une dévotion totale. Chaque jour, je ressentais les biens faits de cet entrainement et vint le jour J. Cette fameuse journée durant laquelle nous avons été quasi torturé.

Mes souvenirs sont flous, mais je resterai marqué à vie. Beaucoup estime qu'il s'agit d'une mission de rang S où les facultés du ninja sont observées. La réalité est toute autre.
J'étais assis dans cette salle. Elle devait mesurer environ deux cent vingt-cinq mètres carrés, soit une pièce carrée d'environ quinze mètres sur quinze. Mes fesses reposaient sur un tabouret en bois et il y avait ces quatre hommes. Un pour chaque point cardinal. Leur visage était masqué et la luminosité très réduite. Trois chandelles siégeaient par angle de la salle et la porte d'entrée se situait dans mon dos. La poignée de celle-ci s'inclina légèrement puis une cinquième personne s'incrusta dans la pièce. Il s'approcha jusqu'à moi et posa la main sur l'épaule. A cet instant, il susurra à mon oreille quelques mots qui, à première vue, ne signifiait absolument rien.
En quelques secondes, le monde autour de moi s'écroula. Je ne comprenais plus rien jusqu'à ce que j'aperçoive le dernier arrivé avec un bâtonnet d'encens dans la main. En réalité, il s'agissait d'une drogue qui brouillait mes sens.

L'examinateur me posa un nombre incalculable de questions à propos du village, des mes collègues, de mon rôle et tout un tas de choses qui me paraissaient débile. Je devais faire en sorte de répondre rapidement sans nuire à Iwa. Ce test mental n'avait rien de compliqué à première apparence, mais cette drogue embrouillait plus qu'autre chose l'esprit. Il agissait directement sur le cerveau à la recherche d'information de haute importance telle que la disposition du village, les défenses, les effectifs et les différentes entrées. Cela a duré environ une heure avant que l'examinateur éteigne le bâtonnet.
Par la suite, j'ai été emmené dans une salle de repos en attendant que ma partenaire passe elle aussi le test. J'avais l'impression d'avoir le cerveau broyé, en compote. Dans cette pièce, il y avait un gars qui avait pour ordre de me surveiller. Il m'a raconté que j'avais complètement déliré durant un quart d'heure. J'ai eu tout juste le temps de retrouver mes esprits que déjà il fallait passer à la suite.

Endurance, résistance et agilité étaient les maîtres mots de l'épreuve qui suivit. En revanche, j'ai perdu une grosse partie de ce souvenir.
Nous avons terminé la journée par une convocation séparée pour aller dans les sous-sols d'un bâtiment au centre du village. J'ai encore dans ma tête les images du long chemin pour parvenir à cette salle sombre dans laquelle m'attendait l'examinateur. A nouveau, il y avait un tabouret en bois au milieu de la pièce où je dus m'assoir. Là, il m'informa que je ne pouvais pas être admis au sein des unités spéciales, car mes émotions concernant ma défunte compagne me trahissaient. Il a également ajouté que je pourrai retenté ma chance plus tard, chose que je n'ai toujours pas faite à l'heure actuelle. Et avant de quitter son bureau, il a scellé une partie de ma mémoire.
Suite à ça, j'ai décidé de m'orienté dans la formation de la future génération et je ne me suis pas occupé de ce qu'il se passait en dehors du village. J'ai laissé toutes préoccupations extérieures pour ne me consacrer qu'à ces jeunes.

||₪|| Flash back ||₪||

Lorsque Shaolan eut terminé son récit, il marqua un temps d'arrêt. Il leva son regard chocolat au plafond. Aurait-il pu raconter tout ceci sans l'effet du sérum? Il en doutait. Le jônin n'était pas une personne se plaisant à balancer son passé comme il venait de le faire. Certes, il ne s'agissait que d'une partie de ses souvenirs, mais ces derniers correspondaient à la situation.
Ainsi, Karin avait un lot d'information sur le village d'Iwa. Elle savait comment étaient traités les ninjas de haut rang susceptible d'accéder aux rangs spéciaux. A présent, il fallait encore qu'il puisse répondre à ces questions. La première, à savoir quel était l'effectif d'Iwa en déplacement, fut sans doute la plus aisée.

"A propos de Kumo, le Tsuchikage a organisé et supervise lui-même l'opération. Il a décidé de dégarnir presque en totalité le village. Seuls quelques éléments spécialistes des défenses restent."

