Face-à-face entre Kunoichis [PV Sakura]

L'essai d'une nouvelle arme, d'une nouvelle sensation, d'un nouveau frisson. Un nouveau défi. Lui demander de tester un nouvelle arme, c'était plus un plaisir qu'une demande ou qu'une quelque recommandation, c'était lui donner l'opportunité d'enflammer cette sensation d'appartenance qui dormait en son être guerrier, cette sensation de toute puissance qui se consumait en elle à chaque nouvelle pluie de shurikens, de kunais et d'innombrables autres armes que ses parchemins rejetaient d'un seul mouvement de bras de sa part. C'était lui offrir le sentiment de satisfaction absolue, à chaque fois que la maitresse d'armes ajoutait la maitrise d'un nouveau tranchant à son catalogue, et qu'il était bien fourni, ce catalogue ! A tel point que l'arsenal ninja ne possédait plus aucun secret pour sa personne, maniant aussi bien les shurikens et les kunais de base, que les instruments les plus complexes et ce avec une habilité et d'une main experte de laquelle elle pourrait se vanter, étant en somme sa seule fierté.

Son souffle saccadé la contentait, le tapis de lames sur le tapis vert lui faisant honneur, tout autant que les cibles criblées de coups. Ses yeux les observaient à la manière d'un animal qui avait la certitude de surprendre sa proie, d'une ardeur sans limite, d'une ambition qui s'éveillait à chaque nouveau combat. Qu'elle en sorte gagnante ou perdante, d'ailleurs de ces combats, tant que cela ne remettait pas sa fierté ou sa vie en jeu, la kunoichi s'en moquait bien. Quand elle combattait, ce n'était rien que pour ressentir la force de ses armes à travers l'impuissance de ses adversaires à l'heure de les esquiver. Voir qu'ils appréciaient le fruit de ses heures d'acharnement et d'efforts, voilà ce que la maitresse d'armes visait, son bandeau collant à son front à cause de la sueur, ses doigts tâtant à la fois la raideur de la terre et le froid des lames entrecroisées de Tantô dont les trajectoires respectives les avaient mené à se poser à proximité d'elle, à l'aide d'un malencontreux hasard. Lorsque l'on maniait autant d'armes, l'on ne pouvait posséder une certitude intégrale que toutes atterriraient au point voulu. Là se situait le risque du maniement expert des armes de jet.

Paradoxalement, Tenten aimait son art autant pour ce risque, que pour le plaisir qu'il lui procurait. De nature très ambitieuse, jouer une fois de temps en temps avec le feu la contraignait, en quelque sorte, à donner le meilleur d'elle et à constamment s'améliorer. Dans son domaine, rater sa cible pouvait s'avérer impardonnable, jamais il ne lui fallait laisser un détail au hasard, son timing devait être d'une perfection qui la dépassait complètement mais qui la motivait, encore et toujours. Parce que la maitresse d'armes était en quête de progrès. Sans cesse, sans interruption, rien ne pouvait étancher sa soif. Raison pour laquelle elle continuait de s'entrainer même en l'absence de son sensei, de Lee et de Neji, les trois autres membres de son équipe qui réussissaient à la mener jusqu'à la limite extrême de l'épuisement. Le risque de représenter le seul maillon féminin d'une chaine entièrement masculine et à toute évidence dopée à l'insuline, juste dans l'espoir de garder le niveau, de suivre le rythme et la kunoichi en riait avec ironie une fois de retour chez elle, se demandant au moins une fois quand et comment parviendrait-elle à les égaler tous les trois. Une question qui détenait la même réponse mais qu'elle avait constamment besoin de se rappeler. Il lui fallait sans cesse donner le meilleur et se dépasser au maximum chaque jour, que cela lui plaise ou non.