La seconde question concernant le village même. Quiconque s'était déjà déplacé dans le pays de la Terre savait que le village était bâti à flanc de montagne et composé de tours reliées par des ponts et des passerelles. Même à plusieurs lieues, ces éléments se distinguaient proprement.
A ceci, il fallait ajouter la source de la solidité d'Iwa. Ces terres rocheuses et mystérieuses qui sont sources de bons nombres de légendes. Les hésitations sont nombreuses lorsqu'il s'agit d'une offensive sur le pays de la Terre, car celui-ci possède une quantité de poste avancé. Cependant, aujourd'hui, ces points stratégiques ont certainement dû être démobilisé pour le bien de l'alliance. La légendaire fidélité des Iwajins envers le Kage était fondée.

"Bien, à présent jouons à cache-cache, Doton - Iwagakure no Jutsu. Si tu es la personne que je soupçonne être, tu n'auras pas de mal à connaître la suite."

A l'énonciation de la technique, Shaolan commença à se faire absorber par le sol de la pièce, creusée dans la roche. La chaise sur laquelle il était assis disparu avec lui. Le jônin eut tout juste le temps de finir sa phrase avant de ne faire plus qu'un avec le décor.
Quelle avait été la réaction de Karin? L'Iwajin s'en fichait royalement. Il était trop occupé à se libérer. La chaise s'affaissa avant d'être broyée par la roche. La vétusté du mobilier avait grandement aidé Shaolan à s'extraire de sa prison. Une fois cette opération faite, il ressortit en trombe du sol, là même où il avait disparu quelques secondes auparavant.

"Mes effets je te prie. Je souhaite rejoindre Kumo au plus vite alors presses-toi s'il te plait."

L'Iwajin montra de l'index ses affaires soigneusement déposées sur la table derrière la jeune fille. Bien qu'il devait l'arrêter, il n'en avait que faire. Sa mission était ailleurs.

Spoiler:

Cet homme avait un don étonnant pour échapper à son sérum, à croire que sa vie reposait sur cet instant. Elle écouta néanmoins son histoire sans ne rien dire, sans l’interrompre, prenant des notes rapide, tout en lui jetant des coups d’œil de temps à autre. Bien que sa vie ne l’intéressait guère, l’adolescente récoltait de belles informations néanmoins… car si elle le rencontrerait dans le futur, elle aurait beaucoup de choses à utiliser contre lui. Mais quels étaient les chances ? Plutôt mince. Mais qu’importe. Il ne lui offrait rien de bon, elle aurait tôt fait de se débarrasser de lui rapidement. Quelques idées germaient dans son esprit... et elle devrait bouger bientôt de toute manière. Son sérum achevait ses effets, mais ça, Shaolan n’avait pas besoin de le savoir. Karin n’avait donc que faire qu’il croit qu’elle veuille aller trop vite, ça ne le regardait pas… ni ses intentions, ni ses projets… L’Iwajin se devait de simplement lui répondre et rien d’autre. Son regard rouge le fixait toujours intensément, alors qu’il lui livrait ses dernières réponses. L’homme fit alors le geste fatal qu’il n’aurait jamais dû poser. Dès le moment où elle sentit son chakra bouger à l’intérieur de lui, elle ne fit ni une, ni deux et lâcha de qu’elle avait dans ses mains pour sauter contre lui. À peine avait-il commencé sa phrase que la nukenin l’avait fait basculé vers l’arrière, les deux genoux dans le ventre pour le faire atterrir brutalement sur le dos. Le cri de rage qui résonna alors dans l’enceinte en fit quasiment trembler les murs. Ses deux poings vinrent frapper avec une violence si forte contre les mains de Shaolan qu’elle écrasa ses os, lui brisant les jointures sous l’impact.

« TU ME PRENDS POUR UNE IDIOTE ? »

Une fureur noire se lisait dans ses yeux. S’il la croyait en colère auparavant, il n’avait absolument rien vu. L’adolescente lui décocha une gifle magistrale au visage, une, puis deux, puis trois, pour être bien certaine qu’il comprenne l’erreur monumentale qu’il venait de faire en tentant de la duper par une quelconque technique Doton. L’Uzumaki ne l’avait vu faire aucun signe, ce qui signifiait que sa technique n’en demandait pas… de se fait, seul le contact avec la terre lui avait suffit… maintenant, il n’y touchait plus… ni des pieds, ni des mains, ni même de la tête, puisqu’il était accoté contre le dossier. Il allait regretter amèrement son geste à présent. Lui ayant réduit les mains en miettes, il ne pourrait plus faire aucun sceau, tant et aussi longtemps qu’il ne serait pas guéri d’une quelconque manière… et ce ne serait certainement pas elle qui l’aiderait là-dessus.

« Tu ne sais pas à quel point tu viens de commettre la pire erreur de ta vie ! Ton cauchemar ne fait que commencer ! »

Cette haine qui brûla alors dans ses yeux… quelque chose de sombre s’éveillait en elle… et il ne serait que la première victime de son fléau. L’adolescente y prenait goût, lentement… à ce sentiment que lui avait transmis le garçon au Sharingan… et elle aimait… Ô oui elle adorait même. Et ce n’était que le début. S’il ne faisait pas attention à ce qu’il dirait ou ferait par la suite, le moindre faux pas pourrait lui coûter la vie. Une tâche noire s’était installée au plus profond de son cœur et elle s’étendait lentement, mais sûrement… Un jour, elle l’envelopperait complètement. Et Karin avait pitié de celui ou celle qui croiserait son chemin ce jour-là…

Spoiler:

La jeune fille s'était élancée avec virulence sur l'Iwajin. Son calepin de notes vola et son stylo ou crayon tomba à même le sol. La rapidité avec laquelle Karin avait réagi ne fut guère surprenant lorsque ses capacités étaient connues. Elle était digne de sa réputation. La détermination avec laquelle elle avait attaqué démontrait clairement qu'elle n'avait pas l'intention de laisser une once de liberté au jônin. Elle frappait et vociférait des paroles avec rage. La sentence avait finalement atteint son apogée. Des coups de genoux, des coups de poings, des baffes. Comme elle l'avait si bien dit, le cauchemar ne faisait que débuter. A coté de ça, la descente vers les tréfonds n'étaient rien.

"J'ai horreur de me répéter, mais je vais bien devoir le faire et ce pour la dernière fois. Mes effets je te prie!"

Cette voix mielleuse, calme et sûre d'elle. Elle appartenait au jônin Shaolan. Lui qui se tenait debout à deux pas de la jeune fille. Son bras était toujours tendu en direction de la table sur laquelle ses vêtements ainsi que son baluchon se trouvait. Ainsi, Karin avait frappé et hurlé dans le vide. L'Iwajin fut un brin plus rapide que la jeune fille. Pourtant, celle-ci avait réagi promptement. Cependant, pas suffisant face à l'expert Doton qu'était Shaolan. Ce dernier restait impassible devant la fureur de la kunoichi. Sa mission était ailleurs et il n'avait guère envie d'user de ses forces en ce moment. Kumo appelait à l'aide et il devait s'y rendre urgemment.
Petit à petit, la poussière qui s'émanait de l'endroit où se situait précédemment Shaolan, s'estompait. Là même où Karin s'était élancée avec virulence. Bien que la lumière de la pièce restait faible, un cratère s'était formé suite aux multiples coups de la jeune fille. L'Iwajin fixait la table et ses effets tout en gardant du coin de l'œil la nukenin. Le silence commença à peser sur la pièce. Les deux ninjas face à face. L'un, impassible, dans l'attente de ses effets et l'autre en pleine fureur.

Dans l'attente, Shaolan repensa à ce qu'avait vociféré la jeune fille. Est-ce que l'Iwajin la prenait pour une idiote? Jusqu'à preuve du contraire, non. En réalité, c'était plutôt l'inverse et donc au jônin de poser cette question. En revanche, ce n'était pas son genre de s'abaisser à lancer ce genre d'interrogation. Il était bien au-dessus de ce genre de petit détail. Les secondes s'écoulaient et toujours rien ne se passait. Karin ne semblait pas vouloir bouger ni même faire quoi ce que soit pour rendre les affaires à Shaolan. Ce dernier avait pourtant répondu aux questions de la criminel. Elle pouvait au moins faire un geste et lui rendre ce qui lui appartenait. D'autant qu'il avait répété à maintes reprises qu'il ne lui ferait rien. Il lui restait encore à trouver la sortie une fois qu'elle se serait exécutée. Il était connu à travers le monde shinobi, les repères d'Orochimaru étaient bâtis avec une complexité digne d'un ninja légendaire.