La journée toucherait, dans les prochaines heures, à son terme et le soleil déclinait imperceptiblement vers l'Ouest. Il paraissait être dix-sept heures, de par ses estimations. Le nez levé vers le ciel, Tenten estimait le temps grâce aux quelques raies de soleil qui passaient au-travers de la couverture en feuillage qui cachait le bleu du ciel. Une belle journée qui s'achevait. Une dure journée aussi, bien que la kunoichi se sentait encore la force de réitérer la même séance d'entrainement à la même intensité. Après tout, comparée à celles que leur organisait quotidiennement leur mentor, elle s'avérait d'un maigre niveau, et le constater lui soutira un sourire purement sarcastique. A son encontre, à son retard vis-à-vis de Lee, elle qui pensait posséder un avantage considérable sur lui au début de leur enseignement auprès de leur sensei. Elle se trompait d'opinion, se mettait le doigt dans l'œil, dirait-on. Lui et Neji l'impressionnaient un peu plus tous les jours, de par leur force et toutes leurs autres capacités, alors que la chuunin possédait la vague impression de stagner, de ne jamais changer de palier, de préserver ce même niveau qui l'avait menée à la défaite contre Temari de Suna. Une évidence qui ne la rendait pas pour le moins amère, qui la ravissait même, car elle lui donnait une raison de se lever tôt et de supporter les multiples entrainements matinaux de la team Gaï. L'adolescente ne se lasserait jamais de se le répéter.

La maitresse d'armes escomptait un jour se mesurer à nouveau à la sœur du Kazekage. Elle aspirait à un affrontement plus intéressant, moins évident, contrairement à ce qui avait été le cas lors des épreuves éliminatoires de l'examen chuunin, qui s'eut déroulé trois ou quatre ans plus tôt. La kunoichi espérait également montrer toute l'étendue de son savoir à la protégée de leur Hokage, Sakura Haruno. Pour une raison ou pour une autre, Tenten n'était jamais parvenue à ressentir une sympathie franche à son encontre, elle préservait une once de mépris à son égard, comme à l'égard du pire individu qui soit. Elle l'appréciait, l'admirait d'une certaine façon et la détestait d'une autre, et ce à chaque fois qu'elle croisait son regard. La rose avait attisé son intérêt dès que la brune eut appris la décision de Tsunade de lui apprendre personnellement le ninjutsu médical. Non à cause d'une quelconque jalousie, il ne s'agissait pas de cela. Tenten n'était pas envieuse de nature, car elle avait confiance en ce qu'elle possédait et était consciente des profits qu'elle pourrait en tirer. Elle n'avait nullement besoin du savoir faire d'Ino, de Sakura ou d'Hinata, dans l'art du maniement du chakra, pour se sentir heureuse. Non. Ce qu'elle ressentait à l'égard de la rose depuis cette nouvelle était tout autre chose que de la jalousie.

Petit à petit, après s'être un moment étirée et avoir énuméré le nombre de dégâts occasionnés, la chuunin s'attela à ranger son arsenal, à compter ses armes, la quantité de toute une armée, en grosses lettres, pour un simple entrainement. Elle en avait pris l'habitude, un geste de routine et elle ne s'en épuisait plus à force. Tenten rassemblait ses différents parchemins, mit la main sur un lourd Kusarigama dont la faucille s'était enfoncée dans l'écorce d'un arbre. La lame s'y était enfoncée de telle sorte qu'un simple effort de la part du bras - ce qui suffisait en tant normal - ne réussit pas à le déplanter. Ce genre de situation lui déplaisait réellement, surtout quand la prise se révélait consistante. Pourtant, ce n'était pas de force dont la kunoichi manquait. De ce fait, elle força un peu, plaça une main sur le tronc et exerça une poussée sur le corps tout en tirant sur le manche, à hauteur de l'embout métallique.

A nouveau, son geste se solda par un misérable échec et le rouge commença à monter à hauteur de ses joues. Voir une arme lui résister, dans tous les sens du terme, cela l'exaspérait. Elle avait manié de bien plus lourds calibres, dompté des armes plus grosses que l'homme, et cette malheureuse faucille osait lui tenir tête ! Il s'agissait, en plus de cela, de l'une de ses toutes premières armes. Cette situation en devenait véritablement embarrassante.

"Tu me prends vraiment pour une fillette !" déclara-t-elle à l'adresse de l'inanimée qu'elle ne comptait plus prendre avec "délicatesse", à présent que celle-ci osait la narguer.

Tenten allait s'y prendre autrement et d'une manière, sous un certain angle, plus dangereuse. Mais, sur le coup, cela ne comportait que peu d'importances pour la kunoichi, décidée à sortir de son arbre le Kusarigama. Reculant de quelques pas, elle se saisit du sommet de la chaine et enroula précautionneusement celle-ci autour de sa main, comme elle avait appris à le faire. Cette arme était l'une de ses fétiches et elle ne manquait généralement aucune occasion pour l'utiliser. Son maniement, ses dangers, elle les connaissait par cœur, et pourtant la maitresse d'armes ne prenait pas connaissance du retour de faucille qui s'adresserait bientôt à elle. En effet, prenant un appui marqué grâce à ses pieds sur le sol, de sa main libre la chuunin tira de toutes ses forces sur la chaine, d'un grand coup sec, et ce ne fut que trop tard qu'elle constata que la lame s'était orientée vers elle.

La tranche de la faucille se planta dans l'avant-bras qu'elle eut dressé devant elle avant l'impact. Bien que sa marque s'avéra peu profonde, une fois que l'adolescente en eut extrait la lame elle le constata, le coupant avait investi sa chair à vif et un rouge en hémoglobines s'échappait de la plaie longue de cinq centimètres. Sa bouche grimaça, l'expression sereine de son visage en fut déformée, son bras picotait sous la soi-disant douleur.

"Comment se blesser stupidement" marmonna la kunoichi en remontant la manche qui recouvrait son avant-bras droit et qui s'était tâchée en partie de son sang. Elle jeta une œillade autour d'elle, les terrains se dépeuplaient progressivement, elle l'apercevait entre deux arbres. "J'en connais que la situation ferait rire…"

Presque ou rien ne parvenait plus à la surprendre, depuis son intégration à l'équipe de loufoques dont elle faisait partie. Bien que Lee et leur mentor soient calés dans le domaine de la surprise, bien évidemment, quand elle entendait le loup hurler, Tenten savait à quoi s'attendre et s'armait d'un sang-froid aussi fragile que résistant, cela dépendant de la personne avec qui elle osait se comparer au niveau du self-control. Car il était certain qu'à côté de Neji, elle n'avait aucun droit de se proclamer sereine, lui étant d'une impassibilité qui irait jusqu'à l'effrayer, si seulement elle ne connaissait pas si bien le jeune homme et son activité de méditation perpétuelle. A croire qu'il n'avait de cesse de réfléchir, qu'il n'osait s'adonner à aucune autre activité que celle d'étudier son comportement… Drôle d'exercice que s'avérait la méditation.

Toutefois, si la chuunin s'était donné le temps de s'y intéresser un peu plus, peut-être n'aurait-elle pas été aussi surprise de voir sortir des environs rongés par le jour baissant l'ombre d'une comparse dont la simple vue suffit à la rendre stoïque. Sakura Haruno. En voilà une de surprise de la voir roder dans les environs en vue de l'activité exponentielle qu'elle occupait au sein des services médicaux du village ! Tenten la toisa un long instant, ne sachant quoi dire face à elle, sauf peut-être répondre à sa question qui devait, théoriquement, servir de salutations.

"En fait, je termine. Je suis là depuis un bon moment et je suis assez satisfaite de mon travail !" affirma-t-elle un insignifiant sourire au bord des lèvres. Le mensonge lui tordait les cordes vocales. Non, elle n'était pas si satisfaite que cela de son entrainement. En tout cas, plus depuis que son arme s'était inexplicablement retournée contre elle.