"On ne va pas y passer la nuit et je n'ai nullement envie de me battre avec toi."

Sa dernière réplique sonnait comme un sentiment d'impatience, mais il n'en fut pas le cas. Il souhaitait tout bonnement se revêtir. La chaleur de la pièce n'était pas si élevée qu'il n'y paraissait. Cela pouvait se voir sur les avant-bras du jônin. Sa peau perlait, signe d'un refroidissement.

Une illusion, qu’un rêve, une fabulation… oui voilà tout ce qu’étaient les pensées de l’Iwajin. L’adolescente avait mis la main sur lui et il n’y pouvait rien, absolument rien. Elle avait plein pouvoir sur lui, une emprise totale et sans échappatoire. Il ne pouvait s’en sortir, c’était ainsi et pas autrement. Les coups avaient plu et le pauvre devait franchement divaguer. Ses poings s’étaient abattus avec violence contre son visage, l’effet n’avait pas dû être agréable pour son cerveau qui malgré sa protection crânienne avait dû en prendre tout un coup. Quelle idiotie de sa part ! Quelle imbécilité ! Quelle arrogance ! Il croyait avoir une seule chance contre elle ? Non c’était parfaitement ridicule ! Parfaitement insensé ! L’homme l’avait sous-estimée et pour cette raison, il le paierait cher ! Très cher même… Il venait de commettre l’erreur la plus monumentale de toute sa vie de shinobi. Un Jonin pathétique… incapable et sans talent. Il ne lui arrivait pas à la cheville et seule elle savait qu’elle avait encore beaucoup de chemin à faire. Et lui, il n’était qu’un insecte, une vermine bonne à être écrasée sous son pied. C’était d’ailleurs exactement ce qu’elle allait faire. Faisant glisser sa lame sur la peau du Jonin, créant une entaille rouge dont le sang commença à couler légèrement sur sa peau. Puis elle se pencha doucement vers son oreille et lui murmura d’un ton étrangement sadique, mais avec une pointe de séduction :

« Tu n’es qu’un pathétique petit microbe et j’ai bien envie de te découper en morceaux. Mais tu as de la chance, baka, que les gens de ton village approchent et que je doive filer d’ici peu, mais attend toi à passer quelques jours en convalescence, car je ne te laisserai pas en sortir indemne d’ici… Tu auras tellement mal que le simple fait de vouloir te souvenir de ce moment te sera douloureux. Bordel, t’es un vrai connard tu le sais ça ? »

Elle avait envie de le mettre en miette… et elle le pouvait tellement si elle le désirait. Mais elle se retint de le faire… oui, elle avait d’autres projets pour lui. La rouquine désirait bien laisser sa marque pour qu’on se souvienne d’elle et qu’on la reconnaisse tranquillement. Bientôt, elle comptait bien devenir une menace à leurs yeux et il leur faudrait le reconnaître, à tous ses ninjas des villages cachés. Agrippant le Jonin par les cheveux, elle observa son visage en sang d’un œil indifférent. Cette rencontre serait un point bien tournant dans sa vie et dans ses buts. Il lui avait permis de s’ouvrir complètement à la noirceur. Les traits de son beau visage se crispèrent un moment sous la haine qui brûlait son regard pourpre. Puis aussi rapidement, elle redevint de marbre avec un air froid comme on lui connaissait peu. Après s’être assuré qu’il ne la dérangerait plus pour un bout de temps et qu’il resterait inconscient, elle le détacha avant de le laisser tomber au sol. Ramassant tout son stock, elle ressortit du repère ni vue, ni connue… Personne ne trouverait l’endroit. La jeune fille se traina jusqu’à un fossé où elle l’y fit glisser encore à moitié nu, jeta ses objets personnels non loin de lui et y mit le feu avec une allumette. Si les flammes le dévoraient, s’était tant pis pour lui.

Elle resta là un cours moment, puis elle repartit sans se détourner, coupant pour se diriger vers Konoha, l’adolescente laissa le vent souffler sur son visage. Pourtant, il ne lui apportait plus cette sensation de réconfort. Sautant entre les arbres à vive allure, Karin supprima sa signature de chakra pour s’assurer une certaine tranquillité un moment. Elle n’avait pas envie qu’une armée d’Iwajin lui tombe sur la tête… elle n’était pas prête à ça… du moins pas encore.