Déployant à nouveau sa manche sur sa blessure sur le point de cicatriser, la maitresse d'armes ne prêta plus, pendant un instant, un regard à la rose. Ses yeux innocents, d'un vert un peu trop sage à son goût, lui inspirait tant de douceur, et à la fois tant de mépris. Quel était donc ce sentiment indécis qui la harponnait à chacune de leur rencontre ? Tenten persistait à croire qu'il ne s'agissait pas de jalousie, mais bel et bien d'un sentiment d'admiration refoulée et inconsidérée. Une façon pour elle de se mentir sur ses échecs, ou plutôt de les renier. Car si elle les acceptait sans contrainte, elle n'aimait pas qu'ils le lui soient rappelés. Car si la chuunin grandissait de chacun de ses échecs, elle n'en restait pas moins sensible à ses défauts et à ses incomblés.

Tout ce qu'elle souhaitait à l'époque était d'impressionner celle qu'elle considérait comme son idole. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était cette fille, tout près d'elle, qui l'avait obtenu.

Sakura avait réussi là où elle avait échoué, et cela la fit sourire.

"Alors, qu'est-ce que tu fais dans les environs ? Je pensais qu'avec cette agitation, les locaux de l'hôpital seraient bien assez fournis pour occuper tous les ninjas médecins du village."

En réalité, elle ne pensait pas du tout. Si la brune disait cela, c'était à soucis d'autres sujets de conversations à lancer. Il fallait avouer qu'elle n'avait pas pour habitude de passer du temps avec Sakura, Ino, ainsi qu'avec toutes les filles de sa promotion. Elles possédaient un rien à cause duquel la maitresse d'armes n'osait trop s'aventurer dans leur monde. Un rien qui l'effrayait, la repoussait inconsciemment, mais contre lequel elle luttait à toute occasion, comme à cet instant. Car, Gaï-sensei le leur avait enseigné, aucun mur, de briques ou de pensées, ne pouvait entraver la volonté du shinobi - et ce dans quelque situation que cela soit. Et Tenten s'avérait être une kunoichi déterminée. Déterminée à ne pas se laisser engloutir par tous les regrets que la compatriote aux cheveux roses faisait renaitre en elle par sa simple présence.

La rose paraissait d'ailleurs, elle, partie explorer les tréfonds les plus… reniés par son esprit. Un immanquable sourire sur ses lèvres, elle s'en était allée pour de plus beaux horizons. Ou non. Question déduction, Tenten n'avait aucune compétence certifiée sur quelque papier; quand on collaborait uniquement dans des missions de force et où le mental était la plupart du temps proscris, on finissait par négliger, petit à petit, la qualité d'analyser, au dépit d'une maitrise de l'instinct un peu trop aiguisé. La preuve en fut qu'un tourbillon d'incertitudes la conquit à la vue de cette lueur brutale s'éveillant dans le regard de la nin-médic.

Qu'est-ce qui traversait exactement l'esprit de cette kunoichi ?

Tenten s'étonna à l'entente de sa requête. Non parce qu'elle venait de passer une journée folle à user de ses armes et qu'on lui redemandait un peu plus d'efforts pour conclure la journée, non parce que l'idée se révélait si impulsive de la part de son interlocutrice qu'elle crut mal avoir compris ses mots et ses phrases. Mais plutôt parce qu'une telle requête de sa part l'étonnait tout simplement.

La disciple de la grande Tsunade, vouloir se confronter à elle ? Vouloir mesurer son héritage à son savoir acquis tout le long de ces dernières années d'entrainement ? La chuunin ne sut quoi répondre sinon balbutier quelques mots incompréhensibles à son soi intérieur. Comment décrire en quelques mots seulement son ressenti ? Comment répondre sincèrement à Sakura, dont elle enviait l'apprentissage depuis bientôt quatre ans ? Elle souhaitait cette confrontation depuis tout ce temps et maintenant que l'on la lui proposait, Tenten ne sut plus articuler un son, aphasique.

La brune pivota légèrement en la direction de la rose, histoire de mieux la décrire. Non, sans aucun doute, Sakura possédait les traits d'une personne sérieuse dans sa demande et, après une rapide inspection du regard des alentours, Tenten certifiait qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie de mauvais goût de la part de Naruto ou d'une autre personne assez folle que pour la provoquer après une journée aussi éreintante. Elle se fixa alors face à son interlocutrice, le visage fier, presque hautain face au compliment qu'elle lui eut fait en la désignant comme la plus grande maitresse d'armes de Konoha. Car elle l'était ! Qu'on aille pas lui demander d'être modeste envers la vérité !

"Je ne suis vraiment pas contre un dernier exercice !" affirma-t-elle en testant préalablement son bras encore titillé par une légère douleur, celle-ci toutefois maintenant sans valeur. "Je me suis en effet entrainée toute la journée, mais quand il s'agit de mesurer ma force à celle de la disciple de Tsunade-sama, ça ne peut être qu'un très bon échauffement…!"

Sans ne plus dire un mot, la kunoichi se saisit de l'imposant rouleau d'invocation à proximité d'elle et bondit un peu plus haut que la demeure du sol. Une branche se plia sous le poids qu'elle lui imposa et Tenten put admirer de sa toute nouvelle hauteur l'expression de sa nouvelle adversaire.

"Je saurais montrer ma détermination comme il se doit." conclut Tenten dont l'arque des yeux se courbait en sourire. Pendant un instant, elle faillit ajouter que cela, elle le ferait envers maitre Tsunade, mais peut-être justement était-ce de trop. Elle ne connaissait, après tout, le dénouement de cet affrontement.

Nouant aussi vite qu'elle l'eut appris son parchemin à ses hanches, elle en dégaina tout aussi vite un de moindre taille. En dénouant le lien de ficelle, la maitresse d'armes en invoqua aussitôt l'arsenal, quelques dizaines d'armes de jet de toute sorte s'en allant promener vers le lieu d'échouement où se postait Sakura.

Des coups ? Tenten en avait encaissés toute sa vie. Que cela soit lors des entrainements, combats, examens ou encore lors de la vie courante, où s'il s'agissait de coups mentaux… autant dire qu'elle n'avait plus assez de doigts pour les énumérer. Elle avait également eu à subir d'autres sortes de dégâts, des décharges violentes par exemple, des brûlures qui, sans l'aide de ninjas médecins, lui auraient laissé de vilaines cicatrices sur le corps. Il y avait également ces dommages qui s'opéraient à l'intérieur de son corps, elle n'avait pas manqué qu'une seule fois de manquer d'oxygène… d'être empoisonnée ou encore paralysée.

A faute d'avoir les capacités pour parer, la maitresse d'armes avait appris à éviter, à esquiver, et à résister, à endurer. Son sensei l'avait entrainée pour qu'elle soit plus endurante, pour qu'elle court plus vite, supporte de plus lourdes distances, des coups plus sévères, encore et encore; au sein de son équipe, elle n'avait subi aucun répit, et si elle les maudissait à nombreuses reprises, c'était lors de combats de ce genre qu'elle les remerciait. Certes, elle n'était pas aussi endurante que son sensei, que Lee, que Neji, ou encore que Naruto qui se fichait pertinemment de la douleur et qui se relèverait même sans ses bras et l'une de ses jambes. Elle était juste assez résistante pour supporter les chocs et ne pas laisser tomber après le premier coup.

Alors qu'elle atteignait progressivement le sol, la chuunin sentit ses shurikens virer en d'autres directions, par-delà la barrière de fumée. Instinctivement, et pressentant qu'elle ne pourrait plus modifier leur trajectoire, elle décida de tirer sur les fils et de scinder ses armes en quatre branches, étant certaine que d'une façon ou d'une autre deux de chacun des shurikens prendraient la direction souhaitée. Soudain, les huit fils, partagés sur ses deux mains et dix doigts, se tendirent. Quelqu'un exerçait une pression inverse et un éclat de stupeur explosa dans les yeux de la brune. Un éclat blanc sur un couvercle à la couleur brunâtre, avant que d'un élan imprévu Tenten se sentit attirer vers le haut.

Toutefois, et ce fut certainement ce qui la dédommagea en grande partie, entendre la voix de Sakura annoncer son attaque la fit réagir, envoya une quantité d'adrénaline telle dans ses veines que le cours de son chakra reprit et qu'elle se souvint ce grâce à quoi les câbles tenaient à ses doigts. Ainsi, Tenten coupa court à l'infusion de chakra s'y produisant et les fils se défilèrent tout aussi vite, lui offrant un minimum de mobilité dans cette situation désespérée. La kunoichi réussit à se dévier de quelques centimètres du poing avec lequel Sakura s'apprêtait à la recevoir, sentant celui-ci s'écraser douloureusement au niveau de son épaule gauche avant qu'elle ne soit repoussée quelques mètres plus loin, quelques mètres plus bas. La douleur déformait l'harmonie de son visage, néanmoins Tenten avait obtenu ce qu'elle souhaitait : une déviation assez importante de son corps pour être apte à retomber convenablement sur le sol, à moins d'une dizaine de mètres de son lieu originel d'impact.

A présent, la maitresse d'armes savait qu'elle serait son plus grand atout dans ce combat ainsi que son plus gros point faible, en omettant le combat rapproché. Quelle que soit l'arme munie d'une chaine qu'elle manierait, tant que la rose en aurait la force, celle-ci l'empoignerait pour la retourner d'une façon ou d'une autre contre elle. Sur ce point elle devait se méfier, absolument. Maintenant, tant qu'elle maintenait Sakura à distance, elle ne risquait pas grand-chose, ce ne serait certainement pas elle qui manquerait d'armes après tout, ce serait terriblement ironique ! Une Tenten sans armes, c'était un Lee sans Taijutsu et un Neji sans Byakugan, soit complètement insensé ! Toutefois, à elle de trouver le moyen de s'en servir correctement et à son avantage pour la guider jusqu'à la victoire. À elle de méditer sur ce qu'elle possédait et ne possédait pas.

Tenten observa Sakura un instant. Un minuscule instant durant lequel elle lui rejetait tout ce poison qui circulait dans ses veines. Ah, qu'elle pouvait la haïr par moments ! Qu'elle pouvait haïr sa pseudo-perfection auprès des hommes, sa féminité évidente et sa manie de réussir tout ce qu'elle entreprenait. Non, Tenten n'était pas jalouse, elle réalisait juste à quelle hauteur la rose avait hissé la barre et que, bien malgré sa grande taille, elle était encore loin de réussir à l'atteindre, sa perpétuelle insatisfaction par rapport à elle et à ses compétences la faisant regarder en bas. Tous paraissaient gagner en puissance et en assurance, alors qu'elle paraissait faire du surplace.

La kunoichi n'avait plus l'impression de progresser, elle avait plus la sensation de stagner. Une sensation acerbe mais à la fois si gratifiante : elle noyait ses poumons et submergeait ses yeux. Elle omettait le coup du hasard et l'abandon de l'esprit de la jeune femme. Elle l'encourageait à enfin oser lever les yeux.

"Le combat est par ici !" déclara-t-elle en dégainant deux nouveaux parchemins de son répertoire.

A nouveau, les liens se défirent et les sceaux se dévoilèrent, une nuée d'armes en tout genre fusant en direction de la ninja médecin alors que la kunoichi blessée, malgré la souffrance lui picorant l'épaule, valsait pour mieux expulser son arsenal. Une danse de lames qu'elle avait l'habitude d'effectuer pour étendre son champ d'attaque.

Elle n'allait cependant pas se laisser duper deux fois. Tenten savait que, si Sakura tenait à jouer les gros bras, alors elle aussi avait la possibilité d'utiliser les poids lourds.